jeudi 25 octobre 2007

Connaissez vous la marque "JOAILLIER"




......vers 1990, une cliente, dont le charme et la jeunesse étaient inversement proportionnels à l'intelligence, venait de m'acheter un bijou, il était tôt, j'étais seul et je commençais à lui faire un paquet, ce qui n'a jamais été mon fort.
Après avoir parlé du temps, un silence se fit.
Ma cliente reprit la parole et me dit "Avant de vous connaitre, j'allais ailleurs" .....que répondre d'autre que "Ah bon"? Elle continua, 
"Il était fabricant....comme vous"....."Il vendait la même marque que vous"........."Je sais, je l'ai vu sur votre devanture" 
 je réitérais "Ah bon"

"Oui.... la marque Joaillier"

A l'atelier, nous avons bien ri

Une Ferronnière


Une "Ferroniere" c'est une chainette ou un bandeau, qui à l'époque de la Renaissance, faisait le tour de la tête et permettait de faire tenir en son centre un bijou pendentif.
Ce Portrait d'une dame de la cour de Milan, de Léonard de Vinci (au Louvre) a reçu le nom de "Belle Ferronnière" en raison de la ferronière que la jeune femme porte au front.
La mode a été reprise au XIX ème siècle en pleine période Néo-renaissance, sous Charles X, plus tard Cartier reprendra le thème du Bandeau ou ferronnière, porté au milieu du front , c'est la forme de coiffure la plus intemporelle, d'ailleurs les premières couronnes dans l antiquité étaient des bandeaux.
Cartier, dans les années 1920 à 1930 en fabriqua beaucoup, De Barbara Hutton, a la Vicomtesse d'Astor, en passant par Colette, car la ferronniere était très seyante avec les coupes de cheveux à la garçonne.
Entre le Bandana et la Ferronniere mon choix est fait........

Verney ou le talent de Michel Ermelin!


Michel Ermelin, sous l enseigne Verney, est l un des Joailliers qui m'a le plus influencé comme créateur de cette fin du 20 eme siècle.
Il avait aussi fondé la Maison POIRAY avec François Hérail en 1975

Dans les années 80, je trouve qu'il est le Joaillier qui a fait le plus bouger notre profession




















Son nom réel est Michel Battistini

Bague du haut, or jaune et très beaux saphirs bleus,j'attire votre attention sur le serti des saphirs ovales
Au centre une bague or jaune et or noir Diamants cognac.
L'or noir n'est pas un métal, c'est un traitement de surface qui lui donne cette couleur, contrairement à l or rose (adjonction d'argent et de cuivre), l or bleu (or et fer) l'or gris (palladium et argent)
L'idée du serti qui détoure bien les diamants tout en permettant de les sertir touche touche, renforce la perfection du dessin .
La dernière bague est ornée de diamants baguettes et Onyx, sertis en biais sur un bombé..

Votre Diamant...c'est du STRASS



Combien d'entre nous pensent avoir des trésors dans les boites à bijoux hérités de leur famille?
44 ans d'exercice de ma profession ont fait beaucoup de déçus, les bijoux de la grand mère , "C'est du diamant , cela appartenait à ma mère...."
"Désolé Madame, c'est du Strass"


Et pourtant, certains créent des journaux sur le monde du luxe avec ce titre "STRASS".
Des soirées de charité sont données sous ce nom "STARS EN STRASS" avec les grands couturiers et tous les peoples.

Mais , au fait...qu'est ce que le STRASS?

Du verre au plomb, mais encore... A partir de l 'époque ou le Diamant se répand et que de plus en plus de gens le portent en bijou, l'idée de le copier, de l'imiter, fait son chemin.
Au XVIII eme siècle, les
Crystalliers, appelés ainsi car il fabriquaient une pâte de verre qui ressemblait au cristal de roche, perfectionnèrent leur techniques en introduisant des sels de plombs dans le verre pour lui conférer un plus grand éclat et donc augmenter son indice de réfraction. Georges Fréderic Stras (1701-22/12/1703), qui en passant, germanisa son nom en STRASS ,était chimiste à Strasbourg, lorsqu'il eu l'idée d'ajouter près de 50% de plomb au verre coloré par des oxydes métalliques (Cobalt , cuivre, manganèse).

Déjà , en 1676 un chimiste Anglais avait commercialisé un nouveau type de verre appelé "Flint Glass",comme imitation du diamant. Et l'impératrice Marie Thérèse en avait interdit la vente car de nombreuses personnes se faisaient piéger en croyant acheter du diamant.

