lundi 12 août 2024

Louis CARTIER le Roi des joailliers, et le joaillier des Rois, n'etait ni noble, ni Baron de Saint René

 Louis Cartier ne pouvait épouser Jeanne Toussaint, Jeanne avait été  une  demie mondaine et sa famille s'opposait au mariage . Pourtant, Louis et Jeanne étaient ensembles depuis 13 ans !!!!!

Jeanne Toussaint par Paul Helleu

En 1921 Louis Cartier se rend à Deauville , sa clientèle s'y trouve, et c'est au cours d' un diner  que Louis va faire connaissance de Jacqueline Almasy-Bissingen de vingt ans sa cadette , Louis a 46 ans .
Francesca Cartier , dans son excellent et indispensable livre  sur sa famille  "Les Cartier" la décrit ainsi:
"Jeune svelte, le teint aussi clair qu'une perle rare d'orient, des yeux scintillants comme deux saphirs et des cheveux lui faisant une auréole d'or" 
Elle retourne chez elle en Hongrie et Louis Cartier ne tarde pas à la rejoindre. Au printemps 1922 la presse hongroise annonce leur fiançailles.


La famille est soulagée, une aristocratique dans la famille, Alfred  Cartier est pleinement fier et heureux.
Evidemment pour les milieux de la noblesse, Louis reste un commerçant, un fournisseur,  grand joaillier, mais commerçant, et les reflexions commencent à pleuvoir.
"C'est lui qui a les bijoux et elle, les quartiers" ...de noblesse sous entendu.
Louis engage un généalogiste  pour rechercher et publier son ascendance noble. Et en Aout 1923 après rectification de son état civil et celui de ses ancêtres  Louis devient,

Louis Cartier de la Boutière , Baron de Saint René.

Et si Francesca  Cartier Brickell cite bien l anecdote, j ai retrouvé le jugement que je lui ai communiqué d'ailleurs, c'est une personne tellement aimable.

« M. Louis Joseph Cartier, propriétaire, domicilié à Saint-Sébastien (Espagne), ayant M* L. Escavy pour avoué, a l’honneur de vous exposer : « Que, par ordonnance de M. le Président du Tribunal civil de Senlis, en date du 24 août 1923, il a été décidé que : 1° L’acte de naissance de Louise Augustine Cartier, fille de Pierre. Cartier, serait rectifié en ce sens qu’elle y sera désignée comme fille de Pierre Cartier de la Boutière de Saint-René ; 2° L’acte de naissance de Louis François Cartier, du 31 mai 1819, sera rectifié en ce sens qu’il y sera porté comme Cartier de la Boutière, baron de Saint- René ; 3° L’ acte de naissance de Louis François Cartier, du 17 février 1841, sera également rectifié dans les mêmes termes ; 4° Pacte de naissance de Louis Joseph Cartier, du 7 juin 1875, sera également rectifié dans le même sens ; « Que ces différentes rectifications d’état civil étaient toutes basées sur ce fait que la lignée des Cartier, dont il s’agissait, se rattachait bien à Louis Gabriel Cartier de la Boutière, ennobli (sic) en 1698 ; " Que tout permettait de le croire au moment où fut rendue l’ordonnance susvisée du 24 août 1923 ";

Seulement voilà!, pas de chance, le vrai Baron explique par la voix de son Avoué

"Qu'il vient de découvrir l’extrait authentique de l’acte de naissance de Pierre Cartier, en 1787, l’un des ancêtres qui figurait dans la lignée des Cartier ; « Que, par l’examen du dit acte de naissance, l’exposant a acquis la certitude qu’il ne se rattache pas à la famille Cartier de la Boutière, ainsi qu’il l’avait tout d’abord pensé .

« Que, en effet, la filiation de ses ancêtres est très exactement établie jusqu’à Pierre Cartier, dont la naissance est inscrite au registre des actes de naissance de la paroisse de Sainte-Madeleine-en-Cité, à la date du 15 avril 1787 ; « Que ce Pierre Cartier eut pour fils Louis François Cartier, né à Paris le 31 mai 1819 ; que Louis François Cartier eut pour fils Louis François Alfred Cartier, né à Paris le 17 février 1841 ; que ce dernier eut lui-même pour fils l’exposant, Louis Joseph Cartier, né à Paris le 6 juin 1875 ; « Que, sur le vu d’un avis révolutionnaire, du 27 Pluviôse an II de la République, relatif à un sieur Cartier, Louis François, ci-devant baron de Saint- René, et à son fils Pierre, âgé d’environ 7 ans, ce qui se rapportait approximativement à l’âge que pouvait avoir Pierre Cartier en l’an II, l’exposant fut conduit à penser que Pierre Cartier, né le 15 avril 1787, était bien le fils de Cartier, Louis François, ci-devant baron de Saint-René ; « Que l’acte de naissance de Pierre Cartier, découvert par l’exposant récemment et postérieurement à l’ordonnance susvisée, l’a convaincu qu’il était matériellement impossible que Pierre Cartier fût le fils de Cartier, Louis François, baron de Saint- René ; « Que, en effet, Pierre Cartier est né à Enclos de Saint-Denis de la Chartre, de la paroisse de Sainte- Madeleine-en-Cité. et non point dans la commune de Rotz-Marais-Warendin, où il apparaît bien qu’était le siège de la famille Cartier de la Routière ;

" Que, de plus, il résulte de l’acte de naissance susvisé de Pierre Cartier que son père est Louis François Cartier, fondeur en cuivre, demeurant à Enclos de Saint-Denis de la Chartre, de la paroisse de Sainte-Madeleine-en cité, et non point Louis François, baron de Saint-René ; « Que, dans ces conditions, la filiation de l’exposant et de ses ascendants, père, grand-père et arrière-grand-père, jusqu’à Pierre Cartier, ne pourrait se rattacher à Louis Gabriel Cartier de la Boutière ; "


Et de fait, j ai repris les actes de naissance, dont celui de Louis Joseph Cartier et on voit qu'en 1923 il a été ajouté tout a fait officiellement une phrase en bas à gauche


"Rectifié par ordonnance du président du tribunal civil de Senlis rendue le 14 aout 1923 et transcrite le 24 aout suivant en ce sens que l enfant inscrit ci-contre ser désigné ainsi que son père comme Cartier de la Boutière de Saint René"

Et la requête précise« Pour quoi l’exposant vous prie de vouloir bien : « 1° rapporter l’ordonnance du 24 août 1923 et dire, en conséquence, qu’elle sera désormais nulle, non avenue et sans effet ; « 2° dire, en conséquence, que les rectifications opérées dans les actes de naissance de Louise Augustine Cartier, fille de Pierre Cartier, de Louis François Cartier, de Louis François Alfred Cartier, de Louis Joseph Cartier, seront considérées comme nulles et non avenues et, en conséquence, etc... »

Mais en revanche qui est cette Louise Augustine Cartier, fille de Pierre Cartier jusqu'à laquelle les recherches remontaient?
Etonnant j'ai cherché dans les livres sur Cartier, dans les généalogies rien!!!



Alors le président du tribunal de Senlis va revenir sur la décision suite à la requête du Baron de Saint René: Il annule tout.

