mardi 17 juin 2008

Bander et Tirer, les joies de la bijouterie




 Voir ce splendide et exceptionnel Banc à Tirer au :       http://musee-renaissance.fr/                                                                   

Pendant quarante six ans, j'ai pu bander et tirer avec plaisir.
Il est évident que ces termes doivent être employés avec précision.
La célèbre encyclopédie, Diderot et D'Alembert, nous permet de vérifier que pour le bijoutier  le terme:
BANDER, v. act. en terme de Bijoutier, c'est redresser une moulure, par exemple, en la bandant au banc sans la tirer avec violence.

Mais Diderot, esprit éclairé de son temps, qu'entendait il par Banc?
Avec un peu de métier, nous comprenons, mais encore!..;, alors je suis retourné dans l'encyclopédie.
BANC A TIRER, terme d'orfèvre, est une pièce de bois sur laquelle les Orfèvres tirent les fils d'or où d'argent qu'ils employent. Elle peut avoir, cinq, six, sept, huit, et neuf piés de long, douze à quinze pouces de large, sur quatre d'épaisseur. L'on perce sur un bout de cette pièce deux trous qui servent à mettre les poupées que tiennent l'arbre où est attachée la sangle, et où l'on met l'aile.

Les deux autres trous qui sont vis-à-vis l'un de l'autre, servent à mettre les poupées qui retiennent la filière, et le troisième est pour recevoir les grattures que la filière fait à l'or où l'argent en les tirant : elles tombent dans un tiroir qui est au-dessous. Il y a encore quatre autres trous outre ceux-ci, pour les piés qui soutiennent le banc ; ces piés ont environ deux sur trois pouces d'équarrissage, et deux piés et demi, ou même trois piés et demi de long à deux pouces du bas : sous ces piés l'on met une planche avec un rebord de quatre ou cinq pouces de haut, pour serrer les outils qui servent au tirage.




Voir l animation de ce banc réalisée par le musée d'Ecouen ou il se trouve conservé
http://musee-renaissance.fr/sites/musee-renaissance.fr/files/complement/bancdorfevre/index2.html

Mon banc à étirer était en fonte et en acier, mais ressemblait en tous points a celui qui est en photo ci-dessus. Je m'en servais pour étirer du fil, a partir d'un petit lingot, laminé au laminoir à fil (qu'est ce que c'est? je l'expliquerais une autre fois) je passais ce lingot dans une filière coincée entre les poupées, cette filière était constituée de trous réguliers de plus en plus petits, et en recuisant ( j'expliquerais une autre fois aussi) de temps en temps, je pouvais amener un petit lingot de 50/10° de m/m au carré , jusqu'à un fil de quelques dixièmes de millimètres et de plusieurs mètres de long. La même chose pour faire un tube, après avoir plié une plaque rectangle en or, d'abord au marteau pour la mettre en forme et ensuite autour d'un mandrin, je le terminais dans une filière pour lui donner une belle forme de tube , et l' amener au diamètre voulu.

Mais dans ces deux opérations, je TIRAIS, mais je ne BANDAIS pas.

Mais si une moulure, était tordue, où qu'un tube était "de traviole" où qu'un fil n'était pas droit pour un usage précis, alors, après l'avoir recuit, je coinçais une extrémité avec un étau à main derrière les poupées, et redressais le tout en exerçant une légère pression, sur la manivelle du banc, jusqu'à ce que la pièce soit redressée. Et là j'avais bandé.

Banc à tirer moderne

Je crois utile de préciser comme au cinéma que "toutes ressemblances avec des personnes vivantes ou des faits existants,etc,etc est purement fortuite". Il y a tellement de gens qui ont l'esprit tordu, que deux précautions valent mieux qu'une.

