L oeuvre des Boucheron est tellement importante que je propose un aperçu par époques
C'est un bijou merveilleux de Frédéric Boucheron et l'idée maitresse tient dans un seul trait de crayon, ce trait prend la forme d'un point d'interrogation
Frédéric Boucheron est né le 17 décembre 1830 et décédé le 20 août 1902 à Paris dans le 16 ème arrondissement à l'âge de 71 ans. Une carrière exemplaire.
Son père Louis Boucheron né en 1787 à Paris et décédé en 1862, au moment de la naissance de Frédéric, était marchand de soierie en gros . Louis avait épousé en 1816 Melle Laure Aurore Voizot ils eurent 4 enfants , Frédéric était le dernier.
Il est peut être utile de signaler que sa sœur ainée Louise Ernestine Boucheron née en 1817 s'était mariée le 5 décembre 1840, à Paris avec Jean Michel Radius né en 1811, ils eurent un fils né le 25 octobre 1841 à Paris, Louis Georges Radius qui sera joaillier-bijoutier à Paris, rue de Valois, puis Place Vendôme, et associé de Frédéric Boucheron.
A 14 ans Frédéric Boucheron devient apprenti chez l un des meilleurs fabricants joailliers de Paris : Jules Chaise.
Henri Vever a écrit: Une des personnalités les plus considérables de la corporation fut, sans contredit, Frédéric Boucheron (1830-1902). A quatorze ans, il fut mis en apprentissage chez Jules Chaise, l'excellent bijoutier dont nous avons parlé précédemment et avec lequel son père, marchand drapier, était en relations suivies. Ils étaient d'ailleurs cousins. Boucheron conserva toute sa vie un souvenir très vivace de son séjour dans cet atelier réputé. Il y apprit son métier à fond, car Chaise dessinait bien, avait des connaissances professionnelles très complètes et, de plus, était un homme de goût.
Le petit apprenti, qui devait franchir tous les échelons de la fortune et des honneurs à force de travail, de loyauté, d'intelligence et de goût, rappelait souvent, avec une bonhomie sous laquelle perçait une nuance d'orgueil, ses débuts à l'atelier, les courses et les achats qu'il faisait alors pour les ouvriers (deux sous de pommes de terre frites ou un peu de charcuterie !). Il s'y prêtait d'ailleurs de la meilleure grâce du monde, tout en travaillant avec ardeur. Mais ses aptitudes le portaient vers une autre direction. A vingt-trois ans. Boucheron quitta la cheville
D'après la revue de la Bijouterie Joaillerie, l article évoquant les obsèques de Frédéric Boucheron signalait que Mr L.Aucoc indiquait l'âge de 15 ans et non 14 pour l'entrée en apprentissage de Frédéric Boucheron.
A 23 ans, donc, il entre comme commis vendeur chez Tixier Deschamps installé au Palais Royal galerie Montpensier. Frédéric Boucheron d'après Vever, dont la nature ardente et active s’était beaucoup dépensée dans cette maison depuis cinq ans, déçu peut-être dans le secret espoir qu’il avait nourri de voir son patron la lui céder, résolut de s’établir. Mais il lui manquait pour cela une chose essentielle : l’argent. S’en étant ouvert à sa famille et à quelques amis, il plaida si éloquemment sa cause, qu’il parvint à réunir la somme de cent mille francs. C'était peu ; néanmoins, c’est avec ce capital relativement restreint, qu’en 1858 il fonda, galerie de Valois, la maison qu'il devait illustrer plus tard, réfutant par ses actes le pronostic pessimiste de M. Deschamps son patron, qui avait dit :
« M. Frédéric est un excellent commis, mais il n'a pas l’étoffe nécessaire pour faire un patron. » En effet Frédéric avait de quoi être déçu. Son patron, Deschamps apparemment fatigué, abandonne le métier et ne vend pas son affaire à Frédéric Boucheron.
