Vous trouvez aux puces un camée, ou un client vous amène un camée en matière blanche représentant une tête de femme de profil.
Vous l’examinez, la couleur est « ivoire » c’est plus lourd qu’un camée coquillage mais la dureté semble égale, ce n’est pas un marbre….quoique !!
Vous retournez le camée, le dessous est brut et en regardant de plus près ou avec une loupe 10X, vous observez un agrégat de microcristaux blancs.
C’est du carbonate de calcium, du moins la matière que vous avez sous les yeux en contient une très grande quantité !
C’est le composant principal du calcaire et de la craie, mais aussi du marbre, mais c’est aussi le constituant des coquilles d’animaux marins (d’où l’idée d’un camée coquillage) le corail et même les coquilles d’escargots.
Mais quelle idée de se servir de cette matière pour un Camée!
Vous retournez à nouveau le camée et observez bien le dessous, c’est une matière qui, pourtant, ne vous rappelle rien.
Vous vous trouvez en présence d’un camée fabriqué à l aide de fontaines pétrifiantes.
Il n’est pas besoin d’aller loin, en Auvergne, ou les hommes comprirent vite le processus de formation. En 1665 dans « Mémoire sur les grands jours d’Auvergne » Esprit Fléchier décrit le phénomène
« durcissent insensiblement, se couvrent d’une écorce »
Les habitants de cette région commencèrent à faire des essais en mettant dans ces fontaines des végétaux ou des écorces d’arbre, puis ils en arrivent aux poteries, etc. Ces fontaines, ou plutôt ces sources qu’on dit pétrifiantes, aux eaux très riches en dioxyde de carbone contiennent une très grande quantité de carbonate de Calcium, appelé autrefois carbonate de chaux. Et des objets exposés plusieurs jours sous ces eaux ruisselantes se retrouvent recouvert d’une couche de Calcite.
C’est en 1828 à Saint Nectaire que Jean Serre va mettre au point le processus de recouvrement. Puis Mr Clementel propriétaire de l’ensemble des sources comprend que lorsque l’eau sort de la terre à l’air libre, le carbonate se précipite sous forme de cristaux avec un grain grossier mais qui devient de plus en plus fin. Il va donc aménager ces sources et y exposer des objets et même des animaux empaillés qui avec le temps deviennent des sculptures de pierre.
Au début du XIX° nos auvergnats emploient une nouvelle méthode.
Ils fabriquent des motifs qu’ils vont mouler au début en soufre, puis en gutta Percha qui est une gomme végétale naturelle issue du latex (elle entre de nos jours dans la composition des balles de golf)
Ils en viennent à créer des tableaux en reliefs et ces produits se vendent toujours. Ils ont découvert aussi que l’eau en passant dans des canalisations contenant des copeaux de bois se filtrait de l’oxyde de fer contenu, ce qui donnait aux objets cette teinte ivoire.
Si vous vous rendez sur le site :
Vous découvrirez ces « escaliers » sur lesquels les moules sont placés pour être recouverts petit a petit de carbonate de calcium
« Ici, se déposent jusqu’à 25 cm de calcaire par an. Dès le début de la fabrication, les moules en Gutta Percha sont placés dans le bas de l’échelle, afin de recueillir des dépôts de calcaire fins et durs et réaliser ainsi la face du bas-relief. Nous terminons de remplir les moules en les remontant progressivement vers le haut de l’échelle où les grains de calcaire sont plus grossiers et plus abondants. Au final nous obtenons des bas-reliefs en calcaire dont la finesse et le poli font penser aux plus beaux ivoires. »
Cette maison continue la fabrication camées montés en bijoux et m'a fait parvenir une photographie.
|
A voir aussi: