lundi 24 février 2020

René Foy Joaillier et Sculpteur sur Ivoire

Il semble d'après mes recherches que René Foy soit né en 1876 à Paris et mort en 1962 à Paris à l'âge de 85 ans.


Raymond Berthélémy

Il fréquenta  l'école nationale des beaux arts, ou il fut l'élève de Raymond Berthélémy (d'après Evelyne Possémé, conservatrice au musée des Arts Décoratifs). Il a exposé pour la première fois  au salon de la société des artistes français de 1898, il n'avait que 22 ans




Il est resté de lui l' image du Sculpteur artiste, alors que des 1897 comme l indique son poinçon à la garantie, il fabriqua des bijoux. Il habitait a ce moment 60 boulevard de Clichy à Paris dans un lieux étonnant et superbe: La Villa des Platanes: je vous laisse la découvrir. 




Cour intérieure de la Villa des Platanes , boulevard de Clichy près Montmartre.



1899

Cette boucle de Ceinture est de rené Foy
Bibliographie: Mourey, Gabriel. «The Art of 1899. The Paris Salons.» The Studio 17 (1899): 3-8. Illustré p. 5.



La même revendue par Maitre Millon: 
Rare boucle de ceinture Art Nouveau en argent doré 925 millièmes figurant une fleur. France, c. 1900. Signature et chiffre gravé: René Foy 29. Poinçons: tête de sanglier, France. P: 108,3 g


Dans Art et décoration en 1899

M. René Foy, qui a trouvé d'agréables motifs de boucles de ceinture, en or patiné et émaillé par endroits; la boucle au fuchsia, par exemple, est d'un joli  arrangement. Mais si ses bijoux sont louables quand ils restent dans cette modération de sujet, de matière et de couleur, il en est d'autres où le goût est moins sur, et dont les divergences de matériaux ont poussé M. Foy à exécuter quelques bijoux ou quelques bibelots d'étagères où l'on sent moins la vision de la main d'un artiste.



Autre boucle fabriquée par René Foy et exposée au salon de 1899  image numérisée sur le livre The Art of 1899 par Georges P Landow.


En 1899 un critique avait écrit:

"M. Lalique est un chercheur qui a droit à l'admiration de ses contemporains, mais, ainsi que je l'ai fait observer l'année dernière, son art précieux qui associe des réminiscences à des innovations d'un goût le plus souvent lourd, est d'un raffinement excessif. Je me garde d'ailleurs de protester contre la vogue dont M. Lalique bénéficie. Je me borne à constater que plus de simplicité ne nuirait pas à l'ingéniosité de ses compositions.
M. René Foy est moins admiré que M. Lalique et cependant il a des trouvailles heureuses. MM. Camille Gueyton et Edouard Colonna ne doivent pas, dans cette série, être passés sous silence."



Peigne créé par René Foy et exposée au salon de 1899  image numérisée sur le livre The Art of 1899 par Georges P Landow



Ce peigne étonnant était dessinée dans la Revue de la Bijouterie Joaillerie mais en 1901



1899 dans le journal "La Presse"  au sujet du livre dont sont tirées les photos  ci dessus et ci-après
Mourey, Gabriel. «The Art of 1899. The Paris Salons.» The Studio 17 (1899)



René Foy, 1899 femme nue en Ivoire et or


Peigne en Ivoire sculpté par René Foy salon de 1899



1899 René Foy par le journal Le Gaulois


1899 Encrier René Foy Photo de Georges P Landow

1899 encrier bronze
George P. Landow, fondateur et webmaster actuel et rédacteur en chef de The Victorian Web , est professeur émérite d'anglais et d'histoire de l'art à l'Université Brown. (De 1999 à 2002, il a également occupé simultanément le poste de professeur Shaw d'anglais et de culture numérique (sciences comp.) À l'Université nationale de Singapour). Il est titulaire de l'AB et du PhD de l'Université de Princeton et d'une maîtrise de l'Université Brandeis et d'un AB ad Eundum de l'Université Brown.




En 1900 (dans la Chronique des Arts) René obtient une médaille d 'Or à l'exposition universelle




Boucle en Argent revendue par Sotheby's



1901 dans la revue de la bijouterie joaillerie un beau diadème de René Foy, existe t il toujours, nous aimerions tous le voir en couleur




Très originale et très belle coupe de René Foy  crée en 1901  photographiée dans la Revue de la Bijouterie Joaillerie

