dimanche 16 octobre 2011

Le Joaillier Cartier aux USA: Palm Beach et New York

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Superbe photographie du Magasin Cartier à Palm Beach en Floride, en 1939.
Un taxi arrive.., deux élégantes regardent les vitrines.., il est 11heures 20 du matin.. le magasin est du style des années 30, il se trouve a l angle de Worth Avenue et sur le trottoir on lit nettement  le nom de l'avenue ou se trouve le taxi, "Hibiscus Avenue", au premier plan un "Pédicab" conduit et propulsé par un "young black man".
Une image d'un monde parfait réalisée par Marion Post Wolcot.... mais;
ce n'est pas tout à fait ce que Marion  voulait faire "passer" comme message!!



Marion Post Wolcot

Marion Post est née en 1910, fut d'abord professeur, mais lors de la grande dépression, certains découvrent qu'elle a du talent à revendre. 
En 1932 elle est témoin des énormes différences entre les classes sociales aux Etats Unis, au cours d'un voyage en Europe, elle découvre sa voie et à son retour aux Etats unis fait la connaissance d'un groupe de libéraux du sud des USA. Un groupe qui désirait un net changement social dans le pays.



Cliquez pour agrandir l image et observez cette queue de "noirs" devant une affiche de l'américan dream

 Alors Marion affirme ses idées et affirme ses talents photographiques. Elle est engagée par un journal, mais elle ne se satisfait pas des photos de mode.

Un jour, elle se rend chez un ami au siège de la FSA, il est le chef de la sécurité de la FSA (Farm sécurité administrative)*.
Elle rejoint la FSA et va travailler désormais avec des photographes célèbres.
La FSA avait été mandaté par F.D Roosevelt  pour aider les agriculteurs qui avaient souffert de la grande dépression.
Et il faut voir cette merveilleuse photo de la maison Cartier, comme un témoignage de l'existence de ce magasin, mais surtout comme un témoignage des différences sociales du nouveau monde dans l'entre deux guerres.
Un autre volet du talent de Marion Post Wolcot (Wolcot est le nom de son mari qu'elle épouse en 1941), cette image d'ambiance, ci dessous:




Pour comprendre l'installation de Cartier aux Etats unis , il faut remonter  à Louis François Cartier qui fonde la maison en 1847, et eut un fils Alfred, ce dernier eut trois fils, Louis, Pierre et Jacques.

Ces trois frères avaient besoin d'air et de grands espaces, mais ils étaient animés par un but commun, la propagation de l'image de Cartier. l'un partit à Londres, l'autre à New York, il faut savoir que ces succursales étaient autonomes, mais très liées entre elles pour conserver, développer le style de la Maison mère.
C'est Pierre Cartier qui part aux US. En 1909, il épouse une jeune fille de la haute société, Mademoiselle Worth et il ouvre un lieu de vente au 712 de la 5 ème avenue, au 4 ème étage



Photographie panoramique de l époque Cliquez pour agrandir

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Magasin actuel du 712 de la fifth avenue, il a peu changé.
En 1917 Pierre Cartier s'installe  au 653, en effet Eric Nusbaum écrit:

"En quête d’un meilleur emplacement pour son magasin de New York, Pierre Cartier convoitait le palais de style Renaissance, construit par Robert W. Gibson, entre 1903 et 1905, au 653, Cinquième Avenue, angle 52ème Rue. Cette immeuble appartenait à M. et Mme Morton F. Plant. C’est alors que la transaction la plus géniale dans l’histoire des perles fines chez Cartier se mit en place car Mme Morton F. Plant , de 23 ans plus jeune que son époux, désirait de son côté le plus beau collier de perles actuellement disponible chez “Monsieur Pierre”: un collier de deux rangs, de 55 et 73 perles valant un million de dollars. Elle ne pouvait le quitter des yeux. Alors pourquoi pas un échange? Les Plant déménagèrent, Cartier emménagea."