« Nous, Président du Tribunal civil de Senlis, assisté du greffier, « Vu la requête qui précède, les pièces à l’appui et la loi : « Rapportons notre ordonnance du 24 août 1923 et disons qu’elle sera désormais nulle et non avenue ; « 2° Disons, en conséquence, que les rectifications opérées dans les actes de naissance de Louis Augustine Cartier, fille de Pierre Cartier, de Louis François Cartier, de Louis François Alfred Cartier, de Louis Joseph Cartier seront considérées comme nulles et non avenues et, en conséquence, « 3° Disons que c’est à tort et par erreur que, dans l’acte de naissance dressé à Senlis, le 1 er août 1814, de Louise Augustine Cartier, fille de Pierre Cartier, elle a été désignée, à la suite de la rectification sus- visée, comme fille de Pierre Cartier de la Boutière, baron de Saint-René ; disons que les mots « de la Boutière. baron de Saint-René » devront être rayés du dit acte de naissance; disons que c’est à tort et par erreur que l’acte de naissance de Louis François Cartier, dressé à Paris (ancien VII e arrondissement), le 31 mai 1819, a été rectifié, en 1923, en ce sens qu’il y a été porté comme Cartier de la Boutière, baron de Saint-René ; disons, en conséquence, que les mots « de la Boutière, baron de Saint René » devront être rayés du dit acte ; « 4° Disons que c’est à tort et par erreur que l’acte de naissance de Louis François Alfred Cartier, dressé à Paris (ancien VI e arrondissement), le 17 février 1841, a été rectifié, en 1923, en ce sens qu’il y a été porté comme Cartier de la Boutière, baron de Saint-René ; disons, en conséquence, que, dans le dit acte, seront rayés les mots « de la Boutière, baron de Saint-René » ; « 5° Disons que c’est à tort et par erreur que l’acte de naissance de Louis Joseph Cartier, dressé à Paris, dans le XVII e arrondissement, le 7 juin 1875, a été rectifié, en 1923, en ce sens qu’il y a été désigné comme Cartier de la Boutière, baron de Saint-René : disons, en conséquence, que, dans le dit acte, seront rayés les mots « de la Boutière, baron de Saint- René » ; « Disons et ordonnons que, sur la signification de ta présente ordonnance, les officiers de l’état civil ayant reçu les actes de naissance qui viennent d’être énumérés et ayant opéré les rectifications dont il vient d’être parlé sur le vu et en exécution de l’ordonnance du 24 août 1923 seront tenus d’opérer les rectifications ordonnées par la présente ordonnance, c’est-à-dire de faire disparaître des actes de l’état civil dont il s’agit la mention « de la Boutière, baron de Saint-René », qui y a été ajoutée à tort, à la suite de l’ordonnance du 24 août 1923.


Alors Pierre, Louis Alfred Jacques ne sont pas nobles, mais ils vont faire appel

Et en 1929, le jugement est confirmé:
Disons et ordonnons que, sur la signification de ta présente ordonnance, les officiers de l’état civil ayant reçu les actes de naissance qui viennent d’être énumérés et ayant opéré les rectifications dont il vient d’être parlé sur le vu et en exécution de l’ordonnance du 24 août 1923 seront tenus d’opérer les rectifications ordonnées par la présente ordonnance, c’est-à-dire de faire disparaître des actes de l’état civil dont il s’agit la mention « de la Boutière, baron de Saint-René », qui y a été ajoutée à tort, à la suite de l’ordonnance du 24 août 1923. » Cette ordonnance du 15 juillet 1925 n’a pas plus autorité de chose jugée que celle du 24 août 1923.

Heureusement 
En 1902, le prince de Galles, futur Édouard VII, commande 27 diadèmes à la maison Cartier de Londres et proclame Cartier « joaillier des rois et roi des joailliers ». Mieux qu'un slogan commercial, la formule contribue grandement à la fortune de la marque.


lundi 5 août 2024

A propos de RENE BRY et des maisons Van Cleef & Arpels, et Bijouterie Lambert à Paris


Double Clip platine et diamants de René Bry

 René Bry fut un grand artisan  à partir de 1937, et la plupart des sites internet le définissent ainsi:"Fondé en 1937 par René Bry, joaillier de renom ayant notamment collaboré avec Pierre Sterlé et Van Cleef & Arpels, la maison Bry & Co est l'une des adresses les plus prestigieuses de la joaillerie parisienne de l'époque, notamment à partir de 1944, où la maison ouvre sa boutique rue de la Paix"

A-t-il fabriqué pour Pierre Sterlé?, oui !, Pour Van Cleef & Arpels, a ma connaissance non ! Et pour finir, a t il collaboré? avec Pierre Sterlé oui ! et aussi avec le commissariat général aux questions juives pendant la derniere guerre.


En 1937 René Bry installe au 51 bis rue sainte Anne à Paris, un atelier de réparations et fabrications .
En quelle année s'installe t il rue de la Paix? 1944? peut etre 1945.


Cette publicité d'un grand magazine date de 1945, Bry est au 15 rue de la paix


Son poinçon de Maître initiale R.B. et une tête de mouton enregistré le 09 mars 1937  au 51 bis rue sainte à Anne à Paris. 
Je montrerais d'autres bijoux plus loin dans mon article , mais je reviens en 1941.

La dépossession des Juifs fut d'emblée inscrite au cahier des charges du Commissariat général aux questions juives (CGQJ), créé le 29 mars 1941 et dirigé par Xavier Vallat, puis Darquier de Pellepoix. Dès l'été 1940, les divers services allemands s'employaient également activement à dérober les biens juifs. L'ambassadeur Otto Abetz profita ainsi de l'exode pour faire main-basse sur les collections d'art des propriétaires juifs absents.

Fin 1941, les Allemands frappèrent la communauté juive française d'une amende exorbitante d'un milliard de francs, à payer entre autres sur la vente de biens juifs, et gérée par la Caisse des dépôts et consignations.

Le CGQJ nomma alors des administrateurs pour organiser la spoliation . L’article 2 de la loi du 17 novembre 1941précise, en effet, que « les immeubles actuellement détenus par des Juifs ou qui seraient acquis par eux postérieurement à la publication de la présente loi […] seront pourvus d’un administrateur provisoire ».
la gestion, l’inventaire, l’estimation du butin rassemblé, n’auraient jamais pu être menés à bien sans la collaboration de tous ces Français qui participèrent à l’œuvre de spoliation. Administrateurs provisoires, experts, ils étaient tous volontaires, libres de se retirer à tout moment.

Or René Bry insista pour remplacer l administrateur chargé de la maison Van Cleef & Arpels il fut d'ailleurs payé. J ai d'ailleurs consacré de nombreux articles à l aryanisation de Van Cleef & Arpels tel celui-ci : https://www.richardjeanjacques.com/2010/02/van-cleef-arpels-1939-1945.html

Cette fonction lui permettait de par ses relations allemandes, d'être au courant des affaires spoliées ce qui lui permit d'acquerir une bijouterie de Paris la maison "LAMBERT." 3 boulevard Saint Denis

René Bry le 11/11/1942

Je soussigné René Bry 51 bis rue sainte anne à Paris ai l'honneur de vous informer que je me porte acquéreur du fonds de commerce "Bijouterie Lambert (Adrien Lévy) 3 bd Saint Denis à Paris pour la somme de un million cinq cent seize mille francs , étendu aux éléments incorporel et matériels, les marchandises qui resteraient en stock en sus à dire d'expert au jour de l homologation
Paris le 11/11/1942

Monsieur Adrien Lévy avait fait une très belle lettre pour demander qu'on examine son cas , expliquant avec des détails, les générations précedentes nées en Alsace et ayant la nationalité française, mr Levy notait aussi ses états de services militaires brillants, mais rien n'y fit.


D'apres la description c'était a gauche du tabac la violette

Le stock en plus 1.014.855 francs a été réglé après par Bry au liquidateur de l' affaire, il y avait trois bijoutiers en lice pour faire une proposition d'achat, c'est Bry qui l'a emporté étant largement au dessus du 2 eme, le 3 eme était un Bijoutier du Havre (Du Havre, de Rouen, de Fécamp)


Il était né le 18/05/1886 , a Paris , fils de Cerf Levy et Evelyne Worms tous deux commerçants en bijouterie. Son acte de naissance nous permet de découvrir que par décret du 6/7/1949, il est autorisé a substituer a son nom patronymique , celui de "Lambert" , il est décédé le 29/06/1963 sous le nom d'Adrien Leon Lambert.
Rien a voir avec ceux pour qui j'ai écris un article:

Donc René Bry dès fin 1942 exploite cette bijouterie, l' argent de l'achat n'est pas versé à Adrien Levy mais à la Caisse des depots et consignations.

Arrive la libération de Paris, Adrien Levy revient chez lui et reprend possession de son affaire mais il reste quantité de formalité  à accomplir pour obtenir la restitution.