En 1901 la revue de la Bijouterie Joaillerie ecrivit:
Nous y retrouvons l'emploi très fréquent de l'ivoire et celui des gemmes, des pierreries, des matières diverses plus ou moins précieuses, dont la valeur dépend surtout d'un emploi judicieux et dont les colorations harmonieuses ajoutent souvent tant de charme et de douceur à un bijou. L'exposition de M. René Foy témoignait d'une recherche réelle de nouveauté ; rappelons rapidement le diadème aux violettes en cornaline blanche avec des feuilles d'émail translucide aux nervures d'or ; celui aux mimosas d'or, dont le feuillage était formé de 875 émeraudes. Un troisième diadème, formé d'un paon d'émail qui s'étale sur la coiffure, faisait un peu trop songer aux Égyptiens. Un petit cachet de bureau, d'apparence bien fragile, était formé par une statuette de femme en ivoire, les bras ramenés sur la poitrine, et dont la nudité s'apercevait sous la transparence d'un vêtement d'émail translucide.
D'autres objets encore étaient fort intéressants : un pendentif de cinq fleurs de cyclamen sur une feuille d'émail, une boucle où deux naïades d'ivoire contemplent sous un saule pleureur un paysage endiamanté, des peignes avec clématites, des sautoirs, une coupe en jade ornée de vigne vierge, etc. Mais je n'aimais guère, je l'avoue, le grand éventail représentant la naissance de la perle, par Mlle Abbéma ; les branches d'ivoire sculpté et patiné personnifiaient, par des figures féminines d'un dessin et d'un arrangement insuffisants, les différentes pierres précieuses : le saphir, la turquoise, le rubis, le diamant, l'émeraude, l'améthyste, l'opale et la topaze. Des agencements ingénieux, souvent réussis, comme par exemple le collier formé par de longues traînées de lierre auxquelles sont suspendus un faune et une faunesse en ivoire se tenant par la main, méritent d'être retenus, et nous fermons volontairement les yeux sur l'exécution un peu sommaire, et sur le manque de pondération et d'harmonie de certains autres objets, en raison d'une inexpérience qu'excuse la jeunesse de leur auteur. Du reste, si nous avons été quelquefois un peu sévères — je le reconnais — 



1901 international Herald Tribune


1901 René Foy , ce collier en ivoire, or et émaux dans le livre de Henri Vever sur la bijouterie française, rappelons qu'il était sculpteur sur Ivoire




Datée de 1903 à Drouot, pas de poinçon ni de signature et pourtant, ce bijou est vraiment dans le style de René Foy. et a mon avis c'est de rené Foy.

Pendentif figurant une femme en ivoire sculpté dans un entourage en or jaune gravé de feuillages, orné de boules d'opales, l'une d'entre-elles en pampille et partiellement sertis de diamants, dans un décor de glycines. A rapprocher de René FOY: "La Fée aux glycines". Époque Art Nouveau Hauteur: 11 cm Poids brut: 44,4 g Accidents au pied Dans un écrin en forme, manque le collier

Pourtant lorsqu'on lit cet article de 1903:
1903 Revue BJO
Déjà voici M. René Foy qui m'arrête. C'est un convaincu, un fervent du style nouveau; il a quelquefois des hardiesses
hardiesses et je me souviens qu'à l'occasion il m'a estomaqué; cela ne m'empêche pas de lui rendre justice et de le louer, bien sincèrement, comme j'ai plaisir à le faire aujourd'hui.
Son pendentif : jeune femme debout, se balançant sur des tiges de vigne vierge, aux feuilles ornées de fruits, est intéressant et séduisant.
J'aime moins le pendentif: jeune fille en chemise, avec deux lys et deux grosses perles ; mais je déclare très élégante et très artistique la boucle de ceinture fleurs et feuilles d'accacia.



Christie's a revendu cette broche art Nouveau en corail blanc et émail  de René Foy
Conçue comme un visage de femme en corail blanc, avec des cheveux or texturés, rehaussée d'accents d'émail plique-à-jour vert clair, intacte, suspendant une goutte de perle d'eau douce, blanc crème , avec de fortes nuances vertes et rosées, joli lustre, monté en or 18 carats, vers 1900, avec marque de dosage française, montre des signes d'usure normale
Signé René Foy



J espère que Christie's ne m en voudra pas d' avoir voulu essayer de retrouver la couleur du bijou


Signature de René



1901 Plaque de collier étonnante, Un buste de femme en ivoire, cheveux en diamants Iris et fond émaillé. Dans la revue de la BJO




1901  revue de la BJO


 La maison Pestel de Bord a revendu ce Pendentif en or jaune 18 carats (750 millièmes) à décor d'oeillets émaillés rose, jaune et vert sur un fond d'émail translucide vert cloisonné, agrémenté de trois perles probablement fines montées en pendants. Porte le poinçon de la maison de René Foy. Modèle figurant dans le livre «The Paris salons 1895-1914» D'Alastair Duncan, éd. Antique Collectors Club, 1994, p. 264. Hauteur: 6,5 cm Poids brut: 34,3 g



Même pendentif de René Foy  mais moins "riche"




