mercredi 30 juin 2021

Georges DERAISME, le grand ciseleur de Lalique.



Broche pendentif de Georges Deraisme

Pierre-Georges Deraisme est un artiste parisien, né à l'apogée de l'Empire de Napoléon III en 1859 . Il a suivi l'enseignement d'Eugène Michaut, le célèbre maître orfèvre et graveur. Dès 1889, lors de l'Exposition Universelle, de nouvelles tendances stylistiques apparaissent et inspirent l'artiste à adopter l'iconographie du mouvement Art Nouveau. En parallèle, il intègre l'atelier de René Lalique et devient son maître Ciseleur.
Il travaille avec Lalique jusqu'en 1908-1909 puis s installe, il employait une vingtaine d ouvriers simplement pour répondre aux commandes de Lalique Il va utiliser des formes plus abstraites une fois a son compte.



Georges Deraisme avait 17 ans lorsque Georges Clairin peignit ce magnifique portrait de Sarah Bernhardt et nul doute que comme toute sa génération, il suivit et fut influencé par la personnalité de cette grande artiste .




Je n'ai pas trouvé de photographies de Georges Deraisme, juste ce portrait  revendu par la maison Gros et Delettrez, datant de 1901. Plaque commémorative en bronze gravée "A Monsieur Georges DERAISME ciseleur/1901". Indistinctement signée en bas à droite.31 x 23 cm. Georges Deraisme a alors 42 ans Il est né le 24 mai  1859.
Nombreux sont ceux qui à l instar du Dictionnaire international du Bijou, l'ont écrit né en 1865.



Henri Vever l'a décrit comme "un virtuose du ciselet" 
Evelyne Possémé conservatrice en chef du Musée des Arts décoratifs de Paris  le cite comme "Le ciseleur attitré de René Lalique" et son nom figure très souvent en bas des documents officiels de dépots de modèle de  Lalique , ce qui suppose qu il y avait une étroite collaboration et une grande confiance entre les deux hommes, ce qui m'a poussé a rechercher qui il était.


Peu de bijoux et d'oeuvres d'art de lui,  existent sur le marché.  Marie Chabrol a écrit: "voila une signature extrêmement rare en ventes aux enchères. Connu quasi uniquement des collectionneurs et des marchands spécialisés,  il est connu pour avoir été en quelque sorte le bras droit de René Lalique à partir de 1890. Excellent ciseleur et dessinateur, il est à l’origine de nombreuses pièces de la maison. A partir de 1908, il fonde sa propre boutique au 7 rue royale (Paris) avec l’aide de Georges Uldry. Il va alors developer des créations très graphiques, presque Art Deco, alors que nous sommes en pleine période Art Nouveau. Précurseur, voila qui le décrit parfaitement."

Ses adresses
15, quai de Valmy
11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris 1er (à partir de 1907)
7, rue Royale (ancienne succursale de Froment-Meurice) en 1908


En revanche Deraisme a légué au Musée du Petit Palais à Paris des centaines de dessins, de maquettes, de photographies.
Comme par exemple ci-dessus où je pense que Deraisme avait photographié un dessin de lui, je me suis permis de l'inverser pour mieux appréhender son travail, il est évident que peu des dessins fournis à Lalique avaient été gardés par devers lui




 

En 1888 dans le "Journal des Artistes" Georges Deraisme obtient la deuxième mention à la "ciselure sur métaux" d'après le journal des artistes, il a 29 ans 


Ce Dessin conservé au Musée du petit palais à Paris date de 1890


Cette maquette date de 1895



Vers 1897, Dessin de Deraisme: Matériaux et techniques: Crayon graphite, Gouache, Papier vélin. Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris
Georges Deraisme dessine un modèle de ciselure très Louis XVI



Le Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris, date cette maquette en 1897



Ce Putto  a été dessiné  avec  crayon graphite, Encre, Papier vélin, et daté de 1897



Dessin au crayon graphite, encre, gouache, sur papier vélin daté de 1897 environ




J ai inversé le dessin suivant pour mieux appréhender la ligne de ces pendants d'oreille


Photographie de son dessin par Georges Deraisme



Cette pièce de Lalique me fait penser que c'est Deraisme qui a dû la ciseler


Entre 1898 et 1900  cette photographie  (ci dessous) fait partie des collections du Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris  dans le  don très important  fait par  Mr et Mme L'Ebraly, Martin.