Rare photo de Frédéric Boucheron, elle m a été confiée par Bruno Margelidon qui m'a demandé:
Ces deux photos sont issues d’un album en ma possession provenant de mon arrière-grand-père Georges Radius, neveu et collaborateur associé de Frédéric Boucheron. Vous pouvez les utiliser pour votre magnifique blog que j’ai d’ailleurs indiqué en lien sur la page de Frédéric Boucheron. Je vous demande juste, comme déjà fait avec d’autres personnes, dont Madame Sablier de la maison Boucheron, de faire figurer la mention “collection Radius et Margelidon” avec chaque photo. Bien cordialement. Bruno Margelidon
Pendant des années, raconte Henri Vever, « l'atelier de Mme Nattan, fort de plus de 100 ouvriers, a exécuté toutes les commandes qu'il plaisait à Boucheron ». Les marchandises livrées sont décrites dans l'Annuaire professionnel Azur de 1862, qui présente Boucheron comme spécialiste « de hautes fantaisies riches, orfèvrerie riche et objets d'art. » Vever écrit que les marchands bijoutiers venaient en masse acheter des objets chez lui. Après la création en 1866 de son propre atelier, qui a pris en charge une part de la fabrication, Boucheron a continué à se fournir dans d'autres ateliers, parmi les quels figurait sans doute celui de Colombe Nattan.
Ce miroir a été émaillé par Armand-Désir Riffault (1832-1872), un joaillier et émailleur qui a travaillé pour Boucheron, créant des objets brillants pour l'exposition de Paris de 1867. En 1864, Riffault avait déposé avec succès un brevet, protégeant son propre nouveau, type d'émaillage unique. Après avoir travaillé pour une entreprise sans succès, le travail de Riffault a attiré l'attention de Frédéric Boucheron. Ce miroir, émaillé par Riffault pour l'exposition de 1867 dans le style Renaissance, a remporté les éloges des officiels et de la presse et Riffault, avec Boucheron, s'est vu décerner une « Médaille de bronze ». William Ward, comte de Dudley, président de la classe de joaillerie de l'exposition, acheta ce miroir et en 1878, six ans après la mort de Riffault,
Provenance
Présenté à George V et à la reine Mary, prince et princesse de Galles, par l'Aga Khan. Exposé à l'exposition de Paris de 1867 et acheté par le comte de Dudley.
Actuellement propriété de Gilles Zalulyan en son magasin de Hong-Kong: info@palaisroyalhongkong.com
La clé du succès de Boucheron était naturellement la haute qualité des objets présentés, souvent sous-traités à l'orfèvrerie de fabrication parisienne Crossville & Glachant qui entra en marque de maître en 1861 depuis le 11 place Dauphine. La marque est identique à la marque du présent exemplaire, montrant un gland suspendu à un crochet, avec l'ajout d'une esperluette au-dessus, manquant ici et dans d'autres exemples de leur travail (Arminjon/Beaupuis/Bilimoff, Dictionnaire des poinçons de fabricants d 'ouvrages d'or et d'argent, 1798-1838, Paris, 1991, n° 0921). L'entreprise ferma en mai 1867, ce qui laisse supposer que la pièce actuelle a été réalisée pour ou à l'occasion de l'Exposition universelle, peut-être comme une alternative au garçon sur un genou.
1867 Ce collier , cette broche, ces boucles d'oreilles avec des camées en style louis XVI sont dessinés par Massin pour Boucheron.
M. Bordinckx d'Anvers expose aussi une briolette perforée et un diamant gravé d'un N surmonté de la couronne impériale. Quant aux diamants montés, la France nous semble avoir, pour cette industrie, une supériorité incontestable comme goût et comme élégance d'exécution. A côté de la branche de lilas blanc toute en brillants, véritable chef-d'œuvre de M. Rouvenat, les vitrines de MM. Massin, Mellerio, Beaugrand, Bapst, Boucheron, sont pleines de parures admirables avec lesquelles peuvent à peine lutter, et encore grâce à la richesse des pierres, la grosse rivière de Goldschmidt de Vienne, la belle broche d' Hancock de Londres et le splendide écrin de lady Dudley. Il y a dans ce dernier, des diamants de l'Inde « à rendre fou un joaillier, » nous disait un des membres du jury français songeant aux merveilles que nos artistes pourraient faire avec cette masse de brillants si lourdement montés. Nous conseillons aux personnes qui croient posséder des diamants d'aller prendre devant les parures de lady Dudley une leçon d'humilité. En résumé, il nous a paru qu'il y avait au Champ de Mars bien peu de diamants, surtout lorsque nous eûmes appris que, depuis 1859 jusqu'à 1867, il était arrivé en Europe 1,431,326 carats, soit, près de 300 kilogrammes.
