vendredi 4 juillet 2008

Ils ont dit du bijou....Henri Bosco

Dimanche dernier, je découvrais le marché aux puces d'Avignon, un temps splendide, un peu chaud, 32° à midi, un peu d'air, mais sous les arbres de la place des Carmes , un bon temps pour flâner au milieu des bouquinistes, bel endroit qui mériterait de meilleurs marchands.



En repartant sur la droite , une toute petite ruelle et une plaque. Je découvre que Henri Bosco est né là , rue de la Carreterie, au N° 3 , près de l'église des Augustins.

Alors j'ai cherché dans mes archives, il avait préfacé un catalogue de bijoux pour le club des Joailliers Français, auquel appartenait mon père. Sur la place, le festival s'organise, dans le cloitre de l'église des carmes, il y aura des spectacles du festival, mais plusieurs petits théatres de rue se montent autour de la place. Aurait il aimé?


la plaque commémorative, une photo de la rue de la Carreterie, étroite et sombre, mais fraiche, et une photo du clocher des Augustins. Quelle idée d'avoir refait une horloge moderne sur l'édifice!!! et de plus sur les quatre cotés du campanile!






je m'empresse de vous faire découvrir ce que henri Bosco avait écrit, car peu de poètes ont écrit sur le Bijou:



.... C'était donc à l'aube des ages lorsque ceci est arrivé.
Alors l' homme prenait lentement connaissance de soi, de la terre et de l' univers.
Alors la pierre, le métal, le désir, la pensée, animés d'une obscure sympathie commencèrent à se confronter.
Car de la pierre et du métal, émanait un attrait encore indéfinissable, mais fort.
Il créait un désir étrange au coeur de l'homme.
Désir qui attirait la pensée vers la pierre et vers le métal encore captifs.
Le désir désirait ces choses inconnues, mais restait impuissant a en faire tout seul des choses connaissables, des choses qu'on peut posséder.
Et c'est pourquoi il en appela si passionnément à la pensée que celle ci s'enfonça, lampe en main, dans les ténèbres au sein de la matière et en détacha l'or et le diamant.
Mais c'était dans leur gangue.
Et le désir exigea davantage.
Et la pensée brisa la gangue.
Et l'or fauve se mit a luire, le diamant à étinceler.
Or peu à peu, le puissant sortilège qui habitait ces corps nouveaux, libéré de la gangue, rayonna si intensément au dehors que l'homme ébloui, ébranlé, pénétré dans sa chair, envouté jusqu'au fond de l'âme, se sentit lié au métal et à la pierre.
Soudain, il était possédé.
Mais cette possession lui donnait de telles délices qu'il voulut à son tour posséder qui le possédait. C'est ce qu'on appelle l'amour. Et l'amour un peu follement se veut durable.
Pour le rendre tel, l'homme ingénieux conçut cette idée admirable de les associer, de les unir, et d'inventer pour lui, et pour lui seul, un objet encore inconnu de la terre.
Ainsi fut créé le premier bijou, l'anneau fondu dans l'or magique ou étincelait le diamant.
Mais toujours curieux de connaitre, l'homme découvrit bientôt une relation imprévue entre le métal, la pierre et les astres.
Car après le diamant uni à l'or, il avait incrusté à l'or d'autres pierres, le rubis, l'émeraude, le saphir, la topaze, l'hyacinthe, l'aigue-marine.
Et, parfois, quand il regardait jouer le soleil sur ces pierres, il y apercevait, en transparence, des planètes et des étoiles.
Et c'était Mars dans le rubis,Vénus dans l'émeraude, et dans le saphir Jupiter, cependant que topazes et hyacinthes offraient l'image même du soleil et qu'Astarté lointainement nageait dans le bleu de l'aigue marine.
La puissance magique des bijoux en était si mystérieusement multipliée que chacun d'eux semblait y condenser en soi les splendeurs sidérales.
Or qu'advint-il de cette découverte?
Ceci dit-on...
C'est depuis ce temps là que l'homme sagement croit à la secrète vertu des métaux et des pierres.
Et pour agrandir les forces rayonnantes, son art fond, cisèle, taille, sertit ces substances terrestres. Ainsi, tant par le travail de ses mains que par les inventions de sa pensée, il en fait des objets sacrés.
Ses mains attachent la pierre au métal, sa pensée les met en rapport avec les astres et les infaillibles desseins du Zodiaque.
HENRI BOSCO

NICE MCMLXIII

Si vous voulez en savoir plus sur Henri Bosco, voici l'adresse de son site officiel
http://henribosco.free.fr/