Au sujet de la Grande Encyclopédie de Diderot et D'Alembert, je crois intéressant de rappeler leur définition des trois métiers suivants:

BIJOUTIER


S. m. le Bijoutier s'appelle aussi Joüaillier et c'est celui qui trafique de toutes sortes de pierreries, de petits & de jolis tableaux, de vases de porcelaine et Les Bijoutiers prennent la saint Louis pour le jour de leur fête, & ne font qu'un corps avec les Orfévres. On est reçû Joüaillier-Bijoutier au Châtelet devant le Procureur du Roi, après avoir fait trois ans d'apprentissage. Voyez ORFEVRE.

JOUAILLIER


S. m. (Commerce) qui fait le commerce de jouaillerie. Les Jouailliers sont du corps des Orfevres. Les Merciers peuvent vendre les mêmes marchandises que les Jouailliers ; mais ceux-ci peuvent mettre en oeuvre, monter et fabriquer.

ORFEVRE

S. m. artiste, fabriquant et marchand tout ensemble, membre d'un des six corps des marchands de la ville de Paris, qui a la faculté de vendre, acheter et fabriquer toutes sortes de vaisselle, ouvrages et bijoux d'or et d'argent.

Le terme d'orfévre a son étymologie dans les deux mots or et fabriquant, procédante et imitée du latin auri faber, fabriquant en or.
Les Orfévres se nomment Orfévres, Jouailliers, Bijoutiers : on entend assez communément par orfévre simple celui qui ne se mêle que de fabriquer ou vendre de la vaisselle d'argent ; par orfevre-bijoutier, celui qui vend ou fabrique les bijoux d'or et par orfevre-joyaillier, celui qui vend & met en oeuvre les diamans, perles et pierres précieuses : le droit exclusif à tous autres qu'ont les Orfévres de monter et mettre en oeuvre les diamans, leur a fait donner le surnom de metteur-en-oeuvre.

Et pourtant, lorsqu'on me demandait "vous fabriquez des bijoux.... alors, vous êtes un orfèvre!!!!"
où "vous êtes bijoutier?, ...oui madame, je fabrique des bijoux à la main...alors vous êtes un Joaillier!"

Donc le bijoutier est celui qui fabrique des bijoux en métal,(or, argent, acier, platine)
Le Sertisseur est celui qui va sertir, (faire tenir les pierres précieuses sur la monture préparée par le bijoutier)

L'orfèvre est celui qui fabrique la vaisselle en métal précieux ou non.
La polisseuse est celle (au féminin , car se sont surtout des femmes qui font ce travail) qui avec un travail de préparations diverses va faire briller et polir le métal.
Le Lapidaire est celui qui taille les pierres fine
Le diamantaire est celui qui taille les diamants
Il y a plein d'autres métiers, du brunisseur, au cliveur, en passant par le dessinateur, l'outilleur, etc! Nous avons besoin tous les uns des autres, et c'est cet ensemble de spécialistes qui vont réussir les plus belles parures.

Quant à la définition du bijou, je la trouve encore plus intéressante et c'est pourquoi, je vous la livre ,telle qu'elle se trouve dans la célèbre Encyclopédie.

BIJOUX, s. m. pl. on entend par ce terme tous les ouvrages d'orfèvrerie qui ne servent que d'ornement à l'homme ; comme tabatière, pomme de canne, étui, flacon, tablettes, navette, panier à ouvrage, et cette partie n'étant qu'un talent de mode et de goût, ne peut avoir aucune règle fixe, que le caprice de l'ouvrier où du particulier qui commande.




Je devais penser a cette définition lorsque j'ai fait "ma première" bague en 1964 j'avais fait avec les moyens de ma cliente, qui avait fourni les diamants taille ancienne et les petits cabochons de quartz, c'était une bague décalée , ouverte, à l'époque , mon père faisait des "marguerites", des bagues carrées , ovales, avec un caillou au milieu et le reste autour, j'ai senti dans son regard que pour lui la maison Richard allait souffrir. De temps en temps, j'avais l'autorisation de faire mes élucubrations, mais il a fallu attendre 1972, quand je me suis mis à mon compte pour pouvoir faire ce que je voulais et en quoi je croyais

lundi 16 juin 2008

La couronne de l'impératrice CUNEGONDE


Il y a une sainte Cunégonde Française, mais celle qui nous intéresse était impératrice du Luxembourg.

Sainte Cunégonde, fille de Siegfried de Luxembourg, la femme du duc de Bavière devenu en 1014 empereur du Saint Empire Romain Germanique, saint Henri II.
Elle reçut elle aussi la couronne à Rome des mains du pape Benoît VIII. C'est cette couronne qui se trouve representée ci dessus.
Cunégonde avait été élevée par ses parents dans un univers de grande piété. Elle avait décidé avec Henri II, avant la célébration du mariage, de vivre dans une continence parfaite. Les deux époux tinrent leur promesse et n'eurent pour but de leur union que de se porter mutuellement à la perfection.
Les mauvaises langues attaquaient Cunégonde, mais Henri, connaissant la vertu de son épouse, repoussa d'abord ces rapports avec indignation. Mais face aux assauts perfides des ennemis de Cunégonde il finit par être convaincu par leurs médisances , et il en vint à mépriser son épouse et à ne lui plus parler.
elle se soumit volontairement à l' ordalie, jugement barbare, qui l' obligea à marcher sur des socs chauffés à blanc, afin de prouver sa vertu.
"Faites , lui dit-elle, douze socs de charrue; pieds nus, je marcherai sur ces fers ardents, me confiant en la bonté de mon Dieu, qui connaît le fond de mon coeur." Elle le fit .Et Après Henri se jeta aux pieds de Cunégonde en la suppliant de lui conserver son amour et en jurant de travailler à réparer son erreur jusqu'au dernier jour de sa vie.
Le Pape le sacra et le couronna empereur, avec la reine son épouse,et elle reçut cette couronne . Le femmes à l'époque avait des couronnes "ouvertes" et je trouve ce bandeau, très pur. C'est une couronne de type Lombard, faites de cinq plaques rectangulaires en or assemblées par des charnières décorées de filigranes, de saphirs , d'améthystes, de perles, de topazes, et de chrysolithes. Le diamètre interne est de 19 cm.
Je trouvais intéressant de vous montrer ces premières couronnes qui n'ont rien a voir avec celles dont je vous ai déjà entretenus.

Evidemment , il y a aussi une chanson sur Cunégonde, ....un peu osée, mais qui n'a rien a voir avec notre sainte, propriétaire de ce bijou . Cette couronne me fait penser a des techniques existantes de nos jours dans le maghreb.


dimanche 15 juin 2008

Pierre Précieuse de Normandie: La MARCASSITE



La Normandie est pauvre en pierres précieuses mais il en est une que tout un chacun peut découvrir nichée dans la craie des falaises du pays de caux, c'est la MARCASSITE. Certains disent que son nom viendrait du vieux Français, "Marcassin" qui serait lui-même emprunté à l'Arabe, d'autres pensent qu'il viendrait du terme générique germanique Kiesse (Marmorkiess contracté en Markiess). Je pencherais pour l'arabe (Markaschitsa) qui veut dire pierre de feu. C'est en effet l'une des pierres qui frappée avec un silex, convient le mieux à enflammer l'étoupe, donc à faire du feu. Autrefois les termes pyrites et marcassites étaient synonyme jusqu'au jour ou R.J.
Haüy différencia ces deux espèces. De nos jours les gemmologues la considèrent comme un sulfure de fer orthorhombique.


Si au pied des falaises , dans les platiers de Normandie, vous trouvez , inclus dans la craie ou au milieu des silex, une boule de couleur fer rouillé, très lourde, a tel point que nombre de gens pensent avoir découvert une météorite du type de celle qu'on appelle boule de tonnerre. Alors si en plus vous découvrez de l'amadouvier , ce champignon qui pousse en parasite sur les arbres morts ou vivants, en vous promenant dans la foret d'Arques, derrière Dieppe, vous êtes sauvés, car,si vous avez oublié vos allumettes, vous pourrez allumer un feu.