Grosse affaire qui défraya la chronique  apparemment la Diva n'avait pas tout réglé.
Le Figaro relata l'affaire
Sur la recommandation d'une amie, j'ai choisi René Foy pour exécuter la moitié des bijoux qui m'étaient nécessaires pour Théodore. Il fut convenu avec lui que la commande ne dépasserait pas 25,000, ou au plus 30,000 francs; mais, comme le bijoutier était un commerçant, je lui avançai, avant qu'il me livrât quoi que ce fût, la somme de 23,000 francs qui lui fut remise, en plusieurs acomptes, chaque samedi, pour la paye de ses ouvriers.
Quand René Foy me remit mes bijoux, le 3 janvier, je lui demandai ma note, pensant la lui payer, car je supposais qu'il restait dû peu de chose, ayant fourni presque toutes les perles et pierres, ainsi que le justifient les reçus motivés. René Foy me répondit que ma note n'était pas prête, mais qu'il voudrait bien un nouvel acompte, ce à quoi je me refusai.- Et pendant trois semaines, je demandai et redemandai ma note. Toujours même réponse « Elle n'est pas prête. » Un jour, René Foy vint me demander mes bijoux; pour les faire photographier, disait-il. Je refusai de les lui confier, et je vois que j'eus raison. Le lendemain, René Foy vint au théâtre et me dit que le bâton de nacre qui devait remplacer le bâton doré de mon sceptre était prêt. Je me servais de mon sceptre depuis 26 représentations, et je lui fis remarquer qu'il n'était guère nécessaire de le remplacer maintenant; mais je cédai aux prières du bijoutier et lui laissai emporter le sceptre;
Je vous le rapporterai dans quatre heures, me dit-il.
Vous savez, repris-je, que j'en ai besoin pour onze heures.
Soyez tranquille, madame, vous l' aurez. 
Vers huit heures, un coup de téléphone Allô allô! Qui est là? Je suis M. Citroën Je ne vous connais pas! s'exclama la jeune personne qui répondait pour moi pendant que je m'habillais. 
Je suis marchand de diamants, un des plus gros créanciers de M. Foy Je désire que l'expertise de vos bijoux soit faite devant moi.  Je fis répondre que je me souciais peu des créanciers de M. Foy, et que je ne voulais pas entrer en relation avec eux! Ce à quoi le commerçant répliqua « C'est bien Dites à Mme Sarah Bernhardt que j'ai son sceptre, et que je le garde Alors, je pris le téléphone et je me fis répéter les paroles de M. Citroën; et sans lui répondre, je fermai le téléphone.
Une demi-heure après, le téléphone m'appelait à nouveau « Madame, si vous voulez votre sceptre, il est 16, rue Drouot ». Je refermai sans rien dire, et je fis chercher mon ancien sceptre de Théodora, lequel m'a servi pendant cinq cents fois,
Le lendemain, Me Brumeaux, huissier, se présentait sceptre d'une main, papier bleu de l'autre il me remit ma note sur papier timbré. Enfin, je la voyais donc cette note tant désirée Je restais devoir, selon le compte de René Foy: 10,000 francs. Je trouvai cette note follement exagérée et dépassant les conditions.
L'aimable M. Brumeaux me dit « Donnant, donnant; voilà le sceptre contre 10,000 francs » Je fis chercher Me Brissaud, huissier, et je laissai ces messieurs arranger entre eux le différent.
Si j'écris ces lignes, c'est afin dé remettre les choses à leur plan véritable. Presque tous les journaux ont déformé la vérité; la voilà donc absolue. Les reçus datés sont là. Les témoins sont vivants et prêts à répondre à l'appel.  René Foy déclare dans sa demande de séquestre que les bijoux m'ont été livrés le 3 janvier 1902, à l'exception du sceptre. Ceci est enfantin, puisque j'ai joué dans vingt-six représentations, le-dit sceptre en main, et que c'est sur la prière de René Foy que je lui confié ce sceptre pour quelques heures. 
Il déclare encore « Attendu que par suite du refus de Mme Sarah Bernhardt de payer le solde de la susdite facture, l'exposant a exercé sur le sceptre son droit de rétention.» » Ceci encore n'est pas la vérité, puisque je n'ai jamais eu la facture, malgré mes demandes réitérées devant témoins.
Enfin, M. Foy a pensé qu'étant donnée la publicité de cette affaire, je reculerais devant le petit scandale. Il a fait erreur. J'ai été généreuse en confiant à un novice une commande aussi importante; imprévoyante en ayant foi dans sa parole. Je ne regrette rien. On a toujours raison d'avoir un peu tort.
Ce dernier trait si juste et d'une grâce si spirituelle , Sarah Bernhardt le lance dans un de ces larges sourires qui font songer à la soudaine éclosion d'une fleur éclatante, à la fois blanche et rouge. Et tout de suite elle reprend: Concevez-vous cette aventure? 11 y a quelques mois, sur les instances d'une amie et parce qu'il faut aider les jeunes, je prends M. Foix, je confie à ce débutant la commande des bijoux de Théodora, et voilà, en guise de remerciemènt, sa façon d'agir Notez que je ne demandais qu'à lui régler sa note, à ce monsieur! sa note plus qu'aux trois quarts acquittée d'ailleurs. car enfin, dix mille francs, voilà-t-il pas une affaire ?.
Mais on vient chercher l'artiste pour le trois qui commence. Au moment d'entrer en scène, elle me dit encore:
J'ai tenu, vous comprenez, à rétablir les faits pour tout le monde. Je tiens à ce que le public sache et qu'il Juge.
Nous causons maintenant à deux pas du décor une réplique encore, et Théodora va apparaître. On l'entrevoit et déjà un murmure d'attente et d'admiration monte des premiers rangs de  l'orchestre Le jugement du public, le voilà, madame!
Serge Basset.