L'ALLURE DU JAPON Encrier, 1876. Conçu par Paul Legrand (Français, 1840-1910). Fabriqué par la firme de Frédéric Boucheron Paris. Argent, dorure partielle, champlevé, basse-taille, émaux cloisonnés, 23,4 x 33,6 cm . au Musée des Beaux Arts de Boston Massachusetts.
Des groupements éclectiques de motifs japonais figuraient en grande partie dans les premières manifestations du japonisme. Un extraordinaire encrier fabriqué en 1876 par la firme parisienne , d'après des dessins de Paul Legrand, en est un exemple imaginatif. Il fourmille de motifs et d'images empruntés aux gravures sur bois, à la laque, aux gardes d'épée et aux pochoirs textiles. Boucheron et Legrand, un créateur connu pour son style distinctif et coloré, auraient eu accès à ces objets à Paris dans les boutiques de curiosités et dans les collections d'amis. On pense que Vever a été membre, avec Bracquemond et Burty, d'une société japonaise secrète avec le faux nom oriental Jing-lang. Le groupe se réunissait régulièrement.
Collier "Hausse Col" créé par Boucheron pour Sarah Bernhardt en 1879, Sarah avait 35 ans à l'époque, et n avait donc pas encore besoin de ce "collier de chien" avec lesquelles les vieilles dames cachaient leurs rides du cou, les plus modestes se contentant d'un simple ruban noir
Pendant de cou avec 8 gros diamants, quatre plus petits aux angles et 1 grosse perle poire au milieu Dessiné et réalisé par Jules Debut chez Boucheron pour l'Exposition universelle de 1878.
Je crois intéressant de signaler qu'autrefois , ici en 1875, on accordait des médailles aux membres du personnel des maisons, indiquant ainsi leur participation au travail de la grande maison: ici, Jules Debut Legrand, Loeuillard pour Boucheron.
Un collier serpent tout diamant vers l'année 1885, plus tard la "Belle Otéro" s'en vit offrir un.
Les 2 Mazarins font : respectivement 18 carats 22/32 et 16 carats 9/16 , ils seront vendus à un client Russe.
Boucheron ne sera pas le seul joaillier français à acheter des bijoux lors de cette vente, il ne faut pas oublier Vever, Aucoc et Bapst. Aucune des pierres achetées pas Boucheron n’a été retrouvée. Les successions et les changements de style ont été fatals pour tous ces diamants historiques.
FRÉDÉRIC BOUCHERON ANNÉES 1888-1889 GRANDE ET RARE BROCHE LILAS
Elle représente une branche de lilas traitée au naturel. Les feuilles pavées de diamants taille brillant (TA). Chacune des fleurettes est également rehaussée de diamants taille brillant.
Monture en or jaune 18K et argent. Poids brut : 72,71 gr. Dimensions : 14,7 x 7,2 cm revendue par la maison Tajan
Cette broche a été fabriquée en 1889 pour une occasion très spéciale. Le roi Ferdinand de Bulgarie l'a offerte à la jeune comtesse Anna de Grenaud Saint Christophe le jour de son mariage avec Dimitri Stancioff, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Royaume. Ses titres sont décrits comme suit, "Gentilhomme de la Maison et Chef du Cabinet Secret de Son Altesse Royale le Prince de Bulgarie". Comme l'a écrit la comtesse dans ses Mémoires, l'annonce du mariage a été publiée lors d'un dîner organisé au Palais-Royal, où elle était la demoiselle d'honneur de la princesse Clémentine, mère de Ferdinand.
Anna de Grenaud Saint Christophe a reçu ce magnifique cadeau en signe d'une profonde amitié. Le sujet des lilas est un souvenir de sa jeunesse et du château où elle a grandi en Haute-Savoie. Monsieur de Bourboulon, secrétaire du roi Ferdinand, a écrit dans ses Mémoires des éloges élogieux de la broche lilas, nous donnant toutes les informations sur ce bijou réalisé par Frédéric Boucheron. Le prince Ferdinand de Bulgarie a généreusement fait don de la dot de mariage de sa future épouse Marie-Louise de Bourbon-Parme. On peut citer le coût de 53 000 francs or pour la couronne seule. De par sa passion pour la joaillerie et les pierres précieuses, le Prince Ferdinand noue une forte amitié avec Frédéric Boucheron.
1895 Large bol avec trois portraits d'après Lucien Lévy-Dhurmer
Création en argent forgé et émaillé de Lucien Hirtz, pour Frédéric Boucheron, 1895 Collection privée
Frédéric Boucheron a choisi le thème de la nature en contraste avec toute cette « parure » de pâte. Il a lancé une nouvelle tendance avec des dessins mettant en vedette des têtes de chardon, des feuilles de platane et des bouquets de fleurs rustiques, qui ont été épinglés sur le devant des corsages ou transformés en colliers et châtelaines. Il lance également des dessins en émaux translucides, alors revenus à la mode, qui s'inspirent des écrits de Benvenuto Cellini à François Ier. Frédéric s'intéresse vivement aux idées nouvelles et aux inventions. Grand spécialiste de la gravure au diamant et de l'incrustation d'or sur acier bleui, il combine des matériaux simples de manière totalement originale ; le cristal de roche et le bois, par exemple, étaient assortis aux pierres précieuses les plus rares. (les Maitres Joailliers 1900)
Willaz Silverman dans ses traductions des cahiers de Vever nous permet de voir un menu de repas en 1898 auquel participait Frédéric Boucheron:
Excellent diner : Huitres de Zélande — Potage Bisque et oxtail, Hors—d'oeuvre, Crevette beurre harengs Russes — sole maréchale ~ Rables de chevreuil Grand Veneur — Poulardes truffées Rossini ~ Sorbets fine champagne — Bécasses et perdreaux — Salade — Pâté de foie gras de Strasbourg — Asperges sauces crème — Glace sucrée — Gaufres — fromages, fruits, dessert — Vins : Chablis Moutonne 1884 — Médoc en Carafes — Château Morin 1885 ~ Beaune Hospice Bourgogne 1881 — Champagne Moët Café — Liqueurs — Cigares — Au champagne, Aucoc se lève et porte un toast,
1900
Le célèbre Hugo, maître d'hôtel chez Maxim's, rapporte dans ses mémoires une anecdote qui illustre admirablement ce contraste. Un jour La Belle Otéro dînait au restaurant. Frédérique Boucheron avait autrefois créé pour elle une sorte de corsage entièrement fait de diamants, et à cette occasion elle était '''couverte de la tête aux pieds de bijoux étincelants. La table réservée à sa rivale, Liane de Pougy, était toujours inoccupée. Enfin cette dernière fit son entrée majestueuse. Elle était vêtue d'une robe de velours noir simple et sans fioritures ; le compagnon de sa dame a suivi dans son sillage. Les convives furent étonnés, puis absolument stupéfaits lorsque Madame Liane enleva le chapeau et le manteau portés par sa servante pour révéler la jeune fille, couverte de tous ses bijoux inestimables. Au milieu d'applaudissements sauvages, Madame Liane et son escorte, le comte de T., prirent place. Madame Otéro se leva avec colère et quitta le restaurant, jurant furieusement en espagnol en passant devant la table de Liane.(Livre les Maîtres joailliers)
Paul Legrand dessinateur de Boucheron, eut l'idée de mettre des rondelles facettées en diamants entre les perles qui avaient été taillées par C.Bordincks
Le rêve de tous les lapidaires était d'arriver à graver des diamants. Bordincks originaire d'Anvers mais fixé à Paris avait même réussi à tailler une bague entière dans du diamants, cette bague dont le diamant a été gravé par Bordincks avec un chiffre "FB." sur monture or vers 1900
Cette broche papillon avec 4 ailes en diamants gravés le corps est un rubis coussin plus un diamant briolette en forme de poire, monture "en tremblant" vers 1894
Voir mon article sur les diamants gravés de Boucheron : https://www.richardjeanjacques.com/2015/02/les-diamants-graves-de-boucheron-et.html
Ce fut une grande fête cette Assemblée générale qui le 20 mars rendit bien étroit le vaste amphithéâtre des Arts et Métiers. Fête rendue solennelle par la présence, du Président de la Chambre des Députés.