Si vous vous servez des Silex présents sur les plages de Normandie, pour essayer de casser la Marcassite et que vous arriviez comme celle ci, ci dessus à la casser en deux, vous découvrirez cet éclat. C'est pour cet éclat que la bijouterie s'est beaucoup servi (surtout au 18eme et au 19 eme),de cette pierre qui était facettée en octogone pour donner une illusion approchante de la rose en diamant.
Conserver votre Marcassite à l'abri de l humidité, car elle y est sensible. Elle se décompose en petits cristaux d'un sulfate de fer , la mélantérite mélangée à de l acide sulfurique. Un jour , on peut retrouver un dépôt blanchâtre ou grisâtre d'oxyde de fer pulvérulents sur une tache jaunâtre d'acide sulfurique. Gare aux doigts, mais ne paniquez pas, c'est arrivé à celle qui est en photo ci dessus, je l'ai brossé avec une brosse fine métallique et bien séchés, et la voila de nouveau si intéressante à observer.




Que vient faire François Marie Arouet dit "Voltaire" dans un article sur la Marcassite...., et pourtant!!!!  C'est un grand philosophe!, écrivain!, mais saviez vous qu'il avait dirigé une manufacture de Montres?

Voltaire était parti en retraite, 20 ans avant sa mort,il y a 250 ans, à Ferney, un petit village, que dis-je?; un hameau, à la frontière suisse, très près de Genève, une ville qu'il n'aimait pas. Pour un philosophe, il avait plutôt à force de diverses spéculations bien réussi dans les affaires et il s'avéra un grand commerçant. Après la saint Barthélémy, et la révocation de l'édit de Nantes, de nombreux descendants des protestants étaient partis s'installer en suisse , pays de Calvin. Mais, de nombreux horlogers protestants en 1770 , quittèrent Geneve pour s'exiler à Ferney, car les autorités de Genève avaient banni leurs huit chefs, en les accusant d'avoir fomenté des troubles et même des émeutes après l'arrestation de Resseguerre sous de fausses accusations.
En 1760, sur un appel du poète Lebrun, il recueille Marie Corneille, arrière-petite-cousine du grand poète, la dote avec le produit du commentaire sur Corneille, la marie à un bon gentilhomme, Dupuis. Dans les derniers temps, il prend chez lui une orpheline, Mlle de Varicourt et la marie au marquis de Villette. Il héberge un jésuite, le P. Adam, après la dissolution de la Compagnie, et l'emploie à faire sa partie d'échecs. Pendant quelque temps, il a chez lui le petit Florian, qu'il nomme Florianet. S'il était un peu trop «-seigneur de village », du moins il était le bon seigneur. Il chassait la misère de Ferney. Il y établissait des fabriques de montres, et il employait sa popularité européenne à en placer les produits. Ferney, quand il arriva, avait 50 habitants et 1200 quand il mourut.
Voltaire , installé depuis peu , les accueillit et finança la construction et l'exploitation de plusieurs manufactures de montres. Il fournissait l'argent, les locaux, les matières, mais Voltaire assurait aussi le commerce des montres produites. Il coulait concurrencer les grandes places de l 'horlogerie, comme Paris et Londres.
Il savait que les montres fabriquées par les Genevois étaient trop chères et décida de simplifier la fabrication pour abaisser les prix. En partie, il pouvait abaisser les prix car il disposait d'un privilège de franchise de poste pour livrer les montres.
les horlogers de Ferney utilisaient le plus souvent des imitations de pierres précieuses, dont la marcassite. Entre autres Voltaire même à produire pour le célèbre Lepine, a qui il prêta 500 livre en 1777. Il fabriquait des montres "marketing" avec les portraits de louis XV, Louis XVI, de Marie Antoinette, de Catherine II de Russie. Une bonne étude de marché de l'époque. Il était 2 à 3 fois moins cher que Genève ou Paris .