J ai donc cherché à comprendre comment s'était passé une restitution réussie contrairement à  d autres affaires ou malgré 60 à 80 années de procédure, le bien spolié n'a pas été rendu.
Car: En conclusion de son ouvrage consacré à l’aryanisation des entreprises juives en France, Philippe Verheyde écrit que « l’histoire des restitutions des biens juifs est une histoire qui reste à faire: Les Mauvais comptes de Vichy. L’aryanisation… ». C’est à ce même constat qu’aboutissent les membres de la Mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France – dite Mission Mattéoli – lorsqu’ils commentent dans un de leurs rapports : « C’est la phase de la spoliation qui est la mieux connue. L’étude de la restitution et celle de la déshérence n’en sont qu’à leurs début.

Une nouvelle ordonnance du Gouvernement provisoire est promulguée le 21 avril 1945. C’est un texte majeur, qui porte deuxième application de l’ordonnance du 12 novembre 1943 et qui est destiné à annuler les dépossessions accomplies par les Allemands et le gouvernement de Vichy. Il s’agit dans la pratique de meubles, d’immeubles, de fonds de commerce, de parts ou d’actions sociales, de droits immobiliers ou mobiliers de toutes sortes, appartenant dans la plupart des cas à des Juifs et placés sous administration provisoire, puis vendus ou liquidés. Une ordonnance de référé est rendue par le président du tribunal civil si le propriétaire spolié ou l’acquéreur du bien ne sont pas commerçants et si le bien spolié n’a pas de caractère commercial. Dans le cas contraire, l’ordonnance de référé est rendue par le président du tribunal de commerce
L’ordonnance de restitution est immédiatement exécutoire, l’appel est possible mais non suspensif ; autrement dit, l’acquéreur se trouve contraint à restituer ce qu’il a eu le tort d’acheter dans des conditions qu’il ne pouvait ignorer



Donc Adrien Levy revient, reprend son bien et Bry doit se débrouiller avec l' administration de la caisse des dépots et consignations. 
En effet toutes les sommes de son achat y avaient été versées, et au vu des lois il ne restait plus qu'a en demander le remboursement, et pourtant , cette caisse deduisait toutes sortes de frais et taxes. La restitution sera légalement effective le 6/7/1945............



Cela pourrait paraitre simple et pourtant ce dossier que j ai pu me procurer contient plus de 100 pages.
Cela s'est bien passé mais combien d'autres, à l instar de l affaire Seligman contre Mellerio, ne sont pas rentrés dans leurs biens : lire : https://www.richardjeanjacques.com/2013/08/mellerio-joaillier-l-histoire-du-9-rue.html





1949 apres la guerre René Bry s'est beaucoup investi au Maroc, ci-dessus article du journal "La Vigie Marocaine.
"Une exposition de bijoux de Bry et Sterlé dans son élégant magasin boulevard de la Gare, le Diamant Bleu a réuni deux grands noms de la rue de la Paix et de l'avenue de l’Opéra, Bry et Sterlé. On y trouve les plus belles réalisations des Joailliers modernes : des bagues dont le chaton en boule saillante est ajouré, semé de brillants, d'autres formées de cabochons de pierres précieuses griffées d'or et portées légèrement sur des montures en dentelle d or . l’anneau est une torsade ou une fine chaine Des bracelets montres dont le cadre est enchâssé dans une boule légère, résille d'or où s'insèrent de petits diamants et qui s’ouvre par une fermeture en bascule pour laisser voir un minuscule cadran rond, le bracelet est une chaîne souple deux fois enroulée autour du poignet Des colliers et des bracelets en ruban d'or, rivières de diamants allégées par une composition en mailles ajourées Quelques modèles particulièrement originaux une montre de stvle ancien dont le cadran est placé au fond d un nid profond et fait de chaînettes fines. La torsade se déroule pour fermer le bracelet attaché à la montre par quatre brides d or insérées au moyen de pavés de brillants Un clip curieusement composé de prisme de topaze poli parcouru par des filets de petits diamants : un autre, genre épaulette d 'officier égrène des pampilles d'or le long d'un bord massif étroit. Des  clips en platine en forme de feuilles légères, effilées, faiblissantes Une ligne stylisée et appliquée à des motifs d'inspiration ancienne crée l'originalité des bijoux auxquels une Interprétation en filetés légers donne un caractère gracieux, fragile et aérien.( La vigie Marocaine journal de 1949)


1949 La "Vigie Marocaine"


1957 Publicité de Bry et Cie 

En 1957 René Bry devient René Bry & Compagnie


COLLIER / PAIRE DE BRACELETS EN DIAMANTS RENÉ BRY DU MILIEU DU XXE SIÈCLE
Diamants taille ronde et baguette, détachables et pouvant être portés en deux bracelets avec deux maillons de fermoir supplémentaires, années 1950, platine et or blanc 18 carats (poinçons français), poinçon de maître (René Bry)
Accompagné d'une publicité imprimée pour Bry & Co., 1952 Pourtant la société Bry & Co ne date que du 01-01-1957
Taille/Dimensions : circonférence intérieure du collier 32,8 cm ; circonférence intérieure des bracelets 17,5 et 17,0 cm
Poids brut : 238 grammes


BRY ANNÉES 1960 CLIP OISEAU STYLISE
Les ailes en or jaune 18K texturé sont retenues par un corps pavé de diamants taille brillant. Monture en or jaune 18K et platine. Poids brut : 34,05 gr. Dimensions : 6,3 x 7,8 cm.


Clip de Sterlé:  Métal : or jaune 18K (750‰), platine (950‰)  : émail, diamants
Dimensions : hauteur : 6,4 cm - largeur : 4,4 cm - épaisseur : 1,4 cm
Poids brut : 19,78 2 poinçons de René Bry qui en fut le fabricant.


A partir de 1964, Frédéric et Jean Marc Bry créent une série de bijoux en poils d'éléphants



Le vendeur du site 1stdibs a écrit ce texte, je le livre tel quel:
Une paire inhabituelle et unique, fabriquée à Paris en France dans les années 1970. Elles ont été fabriquées par Bry & Co. en or jaune massif de 18 carats, avec des surfaces polies à l'extrême. Ils sont dotés d'un dos en oméga français pour fixer les clips et peuvent être facilement transformés pour les oreilles percées en ajoutant une paire de tenons.
Le fait intéressant de cette paire est qu'elle est montée avec 4 griffes naturelles placées géométriquement dans les montures en or.
Ils ont un poids total de 21,95 grammes et mesurent 35 mm (1,38 pouces) par 18 mm. (0,70 pouce).
Ils sont tous deux estampillés de magnifiques poinçons français, deux fois avec la tête d'aigle pour le dosage et la garantie de l'or 18 carats, le cartouche de maître du fabricant et signé, "BRY PARIS .750 SDGD".
Bry & Co. Créée en 1937 par Monsieur René Bry, sous le nom d'Ateliers de Joaillerie René Bry, la maison Bry & Co est l'une des adresses les plus prestigieuses de la joaillerie parisienne, notamment à partir de 1944, date à laquelle la boutique éponyme ouvre rue de la Paix.


 Marque :  Bry   Vers 1957  Poids diamants :  25 ct  • Largeur :  2 cm • Longueur :  17.5 cm • Poids brut :  69.6 g : Revendu par Michael Dan


BRY ANNÉES 1970
PAIRE DE BOUTONS DE MANCHETTE POILS D'ÉLÉPHANT
Ils se composent de poils d'éléphant retenus par une monture en or jaune 18K. Travail français signé BRY PARIS, poinçon de maître. Poids brut : 12,48 gr. (accident) Dim. 2,1 x 1 cm.



Il y a quelques jours (07-2024) mon ami Varujan de la maison Gorky à Paris 18 rue Duphot à Paris a "rentré" ces doubles clip et broche de grande qualité


Broche « Double clip » en platine et or gris, ornée de diamants demie taille, taille baguette et de rubis Birman.
Poids: 28,4g.
Vers 1945
Porte le poinçon de RENÉ BRY. Certificat: CARAT GEM LAB no 32014-15 pour les rubis.