Donc notre "Strass" vendu à sa vraie valeur , c'est a dire peu cher, eut un grand succès et fut monté sur de l'or, de l'argent, sur des bijoux régionaux comme en Normandie ou en Auvergne.
Au XIX eme siècle on recouvrit la culasse (partie basse de la pierre qui fait réflecteur) des strass d'un enduit qui ressemble a du papier chocolat, et qui augmentait encore la réflection des pierres. Il furent nommés
similis diamants ou similis.
Plus tard vinrent les doublets grenats-verres, les synthétiques, etc ...mais c'est une autre histoire

mercredi 12 septembre 2007

La POUPEE de Daniel AUTHOUART



De nombreuses fois, j'ai fait appel à des peintres de ma région pour me dessiner ce qui aurait été "leur bijou" et je le réalisais.
Je vous ai déja cités plusieurs d'entre eux.
20 ans c'est un anniversaire, c'est en 1987 que je proposais à Daniel Authouart de réaliser un bijou d'artiste, à son idée.

Dans les toiles d'Authouart, (http://www.authouart.fr/ ) il y a des voitures de légende, des grattes ciel, des avions,des nounours ...et sa poupée en celluloid.

Daniel intitula son premier bijou d'artiste. "Une Poupée pour papa"
Elle évoque l'un des thèmes qui lui sont chers, l'enfance, les ours et les poupées.

Je lui expliquais au cours de nos rencontres à l'atelier, comment je travaillais, comment j'avais procédé avec ses prédécesseurs en partant de leur dessin, mais Daniel Authouart voulait tout concevoir lui-même.
Dès le début il savait ce qu'il désirait comme thème, il décidait de travailler a partir de la toile
reproduite ci-dessous. (Cliquez pour agrandir)




Je lui fournis de la cire et Daniel Authouart réalisa sa maquette .
Daniel décida avec sa femme des matieres, de la quantité.
Il voulut une quantité limitée, 25 poupées en or, 50 poupées en argent, 100 exemplaires en or et argent.
Plus tard la série fut complétée de quelques Poupées en or et diamants, certaines restées en France, d'autres partirent aux Etats unis et je crois en Russie.
Les Poupées furent exposées à Rouen Chez Rollin, Evelyne Née , mais aussi à Paris à la Galerie du centre, à Honfleur, et dans d'autres galeries, chez moi bien évidemment.
Je lui avais proposé de faire des cordonnets en soie de couleur diverses pour porter ces poupées.




Je me souviens d'un Monsieur, très précieux qui avait acheté une Poupée dans une galerie, et qui vint me voir, il était tout ému, sortit de son emballage la poupée or et argent et me dit:
"Monsieur je voudrais un cordonnet pour ma Poupée "bien Monsieur, quelle couleur" : "je ne sais pas , on m'a dit de venir vous voir": "Votre femme....!" " je ne suis pas marié " dit il d'un ton surpris par ma question. " c'est pour moi, j'aime tout ce que fait Monsieur Authouart"
Je m'éxécutais aussitôt.


(Cliquez sur les photos pour agrandir)

Daniel Authouart voulut signer ses Poupées, et les accompagna d'un certificat, une petite eau forte, qu'il passa ensuite à la gouache; chaque Poupée était signée par lui et numérotée, comme pour ses lithos.
C'est une sécurité pour les acheteurs



Ce furent des moments agréables passés avec lui, j'appréciais sa sensibilité, sa gentillesse, et évidemment son talent.
Rendez vous sur son site, vous apprécierez son oeuvre,

http://www.authouart.fr/

Dans un livre qui lui est consacré, Paul et Florence VERCIER
disent de lui:
"Derrière cette observation,se dissimule la fascination qu'il éprouve devant la fuite du temps, qu'il constate ici sur les êtres vivants. Dans sa correspondance, ses écrits et ses entretiens, il ne cesse d'utiliser des images comme "le grand sablier" "le compte à rebours"le temps qui lui reste à vivre" il se pose la question que Gauguin avait donnée pour titre à un de ses tableaux ;"D'ou venons nous ? Qui sommes nous , Ou allons nous ":Il veut montrer qu'il est ,et nous avec lui, ce naufragé de l'infini en transit sur cette terre."