Voltaire et ses horlogers décoraient souvent les boitiers de montre avec des imitations de pierres précieuses, et produisaient des montres en OR de différentes couleurs , simples , avec roue de rencontre, ou a répétition, ce sont même ces montres à répétition en Or avec des marcassites qui avaient le plus de succès. Voltaire produisait en grande quantité, et vendait ce modèle à 18 louis alors que les Horlogers Parisiens vendaient le même modèle à 30 ou 40 louis.
Et si Voltaire accusait les parisiens de revendre ses montres pour les revendre à Paris , sous leur nom, le double, il savait faire aussi sa publicité,exemple:
"Les montres à répétition pour dix huit Louis d'or ont un repoussoir, un bouton, et des aiguilles d'une espèce de Marcassite fort rare, qui a l'éclat des brillants; mais ces marcassites ne sont point des diamants"
Depuis ce village s'appelle FERNEY-VOLTAIRE

à droite,une des montres conçues et réalisées par la Manufacture Royale de Ferney, fondée par Voltaire, vendue aux encheres le 23/6/2004 par l'étude Beaussant Lefevre

samedi 24 mai 2008

Retour sur les 150 ans de Boucheron


150 ans , déjà!!
Que penserait il de cet anniversaire , ce passionné de travail, qui a gravi les échelons en commençant apprenti?


Frédéric Boucheron, est né en 1830, il a commencé son apprentissage chez Jules Chaise, à Paris, un excellent bijoutier que connaissait le père de Frédéric.
Je l'imagine, avec le peu que je sais de lui, allant faire les courses pour l'atelier, si je le vois dans ma tête,c'est que je l'ai vécu.


les plaisanteries dans le genre "tout petit, tu va chez le droguiste...tu nous ramène une lime à épaissir et un marteau à bomber les vitres," rien qu'en regardant les trognes des ouvriers , il savait que c'était l'une des nombreuses blagues d'initiation de l'apprentissage, mais s'il savait à quoi s'en tenir , combien d'apprenti de 13 ou 14 ans partaient, confiants dans leur listes de courses, pour ne rentrer à l'atelier qu'avec les rires et les quolibets des commerçants.
A l'époque , et même il y a quarante ans, l'apprenti devait le Samedi astiquer le matériel, nettoyer entres autres, les "tas" de tous ses voisins d'atelier, faire diverses corvées,les courses, mais c'était comme une initiation à la vie, oui , un parcours initiatique, dont toute la vie sera imprégnée, en bien ! car l'homme finalement conserve surtout le souvenir des bons moments.



Création Boucheron
année 1920

Ainsi, l'atelier ou j'ai travaillé et qui m'a le plus marqué se trouvait rue Richelieu, Candas..mais il y avait aussi Soulène et Halpern, pas loin de la Bourse à Paris, mes anciens (je veux parler de tous les ouvriers joailliers ) travaillaient beaucoup( 8 à 10 heures par jour plus le Samedi matin), alors des pauses étaient nécessaires.
Donc, tous les matins, vers dix heures, et l'après midi vers 16H30, 17 heures; je devais me rendre chez "le Bougnat" de la rue des petits champs, derriere la bibliothèque nationale. Dès l'entrée du "bougnat" une odeur vous pénétrait, une bonne odeur, surtout le matin, une odeur de cochonailles ,de pain frais, de vin, de bois, je l'ai encore dans "les trous ce nez" cette odeur. Il avait tout du Bougnat cet homme, le tablier bleu, le ventre "imposant" les moustaches...,sa boutique était sombre, au nord, et tous les matins je passais la même commande, 9 sandwiches, en faisant bien attention, de ramener le bon nombre au paté de campagne ,ou au jambon, et il y avait ceux qui voulaient des cornichons et d'autres les oignons, et 6 bouteilles de cotes du Rhone,(pour 9) j'attendais un peu, puis je repartais avec mes courses, il y avait des jours ou le patron en voulait aussi, et sur le chemin du retour, on aurait cru à me voir, le livreur de Nicolas.