Du Scrupule au Carat mesure pour l'Or


En novembre 2007, j'avais expliqué l'origine du mot "Carat" venant de la graine de caroubier, mais il m'est souvent demandé des précisions sur la différence entre le carat des pierres précieuses et celui de l'or, J'ai explique que l'or à 24 karats était de l'or à 1000/1000° soit de l'or pur, donc le 12 Kts est de l'or à 500/1000°, et le 18 kts de l 'or à 750/1000°. Donc c'est la quantité d'or fin contenue dans l'alliage . Mais les questions se font plus précises, tout en vous rappelant que désormais en France et en Europe, nous devons parler du titre de l'or en 1000°.
l'origine vient du Solidus .Constantin 1er vers 311 après JC, crée une nouvelle monnaie, le Solidus,(poids 4 grs 50) / Solidus veut dire "solide.Stable", il connut d'ailleurs une extraordinaire stabilité et ne fut dévalué qu'au XI ° siècle.
Constantin ayant connu des périodes de dévaluations constantes avait fixé de par la loi, le poids du Solidus en Or à 4 scrupules, un scrupule équivaut à 6 kerations ou Karats, donc le solidus pesait 24 Kérations ou 24 karats.
Après la disparition de l 'empire Romain, le "Solidus" continue à circuler quelques temps chez les Francs, en français de l'époque, il devint le "Soldus" puis le "Solt", le "Sol" et enfin le "Sou". Avec toutes les expressions, telle"un sou est un sou" que nous avons gardé dans notre langue.
Maintenant c'est l'Euro, et nous n'avons plus de sous.....!
Un précision supplémentaire pour le caratage de l'or, tiré de l'encyclopédie le Spectacle de la nature de 1780 en 13 volumes, collection personnelle.

Une excellente page sur Wiki

http://fr.wikipedia.org/wiki/Poids_de_marc
C'est ce marc qui donna son nom au Mark Allemand


jeudi 3 juillet 2008

Escroquerie Chez Cartier






De nos jours trouver deux belles perles de Tahiti ou de culture japonaise, semblables, pour appairer comme on dit dans le jargon des bijoutiers, ce peut être difficile, mais sûrement pas impossible.
Mais avant 1905 il n'y avait que la perle naturelle , ce que nous nommons la perle fine, il fallait plonger pour ramener les huitres et ce, au milieu de grands dangers, tels que les requins les morsures de pieuvre, l'asphyxie etc. Toutes les perles étaient différentes, par la forme , la couleur....!
Alors que la perle de culture commençait à apparaître sur le marché, un client acheta chez Cartier une perle de cinquante six grains soit quatorze carats. C'était une très belle perle provenant du golfe persique. Quelques jours plus tard, le client revint et demanda à acheter une deuxième perle en tous points semblable à la première. On appela Louis Cartier, qui parait-il jura que seul dieu pourrait trouver une perle identique, mais que Louis Cartier ne le pouvait pas.Le client insista "je suis prêt a payer, n'importe quel prix"
On promit d'essayer et de contacter aussitôt tous les bureaux des maisons qui travaillaient avec le célèbre Joaillier , de Londres à New-york, de Hong-kong à Calcutta et ailleurs si nécessaire. On ne sait jamais!!!! quelquefois que!!!!
De fait quelques temps après , un homme fit savoir qu'il détenait une perle tout a fait semblable à la demande , le prix réclamé était deux fois et demi supérieur à celui de la première perle.Cartier contacta son client qui déclara être toujours intéressé et prêt à payer la somme demandée. Je ne sais si Cartier paya la somme demandée au début , (si ce n'est plus), il paya.
Mais le vendeur et l'acheteur, vous l'avez compris étaient un seul et même homme, et on ne le revit jamais.
Louis Cartier , dégoûté (est ce le bon mot) ne la remit pas en vente, et finit par l'offrir en 1925 à la Comtesse Almassy, sa deuxième femme.



jeudi 26 juin 2008

La belle bague d'Isabelle



J'ai emprunté a "Wikipédia" ce portrait d'Isabelle Jagellon, qui fut Reine de Hongrie, mais ce qui m'intéresse c'est sa bague.
Il nous reste très peu de bagues du début du 16°, mais deux sont pratiquement semblables, et c'est curieux, une du Roi d'Angleterre Charles Premier l'autre de la Reine de Hongrie, vue les distances de l'époque! Toutes deux sont des montures en or jaune avec un décor en émail.
Sur le chaton central est serti un diamant que certains disent taillé, mais je penche pour un brut. Regardez bien sur la photographie de cette pelle à diamants ci-dessous, qui ne contient que des bruts,(au besoin, cliquez pour agrandir) les 4 diamants d'entourage sont taillés en triangle, mais je pense pour l'avoir réalisé moi-meme avec des bruts, que ce sont des diamants bruts . En revanche, ceux qui sont en épaulements sont facettés un peu comme des baguettes.