René Bry et successeurs ont vendu beaucoup de bracelets ou colliers et breloques en poils d'éléphant, malheureusement, ils ont continué a en vendre malgré une loi interdisant la vente de ce qui concerne cet animal, alors en 2009

2009
Frédéric Bry était dans la légalité... à un poil près. Hier, le directeur général de la bijouterie de luxe Bry &Co a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à une amende de 2 000 euros avec sursis pour défaut de justificatifs prouvant la légalité de l'importation de cinq mille poils d'éléphant.
Le pachyderme est l'une des premières espèces à avoir été protégées par la convention de Washington, entrée en vigueur en 1975. La société, située rue de la Paix (2e), a été condamnée à 5 000 euros d'amende. Les cinq associations de défense des animaux qui se sont portées parties civiles recevront 1 000 euros de dommages et intérêts.
Peu convaincant à la barre, Frédéric Bry a expliqué que ces poils découverts dans un sac au fond de la boutique avaient été achetés par son père dans les années 1980. Estimés à 1 500 euros l'unité, ces poils étaient tressés par la bijouterie et transformés en bracelets, boucles d'oreille et autres ornements. « Quand j'ai repris la tête de la société, j'ai conservé le stock qui restait. J'ai toujours eu l'impression d'être dans la plus parfaite légalité. Toutes ces années après, on me demande des justificatifs, mais c'est improuvable ! », a-t-il expliqué. « Et la queue d'éléphant retrouvée lors de la perquisition dans le sac ? », lui demande le président, le nez sur le scellé comportant la saisie. « C'est un cadeau offert par Valéry Giscard d'Estaing à mon grand-père qui était un grand chasseur », souffle le prévenu qui assure avoir envoyé un recommandé à l'ancien président de la République pour témoigner de sa bonne foi. « Cela me paraît difficile pour un professionnel de dire qu'il ignorait la réglementation », a indiqué le procureur.


René Bry est décédé en 1992 à l'age de 85 ans

La société BRY ET COMPAGNIE a été radiée du registre du commerce le 4 août 2011.

Maison importante car sur l'année 2010 elle réalisa un chiffre d'affaires de 5, 563, 000,00 €.

Si vous possédez des documents, des photos de bijoux etc , ecrivez moi à richard.jeanjacques@gmail.com

lundi 15 juillet 2024

Alfred Bernard MEYER : l'émail au service de la joaillerie, mais aussi de la peinture impressioniste

 De tous temps, les émailleurs on été associés aux Joailliers


Alfred-Bernard Meyer est né à Paris le 22 juillet 1832 dans le 8 eme arrondissement

Bernard alfred Meyer s'appelait Bernard Alfred BAUM (du nom de sa mère) à sa naissance, il est né en 1832 et ses parents n'étaient pas mariés, ils se marièrent le 6-6-1833 et les deux reconnurent Bernard Alfred comme leur enfant.
Son grand père était né en 1764 à Furth en Allemagne, il était Marchand.
Son père Bernard Meyer était né le 13 juin 1798 à Mulhouse, dans le Haut Rhin en Alsace,  et décédé avant 12 septembre 1853 Son père était dessinateur sur étoffe dans le Sentier. Alfred était destiné à la carrière de mécanicien. Mais ce métier convenait mal à sa faible santé. A 17 ans, à la mort de son père il se débrouille pour suivre des cours de dessins. Il est remarqué par le peintre Laemelin qui le conseille et est soutenu financièrement par l’ancien député Léopold Javal. Il se marie à 20 ans et pour faire vivre sa famille touche à tous les métiers et surtout à la décoration. Sur les recommandations de son maître le peintre Picot, il entre à la manufacture de Sèvres en 1858 où il devient céramiste. Il est vite séduit par les mystères du feu.


Le critique Littéraire Gustave Planche avait mené une campagne calomnieuse contre Froment Meurice qui n'était plus là pour se défendre, mais ......
Voici cette protestation, datée du [5 novembre 1855 : « Nous, soussignés, statuaires, sculpteurs, dessinateurs, ciseleurs, émailleurs, contre-maîtres et ouvriers, tous collaborateurs de M. Froment-Meurice, nous regardons comme un devoir et nous nous faisons une joie d'attester que, non seulement M. Froment-Meurice n'a, en. aucun temps, négligé de nommer ceux qu'il associait à son œuvre, mais qu'il s'est toujours et partout attaché à marquer la part et à faire ressortir le mérite de chacun de nous dans le grand ensemble de travaux qu'il dirigeait.
Ont signé : MM. Auguste Préault, statuaire; Geoffroy Dechaumes; Fossin, dessinateur-sculpteur; Wiese; Jules Cavelier, statuaire; Mme veuve Feuchères (pour feu Jean Feuchères, statuaire) ; MM. A. Fannière, sculpteur; J. Fannière, ciseleur; P. Rouillard, sculpteur; Jacquemart; Liénard, dessinateur-sculpteur; Soitoux, sculpteur ; Mulleret," ciseleur; Rambert, dessinateur-graveur; Riester, dessinateur et graveur d'ornement; Sollier, émailleur; Lefournier, émailleur; Honoré; Grisée, émailleur; Babeur; Colter; Meyer; Daubergue, ciseleur; Poux, ciseleur; Crosville, orfèvre; Frémonteil, orfèvre; Justin.


Quelle formation reçut Alfred Meyer , nous savons peu de choses, bien que le grand Falize ecrivait:

Alfred Meyer, fut admis à la manufacture de Sèvres en 1859,(il avait donc 27 ans) sur la recommandation de M.Picot et de M. Lefuel. 11 entra dans le service de M. Nicole, alors chef des travaux d'art. Meyer avait fait un peu de tout, il était rompu aux nécessités du travail, il connaissait, sinon l'émail, du moins la peinture sur porcelaine. C'est lui qui peignait ces scènes de chevalerie faites pour le commerce du bronze, qu'on a vues longtemps au Palais-Royal chez Leroy et qui sont restées comme des types démodés; il avait aussi fait chez Gillet et Brianchon des peintures sur lave émaillée pour Frascati. Enfin, dans divers ateliers, il avait collaboré à des peintures décoratives. C'était le fils d'un dessinateur et, détail assez curieux, c'est à M. Guichard, le fondateur de l'Union centrale et son premier président, que le père d'Alfred Meyer avait cédé son fonds et sa clientèle quand, en 1835, il partit pour Mulhouse, où l'appelait M. Kœchlin.

Alfred Meyer a participé à l'Exposition Universelle. en 1855 et 1867


Cliquez sur toutes les photographies pour agrandir

Un exemple de son travail en 1858 réalisé pour la Manufacture de Sèvres il était entré comme auxiliaire à la manufacture en 1858, Il s'en éloigne en 1862 pour enseigner l'émail à Claudius Popelin dit aussi Claudius Popelin-Ducarre1, né le 2 novembre 1825 à Paris, où il est mort le 17 mai 1892, c'était un peintre, émailleur, poète et traducteur français.
Alfred Meyer va travailler comme décorateur de 1863 à 1871.

Au fond de ce décorateur, un chimiste et un alchimiste sommeillent. Attiré par les œuvres des maitres anciens il cherche à retrouver les vieux procédés de fabrication des émaux. Le savant M. Riocreux, fondateur du musée de Sèvres l’encourage dans ses travaux. Il se passionne pour la couleur, ses travaux intéressent et suscitent la curiosité. Il perfectionne sa technique personnelle en imitant les émaux peints de Limoges.

Alfred Meyer fut donc engagé à Sèvres, mais il n'y fit guère que des travaux de décoration sur porcelaine. M. Regnault était au courant des essais d'émail sur cuivre que Meyer avait tentés chez ses amis M. et M Apoil. Ces essais consistaient dans l'emploi de paillons et d'émaux translucides, mais cela ne convint pas à la direction et les applications qu'on avait projeté de faire à l'atelier furént différées. Meyer ne put donc continuer ses travaux qu'en dehors de la manufacture, mais M. Riocreux l'encouragea. Salvétat lui fournit la série complète des émaux qu'il avait trouvés et lui communiqua ses formules. Il se procura chez Nocus les émaux qu'employaient les émailleurs du commerce et, en les mélangeant, composa des tons nouveaux.