A propos du diamantaire Mr Citroen, j ai écrit un article sur lui: 




 le Radical le 09/02/1902

Le sceptre de Théodora
On demandait hier, au tribunal des référés, la nomination d'un séquestre chargé de remporter tous les  soirs, après chaque représentation de Théodora, le sceptre sur lequel s'appuie Mme Sarah Bernhardt.
Surmonté d'une tête de lionne emblématique en cristal-de roche taillé, cet insigne est en or curieusement fouillé, représentant des figures byzantines, enrichi de perles et de diamants et rehaussé de nacre serti dans l'or. Il s'appuie sur une griffe de lion où Mme Sarah Bernhardt a fait graver son chiffre, qui lui sert de cachet.
C'est de cette oeuvre d'art, aussi curieuse que riche, qu'on demandait la mise sous séquestre. L'artiste, en effet, après l'avoir livrée sans être complètement terminée et n'ayant reçu que 23,150 francs sur le montant de ses fournitures, prétendait exercer son droit de rétention jusqu'à parfait paiement sur cet objet, qu'on lui avait rendu pour y mettre la dernière main..Mais, cependant, comme il n'entendait pas priver Mme Sarah Bernhardt du plaisir de paraître dans son rôle avec tous ses avantages, il demandait en référé la nomination d'un séquestre qui mettrait tous les soirs le sceptre en question à la disposition de l'artiste et le remporterait après chaque représentation.
Cette manière d'exercer son pouvoir n'a pas paru  à Melle Sarah  Bernhardt pouvoir se  concilier avec les prérogatives d'une illustre impératrice et ses propres droits de propriétaire d'un objet qu'elle avait commandé et qui lui avait été livré, et elle résistait à la mesure sollicitée  qu'elle qualifiait de vexatoire.
Dans ces conditions, le président des référés, M. Ditte, après avoir entendu les observations de Me Desouches, avoué de M. René Foy, et de Me Cheramy, pour Mme Sarah Bernhardt, estimant qu'il n'y avait aucune urgence à ordonner la mesure demandée,a décidé qu'il n'y avait lieu à référé.

Toute la presse était pour la Diva  Sarah



C'est pour cette pièce de théatre que René Foy avait réalisé divers bijoux pour Sarah Bernhardt




Evidemment vu la réputation de Sarh Bernhardt , le président débouta cette demande de référé



1902 critique très dure envers René Foy


Beau pendentif de René Foy cité ci dessous par le site Arnet 
René Foy (français) Titre: pendentif rare dans Form eines Pfaus, version 1900 or, émail, opale Taille:
7,2 cm (2,8 pouces)







1903 dans la Revue de la Bijouterie pendentif ivoire et émail  



Etude de Pierre Bergé: Bague large en or 18K (750) ajourée d'une course de liserons.
Signée. René Foy  Travail du début du XXe siècle.




1903

Une critique très dure et même partisane.
1903 Art et décoration
Mais que dire de M. René Foy? sinon qu'il ignore la simplicité et le bon goût, et
que ses envois s'en ressentent terriblement.
Il est triste de constater que dans cet amoncellement de vitrines, dont certaines contiennent les pièces à la douzaine, bien peu de celles-ci peuvent être défendues. La presque totalité ne sort en aucune façon de la production courante,et le visiteur est en droit de se demander pourquoi cette bijouterie soit-disant artistique est admise au Salon alors qu'elle n'aurait jamais dû sortir de l'étalage. Le Salon est-il destiné à encourager la production commerciale? Alors, c'est parfait. Mais si, comme je le crois, il n'est destiné qu'à présenter au public l'effort d'artistes consciencieux, que viennent faire ici cette bimbeloterie, ces bijoux bons souvent à orner la poitrine de sauvages, cette maroquinerie de mauvais goût?
Le danger est double. C'est en effet encourager les efforts de producteurs dont l'activité serait beaucoup mieux employée souvent
de façon différente. C'est aussi fausser le goût du public, qui, de bonne foi, croit voir dans les choses exposées, des oeuvres  hors de pair, alors que le visiteur averti n'y peut trouver, lui, que la production banale et courante d'ateliers commerciaux, sans plus.




J ai repris le texte de la Galerie Tadema de Londres

RENÉ FOY
Les vierges vestales. Une broche / pendentif classique important dans le style de l'antique
Or, ivoire peint, émail, diamant et perle

H 5,00 cm (1,97 pouces) | L 5,60 cm (2,20 pouces)
Origine France, v. 1900
Marque Signature 'René Foy' (gravée) au revers de la broche. La broche avec la marque de la tête d'aigle et les fabricants.
case Fitted Case
Très bon état
«Les vierges vestales»
Un bijou classique important dans le style de l'antique par le joaillier parisien Art Nouveau René Foy.
Colonade semi-circulaire de colonnes ioniques. Entre les chapiteaux, des guirlandes florales émaillées. Le motif central est celui des Vierges Vestales qui dansent autour de la flamme sacrée soutenue par une demi-colonne.
Un bijou extraordinaire de René Foy dont la contribution à l'Exposition internationale de Paris 1900 a été très appréciée.
Le raccord de broche peut être dévissé pour permettre les boucles de suspension articulées