Vue du dessus, cela nous donne un carré presque parfait

Son mari décédé , elle fit élire son fils Jean II , elle avait une poigne de fer, mais elle ne put resister aux armées de Soliman le Turc, au régent nommé par son mari, le très ambitieux moine Georgio Martinuzzi, et Ferdinant I er du Saint empire,e lle doit abdiquer en 1551, et meurt en 1559, elle avait quarante ans.
Elle avait une forte personnalité, et je n'aurais pas aimé prendre une claque du revers de la main, car un diamant, monté dans ce sens là, cela vous laisse un sacrée balafre

Ci dessous "pelle à diamants" mon Maitre d'apprentissage "Lantz" m'en avait fait fabriquer une comme exercice, je l ai toujours.
Les joailliers et les diamantaires rangent leurs pierres dans des petits sachets, mais pour trier les pierres, les calibrer au Leveridge, nous avons l'habitude de les verser sur un papier blanc mat, comme un dessus de bureau, ceci pour mieux différencier les couleurs, et pour les ranger à nouveau dans un pli en papier, nous faisons comme la ménagere, tout dans la pelle.
Mon Maitre Lantz fumait comme six, il allumait sa cigarette avec ce qui restait de la précédente, ses gros cendriers de bar étaient pleins, alors de temps en temps , ou les courants d'air aidants, le tabac s'épandait sur l'établi, alors Lantz sortait sa pelle a diamant, sa brosse à peau et il faisait le ménage.

mardi 24 juin 2008

Croisette de Bretagne


Elle est dans le Larousse des pierres précieuses , les gemmologues la nomment "Staurotide"  où "Staurolithe". Les Bretons l'appellent "Croisette de Bretagne" 
Les staurotides constituent l’un des éléments les plus étonnants du règne minéral et leurs formes géométriques parfaites, On en trouve autour de Coray et de Baud dans le Morbihan, deux des plus importants gisements mondiaux.Cette petite croix des bretons est une pierre de Légende.
Déja son nom, du Grec Stauros qui est la croix sur laquelle on attachait les criminels, il y a toute une polémique sur la croix des suppliciés et je ne vous embarquerais pas dans ce radeau. Celle du haut est une macle parfaite, celle ci-dessous photographiée sur un buvard rouge, est une croix de Saint André, la tradition veut que ce saint ait été crucifié sur une croix dont l'un des éléments était incliné à 60°. Je l'ai ramassé sur les bords de l'Evel, un affluent du blavet qui passent l'un et l'autre a coté de Baud dans le morbihan, là ou mon grand père pharmacien était installé.
La dureté est de 7,5 la densité de 3,7 à 3,8.


Selon Henri Le Bloas, de l’atelier minéralogique de Scaër, “lors de sa mise en place au carbonifère, ce métamorphisme régional s’est installé dans des sédimentations essentiellement argileuses datées de l’Orvodicien [entre 440 et 500 millions d’années] et a provoqué le réarrangement des constituants de l’argile pour donner entre autres des micaschistes localement riches en staurotides.” Ces dernières sont le résultat d’une transformation ou d’une recristallisation à l’état solide, liées à des variations de pression et de température. Pour qu’elles cristallisent librement, il faut des températures entre 500 et 700 ° Celsius. Par ailleurs, la staurolite est un silicate alcalin composé d’aluminium et de fer.

Un tas de légendes circulent dans le morbihan, elle avait des vertus miraculeuse , pour se soigner les yeux, guerir la folie . Représentez vous le paysan laboureur qui trouvant cette pierre faisait le signe de croix et ne savait si c'était un bon ou un mauvais , mais pour lui c' était un présage.
Lorsque Vincente, l'employée de maison de grand père m'emmenait le Samedi et le Dimanche, à pied au moulin à eau de Kerdehel, elle me racontait toutes sortes d'histoires, j'aurais du noter, mais j'étais trop jeune pour y penser. Personne n'aurait oublié d'en serrer une dans le creux de sa main en participant au pardon de Coadry, pour conjurer le mauvais sort. Le bedeau les vendait, mais aussi des bijoutiers qui les montèrent en bijoux, et surtout en croix de Chapelet.
Mais si vous vouler tuer le rève et la poésie, vous pourrez toujours dire que la staurodite est un silicate d'aluminium et de fer cristallisant dans le systeme monoclinique, avec 3% de silice, 48% d'alumine, 2% de Magnésie, 17% de sesquioxyde de fer . C'est plus savant, mais pas poétique.