Travail de décoration pour la manufecture de Sèvres en 1958
Ainsi donc, pendant qu'à la manufacture on s'acharnait à ne vouloir faire que de grands émaux décoratifs sur tôle, Mr Apoil et Alfred Meyer continuaient à exécuter, non pas seulement pour Pierrat l'antiquaire, mais pour Gueyton, pour Dotin l'émailleur, pour les bijoutiers et même pour un orfèvre de Londres, des émaux dont peu à peu la qualité devenait meilleure. Cela provenait de ce que, pour satisfaire aux exigences des truqueurs, on étudiait attentivement la façon des émaux anciens. C'est ainsi que Meyer acquit une certaine habileté et qu'obligé de satisfaire à tous les besoins du métier il apprit à préparer lui-même ses plaques, à composer ses émaux, à conduire son feu, à se passer de tout concours étranger; ce fut à cela surtout et à quelques raisons accessoires qu'il dut d'être choisi, quand on vint demander à Sèvres un artiste capable d'enseigner à peindre sur émail.
Et Alfred Meyer fut en somme détaché auprès de Popelin ainsi que l ecrit Falize
Celui qui cherchait n'était pas un débutant, mais un peintre exercé c'était Popelin il était élève de Picot et d'Ary Scheffer. Ce dernier avait été pour lui plus et mieux qu'un maître, il avait été l'ami, le conseil, et l'avait gardé jusqu'à la fin dans son intimité la plus étroite.
Il n'est pas douteux que c'est de leurs causeries que naquit leur curiosité pour ces émaux. Ils avaient été à Sevrés voir ensemble les essais d'émaux à la façon limousine et ils en comparaient les résultats aux vieux modèles du Louvre et de Cluny. Ne pouvait-on pas faire mieux? Il serait intéressant d'essayer soi-même, encore fallait-il savoir broyer les émaux, les poser, les cuire. C'est en 1862 que Claudius Popelin s'en fut trouver Regnault, qui était alors directeur de la manufacture. Regnault l'adressa à Riocreux, l'éminent conservateur des collections céramiques, et à Robert, le chef de l'atelier des peintres, qui tombèrent d'accord pour désigner Alfred Meyer comme le plus à même de remplir les conditions stipulées par Popelin.
Un congé régulier fut donné au peintre décorateur pour motiver son absence. Cl. Popelin se substitua provisoirement à l'administration en convenant du prix dont il paierait les leçons de Meyer. Ce fut un traité en bonne forme par lequel Alfred Meyer s'engageait à apprendre à Popelin les procédés d'émaillerie à la façon de Limoges et à lui donner tout son concours dans les travaux qu'il allait entreprendre.

La rupture éclata à la première exposition de l’Union Centrale lorsqu’un ami de Popelin réclama pour ce dernier l’honneur d’avoir retrouvé les secrets des anciens émailleurs. Les amis de Meyer protestèrent ainsi que d’autres membres du jury. La fin de la collaboration fut scellée.


1865

Belle broche en or 750 et argent 800 millièmes, composée d’un médaillon ovale orné d’une miniature peinte sur émail de style renaissance décorée d’une femme alanguie à l’antique dans un entourage de roses diamantées. La miniature signée A. Meyer ainsi qu’au dos, lui-même émaillé. Vers 1890. Poids brut : 9.60 g. Dim : 3.6 x 2.3 cm.
Ce bijou nous rappelle tout particulièrement le travail de la maison Boucheron. revendue par Thierry de Maigret.

Dans ses premières années, Alfred Meyer expose dans quelques expositions régionales, notamment à Toulouse (1862) et Lille (1866).
Meyer fait ses débuts au Salon en 1864. Il expose chaque année au Salon (et à son successeur la Société des Artistes Français) de 1864 à 1891. Il le fait presque chaque année sauf en 1873 +1879 +1887 +1889 +1890. (Remarque : Meyer n'était pas au catalogue du Salon-des-Refusés de 1873.) En 1866, il remporte une médaille pour la peinture sur email ( En 1868 / 69 / 70 / 74 / 75 / 82 / 83, il expose des « exemplaires »
https://www.impressionism.nl/meyer-alfred/.

Dans les années 1860 Falize avait fait appel à lui ainsi qu’à Popelin, Lepec et Grandhomme quand il remet à la mode les émaux limousins. Les émaux de Meyer ornent plusieurs pièces réalisées par Falize. A l’Exposition Universelle de 1867, Baugrand et Boucheron eux aussi présentent des bijoux décorés par Meyer.


Je n'ai pas trouvé de bijoux datant d'avant 1865, sauf peut-être cette montre Alfred Meyer : Pocketwatch, avec peinture sur émail, d'après Johanes Van Ceule (1690ca),


Belle boite émaillée Joseph-François Chauvin, Paris, vers 1865 , ronde, à décor de putti, d'après Alfred Meyer, et rinceaux sur fond translucide gris ou rouge vif, guillochée de rayons concentriques et grains, poinçon de maître, poinçon de contrôle français (tête de sanglier), 6cm., 2 3/8 in. (Sotheby's)


1866
Alfred Meyer Peinture émaillée aux grotesques et aux feuillages, dorée (1866), émail sur porcelaine (Sèvres), Victoria and Albert Museum, Londres.








1867
Vu dans les livres de commandes de la maison Boucheron : Le 27 juillet 1867 Boucheron reçoit une commande de bijoux par Ismael Pacha. Meyer fera un objet pour ce client.

1867
Dans la collection de Boucheron, on lui doit le très beau pendant d’oreille ornés d’un décor d’émail représentant une femme et son enfant en émail de Limoges référence 300 de 1866, ainsi que le médaillon n° 287 de 1873, le pendentif « Diane chasseresse » n° 290 de 1877 et l’entourage de boîte en émaux cloisonnés translucides sur argent n° 417 de 1880, hélas inachevé. Egalement des essais de travail sur émaux réalisés vers 1870.



Or, rubis, émeraude, perle naturelle, émail, pendentif-collier revendu par Sotheby's
Médaillon circulaire renfermant une miniature en émail de Limoges de Marie de Médicis en robe Renaissance et bonnet de veuve, le cadre en corde torsadée émaillée noire avec huit rubis à taille carrée, entouré d'une frise ajourée de palmettes émaillées en blanc et sertie de huit émeraudes à taille carrée, surmontée en or d'un « H » et suspendant un pendentif en perle naturelle mesurant environ 9,80 sur 7,60 mm, le revers du médaillon avec porte à charnière en verre transparent, avec une chaîne composée de tiges émaillées blanches alternant avec de petites perles et un fermoir serti de diamants taille rose, pendentif détachable, longueur 17 5/8 pouces, collier non signé, miniature avec les initiales dorées de l'artiste « AM », poinçon d'essai français. Avec un écrin moderne ajusté, avec deux tiges supplémentaires.

Alfred Meyer resta 12 ans à la manufacture de Sèvres. Il est révoqué en 1871 pour avoir participé aux actions de la commune avec son ami Courbet dans le cadre de la fédération des artistes de la commune.
Paradoxalement A Meyer mettra tout en œuvre pour sauver les œuvres du Musée de Sèves à l’approche des allemands dans Paris en mai 1871. C’est lui qui dirige les opérations de transfert des collections dans des lieux sûrs.


                                                                    1871-72


Bracelet « rigide » en or et argent, orné d’une miniature en émail polychrome, dans un entourage de diamants taillés en rose. Maître émailleur: ALFRED MEYER.
Poids: 22,4g. Vers 1870 Second Empire.

Il était un membre actif de la société des impressionnistes et, après sa dissolution (après la première exposition impressionniste de 1874), il s'associa à Pissarro et à d'autres pour créer un groupe alternatif, "l'Union", en août 1875, qui était structuré comme un syndicat plutôt que comme une société.