M. Deschanel avait, en effet, accepté la Présidence d'honneur de cette réunion où, fondateurs, collaborateurs et bénéficiaires célébraient le 25e anniversaire de « La Fraternelle ». Dans le langage élevé et attachant qui le caractérise, M. Deschanel a traité avec une remarquable ampleur de vue les questions de mutualité, bases fondamentales de cette Société.
Le grand bienfaiteur de « La Fraternelle » celui qui depuis 25 années la dirige et l'a rendue si belle et si forte, tant par son action personnelle que par les dévouements qu'il a su joindre au sien. M. Frédéric. Boucheron, a été chaleureusement félicité à l'occasion du 25e anniversaire de sa présidence.
De nombreux personnages politiques, parmi lesquels je citerai MM. Mesureur, vice-président de la Chambre des Députés ; Léon Bourgeois, ancien Président du Conseil des Ministres ; Lourdes, sénateur, ancien Ministre du Commerce, avaient tenu à unir la manifestation de leur haute estime aux témoignages de la profonde et unanime reconnaissance qui entourait M. F. Boucheron.
Un livre d'or revêtu de signatures par centaines rappellera à M. Boucheron ce bel anniversaire, ineffaçable souvenir pour tous ceux qui, de près ou de loin, saluent les hommes de valeur qui « fraternellement » se sont attachés à cette oeuvre et à plusieurs autres, aussi humanitaires.
La joie de tous a été complète puisqu'une médaille de bronze et deux médailles d'argent furent décernées à des membres du Conseil de la « Fraternelle », puisque. M. René Huot, le vaillant et distingué secrétaire de la Société a reçu les palmes académiques, puisqu'enfin la Croix de chevalier de la Légion d'honneur a été attachée à la poitrine de M. Georges Richard, membre du Conseil d'administration de la « Fraternelle ».M. Aucoc, le sympathique président, de la Chambre Syndicale de la Bijouterie a présidé le banquet qui, le soir, réunissait en une intimité familiale tous les membres de la « Fraternelle « et clôturait dignement cette belle journée.
UNE PAIRE DE BOUGEOIRS ''FLAMBEAUX'', VERS 1900
Argent vermeil ciselé, ivoire ciselé et émail translucide. Signé F. Boucheron et Emile Guillaume , avec poinçons d'orfèvre et Minerve. 32,5 cm. haut
C'est un excellent livre , un vrai livre d'Histoire sur la maison Boucheron aux éditions "Pont Royal"
1900
Photo de 1900 parue dans la revue de la bijouterie en 1901. Broche Junon en Jade, émaux, saphirs jaunes et diamants et c'est extraordinaire de retrouver ce bijou plus de 100 ans après au catalogue d'une maison de vente.
Protectrice des femmes, elle symbolise le mariage lorsqu'elle est représentée recouverte de voiles, et elle est associée à la fécondité lorsqu'elle en tient l'emblème : la pomme de grenade.
En effet, dès 1866, Boucheron avait fait partie de la Chambre syndicale, et, en 1873, il en était déjà le vice-président. Nommé président en 1887, il ne quitta ce poste qu'en 1890 et fut nommé à l'unanimité président honoraire. Nous avons tous présents à la mémoire les travaux qui ont été accomplis à la Chambre syndicale pendant sa présidence. Grâce à son tact et à sa bienveillance, plusieurs difficultés graves ont été aplanies, et si notre Syndicat jouit aujourd'hui d'une réputation à l'abri de toute critique, c'est en grande partie grâce à l'impulsion généreuse que lui avait donnée Boucheron.
Mais, à côté des brillantes qualités d'homme d'affaires qu'il possédait à l'excès, Boucheron avait en lui une bienveillance et une bonté dont tous nous avons pu apprécier le caractère exquis et dont nous garderons le plus précieux souvenir. Désireux de faire profiter les humbles de son succès, il a donné à plusieurs reprises des preuves à la fois discrètes et éclatantes de sa générosité. Dès 1874, il aidait à la fondation de la Société d'Encouragement de la Bijouterie, et plus tard, en 1890, il fondait un prix de 400 francs, destiné à être remis chaque année, comme bourse de voyage, à un jeune ouvrier désirant se perfectionner à l'Etranger. Je suis l'interprète de cette Société, en l'absence de son président, M.Froment-Meurice, pour remercier une dernière fois le généreux donateur.