mardi 11 septembre 2007

Les "petits arbres" des bijoutiers



Depuis ,au moins 5000ans, les hommes ont utilisé différents procédés pour couler du métal en fusion dans un moule, ce qui leur permettait de reproduire un modèle à plusieurs exemplaires Il y a les Fontes ouvertes, avec de la terre cuite ou plus simplement avec un os de seiche qui permet de prendre une empreinte du modèle et de remplir le moule en creux de métal en fusion. Les Fontes creuses,comme les fontes étaient lourdes et massives , on introduit un noyau réduction de la forme extérieure au centre du moule , terminé, il sera creux au centre et plus léger; les Fontes à moule on sculpte une cire , cette cire est recouverte d'argile ou de sable de fonderie, on obtient donc un moule divisé en plusieurs parties qui peuvent être reconstituées par la suite.Il suffit de créer un orifice pour pouvoir couler le métal en fusion.
Souvenez vous de l'article du 29/7/2007 sur l'Auréus monté en pendentif avec un entourage,
à l 'époque ou il a été découvert, j' avais fait un moule, c'est ce type de moule en élastomère silicone que nous utilisons de nos jour. (Cliquer sur l'image pour l agrandir)

Ces moules(au départ en caoutchouc) sont apparus en 1936 aux Etats unis, et en 1946 en France, puis du caoutchouc, nous sommes passés aux plastiques, une véritable révolution.
Les fontes creuses furent améliorées, car on pouvait désormais placer des noyaux centraux en cuivre, qui s'éliminent avec l'acide .
Au début il fallait réaliser des maquettes avec des matériaux résistants à la vulcanisation du caoutchouc.Vinrent les élastomères et la finesse des objets reproduits était plus grande.

J'en arrive à mes "petits arbres des bijoutiers"

























Mouler un objet et le reproduire c'est bien, mais reproduire plusieurs maquettes d'un seul coup, c'est mieux. A partir de ces moules (comme celui de l Auréus) il est possible d'injecter de la cire dans le moule autant de fois qu'il est besoin, puis ces cires sont regroupées autour d'un axe central (photo ci-jointe) Cet arbre en cire est placé dans un cylindre de métal. Tout autour, a l'intérieur de ce cylindre est coulé un plâtre spécial, très fin , puis il est placé dans une machine, sous vide, qui le fait vibrer pour éliminer toute bulle et coller au plus près de cet arbre.

L'ouvrier enlève le cylindre de métal une fois le plâtre séché, après passage au four qui fait fondre et disparaitre la cire , ce moule est placé dans une centrifugeuse avec l'or en fusion, par la force centrifuge , le métal va remplir le moule ,une fois refroidi le plâtre spécial réduit en morceaux, nous obtenons ce petit arbre.
Il reste aux bijoutiers à découper l'attache de chaque pièce qui la relie à l'arbre central

Ensuite, il faut "décrotter" cette fonte , limer les suppléments de métal, boucher les trous, quand il y en a, vérifier les pièces au besoin ressouder des fèlures, obtenir une pièce "propre".
Le bijoutier obtiendra une fonte nette, proche d'un objet fait à la main. Dans le cas de la bague ci-dessous,il devra choisir les pierres, polir sa bague, et le sertisseur n'aura plus qu'a incruster ces pierres dans la masse.Un retour au poli, un bon nettoyage, il n'y a plus qu'a livrer.




J'ai simplifié les explications, toutes sortes de matériels sont employés désormais pour obtenir un travail proche du parfait.
Ainsi il faut boucher des petits trous ou des fèlures dans la fonte, les bijoutiers le faisait avec des chalumeaux.
Quand je suis entré à l'école de Bijouterie Joaillerie, rue du Louvre à Paris(en 1960!!!), nos chalumeaux fonctionnaient au gaz de ville et nous soufflions à la bouche dans un tuyau relié au chalumeau pour donner plus de force à la flamme, puis vinrent des soufflets à pédale qui gonflaient une baudruche. Certains se servirent de l 'air comprimé; pour le travail du platine l'oxygène permettait d'obtenir des températures de 2000° pour le travailler ou le fondre. Depuis il y a eu le Micro Dard qui permet de faire des micro flammes en utilisant .......de l eau! et maintenant le chalumeau Laser , qui permet une précision extraordinaire, un"tir" pour souder à coté d'une pierre précieuse sans la démonter, un apport de matière dans un "trou" de fonte alors qu'avant il fallait boucher à la soudure et que cela se voyait .
Si un Joaillier (un vrai, pas un commerçant!) doit fournir un"grand" de la profession, il lui faut un chalumeau laser, sinon il n'aura pas de commandes.