Dans la revue le LE JOAILLIER en 1874:
L'éclat et la dureté sont les conditions les plus recherchées des pierres précieuses et leur donnent la valeur.
Dans les émaux, si l'éclat peut être obtenu, il n'en est pas de même de la dureté.
L'émail n'a donc sa raison d'être, dans un bijou, que lorsqu'il représente une valeur artistique.
Un bijou composé de pierres fines et d'émaux est, pour nous, complet; il représente la combinaison variée des richesses de la matière unie à une valeur artistique sans laquelle il ne peut mériter ce nom.
Les bijoux qu'expose M. Boucheron sont bien exécutés, les modèles nouveaux sont purs de ligne et jolis de forme, garnis de brillants, ils sont d'une grande richesse.
Un encadrement semblable eût été nuisible à toute peinture, mais s'harmonise à merveille avec les émaux genre limousin, parce que l'émail, traité de la sorte, a beaucoup d'analogie d'aspect avec la pierre fine.
Les peintures sur émail sont d'une grande difficulté, parce qu'il faut joindre au talent de l'artiste des connaissances chimiques et physiques indispensables pour mener à bonne fin le travail. Le feu, dans de certaines conditions, peut altérer les objets. Les peintures que nous avons signalées dans la vitrine de M. Boucheron, et dont nous avons aussi rencontré des spécimens dans celle de M. Froment-Meurice, sont, nous dit-on, de M. Alfred Meyer. Nous disons peinture, mais nous croyons que ces oeuvres sont un mélange de sculpture et de peinture. Il y a des effets, dans ces objets, qui tiennent plutôt du bas-relief que de la peinture proprement dite.



1875



Photo adressées par la maiison Gorky à Paris


Aimablement réalisée par la maison Gorky à Paris

1875 Travail français de la seconde moitié du XIXe siècle, Emailleur Alfred MEYER Parure en or rose 750 millièmes et argent 800 millièmes, comprenant une Broche-Pendentif et une paire de boucles d'oreilles ornées de médaillons émaillés en grisaille et or sur fond cuivre de jeunes femmes drapées, l'entourage rehaussé de diamants taillés en rose et de perles fines bouton. Le médaillon de la broche est monogrammé "AM" et signé au revers "A. MEYER" AU REVERS. Les revers des médaillons du pendentif sont monogrammés "AM". Broche-Pendentif, à système amovible. Dimensions avec fermoir : 6x3,3cm. Poids brut : 18,7 g. Paire de boucles d'oreilles col de cygne pour oreilles percées. Dimensions : 3,4x1,8cm. Poids brut : 8g. P. Poids brut total : 26,7 g. Présenté dans un écrin en maroquin bleu marine signé "FROMENT MEURICE 372 rue St Honoré Paris", gravé "CB". Peintre et émailleur français, Alfred MEYER (1832-1904) fut primé pour ses nombreuses participations aux Expositions Universelles et Internationales de la seconde moitié du XIXe siècle. Après s'être fait connaître dans les domaines des arts décoratifs et de la peinture, il fut sollicité par de grandes maisons de joaillerie innovantes - telles que Baugrand, Boucheron, Falize, Froment-Meurice, Sandoz ou Vever - pour intégrer ses émaux dans leurs créations de bijoux. Inspirées de la Renaissance et de l'art du camée, ses créations en grisaille sont particulièrement remarquables. Reconnu comme un expert dans l'art de l'émail, il fut également professeur à l'Ecole Bernard Palissy, et publia en 1895 L'Art de l'émail de Limoges ancien et moderne. Bibliographie :  revente  Gros & Deletrez



En tant que secrétaire de l'Union, il intrigua notamment contre Monet.
Il joua un rôle clé dans l'organisation de la première exposition du groupe, qui s'ouvrit le 15 février 1877 au Grand Hôtel près de l'Opéra de Paris. Cependant, la plupart des peintres impressionnistes qui avaient rejoint le groupe s'étaient retirés avant et n'avaient pas exposé. L'exposition n'attira pas beaucoup d'attention et son engagement envers l'impressionnisme semble s'être estompé.


1978


ALFRED MEYER PEINTRE-ÉMAILLEUR - ANNÉES 1880
IMPORTANTE PARURE ÉMAUX À LA FAÇON DE LIMOGES "GRANDS PERSONNAGES DE LA RENAISSANCE"
La broche ornée d'un portrait de Marguerite d'Autriche et d'Allemagne inférieure "Margareta de Austria d.p. et Germania Inferioris Gvb "
Les boucles d'oreilles ornées d'un portrait de Diane et d'une princesse dans le style Renaissance.
Le collier est orné sur une très fine chaîne colonne en suivant depuis le fermoir :
d'un portrait de princesse dans le style Renaissance,
d'un portrait de Lucas Sytzinger "Aetatis suae LXXII 1554 - Lucas Sytzinger",
d'un portrait de "Walbourg de Nuenar contesse de Horne", au centre d'un portrait de l'Empereur du Saint-Empire romain germanique Charles Quint " Carolus V Imp. Aug 1518.
Un portrait de Maximilien futur Maximilien Ier d'autriche "Austr. Burgund. Maximilianus-Fr-c-Aes-T-DVX".
Un portrait de "Hans Holbein".
Un portrait d'Athéna casquée.
Le fermoir est orné d'un plus petit portrait de dame en costume Renaissance.
L'ensemble est intercalé de motifs triangulaires à très fines volutes d'or jaune portant une émeraude carrée et des perles fines en pampille. Ce motif est répété sur l'ensemble de la parure.
Dimensions de la broche : 7,3 x 3,9 cm.
Dimensions des boucles : 6,2 x 2 cm. (système à vis).
Dimensions du collier : 37,5 x 3,5 cm.
Toutes les miniatures sans exception sont signées Alf. MEYER.
Poids brut total : 125,81 gr.
Dans un écrin bombé à la forme marqué à l'intérieur du couvercle de MARTZ Succsr de LIOR, 2 rue de la Paix Paris. et Maison LEROY & Fils To the Queen 211, Regent street LONDON. (couvercle détaché). À l'intérieur un très petit bristol marqué "Mrs A Mr Lewis, Moray Lodge, Kensington".

Provenance :
Kate Lewis connue comme actrice sous le nom de Kate Terry avant 1867, date de son mariage avec le fondateur du United Arts Club puis par descendance.
Acquis par les collectionneurs, Sotheby's Londres, Juin 1999.


Dans un écrin bombé à la forme marqué à l'intérieur du couvercle de MARTZ Succsr de LIOR, 2 rue de la Paix Paris. et Maison LEROY & Fils To the Queen 211, Regent street LONDON. (couvercle détaché). À l'intérieur un très petit bristol marqué "Mrs A Mr Lewis, Moray Lodge, Kensington".



1880.
Dans le gout de l émail de Meyer:
UN BRACELET EN OR ET ÉMAIL, FRANÇAIS, VERS 1880 Conçu comme une série de sept profils circulaires en émail peints en grisaille avec des rehauts d'émail polychrome, représentant des bustes de personnages classiques ou des XVIe et XVIIe siècles, dont des bustes d'Artémis et d'Hermès, chacun dans un cadre de guirlande sinueuse, rehaussé de rubis taillés en rose, trois rubis manquant, poinçon de maître EM, poinçons de dosage français, quelques émaux signés MP et M. Puisoye, longueur 17,1cm Notes de bas de page Les profils de ce bracelet sont l'œuvre de la peintre miniature et émailleuse Marie Puisoye (1855-1942) qui fut l'élève de l'émailleur Claudius Popelin. Le joaillier français Lucien Falize est connu pour avoir travaillé avec de nombreux émailleurs indépendants qui approvisionnaient la joaillerie française et évoluaient dans les mêmes cercles. L'un de ces collaborateurs était Popelin. Il a appris son métier auprès d'Alfred Meyer


1880
BROCHE-PENDENTIF...
Broche-pendentif en or 18K (750‰), orné d’une miniature émaillée en grisaille représentant Fortuna rehaussée d’or, le fond pourpre, l’entourage orné de petites perles boutons. Travail du dernier quart du XIXe siècle. Dimensions : 3,8 x 2,5 cm environ. Poids brut : 9,8 g Le thème ainsi que le traitement (dessin, qualité du modelé et finesse du détail) sont à rapprocher des oeuvres émaillées d’Alfred Meyer (1832-1904) et notamment d’une plaque portée sur une vinaigrette (Katherine Purcell, « Falize, A dynasty of jewelers, Londres 1999, p. 175, fig. 253).