En 1875, il contribuait à l'organisation de la caisse des retraites de la Fraternelle. Les ouvriers n'oublieront pas ce qu'ils doivent de reconnaissance à celui qui, pendant plus de vingt-cinq ans, a présidé aux travaux de cette société. Je laisse au vice-président de la Fraternelle le soin de retracer cette belle page de la vie de Boucheron.
L'orphelinat de la Bijouterie était aussi l'objet de sa sollicitude et son nom reste à jamais inscrit dans les annales de cette Société. Après avoir pensé aux orphelins et aux ouvriers, Boucheron s'est associé d'une façon grandiose à l'idée, que plusieurs de nos confrères avaient émise, de fonder une maison de retraite. Depuis longtemps, nous nous préoccupions du sort de nos vieux ouvriers; à plusieurs reprises, j'avais eu avec Boucheron des conférences sur le moyen pratique d'atteindre notre but, quant, à la date du 12 décembre 1899, je reçus une lettre touchante, comme il savait en écrire, dans laquelle il m'annonçait qu'il mettait à la disposition de l'œuvre projetée une somme de 100.000 francs. Malgré toute notre diligence, nous n'avons pu acquérir encore l'immeuble souhaité. Je n'oublierai pas la dernière conversation que j'ai eue avec lui à ce sujet, il y a un mois environ. Je tenais à le mettre au courant de ce que nous avions fait ; il était, du reste, le président d'honneur de cette association, et, tout en regrettant que nous n'ayons pu encore employer une partie de ce capital, il approuvait notre manière de procéder en hospitalisant provisoirement dans une maison existante les vieillards qui nous avaient été recommandés.
La Chambre syndicale a tenu à témoigner sa profonde gratitude envers son ancien président, en lui remettant, le 3 avril dernier, une plaquette d'honneur. C'est le dernier hommage qui lui fut fait, et je sais qu'il y avait été particulièrement sensible. Cette plaquette restera pour sa famille le souvenir vivant de sa belle carrière, hélas ! trop tôt interrompue. Avant de mourir, Boucheron nous a encore donné un salutaire exemple, en recevant, sur sa demande, les secours de la religion.
Repose donc en paix, mon cher président. Puissent les paroles que je viens de prononcer du fond du coeur apporter un léger adoucissement à la douleur de ta généreuse femme et de ton fils si affectueux. C'est au nom de la Corporation tout entière, qui te pleure et qui gardera à jamais le souvenir de tes bienfaits, que je te dis un suprême et dernier adieu.
M. Henri Vever, en sa qualité de vice-président de la Fraternelle, a prononcé en ces termes le suprême adieu :
Au nom de la Fraternelle, je viens dire un dernier adieu à son regretté président, M. Boucheron, qui a montré dans notre Société, plus encore qu'ailleurs, tout ce que pouvait son grand coeur et sa philanthropie.
Lors de la fondation de la caisse de retraites, en 1875, M. Boucheron, bien que n'étant pas encore parvenu à l'âge où l'on songe d'ordinaire à la vieillesse, était déjà préoccupé du sort souvent pénible des ouvriers et des employés de nos industries, lorsque l'âge les atteint.
Il a compris qu'il y avait là de quoi développer son zèle et prodiguer ses actes généreux.
Personne n'ignore les immenses services qu'il nous a rendus. Ils sont tels, que je puis dire ici que la Fraternelle lui doit sa prospérité tout entière.
Lorsque, il y a vingt-sept ans, M. Boucheron a accepté la présidence, il a senti tout le bien qu'il pouvait faire aux ouvriers, qu'il aimait tout particulièrement ; ceux-ci le lui rendaient bien, et nous pouvons rappeler, en ce moment douloureux, devant sa famille si profondément affligée, les manifestations de sympathie, de respectueuse estime et d'affection véritable, qui lui furent adressées en maintes circonstances par tous les sociétaires.