Pierre Cartier  avec RW. Gibson, l architecte de l immeuble

Avant d'emménager, il fallait faire des travaux, un des dessinateurs de Cartier USA était Georges Genaille, plus tard concepteur avec Charles Jacqueau du style Tutti frutti


Bracelet Tutti Frutti

Georges Genaille dessina les plans du futur magasin:


L'antiquaire parisien Alavoine fournit des boiseries pour rappeler l'aspect de la boutique de Paris.


De nos jours l'immeuble parait plus petit, au milieu du gigantisme de New York. 
A la mort de Madame Morton F Plant, son collier de perles fut vendu 151.000$ en 1957, en revanche l'immeuble qui avait été échangé contre ce collier de perles fut classé "Landmark" l'équivalent en France de "Classé Monument Historique", il ne pourra donc être transformé.



MAIS!!!!

Car il y a un mais!

Cette histoire de collier de Perles est en grande partie fausse, c'est une Storytelling qui perdure. Le storytelling consiste à essayer de faire émerger au sein du public une ou plusieurs histoires à fort pouvoir de séduction et de conviction quitte a transformer ou inventer une vérité et dans le Luxe, cela arrive souvent.Il suffit de consulter le New York Times du 4-10-1916




WK Vanderbilt achète les biens de la 5e Av. et 52d Street et les loue à Cartier.
William K. Vanderbilt a acheté l'ancienne maison de Morton F. usine, à l'angle sud-est de la Cinquième Avenue et cinquante-deuxième rue, et a loué à Cartier, l'un des éminents joailliers de la Cinquième Avenue. ……. aucun changement dans l'extérieur du bâtiment n' est envisagée.



653. 5 eme Avenue.

Au début de l'aventure Américaine, les bijoux venaient de Paris.  Mais assez rapidement, l'atelier de New York employa 40 bijoutiers dont 11 sertisseurs. Dans les années 20, les ateliers de New York  avaient pris le nom d'American Art Works, il y eut jusqu'à 70 joailliers dirigés par Paul Duru, le principal sertisseur était Maître Jean, celui qui sertit le diamant Hope. 
Les dessinateurs de bijoux étaient, Georges Genaille et à partir de 1912 Maurice Duvalet.
Moins artiste que ses frères, Pierre Cartier était plus "Commercial" il fera néanmoins de Cartier USA une entreprise dynamique parfaitement adaptée au Marché Américain.

Pierre Cartier mourut en 1964, et vit à son grand regret son neveu Claude démanteler la Maison en 1962. En 1965 Londres et Paris furent aussi vendus, heureusement Pierre Cartier qui préférait la stratégie commerciale à la créativité allait trouver , involontairement un héritier de cette technique commerciale, ce fut Alain Dominique Perrin qui créera les "Musts"

Ce n'est pas un article sur les bijoux de Cartier, mais je ne résiste pas à vous livrer cette publicité de 1938 parue dans le journal "Femina"



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Sur cette photo,Pierre Cartier, sa femme et sa fille Marion qui en 1933 épousa Pierre, le fils de Paul Claudel, essayiste, dramaturge et diplomate français.
Pierre Claudel après avoir envisagé une carrière diplomatique rentrera chez Cartier ou il restera 25 ans. 

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Il semblerait qu'à Palm Beach le magasin qui était en photo au début de cet article ne soit plus au même endroit, et malgré mes demandes à Cartier USA, aucune réponse ne m'est parvenue. A cet endroit je pensais que c'était la maison Chanel qui l avait remplacé: 



Mais j'ai fait une erreur et le 02-01-2016, un historien de l art, très important aux Etats unis, a attiré mon attention. 
A la place de Cartier,  c'est Tiffany le Joaillier américain.