Ce n'est pas tout, pendant que j'allais acheter ces victuailles les autres jouaient pendant la pose (choisie par eux) au 421 pour savoir qui paierait l'addition, c'était pareil le midi pour l'apéro au bistrot d'en face, et comme le patron était là, je ne sais pas comment, mais il perdait tout le temps! Cela n'a pas empeché l'un d'entre nous André Conte de faire la maquette de la fameuse bague Cabochon de Boucheron qui a servi pour la bouteille de parfum.
Je pourrais parler des autres clients , van Cleef, Gubelin, Meister, etc
Quel quartier!!, souvent je m'y égarais volontairement, pas loin de la place Vendôme et de la rue de la paix, quelle ambiance! je suis sur que Frederic Boucheron a connu ces instants de purs bonheurs, avant de rentrer dans la vie plus active que l apprentissage.
Je suis sur qu'il en a monté des étages notre Frédéric Boucheron, les ateliers parisiens ont toujours cherché la luminosité, alors monter au 7 eme étage d'un immeuble de la rue Lafayette, pour redescendre chez "La cheville" chercher des outils, des fraises, non pas les gariguettes, mais les fraises pour travailler dans le platine, puis revenir chez un diamantaire au 4 eme étage nord (de la luminosité , mais pas de soleil direct) repasser chez le fondeur, et chez chacun, regarder...apprendre....Je me souviens d'un patron, dur, Mr Huot, chez "Chevrier, Huot , Didelot" qui m'avais dit avec son air renfrogné "Arrête de me poser des questions..regarde et retiens....ce métier, on le vole", J'ai compris , et même de nos jours toutes les choses que je vois , je les vole pour mieux apprendre.
Ce patron à l'ancienne nous payait à la pièce, il pesait l'or avant....et après ...avec la limaille, gare à la perte. Plus vache , il fallait lui demander la clef des cabinets, qui se trouvait sur le palier, à l'étage...et il notait l'heure de départ et l'arrivée. Gare aux constipés...ce n'est pas très classe mon propos, et pourtant! Revenons vite à notre sujet.

Car plus tard, Frédéric Boucheron devint commis chez Tixier-Dechamps, au Palais Royal, en 1850 c'était noir de monde, avant que les colonnes de Buren barrent le passage et nous fassent croire que l'art c'est cela.Mais pour ceux qui s'y aventurent, quel espace protégé, fermé au bruits de la circulation, avec des boutiques d'un autre âge, je m'émerveillais devant une boutique" au cadran...." de je ne sais plus quoi, qui vendait des montres anciennes, mais je suis sur que Frédéric Boucheron a connu le Grand Vefour

Quand j'avais 19 ans , c'était Raymond Oliver qui tenait ce temple de la bonne Cuisine , chef couronné de trois étoiles , connu aussi pour avoir animé pendants des années la première émission sur la cuisine, en compagnie de notre célèbre première speakerine de la télé, Catherine Langeais . Même le Président Mitterand en avait été amoureux;

et puis autour , il y avait la Comédie Française...., l'appartement de Colette, Cocteau.le Théâtre du Palais Royal....l'herboristerie... le conseil d'état, le Conseil constitutionnel, et le Louvre, maintenant vous pourrez peut être croiser Jack Lang qui habitait ce merveilleux jardin au ministère de la Culture.
Le patron de Frédéric Boucheron,Mr Tixier-Deschamps, avait dit lorsqu'il est parti en retraite " M. Frédéric est un excellent commis, mais il n'a pas l'étoffe nécessaire pour faire un patron…" et bien , cela n'empêcha pas Frederic Boucheron de s'installer place Vendôme en 1893 , avec un flair extraordinaire, celui ce croire en la réussite de ce quartier. et 150 ans après son installation , ses successeurs nous offrent entres autres , cela...

