"De s'y mettre en ménage, ce n'est qu'un trépas certain....penser à son ouvrage.
Adieu plaisirs, adieu beau temps, je suis dans l'esclavage"
Texte d'une chanson de mariage du Poitou.
Le collier d'esclavage,en or, était au XIX° siècle, le plus beau cadeau qu'un mari puisse faire à sa jeune épouse, sous l'empire ou la Restauration.
Il est généralement composé de plusieurs chaines en feston, reliées généralement a trois médaillons ovales, rectangulaires, émaillés ou pas.
On offrait ce type de Collier à Paris et dans certaines provinces, en Bresse, en Auvergne, et surtout en Normandie ou j'ai eu la chance d'en réparer beaucoup, et de faire comprendre à des gens qu'ils ne fallait pas les fondre, car ils étaient en plus de leur beauté, typiques d'une époque. J'en ai vu certains ou les plaques d'or étaient remplacées par de la Cornaline, il en aurait existé avec des Camées ou des micro-mosaiques.
Celui ci-contre a été poinçonné en Normandie, son poinçon est une tête de coq à droite , bec fermé, petite garantie, département , situe sa date de fabrication entre 1809 et 1819.
Il y a également un poinçon Hibou (répété 24 fois) avec différent du bureau de Rouen. Il n'y a qu'une partie du poinçon de maître qui est lisible (losange avec une lettre F en haut)
Il n'a qu'une seule plaque, histoire de faire mentir ce que j'écrivais plus haut.
Sa plaque est repercée, Deux des chaînes sont émaillées en bleu.
(Signalé dans le livre Naître Vivre et mourir en Normandie au siècle dernier N° 143 Martainville 1991/1992)
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Certains sont exposés au Musée de Martainville à coté de Rouen et a 120 km de Paris, c'est une occasion que de visiter ce très beau Musée départemental des traditions et arts normands, situé dans un joli château .
Ces colliers étaient très légers, celui ci-contre a droite, pesait huit grammes, de nombreux colliers étaient assemblés avec des chaînes "Jaseron" , la plupart avaient des fermoirs simples comme celui ci. Encore, que j'en ai vu avec de beaux fermoirs cliquets, forme plate ou ronde et souvent tonneaux à pans.
Vu son poinçon , il est postérieur à 1838. Il y en eut de fabriqués avant 1800 puisque Brigitte Bouret nous signale que dans l'inventaire des bijoux de la Comtesse du Barry, un collier d'esclave est noté volé.
Au début, il se fabriquait deux types de colliers, plusieurs chaînes dont le fermoir fantaisie est l'unique décor, ou une plaque centrale retenue par plusieurs chaînes. J'en ai vu qui dissimulaient un fermoir cliquet dans la plaque centrale.
Selon une tradition orale Normande, à chaque naissance, la mère faisait ajouter une chaîne supplémentaire.
Vers 1866 un lecteur de la Revue intermédiaire des chercheurs et des curieux ( qui existait encore récemment), en réponse a une question, écrivait: "Les paysans des environs de Rouen quand ils étaient accordés et avant mariage ne manquaient jamais d'aller à Joyaux chez quelques uns des orfèvres de la place Notre Dame. La principale pièce acquise pour la mariée avec la grande croix en métal repoussé était un esclavage, c'est a dire une chaîne d'or signe de la condition de l'épouse"
Est ce la raison, est ce que la femme était symboliquement enchaînée, ou tout simplement; d'être enchaînes l'un à l'autre dans un couple comme les esclaves?
Ce texte est dans l encyclopédie de Diderot
Dictionnaire Turc Français de 1837 A l usage des agents diplomatiques. Donc a l'époque l'esclavage se pratiquait en Turquie.
Celui ci provient d'une collection particulière, et a été présenté lors d'une exposition à la Malmaison sur les bijoux des deux Empires. Époque (grâce au poinçon) 1809-1819 or gravé et émaillé)
Paris et la Normandie utilisaient surtout les plaques ovales, les plaques rectangles sont rares.
Pour la fabrication, la plupart des Bijoutiers Orfèvres de l' époque, achetaient leurs chaînes au mètre chez des fournisseurs Parisiens ( déjà) et ils donnaient le choix à leurs clients, avant de les assembler.
Les motifs étaient la plupart du temps "estampés", c'est à dire l'action de repousser dans une empreinte, ou une matrice gravée ou décorée en creux par frappe ou par compression d'une contrepartie, un métal plus mou sur son envers, pour obtenir à l'endroit, un motif en relief. Généralement la matrice mâle et femelle étaient gravées dans l'acier et les motifs intégraient le creux qui permettrait d'émailler en fin de travail.
Le vendeur Hollandais de ce collier d'esclavage vend aussi des médailles d'amour Augis et il signale bien que les pierres de couleur sont synthétiques, ce qui a toujours été le cas pour ces médailles d'amour marquées du " + qu'hier et - que demain" mais beaucoup omettent de l'indiquer
J'en parlais hier avec mon marchand de journaux, aux Angles près d'Avignon, il me répondit du tac au tac "Rosemonde Gérard" Il connaissait le poème de Rosemonde Gérard qu'il avait appris à l'école, il m'a épaté.
Rosemonde était la femme d'Edmond Rostand, je ne vous en dis pas plus, j'ai traité le sujet il y a quelques mois:
http://richardjeanjacques.blogspot.com/2009/02/plus-quhier-et-moins-que-demain.html
Ce dernier collier est aussi un collier d'Esclave , mais j'ajouterais ....un vrai.
C'est encore un site interessant:http://atlanticportal.hil.unb.ca/ac
va/blackloyalists/fr/
Madame Conrad qui tient une chaire de recherche au Canada en études du canada atlantique est l'animatrice d'un projet que vous retrouverez sur ce site? Voir la galerie d'images.
Double gourmette en Argent et la plaque gravée est en Bronze.
Le collier établit que l'esclave qui le porte autour du cou appartient à Abraham DeMill. DeMill est le fils de John DeMill, un Loyaliste de Stamford, au Connecticut, qui arrive au Nouveau-Brunswick avec la flotte du printemps en 1784. John, qui est charpentier, s'établit avec sa famille à Hampton, au Nouveau-Brunswick. Sa famille ne possède pas d'esclave, mais, au début des années 1800, son quatrième fils, Abraham, déménage à Sussex, au Nouveau-Brunswick, avec sa femme. Il est probable que sa belle-famille lui lègue l'esclave.