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C'est à l'intersection de l'avenue Hibiscus et Worth Avenue  et Chanel est de l' autre coté de la rue


Si vous agrandissez la photo en cliquant sur elle , vous découvrirez Chanel à Gauche.
Une précision de Mr Derk Ostergard*: 
"le bâtiment Tiffany qui se tient actuellement sur Worth & Hibiscus est une transformation  complète qui a été refaite il y a plus de 20 ans, de sorte que son coin biseauté ne ressemble en rien à ce qui avait été fait à la fin des années 1930, lorsque Marion Wolcott l'avait photographié. Le bâtiment ou était installé  Tiffany correspondait à l'édifice de l'Ouest à travers Hibiscus Street (qui abrite aujourd'hui la boutique Chanel) jusqu'à ce que Tiffany, ou leur architecte, ait cherché à faire un magasin plus grandiose."



Une autre photo du même endroit en 1915, avant "Cartier"  la Maison "Hattie Carnegie" Hattie Carnegie, née Henrietta Kanengeiser à Vienne en Autriche le 15 mars 1889 et décédée à New York le 22 février 1956 Elle était devenue une grande Maison de couture aux Etats unis .Elle vécut à New York de 1920 à 1960.

Le Magasin Cartier actuel se situe un peu plus loin dans la même rue



* La Farm Security Administration (FSA) est un organisme américain créé par le ministère de l'agriculture en 1937 chargé d'aider les fermiers les plus pauvres touchés par la grande dépression:Wikipédia.



mercredi 12 octobre 2011

Canne de Diamantaire

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C'est une Canne de Diamantaire que les Frères Segas m'avaient confié à réparer .
Les Frères Segas qui avaient eu le courage avec leur famille de bateleurs, de monter en plein centre de Rouen, un cabaret Spectacle, le "Scaramouche" mais le monde de la nuit est difficile et dérange, de plus....en province.....


Ils ont changé leur fusil d'épaule (si je puis dire): voir absolument

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Vous aviez donc dans le pommeau la balance avec les poids, dans le couvercle des emplacements pour outils, dont la brucelle, puis vissé en dessous une loupe à grossissement variable et en dessous dans la canne un logement pour mettre les diamants.

1900....1920 ou 1880????? si vous avez la réponse!


Que d’échoppes à visiter dans le Passage Jouffroy ! Tous vos sens seront sollicités ! Beauté des lieux, mets exquis, odeur d’ici et de là.
Pour parvenir à cet emballement des sensations, il vous suffit de suivre le chemin tracé par le Passage Verdeau, au niveau de la rue de la grange batelière.

Une fois entré, il serait criminel de ne pas passer dire bonjour à la galerie 34 ! Les frères Segas sont célèbres dans le monde entier pour la vente de leurs cannes exceptionnelles, en ivoire, en porcelaine, en écailles de tortue, en vertèbres de requin, de serpent ; cachant un poignard, une épée ou un javelot, il y en aura pour absolument tous les goûts !
Au-delà de l’originalité des objets vendus, les propriétaires ont su faire des lieux un endroit décalé, capitale de l’extravagance !

jeudi 22 septembre 2011

La Faillite du Comptoir Lyon Alemand et le Crash des Diamantaires qui s'ensuivit






Maison Lyon Alemand Rue de Montmorency
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Aux États Unis en 1929, eut lieu la grande crise.
Plusieurs mois plus tard, cette crise mondiale fit sentir ses effets en France, nos métiers furent très touchés, mais ce furent parmi eux les diamantaires, qui payèrent un lourd tribut à la faillite de deux banques :
Le Comptoir Lyon Alemand et la BNC (banque nationale de crédit)


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Les Américains avaient réagi à la crise en adoptant un moratoire sur les dettes pour une durée de un an, et surtout  les anglais dévaluèrent leur livre (£)
La France contrairement aux autres ne décida d’une dévaluation qu’en 1936, mais c’était trop tard pour nos diamantaires, car les entreprises anglaises étaient devenues beaucoup plus concurrentielles que les nôtres.
Il devenait évident que le travail allait partir ailleurs, alors que nos entreprises étaient endettées raisonnablement, mais le cours des pierres précieuses s’écroulant, les traites  ou autres papiers que nos professionnels avaient signées ne valaient plus rien, les remboursements étaient trop lourds, la BNC et le CLA  finirent par être liquidés.
Il faut ajouter que la BUP (banque de l union parisienne) était très engagée en Allemagne, et en Autriche,  suite aux attaques subies par la BNC.
Une certaine panique se déclencha et les clients retirèrent au plus vite leur argent des Banques qui en grand nombre firent faillite.