Allez sur le site: www.boucheron.com/les instantsprécieux
en dehors d'un renouveau
fabuleux de création, vous découvrirez les esquisses de bijoux



les dessins, l'important de la création, ce qui part du cerveau du dessinateur, qui traverse le corps pour arriver à la main, cette main qui trace sur une feuille blanche ce que le cerveau lui dicte, mais la raison de la main rectifie ses ordres pour parfaire le travail et arriver à cela.










vendredi 23 mai 2008

Qui y a t'il de commun entre la Grande Duchesse Wladimir, la Reine Mary et Elisabeth II d'Angleterre



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Il y a bien un rapport entre ces trois femmes, c'est un diadème.
Certains disent une Tiare qui est un ornement de tête de forme conique, exemple la Tiare du Pape, mais je préfère dire un diadème. Il appartenait à la grande Duchesse Wladimir. Née le 14 mai 1864 au Grand Duché de Mecklembourg. C'était la tante du tsar Nicolas II, Elle décède à l'âge de 66 ans, le 5 septembre 1920, à l'hôtel de la Souveraine à Contrexéville, elle repose dans la chapelle orthodoxe située dans le parc thermal car elle aimait beaucoup cette ville.


Ce diadème fut fabriqué par un grand joaillier Russe (peut être Fabergé, il n’y a pas de poinçon de Maitre) en 1890, au départ le diadème est constitué de quinze cercles entrelacés et une perle poire est suspendue dans chaque cercle.
La grande Duchesse Wladimir perd son Mari en 1908, le grand duc Wladimir était le fils du Tsar Alexandre II. La Duchesse Maria Pavlovna adorait les bijoux, lors d’une visite à Saint Petersburg, Consuelo Vanderbilt cite dans ses mémoires The Glitter and the Gold.
" Après le diner La Grande Duchesse m’a montré ses bijoux exposés dans la vitrine de son dressing room. D’innombrables parures, telles que les turquoises, les tourmalines, des oeils de tigre, et des aigues marines"
Puis arriva la Révolution et l'éxécution de la famille impériale. Les nobles, les aristocrates,les membres de la cour fuient et se dispersent, La grande Duchesse Wladimir fut l'une des dernières à fuir la Russie en 1919. Elle traversa tout le Caucase dans son train privé. De la mer noire, elle rejoint la Grèce en bateau,puis passe en Suisse,elle s'installe à Zurich,et meurt la même année à Contrexeville.
Elle avait laissé ses bijoux cachés dans le coffre de son Palais à Saint Petersbourg, si bien caché que les pillards ne le trouvèrent pas, et c'est un ami diplomate Anglais, Albert Stopford, qui se proposa pour aller récupérer ces trésors cachés dans le coffre de son palais.
Maria Pavlovna décéda en 1920 et légua ses bijoux à ses quatre enfants. Elle les regroupa ses bijoux par genre et par couleurs. Au Grand Duc Cyril, les perles, au Grand Duc Boris, les émeraudes, le Grand Duc, André qui vivait en Paris et Cannes reçut les Rubis,et la Grande Duchesse Hélène, Reine de Grèce, mère de la princesse Marina de Kent reçut les diamants dont notre fameux Diadème
Les enfants vendent certains bijoux, en 1921 la Reine Mary de Teck achète le Diadéme. 


Marie de Teck,de son vrai nom, Victoria,Mary Augusta, louis, Olga, Pauline Claudine, Agnes est née le 26/5/1867 à Londres,elle épouse le Roi Georges V le 6/7/1893, à la chapelle Royale de Saint James La Reine Mary , fait transformer ce diadème pour qu'à la place des perles, elle puisse installer des émeraudes (de manière interchangeable). La Reine Mary aime beaucoup les bijoux, elle laissera d'ailleurs à la princesse Margaret de très beaux bijoux qui depuis ont été vendus chez Christie's par les enfants de la princesse, ce qui a permis de découvrir cette collection.