Cette broche nous permet de vérifier une fois encore la signature de René Foy


Littérature
Jewels & Jewellery, Clare Phillips, Thames & Hudson / V&A, illustré Art Nouveau à Paris et Bruxelles p.112
Bijoux Art Nouveau, Vivienne Becker, 1985, p. 219, pl. 119. The Paris Salons 1895-1914, Jewellery, Alastair Duncan, 1994, Vol 1, The Designers A-K, p. 264-270
La Belle Epoque de la joaillerie française 1850-1910, Thomas Heneage & Co Ltd, 1990, p. 231-233

Maintenant, ce bijou de la Tadéma Gallery à Londres, se trouve dans la collection du Victoria & Albert Museum,
Donné par Sonya à la mémoire de David Newell-Smith decedé il y a peu. il était un grand photographe, mais aimait la Joaillerie que Sonia vendait.
https://www.theguardian.com/artanddesign/gallery/2017/jul/22/david-newell-smith-the-art-of-the-newspaper-photographer





Ci dessous commentaire du Victoria & Albert Muséum
En 1901, le correspondant parisien du magazine The Lady's Realm décrit René Foy comme «un exposant régulier aux Salons, son travail mérite toujours une mention spéciale». Des photographies de bijoux qu'il exposa aux Salons de Paris entre 1899 et 1903, et des œuvres exposées à l'Exposition Universelle de Paris en 1900 subsistent (dont un collier illustré dans l'histoire en trois volumes de Vever `` Bijoux français du XIXe siècle ''). Ceux-ci indiquent que, bien que maintenant peu connu, il était une présence notable dans les bijoux français au tournant du siècle, exposant des travaux de style art nouveau en or émaillé et ivoire sculpté. Il a également conçu pour la scène, imaginant des bijoux et autres articles pour l'actrice Sarah Bernhardt dans le rôle-titre de la pièce de Victorien Sardou, Théodora, dans sa renaissance en 1902 au Théâtre Sarah Bernhardt à Paris. 
 Selon John N. Raphael dans son article Les Bijoutiers-Poètes de Paris "René Lalique, Foy, Fouquet et Vever, et quelques autres peuvent être considérés comme les pionniers de la renaissance de la joaillerie". Il est dépeint comme une figure flamboyante faisant la promotion des bijoux en tant qu'art et s'oppose bruyamment aux bijoux sertis de pierres précieuses plus conventionnelles. La date exacte de cette broche est inconnue bien qu'un peigne en ivoire avec une sculpture similaire soit inclus dans une photographie de l'exposition de Foy au Salon de 1899.



La Belle Otéro

Sa réponse à l'apparition de La Belle Otéro aux Folies Bergère dans son corselet de diamant est enregistrée comme «barbare, non raffinée, non moderne, inesthétique!»; tandis que l'auteur signale son `` dégoût des cris de rubis, d'émeraudes et de diamants qui font le comptoir Hatton Garden d'une femme, au lieu, comme elle devrait l'être, d'une photo dont les bijoux sont le cadre et la mise en valeur ''.




René Foy , toujours avec l utilisation de l'ivoire et l émail

1902 revue BJO  vever
Que ce soit dans l'un ou dans l'autre Salon — qui semblent aujourd'hui bien près de fusionner, tellement entre eux la similitude est grande — le public s'intéresse très sérieusement aux choses de nos industries. Il entre maintenant dans ses moeurs de connaître les noms des artistes, leur genre, leur note personnelle; il recherche certaines vitrines et disserte parfois fort judicieusement sur les progrès réalisés. C'est ainsi que l'on peut entendre des conversations très instructives devant les oeuvres, plus particulièrement charmantes cette année, de M. Lucien Gaillard, de M. Georges Fouquet, de M. Feuillâtre, l'émailleur ; de MM. Joe Descomps, Falguières, Becker, Bonny, Mangeant, Thesmar, Jacquin, Vernier, Hirtz, Grandhomme, Tourrette et de tant d'autres qui seraient également à citer.
M. Dubret expose la plaque de collier avec sirène dont il avait présenté l'intéressante maquette l'année dernière. M. Charles Boutet de Monvel est très en progrès. M. René Foy a envoyé des dentelles et très peu de bijoux, pour ainsi dire en manière de carte de visite. M. de Ribaucourt, lauréat du 1er prix au concours de dessinateurs organisé récemment par la Chambre syndicale, présente des oeuvres délicates et raffinées. Les émaux exécutés par M. Alexandre Riquet, d'après les dessins de Bracquemond, ont un réel succès.
En somme, le progrès de l'art du bijoutier, de l'orfèvre et de l'émailleur est certain. On sent que les oeuvres exposées ont été plus étudiées, mieux réfléchies ; elles révèlent plus de sagesse et de pondération et font espérer que bientôt les excentricités — il y en aura toujours — n'existeront plus qu'à l'état exceptionnel.