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Un petit retour en arrière.
Mademoiselle Alemand en 1800 crée avec Monsieur Lyon  un comptoir d’affinage des métaux précieux. Après la mort de son mari, madame Lyon crée la « société Veuve Lyon Alemand et ses fils » transformé en 1871 en « Comptoir Lyon Alemand.
Le « C.L.A » acquiert des usines à Paris, à Vienne, à Villeurbanne, puis s’implante en France, à l’étranger, en Egypte à Port Saïd et au Caire
A propos du Caire, je vous recommande un site, celui de Pascal Chour qui publie les courriers de son grand père qui dirigeait l usine du CLA en Egypte , ses échanges avec son patron parisien. En lisant tout, vous verrez ses conditions de travail et de vie a l'époque et vous retrouverez un certain"LATIMIER" qui débutait au comptoir.
http://www.pascalchour.fr/perso/divers/cla/cla3/cla3.htm



Le Petit parisien  1893

En 1922 le CLA développe une activité de Banque, « la compagnie technique et financière ». La BNC, « La banque Nationale du crédit » rachète la CTF fin 1923


le figaro 1931 cliquez pour agrandir

La B.N.C. a été fondée en 1913, et avait repris le réseau français du « comptoir d’escompte de Mulhouse », elle a un développement rapide et reprend une trentaine de banque Locales et régionales  entre 1913 et 1920. Entre temps, elle a installé son siège social Boulevard des Italiens, elle y est encore mais après de multiples reprises , est actuellement Bd des Italiens, sous le nom de « BNP Paribas ».

En 1927 André Vincent directeur du comptoir Lyon Alemand devient président de la B.N.C., c’est un homme dynamique et entreprenant; client et administrateur, mais aussi actionnaire principal de la BNC, son groupe comprend une cinquantaine de bonnes sociétés (le CLA, les forges et aciéries de Firminy, Carel et Fouché, entreprise de matériel roulant ferroviaire) Minerais et Métaux, etc.
D’après BNP Paribas je cite: « Progressivement, une confusion s’établit entre les comptes du Comptoir Lyon Alemand et ceux de la BNC. Celle ci devenue captive de son client, fait peu à peu financer son activité par la banque de dépôt , et lorsque survient la crise économique et boursière, les comptes débiteurs des sociétés du groupe Vincent pèsent lourd dans les créances de la BNC, comme ceux des sociétés nouvelles qui misaient sur la croissance ».
La main mise du Comptoir Lyon Alemand sur la BNC  avait placé les dépôts de cette banque à la portée du groupe Vincent, l'ambition d'andré Vincent fit le reste, c’est ce qui allait perdre la BNC


Journal des débats 22/6/1932

Il est évident qu’en 1930, les français, suite à la crise américaine et mondiale  sont inquiets, attentif, bientôt ce sera la panique.
Des rumeurs…déclenchent une crise de confiance, et la « Revue hebdomadaire" d’écrire « En tout cas, il y a quelques mois des bruits fâcheux ont couru au sujet de difficultés qu’aurait éprouvé le Comptoir Lyon Alemand du fait de la crise sévissant dans le commerce des diamants »
Le public vide ses comptes, en langage bancaire cela s’appelle un « début d’érosion des dépôts » c'est plutôt la panique!



JDD 20/07/1932

Dès le mois d’octobre 1930, les énormes difficultés du marché interne des diamants et pierres précieuses (les perles aussi) avaient amené les banques créancières à  créer une société « Diaperl » chargée de mettre de l ordre chez les professionnels endettés (tous) ou presque, et de faciliter la liquidation de leurs engagements, mais 610 millions de francs de l’époque quand la crise est là et que les commandes ont chuté ?
Avec quoi payer ? Alors en 1932 on songea au règlement en marchandises, il fut créé une « Société Corporative des négociants en perles fines et pierres précieuses »  et un « Comité des affaires diamantaires » pour maintenir un dialogue entre les banques et huit négociants, afin de proposer des solutions convenant à cette situation d’exception et écouler les marchandises au mieux des conditions du marché.
Pour certains la vie continue.