Il y a encore quelques années, s'il fallait fabriquer rapidement une chevalière (par ex) on se souvenait des vieilles méthodes utilisées depuis des siècles entre autres...

Prenez deux os de seiches trouvés sur la plage, frottez les l'un contre l'autre pour obtenir deux surfaces planes, faites rentrer un modèle de chevalière dans l'os de seiche jusqu'à la moitié, puis approchez l'autre os de seiche, appuyez jusqu'à ce que les deux surfaces planes soient en contact
Tracez des repères sur les os de seiche pour retrouver l emplacement exact après avoir enlevé le modèle, enlevez le modèle,vous obtenez votre chevalière en creux, faites deux cônes pour couler l'or et des petites sorties pour l air, remettez en contact vos os de seiche en faisant bien attention de replacer face à face les deux parties.
Attachez, coulez l'or, ouvrez à nouveau, attention de ne pas se bruler (y en a des...) nettoyez, martelez le métal pour le durcir, limez, poncez polissez, nettoyez à nouveau, il ne vous reste plus qu'a servir.
C'était la recette de l os de seiche à l'or 750/1000° ,sauce à l'acide sulfurique!




lundi 13 août 2007

Qu'est ce qu' une Chatelaine


Châtelaine en or jaune en forme de Sphinge Crée par Alphonse Fouquet (Musée des arts décoratifs à Paris)

" Roger MILES" dans son livre "La Bijouterie" publié chez Hachette en 1895 écrit:
"La Châtelaine est ce bijou exquis que les femmes du XVIII° siècle pendaient par un crochet à leur ceinture et à l extrémité duquel un mousqueton retenait la montre ou le cachet ou quelquefois un minuscule flacon d'odeur"
Mais la Châtelaine n'était pas que féminine, et très vite les hommes s'en emparèrent.



Au début il désignait tout ce qui pend à une chaîne, par ex: la chaîne qui pendait au crochet qui permettait de la suspendre à la ceinture (ou au gilet pour les hommes) et à l'autre bout une clef de montre, puis on finit par y suspendre toutes sortes d'objets, des cachets avec des intailles, des clefs, des breloques diverses. Beaucoup de Châtelaines sont en cuivre doré ou en fer orné de marcassites.


Les bijoux en fer nous venaient de Berlin , en effet dès le début du 19° étaient apparus des bijoux en fer de Berlin (de nos jours , on les aurait appelés bijoux fantaisie) En 1804 fut créé la Royal Berlin Factory qui fabriquait des chaines et des boucles d'oreilles en fer émaillées de noir.
Lorsqu'en 1806 Napoléon envahit Berlin, il fit confisquer les moules et les formes qui servaient à faire les fontes.
Elles furent transférées à Paris et la production Française fut difficile à différencier de la Prussienne.
Le Musée de Ferronnerie (unique en son genre)du Secq des Tournelles à Rouen possède une importante collection de ces objets en fer.
Mais déjà, dans le monde Romain au 6 eme siècle, on avait pris l habitude de pendre la clef de son habitation à une chaine reliée à la ceinture.
En Poitou comme en Vendée ou on les recense en grand nombre, les habitantes accrochaient à la ceinture un "crochet à ciseaux" .
Au crochet était fixé un mousqueton qui permettait de relier une chaine à ciseaux, c'était un objet courant et utilitaire, mais la chatelaine devint un élément de décor du costume. En ville surtout on la retrouvait à la ceinture des élégantes . Et
Gustave Flaubert fait constater à Emma Bovary lorsqu'elle se rendait à Rouen , que les femmes portaient un "paquet de breloques" 

 
Pour accrocher ces châtelaines, il fallait bien sur que cette mode fut accompagnée d'une autre, celle des larges ceintures en tissu qui se fermaient avec des Boucles de Ceinture qui pouvaient mesurer plusieurs centimètres de hauteur. L'impératrice Eugénie en portant beaucoup, la mode était crée, elles étaient fabriquées à partir de moules, en laiton, en argent, en fer et en or. 


A propos de la Châtelaine (
représentée en haut de l article), d'Alphonse Fouquet, père du célèbre Joaillier Georges Fouquet , Deux liens


http://www.mythorama.com/_mythes/indexfr.php?id_def=2

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sphinx_(mythologie_grecque)

Adolphe Jean Marie MOURON dit Cassandre dessinateur de bijoux pour Fouquet ou Hermès et d'autres

  Ce beau bracelet est réapparu , la maison  Christie's l'a revendu et le décrit ainsi UN BRACELET BRACELET ART DECO MULTI-GEM ET DI...