1903 la Vigne Vierge or et émail revue BJO



1904  j ai trouvé sa faillite dans le journal "Le Rappel" ce qui expliquerait sa carrière de Joaillier assez courte,  c'est bien son adresse, proche de l avenue Malesherbes et du parc Monceau. A cette époque une faillite c'était le déshonneur, on ne pouvait plus s'installer




Une sombre affaire en 1904 relatée par le Journal Gil Blas


Commentaire du "Mois Littéraire" en 1907

Sa faillite explique peut être que  ses pièces soient fabriquées en collaboration avec la maison Nunès


En revanche en 1911, il est domicilié chez MM Spaulding et Cie  36 avenue de l'Opéra  et ses bijoux sont indiqués comme appartenant à la maison Gorham  Company de New York





René Foy qui avait  exposé  au salon des artistes français de 1901-1902-1903-1907 exposa une dernière fois en 1911, il avait 35 ans



1925, De retour


1926 dans le journal Comoédia




David Felix Foy était Né le 6 novembre 1850 à Bordeaux, 33063, Gironde,
Banquier il était le père de René et Paul Foy il s'était marié le 20 janvier 1876,
Paris-IXème, 75109, Paris avec Eugènie Léa Jeanne MAYRARGUES 1858-1932
Certainement en vue de la naissance de René Foy, Jeanne Mayrargues avait
18 ans.

Paul émile Foy était le frère benjamin de René Foy, né en 1879 il est décédé en 1970

  Isaac Louis René Foy  qui était né le 21-11-1876 décède le 22 avril 1962  a Paris, il avait 85 ans

Un grand regret, peu d'oeuvres de lui sont sur le marché.

Commentaire ci-dessous, ou m'ecrire: richard.jeanjacques@gmail.com


dimanche 16 février 2020

L Essence d'Orient ou l histoire des perles à l'écaille d'ablette. L' invention, les formules, le commerce!

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Cela commence par: Il était une fois, un patenotrier et perlier, du nom de Maitre Jacquin.

Son arrière petit fils raconta sa légende , Jacquin-Junan  qui habitait la rue du Petit-Lion, à Paris , entre les rue Montorgueil et Saint-Denis jusqu'en 1868, date à laquelle elle prend le nom de « rue Tiquetonne ».*
Jacquin vécut au 17 eme siècle et son invention date de 1686. 
Un patenôtrier est un fabricant des chapelets (patenôtre qui vient de Pater Noster, la prière Notre Père). Organisés depuis la Renaissance en corporations ou en confréries, ils travaillaient sur des matières souvent riches, car les chapelets pouvaient faire appel à l'émail, aux perles, à la nacre, à l'ambre, à l'argent, au corail, voire à l'or. Les patenôtriers-émailleurs savaient imiter les perles, le jais, le corail et l'ambre. Ils utilisaient également du bois d'olivier.


Photo  Poulpy — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, 

Au N° 10 de la rue du Petit Lion*, l' enseigne de "L'Arbre à Liège" une des rares enseignes médiévales conservées
*Ce n 'est pas une rue inconnue, Elle est citée sous le nom de « rue du Petit lion » dans un manuscrit de 1636 dont le procès-verbal de visite, en date du 22 avril 1636, indique qu'elle est "orde, boueuse, avec plusieurs taz d'immundices"
Alexandre Dumas y fait habiter son célèbre D'Artagnan.




Voici les armoiries de la corporation des patenotriers et perliers établis à Paris
Jacquin était, parait il un homme intelligent, d'une honnêteté exemplaire et renommé  pour l'élégance de ses colliers et des ses perles fausses, il avait su attirer dans sa boutique tout ce que la cour et la ville comptaient de femmes du meilleur monde.
Cet homme était établi, avait pignon sur rue comme on disait à cette époque, un commerce prospère,  il avait un fils, unique, qui allait épouser Demoiselle Ursule qui était la fille de son ami, et voisin apothicaire, Jacquin avait tout pour etre heureux et pourtant malgré ses ventes et ses bénéfice, il était soucieux.
Souci de vendre autant de perles fausses

Tout allait donc au mieux dans la maison, lorsqu'une cause bien futile en apparence fut sur le point de renverser cet édifice de bonheur. 
Profitant du moment où tous les grands parents, réunis chez lui, signaient au contrat de mariage de son fils, maître Jacquin, s'adressant à Ursule, lui dit :

" Mademoiselle ma mie, venez çà, et causons de choses plus agréables, car vous avez sans doute remarqué que, dans votre contrat, comme dans tous les autres, on ne parle que de mort : c'est ce qu'on appelle des "espérances"....
Donc dans six jours, vous vous mariez à l'église de Saint-Nicolas du Chardonnet; comme il y aura nombreuse et belle compagnie, je désire, ma mie, que vous y paraíssiez gaillardement vêtue, telle enfin qu'il sied à la position de nos deux familles. Dites-moi donc, chère fille, ma mie, ce qui vous plairait le plus; parlez sans crainte; car, pour la femme de mon fils bien-aimé, il n'est rien que je n'accorde, je vous en donne ma foi.
" Eh bien, monsieur mon cher père, répondit Ursule, maintenant que j'ai l'honneur  d'entrer dans votre famille, je ne forme plus qu'un vœu, donnez-moi un de ces jolis colliers que vous faites si bien. ››


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Le brave homme eut une sueur froide , embarrassé par cette demande qu il ne trouvait pas à la hauteur de ce qu il aurait désiré offrir à sa future bru. Il passa une bien mauvaise nuit  il alla dès potron-minet  marcher  vers ce qu'on appelle désormais le Pont d'Asnières,  et aperçut une masse de matière irisée donnant des reflets semblables aux plus belles perles d Orient.
 Jacquin hèla un  pêcheur et lui fit jeter son filet sur une quantité considérable de poissons car ce que Jacquin avait pris pour une matière inerte, n'était autre chose  que des petits poissons connus sous le nom d'able ou d'ablettes.