Ayant consenti d’importants crédits au Comptoir Lyon Alemand, la BNC est tenue pour solidaire de la situation de cet établissement et les clients se précipitent à nouveau pour retirer leurs fonds.

Nos diamantaires s’enfoncent, des ateliers de joaillerie s’enfoncent, Monsieur André Vincent, le directeur du CLA et de la BNC démissionne en septembre 1931. Il sera jugé.


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Le Journal le Matin 10/07/1934






Il s’agit de sauver la banque, mais les avances du trésor public soit « 2.075 millions de francs » ne suffisent pas à la sauver et c’est la liquidation amiable sur décision du Ministre des finances en accord avec la banque de France et acceptée par les actionnaires le 26/2/1932 avec une condition…créer une société nouvelle (la BNCI) ancêtre de la BNP PARIBAS), qui reprenne le fonds de commerce, et continue l' exploitation, car les répercussions sur l économie  du pays auraient été désastreuses

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Un concordat fut établi pour le Comptoir Lyon Alemand le 16/06/1932 mais il ne put être réalisé. 


 Marthe Hanau  se déchaine, souvenez vous, "la Banquiere" jouée magistralement par Romy Schneider.







D'après Wikipédia:"Après une grève de la faim et une évasion, elle est libérée sous caution. Elle est à nouveau arrêtée et libérée sous caution en1932. En juillet 1934, Marthe Hanau est condamnée à trois ans de prison ferme. Elle se suicide en juillet 1935 à l'aide d'un tube de barbituriques", mais avant elle écrit dans son journal "Écoutez moi"


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Un dernier article ou elle parle d'André Vincent
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Pour Lyon Alemand, il fut créé alors une nouvelle société  dans laquelle on met tous les actifs se rapportant à l industrie et au commerce des métaux précieux. La société se nomme « Société nouvelle du comptoir Lyon Alemand »  rapidement, en 1936  « Nouvelle » sera supprimé de l 'intitulé.


André Vincent avait voulu innover,  Dominique Lacoue-Labarthe dit dans son étude des paniques bancaires de 1930
« Il avait le mérite de proposer une autre solution au problème du financement de projet, la banque mixte, ou banque-industrie (comme on dira dans les années 1990), plutôt que le classique financement par mobilisation de papier commercial. La banque-industrie n’est pas malsaine en soi, pas plus que la mobilisation de papier de crédit  ou le découvert par caisse ou en compte courant, préfigurations du futur crédit global d’exploitation. C'est plutôt la fragilité des garanties et l'absence de diversification qui sont ici pris en défaut »

Alors nos diamantaires dans tout ce fatras?  ils ont payé, durement, sur leurs biens, pour certains ce fut long, pour d'autres très court, le chagrin, l honneur , ils en meurent, plus de boulot avec la crise, mais plusieurs avaient de la marchandise. Ci dessous une liste d'entre eux.
Lisez tout, surtout Rosenthal!!!

Bienenfeld (Etablissements Jacques)  : aux termes d'un accord de 1936 avec ses créanciers, la société fit don pendant 15 ans de tous les éléments de son actif et d'une part de ses bénéfices ; elle permit à ses créanciers le rachat des actions issues de la succession de feu Jacques Bienenfeld ; en 1946, David Bienenfeld obtint le rachat des créances contre 3 500 000 francs.
La créance de la BNC s'était élevée à 3 300 000 francs et elle acquit 1710 actions.


Cette société se transforma en Société industrielle et commerciale de la perle fine, SA avant 1941, afin de faire disparaître toute trace d'origine juive.