Or j ai retrouvé dans mes archives personnelles dans un catalogue, ce bijou de Lalique, un devant de corsage , broche en en forme de I couché ou se tient un paon, vu de profil, debout sur une patte , les plumes de la queue sont réparties librement vers l'avant et l'arrière et composent le reste du décor, or ciselé, émaillé, cabochons d'opales montés en sertissure, brillants Hauteur 9cm5 Longueur 19 cm (bijou important)  157 grs date  vers 1898-1899 acheté directement à l artiste en 1900 , collection Fondation Calouste Gulbenkian Lisbonne.


Voici la couverture de ce catalogue de l exposition importante qui eut lieu en 1965  à Bruxelles par les "AMIS DU PORTUGAL" et le ministère belge des affaires culturelle, le MAD y participait.


En voici une photographie plus nette

Poètes de la parure parisienne
Autour de 1900, les plus grands joailliers de Paris ont pignon sur rue à la place Vendôme et sur la rue de la Paix. Ainsi, René Lalique s’installe au no 24 de la place en 1905, alors que
quelques années auparavant, Louis Cartier avait ouvert sa boutique au n° 13 de la rue de la Paix. Chez ces joailliers, des dessinateurs de talent contribuent à leur célébrité. Georges
Deraisme chez Lalique dessine d’abord des bijoux dans la veine historisante avec chimères, dragons, angelots, putti, etc.
Puis apparaissent les courbes de l’Art nouveau et ses motifs naturalistes. Son maître, René Lalique, s’impose en brisant la hiérarchie gemmologique et en associant divers procédés
techniques. Chez Cartier, Charles Jacqueau s’en tient d’abord   lui aussi aux styles historisants, puisant son inspiration dans les recueils anciens. Il fait également des épingles à chapeau un véritable « laboratoire d’idées », concevant des architectures audacieuses, des combinaisons colorées étonnantes, des associations et des tailles nouvelles. Peu avant la Grande Guerre, faisant preuve encore davantage d’invention, il s’inspire des civilisations d’Orient et du Moyen-Orient.
Musée national des beaux-arts du Québec. exposition de 2007 à 2008 

En 1900 nos joailliers voulurent introduire dans les bijoux, de l ivoire, de la corne, ..... des matériaux réservés jusqu'ici aux articles de fabrication courante.
La valeur matérielle devait être négligée au profit  de la couleur et du symbolismes, mais la loi du 19 brumaire an VI pour la protection du titre interdisait tout mélange. La Chambre syndicale eut beaucoup de mal a en obtenir l adoucissement selon lequel on pouvait employer simultanément des métaux précieux et communs.
Le titre réel pour l'exportation pouvait être indiqué en chiffre et la faculté de livrer tous objet a l exportation sans marque d'aucune sorte.


1899 Broche Dragon


1900 environ , dessin de bijou qui n'est pas sans rappeler plusieurs objets dôme en cristal ou en verre de Lalique telle cette lampe Berger signée Lalique ci-dessous



Médaille d’or de collaboration (pour les créations de Lalique) à l’Exposition Universelle de 1900.



1900 env Vase cylindrique de Georges Deraisme  à base aplatie. Épreuve en bronze à patine dorée, fonte d'édition ancienne sans marque ni cachet de fondeur. Décor de coléoptère sur fond de sureau ornementé de pierres de couleurs. Signé. Haut. 16,5 cm il fut revendu par Robert Zehil à Monaco


 Cette même galerie Zehil a revendu ces oeuvres de Georges Deraisme



Dessin très art nouveau de Georges Deraisme vers 1900


C'est une photographie faite par Deraisme d' un de ses dessins



D'apres les indications du Musée du Petit Palais à Paris cette sculpture-maquette de Deraisme daterait de 1900 elle s'intitule "bague femme et masque"



Dessin de 1900, decrit comme un peigne floral.