Il emporta le tout dans son laboratoire , leur enleva les écailles et fit une pâte.
Dès le jour venu Jacquin tout  joyeux s'empressa d'aller voir sa mixture mais, qu'elle ne fut sa déception, cette pâte si brillamment argentée, n'offre plus qu'une espèce de colle noire (colle de poisson?)
Il ne désespéra pas et se rendit chez son ami Apothicaire qui lui conseilla de remplacer l eau simple par de l'ammoniaque.
Trois jours après, Jacquin avait trouvé enfin la composition qu'il cherchait et radieux, il attacha au cou de Mademoiselle Ursule le plus beau des colliers  qui fut jamais sorti de sa boutique.
Qu'avait il découvert, de si important  qui soit encore fabriqué de nos jours:
L Essence d'Orient



1746  Dans les affiche de Paris Les Patenotriers protègent leurs confrérie en faisant interdire aux horlogers  de les concurrencer dans leurs travaux.

C'est au commencement du seizième siècle que se développa  la fabrication de perles artificielles à Venise.  Au début ces perles artificielles recevaient à l intérieur de boules de verre différentes préparations, mais la plus courante était à base de mercure, lequel était très dangereux.
D'où l'importance de la découverte de Jacquin, une substance inoffensive et une coloration infiniment plus parfaite.
De plus l'ablette se trouvait dans la Seine, la Marne et le Loiret.
Pour obtenir l'essence d'Orient, Jacquin lavait les ablettes dans de l eau pure, puis il passait la masse a travers un linge et laissait reposer le tout.
Au bout de quelques jours, il décantait  l'eau et obtenait pour résidu l'Essence d'Orient. Il lui fallait de 17 à 18000 ablettes pour obtenir 500 grammes de cette substance.

En 1816 il était écrit que

L'essence d'Orient passe très-rapidement à la fermentation putride, surtout durant les grandes chaleurs; alors elle commence par devenir phosphorique, puis elle se fond en une liqueur noire.
Pour faire les fausses perles , on mêle l'essence d'Orient avec de l'ichthyocolle, et on en introduit une goutte, à l'aide d'un chalumeau , dans des globes de verre creux, très minces, couleur de girasol ; on agite ces petites boules, pour que la liqueur s'étende et s'attache sur toute la surface intérieure, et la perle fine la plus belle se trouve imitée dans sa forme, dans ses nuances, dans son eau, dans ses reflets, dans son éclat.
L'invention et le perfectionnement des procédés suivis dans cette opération, sont dus aux François; un marchand de chapelets de Paris, nommé Jannin, en est l'auteur. C'est encore de notre capitale que le commerce des autres nations tire aujourd'hui cette parure, lorsqu'il veut l'avoir aussi belle que possible.
Au reste, pour que ces perles aient l'éclat désiré, il faut que les bulles de verre soient de la plus grande ténuité, et que le verre dont elles sont faites ne contienne que le moins possible de potasse et de plomb. Il faut aussi avoir soin d'en remplir l'intérieur de cire blanche, lorsque l'enduit nacré qu'on y a introduit est sec.




1858 dans le traité complet des pierres précieuses.


La facilité avec laquelle l'essence d'Orient se putréfie , a pendant longtemps fait de l'Académie royale des sciences pour l'année 1716 le désespoir des fabricans , qui étoient obligés d'employer, dans une seule journée, toute celle qu'ils avoient obtenue du résultat d'une pêche. Il n'y a pas plus de quarante ans qu'on a reconnu que l'ammoniaque liquide conservoit parfaitement cette matière et même en augmentoit l'éclat, et l'auteur de cette découverte, qui fut un secret pendant un assez grand nombre d'années, a fait une fortune considérable.
Réaumur a écrit un Mémoire fort curieux sur cette substance.




1860 Dictionnaire Français et illustré


On parle d'Essence d'Orient, mais pour les perles fines ou les perles de culture, on parle de l'Orient de la perle, retour sur ce que j'ai écris à ce propos:
Ci dessous qu'est ce que l orient d'une Perle? mon dessin explique ci-dessous le mécanisme qui le déclenche
  



La lumière frappe la 1 ère couche, et une petite partie est réfléchie de suite 1/16ème
Une partie de la lumière traverse la couche suivante qui à cause du retard apporté la vitesse de pénétration de la lumière, se disperse en vibrations colorées.
Une autre partie de la lumière est réfléchie et retourne à la surface.