Il faut préciser que d'après un dossier conservé aux archives nationales

Dès octobre 1930, de graves difficultés du marché interne des perles et pierres précieuses avaient amené les banques créancières à créer la société Diaperl, chargée de vérifier la situation des diamantaires et de faciliter la liquidation de leurs engagements, qui se chiffraient à 610 millions. En 1932, on songea au règlement en marchandises, c'est-à-dire à la répartition des stocks et autres éléments d'actif entre les créanciers au prorata de leurs engagements : la Société corporative des négociants en perles fines et pierres précieuses fut créée à cet effet, tandis qu'était constitué un Comité des affaires diamantaires, organisme paritaire regroupant les sept principales banques et huit négociants, ayant pour but de poursuivre les pourparlers entre créanciers et diamantaires et de proposer des amendements justifiés par les circonstances. La société Diaperl, impuissante à résoudre les problèmes soulevés, fut dissoute en octobre 1933 et remplacée par le Service de règlement des affaires diamantaires qui dépendait de la Société auxiliaire des perles fines et pierres précieuses, fondée par les Etablissements Marret, Bonin, Lebel et Guieu réunis, liquidateurs de Diaperl, afin de représenter les créanciers dans diverse affaires.

Bourdier (Etablissements).
La BNC produisit pour environ 2 800 000 francs à la liquidation de la société qui fut dissoute en 1933.



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Broche Diamants1930,avec une montre incorporée de BOURDIER vendue par Christie's en 2002, 22325e




Très jolie broche Noeud de BOURDIER (vers 1920) vendue pas Sotheb'ys en 2005  21600€ cliquez pour agrandir

Caesar (Rodolphe)  perles et pierres fines.
La BNC fut admise pour 21 millions à la liquidation amiable de cette maison, décidée par les créanciers le 14 février 1931.
En 1930, Mr Caesar était président de la Chambre syndicale en diamants, perles, pierres précieuses.



Livre de Jean Philippe de Garate ci-dessous

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Dunès (Etablissements).
Après l'abandon de son actif en 1934 en faveur de ses créanciers, la société fut dissoute en 1935 ; la BNC qui produisit pour 1 200 000 francs reçut en paiement des marchandises.

Egouvillon, Lafon et Cie (horlogerie-joaillerie).
La liquidation judiciaire de cette société en nom collectif fut prononcée le 29 novembre 1932 ; le concordat de 1938 passé avec la BNC (pour récupération en 10 ans de 45% de la dette qui s'élevait à 115 570,70 francs) fut résolu et la société mise en faillite.

Eliakim (Sam).
La BNC produisit pour 69 757, 86 francs (provenant d'effets impayés) à la faillite prononcée le 5 mai 1930.

Esmérian (Paul).
A la suite d'un accord passé en 1934 avec les créanciers, la BNC fut inscrite au passif pour environ 400 000 francs ; après une longue procédure elle récupéra sa créance en 1939.

Fischof (société Léo).
SARL pour le commerce de perles fines admise au bénéfice de la liquidation judiciaire le 13 novembre 1930 ; la BNC produisit pour environ 120 000 francs, mais le concordat obtenu fut résolu, et la faillite prononcée en 1933.

Fischof et fils (A.M.)
La BNC produisit pour environ 700 000 francs à la liquidation amiable de la société, prononcée le 13 décembre 1932.

Founès (Salomon).
Après la mise en liquidation judiciaire en 1932, ce joaillier mourut et en 1934 un accord fut passé entre les créanciers et sa veuve moyennant abandon de l'actif ; la BNC avait produit pour environ 16.500.000 francs et n'obtint qu'un règlement partiel.

Frank (Etablissements Louis).
La créance de la BNC s'élevait à environ 190 000 francs lors de la dissolution de la société le 20 décembre 1933.

Habib (A. et J.)
Après la mise en liquidation judiciaire, en 1931, de cette société en nom collectif, un concordat fut obtenu avec les créanciers en 1933 ; sa résolution amena la faillite, close en 1947. La BNC fut admise au passif pour environ 15 500 000 francs et ne récupéra qu'une faible partie de cette avance.