Le 1-01-1900  dans la revue "La Mode et le Bijou"  les conseils aux jeune de G.Deraisme" L'avenir est à ceux qui travaillent"


Revendu par Sotheby's qui date ce bijou années 1900, certainement postérieur à 1908: Le pendentif Art Nouveau à motif feuillagé ajouré décoré d'émail vert et brun, encadrant deux panneaux d'ivoire sculpté, représentant des trophées de musique et un camée d'une muse debout, agrémenté de diamants taille circulaire et simple, suspendant une goutte de péridot, chaîne à maillons bâton en émail, longueur environ 445mm, signée Deraisme sur ivoire.



Coté face de ce pendentif avec goutte Péridot , c'est vraiment la manière de Deraisme  de traiter l'or , l' ivoire sculpté.
L'émail dans ses bijoux, occupe une place privilégiée, l'émail s'irise de lumière au gré de l artiste et s'applique sans nuire  à la ciselure ni au modelé du support. Ce fut une tendance importante de l'art nouveau et je citerai Lucien Gaillard  
https://www.richardjeanjacques.com/2012/02/lucien-gaillard-joaillier-verrier.html




1905: Dessin:  Crayon graphite, Encre, Gouache, Papier vélin  conservé au Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris



Dessin vers 1905

Il a aussi travaillé pour Achille Dorville qui à partir de 1904 s’installe au 22 rue Caumartin, près du théâtre de l’Athénée où il propose bijouterie et joaillerie.
Associé avec Uldry “ULDRY ET DERAISME”, Editeurs, 7 rue Royale, Paris.
Il a travaillé pour Coty (d’abord via Lalique puis après la guerre de 14-18) puis directement pour Roger & Gallet, Lubin situé à côté au 11, rue Royale (Eau de Lubin, vers 1914).



Vers 1905


1905 maquette de maillon floral et tête


Très joli peigne Fleurs et fruits de 1905


1905 Pendentif Sauterelles


Cendrier sur Art Net



1910 dans Art et Décoration  ce même cendrier



1905 Dessin d'un scarabé égyptien


1908 Deraisme s 'associe avec  Uldry et s'installe au 7 rue Royale 




La Maison Tajan situe cette broche à l'époque Art Nouveau, je l'inscris en 1908 mais elle doit dater plutot des années 1912-1913

Rare barrette de forme oblongue. Elle est ornée de trois perles sur un décor repercé de volutes et de feuillages émaillés en résille,  émail vert brun et noir . L’ensemble est rehaussé de diamants taille brillant en sertissure. Travail signé DERAISME et monogrammé.
Poids brut : 12,6 gr Dimensions : 8,7 x 1,5 cm



1908 Dans  le journal Comoedia, article ci-dessous


J ai mis la page entière pour ce dessin de la mode à cette date


Article du bas de page





1909 dans Art et Décoration Bijou de Deraisme





1909 dans le journal La France


1909 dans art et décoration  
M. Deraisme des bijoux assez intéressants. Les pendentifs demanderaient cependant un peu plus de style dans leur composition. Par contre, une petite bonbonnière est charmante, dont le couvercle s'orne d'une très agréable ornementation exécutée dans une harmonie précieuse et délicate. A côté, les vases qu'expose le même artiste ont des ornementations certainement un peu lourdes. 



1909 Petite boite de Deraisme dans le journal Art et Décoration



Georges-Pierre DERAISME 
Deux éléphants en marche en bronze reposant sur des socles en marbre.  H. 6 cm et 5 cm (sans le socle) revendus par Gros et Delettrez.


En 1910


En 1910 Georges Deraisme exposa une vitrine de bijoux et d'objets d'art en Ivoire Bronze et Argent les éditeurs sont Uldry et Deraisme  au 7 rue Royale à Paris





Catalogue de la Société des artistes du 01-01-1910 et des oeuvres de Georges Deraisme exposées , vous remarquerez l'adresse de Deraisme au 7 rue Royale et Henri Desforges qui est dit "Demeurant" au 7 rue Royale Chez Uldry et Deraisme




1910, ce très beau bijou indiqué comme représentant deux chimères, Pierre-Georges Deraisme. (1859-1932). Rare broche barrette en or émaillé, ajouré et découpé.. Vers 1910. Photo Delorme & Collin du Bocage





Bijou or, perles, roses diamants, diamants et émaux revendu par Gros et Delletrez



Broche Citrine  Pierre-Georges Deraisme ART NOUVEAU CITRINE, ENAMEL AND DIAMOND BROOCH, PIERRE-GEORGES DERAISME   , vers 1910
Support : citrine, enamel, diamond Taille : 11,8 cm. (4.6 in.)