Travail français de la seconde moitié du XIXe siècle, Emailleur Alfred MEYER Parure en or rose 750 millièmes et argent 800 millièmes, comprenant une Broche-Pendentif et une paire de boucles d'oreilles ornées de médaillons émaillés en grisaille et or sur fond cuivre de jeunes femmes drapées, l'entourage rehaussé de diamants taillés en rose et de perles fines bouton. Le médaillon de la broche est monogrammé "AM" et signé au revers "A. MEYER" AU REVERS. Les revers des médaillons du pendentif sont monogrammés "AM". Broche-Pendentif, à système amovible. Dimensions avec fermoir : 6x3,3cm. Poids brut : 18,7 g. Paire de boucles d'oreilles col de cygne pour oreilles percées. Dimensions : 3,4x1,8cm. Poids brut : 8g. P. Poids brut total : 26,7 g. Présenté dans un écrin en maroquin bleu marine signé "FROMENT MEURICE 372 rue St Honoré Paris", gravé "CB".

Mr Tonnelot avait écrit que : « Ancien élève de Picot, aidé par le chimiste Salvetat, financé par Frédéric Boucheron, Meyer a réussi à retrouver l’art des émaux limousins, perdus depuis que Léonard de Vinci les avaient créés en 1516 pour François 1er. »


1882
Également connu sous le nom d'Alfred-Bernard Meyer (français, 1832-1904), émail de Limoges de la fin du XIXe siècle sur cuivre d'après une illustration du XVe siècle de Léonard de Vinci intitulée « Profil d'un guerrier au casque », signée par Meyer , dans un cadre recouvert de velours Dimensions hors tout : 11-1/4"hx 8-1/2"w Vue : 8-1/8"hx 5-/8"w
Provenance : Par descendance, familles Bishop, Peabody, Metcalf Artiste ou créateur Alfred B. Meyer


1885 Broche émail vendue par Fabian de Montjoye Paris



1885
ALFRED MEYER Collier en or 18K (750), articulé de maillons en ferronnerie sertis de diamants taillés en roses, scandés de miniatures polychromes émaillées représentant des personnages de profil en costume Renaissance entourés de diamants taillés en roses. Chaque miniature signée A.Meyer. Collier non signé. Travail du dernier quart du XIXe siècle. Longueur: 40cm environ. Diamètre d’un motif: 2,8cm environ. Poids brut: 124,3g


Ce collier et ces pendants d oreilles sont en or, les émaux sont de Alfred Meyer, chaque personnage peint appartient à la famille de Foix, ces bijoux signés"L.Falize 1887"


1890 composé de six panneaux ovales en émail peint représentant de gracieuses figures féminines dans le goût classique, chacun bordé de diamants et reliés par des motifs jumeaux ajourés en or à quatre feuilles avec des centres en diamant.
Contenue dans son étui en cuir marron d'origine, le couvercle satiné imprimé :
'Fic BOUCHERON, Médaille d'or Paris 1867. Gd Diplôme Vienne 1873, Médaille Philadelphie 1876. Grand Prix Paris 1878, Joaillier, Palais Royal.'
Les émaux sont d'Alfred Meyer




Broche pendentif ronde en or jaune (750) ornée d'un émail polychrome, à sujet de Minerve de pro l, signée M. Fin du XIXème siècle . Diamètre: 3,4 cm. Poids brut : 12,35 g. Alfred Meyer (1832/1904), grand émailleur.


Le M.E.T. a acquis cette oeuvre: Titre : Allégorie de la République française.
Émailleur : Alfred-Bernard Meyer (Français, Paris 1832–1904 Paris) Date : 1892
Technique : Émail peint sur cuivre, partiellement doré, Dimensions : Diamètre : 7 15/16 po (20,2 cm)
Crédits : Achat, Friends of European Sculpture and Decorative Arts Gifts, 1993

En 1895, Meyer publie « L’Art de l’émail de Limoges ancien et moderne ». Toujours en vente sur les grands sites et les libraires


1896


Contact de Jacqueline Meyer sa petite-fille avec Claudine Sablier Paquet archiviste de la maison Boucheron,, en novembre 2009, qui me conseille de lire un article biographique de la Gazette des beaux Art en nov 1897, dec 1897 et 1890.


En 1897 alors que Meyer est âgé et dans le besoin, il est soutenu par Arthur Maillet le fondateur de la revue L’Art Décoratif Moderne qui s’indigne que le Musée des Beaux-Arts refuse à cet artiste l’achat d’une pièce d’émail qui le sauverait de la déchéance. Le même A Maillet a les mots très durs contre l’Union Centrale qui encense les créations d’émail de Popelin et ignore délibérément Meyer.
Arthur Maillet remarque encore qu’Alfred Meyer n’est pas décoré (de la légion d’honneur), alors qu’en 1884 plusieurs amis de Meyer dont F Boucheron étaient intervenus pour qu’il ait cette décoration. Ses travaux, son talent, son mérite en faisant un parfait candidat. Malheureusement ce fut un échec, les croix ayant toutes été attribuées. Enfin en 1898, nouvelle tentative de ses amis pour lui faire attribuer cette fameuse croix. Les signataires de la lettre de soutien sont entre autres F Boucheron, Lalique, Falize, et également Puvis de Chavanne ainsi que E Garnier conservateur du musée de Sèvres. A ce moment le principal obstacle pour obtenir l’avis favorable de la commission est l’âge de Meyer que l’on estime trop vieux, les croix étant plutôt attribuées à de jeunes artistes.


Alfred Meyer (Paris, 1832 - Paris, 1904), émailleur et Auguste-Ambroise Lignereux, dit Saint-André de Lignereux (Jouy-le-Châtel, 1861 - Paris, 1936), relieur « La Vérité sur l’art décoratif moderne », vers 1898-99 Coffret destiné à contenir la revue L’Art décoratif moderne (Paris, 1894-1898) Coffret en bois gainé de cuir, l’intérieur tapissé de velours vert, le couvercle orné d’une plaque d’émail polychrome sur cuivre L’émail dédicacé et signé en haut à droite : « A Arthur Maillet / son ami / A. Meyer. » Le coffret en cuir titré en haut et à droite : « L’ART DÉCORATIF MODERNE » ; et signé en bas...

                                           
                                                     
1900 Ce ne sont pas les émaux des orfèvres que nous avons à juger avec M. Alfred Meyer, mais les émaux de peintres. Jadis on les classait parmi les arts du feu et c'est avec les céramistes qu'ils exposaient. Mais les auteurs du classement de 1900 ont pensé que leur concours était souvent demandé par les orfèvres, que c'est l'orfèvre qui a fait le premier des émaux limousins ​​et que leur place est au Louvre, à côté des orfèvreries et des gemmes. .marquée tout simplement dans la classe de la peinture, lorsqu'il s'agit d'une manifestation personnelle et non d'une collaboration où l' accessoire convient au principal.


1904 Le peintre émailleur Alfred Meyer vient de mourir à. Paris, a l'age de soixante-douze ans. (c'est, par l`importance de ses recherches et de ses decouvertes, un homme de haute valeur qui disparait: il était parvenu a reconstituer la palette des anciens émailleurs de Limoges et a retrouver leurs procédés d'exécution, et L. Falize, dans l`ètude qu`il publia en 1893 dans la Gazette des Beaux Arts sur La Renaissance des émaux peints, lui avait rendu un hommage mérité.
C`est à la manufacture de Sèvres, de 1856 a 1860,qu`Alfred Meyer découvrit les secrets des couleurs vitrifiables jadis employées par Léonard Limousin et par Bernard Palissy. Alfred Meyer, en etudiant les créations de ces artistes, en rechercha les élements et arriva finalement a trouver tous les émaux à coloration translucide propres à recouvrir les poteries. En 1862 il forma son premier et meilleur élève, Claudius Popelin, dont les succès promirent, dès le début, tout ce que tint le disciple a son tour.
Les honneurs n`enrichirent pas Alfred Meyer; du moins, ses travaux reçurent-ils les distinctions morales qu”ils méritaient. Professeur a l`école municipale Bernard Palissy, il voulut laisser par écrit les théories de son enseignement et l`indication de leurs modes d`application pratique. L”Union centrale des Arts décoratifs lui en facilita les moyens; il put ainsi, en 1895, publier L'Art de l'Émail de Limoges ancien et moderne, Traite pratique et scientifique, d'un style très clair, enrichi de quinze illustrations. C'est le manuel aujourd`hui, de tous les émailleurs français.