Société d' Importation de perles fines et pierres précieuses 
Un arrangement fut obtenu en 1934 avec les créanciers moyennant abandon de l'actif et remise de parts bénéficiaires. La créance de la BNC s'élevait à 520 000 francs. Dissoute en 1944, la société ne fut pas reconstituée.

Lacloche frères (Société des anciens établissements).
La BNC produisit pour environ 2 500 000 francs à la faillite prononcée le 23 juin 1931.



Marschak (Nicolas).
La BNC fut admise au passif de la liquidation judiciaire, en 1931, pour environ 16 500 francs.

Marx (Albert).
La BNC, qui avait une créance de 500 000 francs, réalisa le gage qu'elle possédait mais ne put rien obtenir de la succession de ce négociant en bijoux décédé en 1934, l'actif ayant été absorbé par les impôts privilégiés.

Mauboussin (Georges).
Cette société anonyme, mise en liquidation amiable en 1934, devait plus de 16 millions à la BNC qui lui avait consenti un crédit de 15 millions en participation avec le Comptoir Lyon-Alemand et le Crédit foncier colonial et de banque.

Max Mayer Ltd (Londres).
La BNC produisit pour environ 2 500 000 francs au passif de cette société ; à la suite d'un accord passé avec les créanciers elle se vit attribuer pour environ 400 000 francs de marchandises, mais ne put recevoir les obligations prévues par l'accord.

Mossein, Bédarridès et Cie.
La dissolution et la liquidation amiable de cette société a été prononcée le 31 décembre 1932 ; la créance de la BNC s'élevait à environ 7.500.000 francs.

Nossovitzki (Michel).
Exploitant un fonds de commerce en perles fines, déclaré en faillite en 1933, il était débiteur d'environ 260.000 francs envers la BNC.

Polianowski (Antschel).
Négociant en perles, déclaré en faillite en 1931, son concordat fut résolu en 1939 et la faillite fut close en 1949 ; la BNC produisit pour environ 5.700.000 au passif.

Rosenthal et frères (Léonard).
Cette société en nom collectif avait eu un engagement de près de 50 millions envers la BNC ; atteinte par la crise, elle sollicita en 1932 un arrangement avec les créanciers et fut mise en liquidation amiable en 1934.

Les trois frères constituèrent ensuite chacun une nouvelle société et prirent des participations dans des sociétés immobilières ; le frère aîné alla s'installer à New-York où il développa un commerce de perles florissant. La BNC voulut faire jouer la clause de retour à meilleure fortune ; après de longues tractations Léonard Rosenthal proposa la remise de 80 000 actions de la Société foncière des Champ-Elysées ; en 1948, les associés procédèrent au rachat définitif de cette clause pour 4 500 000 francs.

Histoire des Rosenthal  http://histoire.villennes.free.fr/Pages/Extension44.htm

J'ai découvert un document officiel traduit en français, datant de 1917, lorsque l'Allemagne manquant de fonds, liquide tout ce qu'elle peut, en confisquant et curieusement la liste des joailliers ci-dessous comprends donc des maisons qui avaient déjà souffert pendant la guerre, mais qui se retrouvent dans ce désastre bancaire de 1930.

On y lit les noms de Mélik, Ascher, mais aussi de David et Grosgogeat,  le maitre d'apprentissage d'Alfred Van Cleef que de célèbres ecrivains de la bijouterie ont répandu dans le monde entier comme David et Grogeat


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De mémoire de sa famille ce n'est pas son métier de grand marchand de perles, mais les affaires immobilières, et en partie "le passage des champs élysées"qui aggravèrent sa situation: voir;

http://books.google.fr/books?id=_X27oU7Uzf8C&pg=PA78&dq=Lenoard+rosenthal&hl=fr&ei=dVh7TvH7FcbtOfbOta8C&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=9&ved=0CF8Q6AEwCA#v=onepage&q&f=false


Ses livres ont inspiré d'autres, et j'ai la chance de posséder un original de 1926  "Au Royaume de la perle " qui fut offert à mon père par Jacques Tharin.