1910 revendue par la maison Dekker Antiquaire
Art Nouveau Devant de corsage in platinum and 18K matted gold set with citrine, diamond and yellow enamel, in original box signed ULDRY & DERAISME 7 Rue Royale Paris. The back high quality ciselating Size: 12 x 2,5 cm Weight: 12 x 2,5 cm 
Pierre - Georges DERAISME (1865-1930) maitre ciseleur parisien. 


COLLIER ÉPOQUE ART NOUVEAU de Georges Deraisme de forme circulaire, retenant un décor de branches de mûrier. Il présente deux putti sur panneaux d'ivoire, dans un décor feuillagé (manque pierre centrale). Monture en or jaune 18K. Chaîne présentant des maillons torsadés. Signé Deraisme.  Dimensions : 6.2 x 7.5 cm.  Longueur chaîne : 48.5 cm.  Poids brut : 43.08 gr.   Bientot en vente chez Jean Pierre Osenat fontainebleau


1911  Dans la revue Les Arts Décoratifs:
M. Deraisme a une très jolie épingle : les ormes végétales se mêlant aux formes géométriques, le centre est une perle, d'où partent les entrelacs qui sont des tiges; ce réseau aboutit à son tour à une double circonférence le petites fleurs d'émail rose et bleu, légères comme l'ombelle de la carotte sauvage. Des trois broches qu'il expose, l'une est faite de cinq perles alignées comme les pois dans la cosse; à chaque extrémité, des fils végétaux se
recourbent. Dans une autre, la file des perles est enfermée entre deux petits papillons de profil, bleuissants, verdissants et diamantés. Les antennes qui s'allongent et se courbent, viennent au dessus de la broche se replier et s'appliquer, motif cher à M. Deraisme. Dans la troisième, pareillement compliquée d'antennes et de crochets, le centre est fait par une opale bleue, qui a la forme triangulaire des phalènes. 



GEORGES DERAISME (1865-1932 Revendu par la galerie Zehil à Monaco
Agrafe de manteau en argent fondu et ciselé formée de trois éléments dont deux identiques de forme carrée à coins arrondis, décor de quatre papillons de nuit en argent, leur dos émaillé vert turquoise, au centre un cabochon turquoise matrix, le tout sur fond émaillé vert turquoise et un élément au centre formé de deux autres papillons se faisant face, séparés par un grand cabochon turquoise serti dans une monture rectangulaire d’où pendent trois tiges, celle du milieu plus longue, et au bout desquelles sont sertis des cabochons turquoise.
Poinçon d’importation ovale (cygne). Poinçon de fabricant non identifié. Longueur : 17 cm
Bibliographie
Une pièce identique est dans la collection du musée des Arts Décoratifs, inventaire n°18107, acquise à Georges Deraisme le 27 mars 1911. Exposition
Salon des artistes décorateurs, 1911.



1911  Broches de Deraisme  dans la revue Art et Décoration

1911  salon des artistes décorateurs critique  du journal Exelsior
M. Hirtz a une très bonne exposition ; ses vases, ses gobelets, ses esquisses dénotent un décorateur de race. Je retiendrai également les bijoux de M. Templier, de .M. Ch. Stern, de M. Rivaud (un technicien de premier ordre), de M. G. Deraisme.