Connaissez vous les Boules de Joaillier






C'étaient de grandes boules en verre, j'en ai connues de "soufflées" remplies d'eau de pluie (plus l'eau était vieille et meilleure était la lumière),autant de boules que de personnes sur l'établi, au milieu, entre les boules, une lumière (autrefois , bougie ou lampe à huile). La boule diffusait sur la "place" une lumière étrangement douce . Mais de jour, près d'une fenêtre elle faisait office de loupe et concentrait aussi la lumière. Il fallait simplement la déplacer plus ou moins en hauteur.


Je me souviens chez "Candas" rue Richelieu à Paris , dans les années soixante, le patron avait décidé de moderniser l'atelier et avait fait poser des petits projecteurs avec une loupe qui concentrait la lumière sur la cheville des ouvriers. Nous ne pouvions les orienter, ou si peu..., et pour faire certaines soudures qui nécessitaient d'éloigner un peu cette lumière trop forte, il fallait éteindre ou rien.....De plus on oubliait souvent que ces projecteurs étaient vite bouillants, et combien de fois en voulant le remonter , je me suis brulé. 
Donc le progrès ne passa pas, et nous ressortimes nos vieilles lampes électriques et nos boules de Joaillier.
Si vous en trouvez une aux puces , achetez là et remplissez la vite , car c'est encore plus fragile vide, mais c'est un bel objet.

Avec les tubes pour passer les fils électriques, ceux qui étaient en trop, nous avions fait des sarbacanes, dans lesquels nous mettions des boulettes en pâte à modeler (plastiline, cela fait plus chic). nous les envoyons dans les fenètres du 3 eme en face, ou il y avait un atelier de couture (Ah! la Sainte Catherine au cinéma Rex) Après nous avions perfectionné le système en mettant au centre des boules en plastiline, de l'encre de chine, dont on se servait pour dessiner sur le platine. L'ennui c'est que nous rations souvent les fenêtres...... que le couturier n'était pas content du tout....et que notre patron a poussé une méga gueulante...... et les gueulantes de Candas...!


lundi 23 juin 2008

Niellage ou Nielle

Nielle, ou Niellage
Je préfère le Niellage ,car il y a la technique, anciennement utilisée en Bijouterie et la fleur (toxique) la Nielle des champs.



La technique est apparue aux environs de 45O après JC. Les égyptiens l'auraient inventé et elle nous aurait été transmise par les Romains.
On grave le métal, souvent l'argent, un peu à la manière de la marqueterie sur les meubles et on introduit dans la gravure un sulfure métallique de couleur noire dans lequel se retrouve du cuivre , de l'argent, du plomb, ou du borax, ou du souffre et du chlorure d'amonium.
Il suffit, une fois la pièce refroidie, de la polir pour éliminer le trop plein de matières. Elle eut son heure de gloire en Italie, au moment de la Renaissance.Cette technique tomba dans l'oubli et un 
renouveau se produisit au XIX ° siecle avec le damasquineur ( c'est encore une autre technique, mais proche) André Colomb (1786/1838)



Dyptique en Argent Nièllé du XVI° siecles De la Nativité et de L'adoration


Coupe à décor nielle dessinant des mauresques.

Il y a 3 techniques de Niellage, le simple, le dentelé, le gravé.
J'ai souvent eu entre les mains des bijoux Niellés, qu'il fallait estimer ou réparer, mais j'en ai un sous les yeux en permanence; la montre de mon grand père maternel, (Georges Doussot) que plusieurs générations ayant fréquenté le Lycée hors classe "Corneille" à Rouen, ont bien connu. 

Cliquez sur l image pour agrandir 

A une époque il était Surveillant Général et l'un des professeurs (agrégé de lettres) était Paul Guth. 46 ans plus tard en 1981, j'ai eu le plaisir de rencontrer Paul Guth et sa femme, en chair et en os, avec 17 de ses anciens élèves dans sa classe inchangée, sinon repeinte, de ce si beau Lycée ou Pierre Corneille fut élève.(et moi aussi)
Qu'elle ne fut pas son émotion de lire dans les mémoires de mon grand père, des lignes qui le concernaient en bien, et qui avaient été écrites en 1946, avant qu'il ne publie "le Naif aux quarante enfants"


Recette de niellage dans le roret  du bijoutier Joaillier Page  238


Suivez ce lien:


http://books.google.fr/books?id=0wkwAAAAYAAJ&pg=PA161&dq=manuel+roret+du+bijoutier+orfevre&hl=fr&ei=hscUTe2ABMWUsways-3mDA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CDEQ6AEwAA#v=snippet&q=nielle&f=false

Adolphe Jean Marie MOURON dit Cassandre dessinateur de bijoux pour Fouquet ou Hermès et d'autres

  Ce beau bracelet est réapparu , la maison  Christie's l'a revendu et le décrit ainsi UN BRACELET BRACELET ART DECO MULTI-GEM ET DI...