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 Rosenthal  avait produit le cinéaste Serguei Eisenstein



Léonard et son fils Jean





Champs-Élysées/Caracalla, Jean-Paul -La Table Ronde-2009 Informations détaillées
Livre en mode image et en mode texte, recherche plein texte disponible

Léonard Rosenthal, satrape des Champs Promoteur des galeries enclavées dans les immeubles des Champs-Élysées, Léonard Rosenthal a fait fortune dans le négoce des perles. Après la Grande Guerre, il fonde la Société immobilière des Champs-Élysées, dont l’objet principal est de privilégier une bonne publicité












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Et aussi un livre de 1924, titre ambitieux, mais.....






Rosenthal et frères (Léonard).
Dossiers des co-obligés.

Rozanès (Nissim).
La BNC a produit pour 2 500 000 francs à la mise en liquidation de cette entreprise en 1932.

Nissim Rozanes avait choisi pour transformer son Hôtel particulier un architecte de grand talent, Auguste Perret, celui qui reconstruira le Havre





Mr Rozanes fut très actif, il était juif venant de Turquie





Magasin de Mr Rozanes Rue de la Paix en 1923




Sachs et Cie (Robert).
Cette société en commandite simple obtint en 1935 un accord avec ses créanciers moyennant l'abandon de presque tout son actif, la répartition de ses marchandises et une partie de ses bénéfices, la BNC était créancière pour environ 7 millions.

Sachs et fils (Léo).
Cette société en nom collectif obtint un arrangement avec ses créanciers en 1934 ; la BNC admise au passif pour environ 17 millions.

Volt (Henri).
Ce tailleur de diamant, qui fut amené à la liquidation judiciaire puis à la faillite en 1932, était débiteur d'environ 120 000 francs envers la BNC.
1922-1954

Il faut ajouter d’autres diamantaires et non des moindres

Abouhamad (S. et M.), Auricoste (J.), Goudeket (Maurice) Dernier mari de l écrivain Colette était marchand de perles
, Société Janesich, Madame veuve Auguste Lévy et fils, Lifschitz (Bernard), Lopez (S. de),  Minassiantz (Mélik), Montias (Samy), Nersessian (Nersesse), Pollitzer et Cie (Marcel M.), Rakover (Adolphe), Stiller fils, Stiskin fils et gendre, Strauss (Albert), Wall (Gustave),

En 1929, les petites banques ont été coulées, sont restées certaines banques importantes, ces grosses banques se sortent de tout, elles sont toujours là.

Les diamantaires ont disparus, certains en camps de concentration, mais quand en 1948, le CLA est à nouveau repris, il l'est par la Banque de l'Indochine (qui s'est meme sorti de l'affaire des piastres), Worms et Cie Montagu et Cie de Londres.
L'argent n'a pas d'odeur ni de sentiments, nous pouvons juste signaler qu'en 1950 (l'affaire des piastres se terminera en 1953) était ministre des colonies François Mitterrand, et René Bousquet Directeur de la Banque de l indochine.

En effectuant des Recherches pour" l'Histoire des Van Cleef et des Arpels" à la recherche de René Marty, j'ai été amené à consulter le très protégé dossier "Bonny et Lafont" aux Archives Nationales et dans les témoignages de leur procès je trouvais.



Audition de Delehaye Edmond


Laval Pierre avait une certaine amitié pour Henri (lafont) car ce dernier avait fait sortir du camp où ils étaient internés deux Banquiers, les frères……………qui seraient à la base de la fortune de Laval
Mais dans le livre "Albert Buisson un destin au vingtième siecle" , j'ai trouvé ceci .




Amédée Siaume et André Vincent du Comptoir et de la BNC

Alors si vous avez des commentaires, des précisions, des souvenirs, vous pouvez laisser des commentaires ou m'écrire à richard.jeanjacques@gmail.com




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