Vous trouverez sur ce blog dans la colonne recherche des articles sur les personnes citées




Art et Décoration en 1912  nous offre sous la plume d'Emile Sedeym un passage intéressant sur Deraisme :

Comme ceux de M. Follot, les bijoux de M. Deraisme sont construits; comme eux, ils se caractérisent par une simplicité qui, sans être pauvre ni mesquine, les met cependant à l'abri des fluctuations de la mode; et ils ont, à un haut degré, cet attrait que prennent les choses simples, lorsqu'elles reflètent de la personnalité et du goût. Toutefois, je le répète, nous devons souhaiter, chez des artistes aussi bien doués, plus de résolution, plus d'invention. Jusqu'à présent, leur esprit créateur n'a guère cherché à sortir d'un cercle excessivement étroit. N'y a-t-il donc rien à créer en dehors du collier, du pendentif, des bagues, des peignes, des boucles? Le costume et la coiffure, si résolument renouvelés à plusieurs reprises depuis vingt ans, n 'ont-ils pas appelé à chacune de leurs évolutions des innovations correspondantes en fait d'ornements précieux? 

 En 1912 dans le journal  Paris Midi 
"Des pendeloques encore : '.celles de M.  Paul Follot ; celles de Mme Louise Guastal la ; celles de M. Emile Mangeant, en métal martelé, enrichies de pierres et de nacre ;  celles, enfin, de Mme Bedôt-Diotati, en argent, orné de pierre de lune et de tourmaline.
- Mais pourquoi persiste-bon à les appeler des « pendentifs » ? Je supplie une fois pour toutes les artistes décorateurs  de ne pas employer ce mot stupide, imaginé voici peu par les magasins de nouveautés. Ils doivent à leur dignité de parler un peu mieux le français.
M. Georges Bastard expose des éventails somptueux, de délicieuses boîtes en nacre et corne ; M. Georges Deraisme, des miroirs, boites et bagues ; M. Raymond Templier, un réticule -et un diadème ; M. Charles Rivaud, un intéressant collier ; M. Georges Barbotaux, un cadre, des vases, divers objets en bronze et argent.
La vitrine de M. Paul Follot est tout entière bien curieuse, bijoux de forme très neuve, que conçut une imagination parfois extravagante, mais toujours originale. Leis boites et vases de M. Eugène Feuillàtre sont d'un travail charmant et infiniment varié. Je mentionnerai après cela le coupe-papier en bois incrusté de nacre, ivoire, cuivre et argent, de Mme Marguerite Pangon : les pièces d'orfèvrerie de M. Frank Schieldecker ; le collier en or et argent forgé et repoussé, et le crémier en argent repoussé de M. Henri Husson ; les objets en métal repoussé et ciselé de M. Théodore Chmetz . les envois de MM. Eugène Le,lièvre. Henri Miault, et de Mlle Marguerite de Félice"


En 1913, l Armée le propose pour la légion d'Honneur et il sera décoré à titre militaire



En étant dans la réserve, il est parti pour la guerre 14-18 comme chef de bataillon et pendant la guerre, c'est son associé, Georges Uldry qui tient la boutique de la rue Royale




1915 dans "l humanité" j ai choisi cet article, mais toute la presse s'en était fait l'Echo






1929 dans les archives commerciales de France



le 18-mars 1932, décès de Georges Deraisme à son domicile 11 rue Croix des petits champs à Paris dans le 5 ème arrondissement


 En 1946 le salon des artistes décorateurs  rend hommage à Georges Deraisme

mardi 22 juin 2021

Robert EHRET, le joaillier qui dessina la FRANCISQUE du Maréchal Pétain

 


Robert Léon Ehret est né  le 13 mars 1891 à Paris 2e, rue Saint-Antoine, Son père  Gustave Ehret est à cette époque Sommelier et sa mère  Marie-Thérèse Talivey est domestique,  quatre années après la naissance  de Robert, son père va enfin le reconnaitre et épouser sa mère, est-ce lui qui a placé sa jeune femme?  Toujours est-il qu'au mariage, elle indique comme profession: cuisinière.