1904  son décès


En 1893 dans la Gazette des Beaux Arts


On m'a signalé comme faite en ce temps-là, à la manufacture, une coupe en émail de Limoges qu'avait signée Laemlin; je n'ai pas pu savoir si cette pièce avait été seulement dessinée par cet artiste ou s'il l'avait peinte et émaillée lui-même; j'en doute, quoiqu'on me l'ait affirmé, mais j'ai su qu'elle avait été longtemps conservée à Sèvres.

Un des élèves de Laemlin qui était intimement lié avec la famille Apoil et qui avait aussi travaillé dans l'atelier de Picot, Alfred Meyer, fut admis à la manufacture de Sèvres en 1859, sur la recommandation de M.'Picot et de M. Lefuel. 11 entra dans le service de M. Nicole, alors chef des travaux d'art.

Meyer avait fait un peu de tout, il était rompu aux nécessités du travail, il connaissait, sinon l'émail, du moins la peinture sur porcelaine. C'est lui qui peignait ces scènes de chevalerie faites pour le commerce du bronze, qu'on a vues longtemps au Palais-Royal chez Leroy et qui sont restées comme des types démodés; il avait aussi fait chez Gillet et Brianchon des peintures sur lave émaillée pour Frascati. Enfin, dans divers ateliers, il avait collaboré à des peintures décoratives. C'était le fils d'un dessinateur pour éton'es, et, détail assez curieux, c'est à M. Guichard, le fondateur de l'Union centrale et son premier président, que le père d'Alfred Meyer avait cédé son fonds et sa clientèle quand, en 1835, il partit pour Mulhouse, où l'appelait M. Kœchlin.

Alfred Meyer fut donc engagé à Sèvres, mais il n'y fit guère que des travaux de décoration sur porcelaine. M. Regnault était au courant des essais d'émail sur cuivre que Meyer avait tentés chez ses amis M. et M""= Apoil. Ces essais consistaient dans l'emploi de paillons et d'émaux translucides, mais cela ne convint pas à la direction et les applications qu'on avait projeté de faire à l'atelier furént différées. Meyer ne put donc continuer ses travaux qu'en dehors de la manufacture, mais M. Riocreux l'encouragea. Salvétat lui fournit la série complète des émaux qu'il avait trouvés et lui communiqua ses formules. Il se procura chez Nocus les émaux qu'employaient les émailleurs du commerce et, en les mélangeant, composa des tons nouveaux.Ainsi donc, pendant qu'à la manufacture on s'acharnait à ne vouloir faire que de grands émaux décoratifs sur tôle, M* Apoil et Alfred Meyer continuaient à exécuter, non pas seulement pour Pierrat l'antiquaire, mais pour Gueyton, pour Dotin l'émailleur, pour les bijoutiers et même pour un orfèvre de Londres, des émaux dont peu à peu la qualité devenait meilleure. Cela provenait de ce que, pour satisfaire aux exigences des truqueurs, on étudiait attentivement la façon des émaux anciens. 
C'est ainsi que Meyer acquit une certaine habileté et qu'obligé de satisfaire à tous les besoins du métier il apprit à préparer lui-même ses plaques, à composer ses émaux, à conduire son feu, à se passer de tout concours étranger; ce fut à cela surtout et à quelques raisons accessoires qu'il dut d'être choisi, quand on vint demander à Sèvres un artiste capable d'enseigner à peindre sur émail.

Celui qui cherchait n'était pas un débutant, mais un peintre exercé c'était Popelin il était élève de Picot et d'Ary Scheffer. Ce dernier avait été pour lui plus et mieux qu'un maître, il avait été IX. l'ami, le conseil, et l'avait gardé jusqu'à la fin dans son intimité la plus étroite.

Il n'est pas douteux que c'est de leurs causeries que naquit leur curiosité pour ces émaux. Ils avaient été à Sevrés voir ensemble les essais d'émaux à la façon limousine et ils en comparaient les résultats aux vieux modèles du Louvre et de Cluny. Ne pouvait-on pas faire mieux? Il serait intéressant d'essayer soi-même, encore fallait-il savoir broyer les émaux, les poser, les cuire. C'est en 1862 que Claudius Popelin s'en fut trouver Regnault, qui était alors directeur de la manufacture. Regnault l'adressa à Riocreux, l'éminent conservateur des collections céramiques, et à Robert, le chef de l'atelier des peintres, qui tombèrent d'accord pour désigner Alfred Meyer comme le plus à même de remplir les conditions stipulées par Popelin.

Un congé régulier fut donné au peintre décorateur pour motiver son absence. Cl. Popelin se substitua provisoirement à l'administration en convenant du prix dont il paierait les leçons de Meyer. Ce fut un traité en bonne forme par lequel Alfred Meyer s'engageait à apprendre à Popelin les procédés d'émaillerie à la façon de Limoges et à lui donner tout son concours dans les travaux qu'il allait entreprendre.

Et, dès l'été de 1863, un four d'émailleur est installé à Yerres, près deVilleneuve-Saint-Georges. dans l'habitation de M. Anquetil, le beau-père de Popelin. On est bien près de Paris, mais on n'y songe guère; la passion de l'émail possède l'artiste, il compose ses dessins, il broie ses couleurs, il charge ses plaques lui-même, les porte au feu; il ne se rebute à aucun des travaux d'atelier, il apprend à planer son cuivre aussi bien qu'à limer et à dresser l'émail, et en même temps il cherche, il compile de vieux ouvrages, il s'éprend de cet art nouveau au point d'en rechercher l'histoire; rien ne l'enchante plus que de sortir de la moufle une plaque où les rouges ont des tons de rubis et les verts des douceurs d'émeraude qui s'allient aux blancheurs modelées des chairs.

C'est ici qu'il faut expliquer comment et pourquoi Claudius Popelin était mieux préparé qu'aucun autre pour rendre à cet art du feu le style perdu, comment il était doué, quelle éducation il avait reçu, où il avait puisé la science qui manquait à ses émules. Popelin apporte une doctrine nouvelle et, dernier venu dans un art si absolu et si précis, il y détermine une évolution complète, il imprime sa personnalité à tout ce qu'il essaie et se fait, sinon le rénovateur de l'émail, du moins son historien, son ouvrier, son peintre. On peut lui préférer un autre artiste, mais personne ne contestera qu'il a jeté sur l'émaillerie un grand lustre, qu'il l'a fait aimer et qu'à ceux qui l'ont continuée après lui, il a rendu plus aimable et plus facile la pratique d'un art longtemps méconnu.

Généreux et bon, il a libéralement appris à tous les secrets du métier, à mesure qu'il les découvrait. Les leçons qu'il avait reçues, il les donnait publiquement. II ne se contentait pas d'écrire, il fit une conférence qui eut un succès éclatant et dans laquelle avec une grande sûreté de main il dessina et exécuta un émail devant ses auditeurs.

S'il ne fut pas à proprement parler l'inventeur ou le rénovateur de l'émail, il en fut le vulgarisateur ardent, convaincu, et nul n'a fait, dans les arts, dans les lettres et même auprès des gens du monde, une propagande plus utile. Si chaque atelier trouvait pour le servir un Claudius Popelin, les progrès du goût seraient prompts et nos arts en bénéficieraient A ce titre il convient d'étudier l'homme et son œuvre.

L. FALIZE.

Si vous avez des compléments? des images ? vous pouvez me les adresser à richard.jeanjacques@gmail.com

Mes remerciements à Madame  Claudine Sablier Paquet

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