Elle offre ce Diadème à sa petite fille Elisabeth II pour son mariage en 1947.

la reine Mary était un peu « radin » ce qui rejoint un peu la description de son caractère cité par Wikipédia , je cite l’encyclopédie« La Reine Mary était aussi une sorte de kleptomane opportuniste, en montrant très clairement à ses hôtes qu'elle désirait un de leurs trésors en venant l'admirer à maintes reprises et de façon extravagante jusqu'à ce que le trésor soit donné à la Reine. »

Ce coté radin m'amènera en reparler d'elle.
La Reine actuelle d’Angleterre Sa Majesté Elisabeth II, le porte très souvent.


lundi 19 mai 2008

Ils ont dit.Hervé Bazin.......



"Quand l’ampoule succède à la lampe à huile, le tracteur au bœuf, il s’agit d’un nouveau nécessaire qui surclasse l’ancien, hors d’époque. Mais le Vison, le Diamant, le Caviar, seront toujours superflus. "


C'est écrit dans "Les bienheureux de la désolation" paru en 1970, je vous dirige ci-dessous par un lien vers le sujet de ce livre

http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Bienheureux_de_la_D%C3%bazin,

Il était le petit-neveu de l'académicien René Bazin, né à Angers, dans une famille bourgeoise, très dévote
Après un accident, il devint amnésique et fit un long séjour à l hôpital, à sa sortie de l hôpital,et durant plus de 14 ans il devint marchand ambulant,puis garçon d'ascenseur, ferrailleur ou batteur de tapis.

dimanche 18 mai 2008

Les Bureaux? c'est au Salvador!




Il y a quatre ans, la Maison Repossi, me confia un travail d'expertise. Leur magasin Parisien se trouve place Vendôme, et ce n'est un secret pour personne (ou presque) qu' Albert Repossi fut l'un derniers a rencontrer la Princesse Diana, Princesse De Galles. Son Ami Emad Mohamed Fayed, (en arabe عماد الدين محمد عبد المنعم الفايد ) venait de lui commander une bague ornée d'un diamant taillé en étoile quelques jours avant leur tragique accident.
. Monsieur Albert Repossi est fournisseur de la famille princière de Monaco, mais aussi de Sharon Stone, Monica Belluci, Isabelle Huppert, qui a porté un collier en or noirci au Festival de Cannes, etc!!.
A un moment de mon expertise, il me fallait disposer d'un ordinateur de la maison et il me fut répondu que je pouvais me rendre aux bureaux, au département Horlogerie. Je demandais ou étaient ces bureaux, "Les bureaux, c'est au Salvador" ...oui... Oui.. mais encore!! Vous ne connaissez pas? le portier va vous accompagner.



C'est ainsi que j'apprenais que les bureaux se trouvaient dans un local appartenant à Henri Salvador. De fait en redescendant , je vis sur les boites aux lettres au 6 place Vendome, l'adresse de la Maison de production de monsieur Salvador "les disques Rigolo" Longtemps Henri Salvador y eut son "home studio" et surtout son appartement parisien, se trouvait en haut, de limmeuble place Vendôme. Il était l'une des rares personnes qui habitait encore sur la place (il n'y avait je crois qu'une fenêtre donnant sur la place) car il n'y a plus que des Joailliers et des sociétes diverses. Pour déjeuner,il n'avait que la place à traverser pour aller au Ritz. Cette place Vendôme, quelle Merveille!
Pour REPOSSI voir
:repossi.com

Adolphe Jean Marie MOURON dit Cassandre dessinateur de bijoux pour Fouquet ou Hermès et d'autres

  Ce beau bracelet est réapparu , la maison  Christie's l'a revendu et le décrit ainsi UN BRACELET BRACELET ART DECO MULTI-GEM ET DI...