Acte de naissance de Robert Ehret

En 1911, il est appelé au service militaire. Sa fiche matricule nous apprend qu'il réside alors à Paris 2e, 46 rue d'Agout,  la petite rue qui longe l'école de Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie, devenue depuis la  Haute École de Joaillerie. Sa profession : ouvrier lapidaire.
Robert Ehret incorporé le 1er octobre 1912 et, comme la guerre mondiale éclate avant la fin de son service militaire, il reste sous les drapeaux jusqu'au 22 août 1919. Il eut une conduite exemplaire,  cité quatre fois à l'ordre du jour de la division, blessé à deux reprises, on l'a cru disparu en mars 1918. En réalité, il a été fait prisonnier et interné à Karlsruhe d'où il est libéré après l'armistice de 1918. 
Au cours des sept années passées sous l'uniforme, Robert Ehret monte en grade : brigadier en 1913, maréchal des logis en 1914, adjudant en 1915, sous-lieutenant en 1916, lieutenant en 1919.  il devient capitaine de réserve en 1935. En 1920, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en reconnaissance de ses mérites militaires.




Acte de mariage de Robert Ehret, en 1922, il se déclare  "Lapidaire", l un de ses témoins est Pierre Basset, joaillier a Neuilly, l autre témoin est ingénieur, tous trois sont médaillés de guerre et Pierre Basset a reçu lui aussi la légion d'honneur.  A cette date, Robert a 31 ans habite toujours chez ses parents rue d'Argout,   et est certainement salarié d 'une entreprise, mais je ne pense pas que ce soit chez Van Cleef & Arpels qui n'avaient pas d'atelier.
Ce n'est que dix ans plus tard que Van Cleef & Arpels, vont "annexer" un atelier qui travaillait déjà pour eux, mais aussi  pour Janesich, Lacloche, Boucheron, Ostertag , Mauboussin....
C'est donc Alfred Langlois  un grand "Boitier" qui va signer un contrat d'exclusivité  avec Van Cleef. A cette époque Langlois avait 15 employés.
Van Cleef & Arpels  donnaient aussi du travail à Strauss-Allard et Meyer,  Desmares, Frey, Verger, Rubel, Lenfant, Péry, Mirra, Boisson, Dumont et selon madame Sylvie Raulet, l'atelier Ehret.
Donc il est plus conforme à la réalité de dire que Robert Ehret ne travaillait pas Chez Van Cleef & Arpels, mais en tant qu'artisan, installé à son compte, pour Van Cleef & Arpels


D'ailleurs si je me fie au livre Van Cleef & Arpels de Sylvie Raulet écrit en 1986, on peut voir que deux bagues  sont dessinées par Renée Rachel Puissant Van Cleef et que ces dessins font partie de la collection de l atelier Ehret.
Ce qui veut dire que l'Atelier Ehret a exécuté ces modèles pour VCA et a gardé les dessins gouachés.

D'après Mr Jean Claude Streicher, En septembre 1940, le commandant Bonhomme, officier d'ordonnance du Maréchal Pétain et ami du capitaine Ehret, présente ce dernier au docteur Bernard Ménétrel, médecin et proche conseiller du Maréchal. Apprenant sa qualité de joaillier, Ménétrel lui demande de concevoir un insigne symbolisant l' "unité française aux ordres de son chef, le Maréchal Pétain. Il s'agissait donc de remplacer l'effigie de Marianne et les lettres RF, symboles républicains devenus caducs.
Cette dernière phrase démontrant le début du culte de la personnalité.





 On ne pouvait reprendre, en effet, l'ancien fanion tricolore frappé des lettres RF, ni la Marianne "franc-maçonnique" puisque la République avait été suspendue. A partir d'une suggestion du Dr Ménétrel, médecin personnel et secrétaire particulier du Maréchal, le façonnier de bijoux proposa alors un emblème composé d'un bâton de maréchal bleu aux dix étoiles, « aux extrémités d'or et accosté de part et d'autre d'une francisque d'argent », la hache de guerre des anciens Francs. Ces deux lames se voulant le symbole des deux grandes victoires remportées contre l'Allemand, Tolbiac et Verdun. L'idée plut et a été aussitôt adoptée².
 D'abord emblème personnel du Maréchal, la francisque gallique est devenue sa distinction personnelle, nouvelle Légion d'honneur, par la loi du 16 octobre 1941 en vue d'honorer tous ceux « qui se sont donnés à lui, (comme) lui-même a fait don de sa personne à la France ». Elle sera remise à 2 626 récipiendaires, dont 3 femmes, pour seulement 15 radiations.(jean claude Streicher)


Journal Le Matin de mars 1942 et la suite ci-dessous




Nous avons aussi le récit d'un intime du Maréchal, Henri du Moulin de la Barthète, chef de son cabinet civil.
« L'institution de la francisque, écrit-il dans ses mémoires, à laquelle s'attachait aussi un serment de fidélité, m'apparut dès ses débuts comme un monument de puérilité. On a voulu voir dans cet insigne un critère de sélection, un modèle de récompense pour les bons serviteurs de l'Ordre nouveau.
« La vérité fut beaucoup plus simple. Un officier de réserve, dessinateur de son métier et façonnier chez Van Cleef, le bon capitaine E... (il l'anonymise, puisqu'il le raille), s'essayait dans les bureaux du docteur Ménétrel, à découvrir un motif ornemental qui pût servir de thème aux armoiries du chef de l'Etat. Au sein des pires catastrophes, il se trouve toujours de paisibles esprits pour taquiner l'encre de Chine et s'engager dans des fantaisies héraldiques. La chose en soi n'était pas grave. Mais le capitaine E..., en exhumant de quelque vieux recueil la double hache de la francisque gallique, s'avisa de substituer au manche de l'arme le bâton de maréchal et de dessiner, sur les tranchants des cercles tricolores... Que représentait, au juste, cet insigne ? A mes objections, l'on répondait toujours : il faut que les fidèles du Maréchal puissent se compter. »



 Nouveau drapeau de "l'Etat Français" dessiné par Robert Ehret


D'après Wikipédia: les Ateliers Ehret à Paris auraient eu l'exclusivité de la fabrication des francisques en or et de celles en or et diamants, alors que les insignes en bronze et émail étaient fabriqués par les établissements Arthus-Bertrand et Augis.
Quelles sont les sources de cette information?




Le Maréchal décore François Mitterrand de la Francisque , c'est donc François Mitterrand qui en a fait la demande et a signé son allégeance au Maréchal  en 1942. Il y eut aussi parmi tous les décorés, Maurice Couve de Murville, Edmond Giscard d'Estaing, Raymond Marcellin, Antoine Pinay....troublant!!




En revanche Mr  Streicher indique dans son ouvrage: 
 Mais Louis-Dominique Girard apporte un autre détail qui a son importance. A l'en croire, le capitaine Ehret était le « conservateur de la fortune des (Van Cleef & Arpels), joailliers israélites réfugiés aux Etats-Unis pour la durée de l'occupation. (Et c'est justement) pour lui faciliter la garde d'un trésor convoité par les Nazis (que le Maréchal) l'avait pris à son secrétariat particulier. »¹ Cette indication doit être prise au sérieux, car l'ancien chef de cabinet, toujours d'une extrême rigueur, est difficile à prendre en défaut. Sur son blog, Jean-Jacques Richard, l'historien des Van Cleef & Arpels, confirme effectivement, documents originaux à l'appui, que les joailliers parisiens ont pu déménager tous leurs stocks de bijoux, d'or et de matières précieuses en zone libre dès le mois de juin 1940, puis deux mois plus tard transférer leurs parts à deux associés et des membres de leur personnel, avant de se réfugier à New York. En juin 1942, une enquête de la Treuhand und Revisionsstelle a donc conclu pour leur entreprise familiale à une « aryanisation non sincère », qui ne pouvait être homologuée.


1944


1944

Je ne sais comment interprêter ce texte, certains a partir de ce texte citent Ehret comme le sauveur de la fortune des Van Cleef & Arpels. Mais jamais la famille Arpels ou d autres n'ont cité Ehret!!!
Personne n'a répondu à une question que j ai souvent posée: Où sont passés les stocks et l' argent liquide de Renée Rachel Puissant Van Cleef  lorqu'elle est décédée  en décembre 1942 à Vichy?

Radiation de Robert Ehret en 1946

Je pense que le Colonel Marty, bras droit et cousin de René Bousquet  vu son poste d intendant de la police de Vichy , avait fait le ménage après la mort de René Rachel  Van Cleef et qu il avait rendu de la marchandise aux Arpels à leur retour en France, sinon comment expliquer pourquoi à sa libération de prison pour collaboration, il ait été engagé par les Arpels.?

Sans doute la Treuhand n'a-t-elle rien pu y changer, car le 19 octobre 1944, donc au lendemain de la libération de la capitale, Claude Arpels et Paul de Leseleuc, seuls gérants de l'entreprise familiale, certifient à Paris que René Bry, leur commissaire-gérant depuis 1940, leur a tout restitué « sans manquant »


 En réalité le 4 septembre 1943, le directeur général de l aryanisation économique au secrétariat général de l'Aryanisation  confirme que René Bry  administrateur de Van Cleef & Arpels, au 19 avenue de l'Opéra (en 1940 artisan en étage rue Sainte Anne), est relevé de ses fonctions, mais il faudra attendre le 19 octobre 1944 (Claude Arpels est venu des Etats unis fin aout 1944) pour que René Bry obtienne le quitus des comptes gérés par lui   pendant cette aryanisation.
Théoriquement,  c'était à l acheteur qui avait repris la maison Van Cleef & Arpels, Mr De Leseleuc de lui donner ce quitus des 1943, mais comme ce fut une aryanisation Bidon!!!!!

Cette autre phrase est difficile a accepter: Les données manquent sur le devenir de Robert Ehret après l'écroulement du régime de Vichy, à l'exception de sa nomination au grade d'officier de la Légion d'Honneur en 1963. Cette promotion écarte tout soupçon de collaboration que sa présence auprès de Pétain aurait pu susciter.

Pour ce qui est de sa promotion dans l ordre de la légion d honneur, ce n'est pas une preuve car par exemple ce fameux colonel Marty déjà Officier de la légion d’Honneur demande en 1970 à être « Commandeur » et il a été nommé !!! L’enquête de gendarmerie n’a rien trouvé ….en 1971..Il a été nommé après sa mort en plus. Il a gardé toutes ses relations.

Comme quoi un homme qui était le bras droit de René Bousquet, qui a été l un des organisateurs de la rafle de Marseille, qui fréquentait Bonny et Lafont, qui  a fait aussi décorer de la Légion d'honneur, les sadiques du SRAMAN (service de répression des menées antinationales)  etc...etc, peut  non seulement ne pas être radié de l'ordre, mais monter en grade dans l ordre

Après la guerre, que devient Robert Ehret, je n ai pas trouvé s' il avait été inquiété, en tous cas il avait continué son atelier.  1947-48 Ehret est joaillier fabricant  28 rue saint Roch,  son poinçon déclaré à la garantie est   R.E. avec pour symbole  un pierrot.

Ce fut une période si trouble!!!!!

Le personnel politique de l'État français n'était pas homogène . On y trouvait des nationalistes farouchement anti-Allemand, des technocrates peu engagés politiquement, des arrivistes (où classer Mitterrand par exemple) et des collaborationnistes proches de l'idéologie nazie, des petits malins qui profitaient de la situation. Robert Ehret était  depuis la guerre 1914-1918  accablé par la défaite de 1940, avait été fait prisonnier donc il était anti-Allemand,  il avait  confiance dans le héros de Verdun, le Maréchal Pétain .
Pourtant, tous, ils ont su que des gens étaient déportés, raflés, ils ont signé des ordres qui n'auraient pas du être appliqués, et  alors que Mitterrand vire de bord en 1943, Robert Ehret, lui,  est attaché au secrétariat personnel du Maréchal Pétain et confirmé dans ses fonctions le 4 fevrier 1944 soit  4 mois avant le débarquement.
En  1945 , il habite à Saint Mandé 1 bis avenue Victor Hugo (Val de Marne) mais c'est à Montreux en Suisse que Robert Ehret meurt le 17/08/1968 à l'àge de 77 ans 

Contrairement à Mr Jean-Claude STREICHER, j ai pu accéder au  dossier de Légion d' Honneur de Robert Ehret, y figure bien sa décoration comme Chevalier à titre militaire, mais comme Officier en 1963, il n y a aucun apport dans le dossier sur le pourquoi il a demandé à y être élevé et l' a obtenu.

Un commentaire est toujours le bienvenu:  richard.jeanjacques@gmail.com



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