Une réflexion partielle des vibrations colorées sortant de la première couche va pénétrer la 2 ème couche, puis une partie la troisième etc., alors qu’en même temps une autre partie remonte vers la surface.
Ce cycle recommence continuellement en se compliquant au fur et à mesure que la lumière pénètre à l intérieur de la perle et qu’augmente le nombre de couches traversées par les rayons pénétrants et retraversées en sens inverse, par les rayons réfléchis vers la surface. Vous aurez donc des phénomènes de gerbes de lumières, provoqués par ces interférences, qui vous donnent cet aspect velouté des perles que l on appelle « l’ORIENT » des perles.
L’autre partie du velouté de cet Orient provient des phénomènes de diffraction et d interférences produits par la surface de la perle sur la lumière incidente.

Fixez une perle des yeux, et bougez la entre vos mains, vous verrez cette lumière spéciale qui auréole les perles.
Plus la perle sera restée dans l huître, plus elle aura de couches perlières et plus son « ORIENT » sera profond.




1896 dans le journal Gil Blas, ainsi que le journal l' explique le prix des vraies perles avait augmenté de 20 % a cause des anglais qui détenaient les pêcheries




Rangs de fausses perles à l'Essence d'Orient  enfilées sur un médaillon en bronze doré




1902: que recouvre comme sens, la patente de fabricant d'essence d'Orient? 
En France, la patente est un impôt direct auquel est assujettie toute société ou toute personne exerçant à titre habituel une activité professionnelle non salariée
Cet impôt fut créé en France par l'assemblée constituante, par le décret d'Allarde des 2 et 17 mars 1791 qui a supprimé les corporations et fondé la liberté du commerce et de l'industrie. Le but de la patente est alors de taxer un revenu présumé en fonction de l'outil de travail. Lors de son institution, la patente ne taxait que les loyers industriels




Pendant les années de guerre 14-18  et même en 1918, il fut interdit de sortir de France et de nos protectorats de l'essence d'orient.



Mais dans le Bottin de 1925, on pouvait en importer d'Allemagne



1925 dans le Bottin "Nacrer les statues"!!!



1929 le  "Recueil des lois" nous indique que des peaux nacrée ou irisées sont traitées à "l essence d'Orient" 
Je crois que cela se fait toujours au Maghreb.



Collier de fausses perles à l'Essence d'orient



1929  Le Hareng aussi.

Le tribunal de Commerce de la Seine, à la date du 15 janvier 1925, stipulait qu'il (fallait indiquer, dans la vente de perles de culture, l'origine particulière des perles vendues (Voir Revue des Fraudes 4-5). Un jugement du tribunal corr. de la Seine du 9 avril 1927. suivi d'arrêts de la Cour de Paris 28 juillet 1927 (R. des Fr. 31-32) et de la Cour de cassation (Revue des Fr. 49-50) fondait sa décision sur les différences naturelles entre ces deux sortes de perles, déclarant nécessaire, d'après les usages du commerce, l'indication de la provenance, et annulant les ventes de perles de culture ne satisfaisant pas à ces usages,  mais s'abstenant, au bénéfice du doute, de condamner le prévenu.
Le récent jugement du trib. de la Seine va plus loin, et faisant application de la loi du ler août 1905 réprime la tromperie sur les qualités substantielles de la marchandise sans lesquelles l'acheteur n'aurait certainement pas acheté. Ce jugement établit que l'élément d'origine est pour les perles un élément capital, et que le terme « perle » tout court aussi bien que celui de « perle fine » ne saurait s'appliquer qu'aux perles naturelles, non aux perles de culture ; celles-ci doivent, sous peine d'infraction à la loi du 1er août 1905, non seulement être signalées à l'acheteur, mais désignées spécifiquement sous Inom « perles japonaises » ou « perles de culture ».
Voir « Gazette du Palais » 24 mai 1930 ; et aussi 1925, 1.523 ; 1927, 2.284 ; et 1929, 2.863.
Essence d'Orient. — Valeur légale de la décision des experts, et force non obligatoire des instructions ef circulaires administratives.
En matière de douane, le tribunal doit baser son jugement sur la décision des experts, et n'est pas lié par les instructions et circulaires administratives.
L'essence d'Orient, qui n'est autre chose que des écailles d'ablettes broyées dans l'eau, doit être considérée comme un vernis et non comme une couleur dans la tarification douanière.



1936 dans la "Revue de l industrie du  cuir"  le Nacrage des cuirs de Fantaisie



Dans le Bottin

Ces perles à l "Essence d'Orient, relativement résistante sont  ainsi fabriquées à partir du règne d'Henri IV jusque vers 1920. Très appréciée et demandée par la bijouterie fantaisie et par la couture, cette production est cependant fragile.

Aussi, à la fin du XIX eme siècle, c'est une bille de verre opalin qui est recouverte d'essence  d'Orient›› ; ce produit, d'aspect similaire, relativement résistant aux chocs et à la pression, est cependant susceptible de perdre des éclats de peinture. 
Beaucoup moins chère que l'extrait d'écaille de poisson, l'«essence d'Orient synthétique›, à base de carbonate de plomb hydrate, toujours très utilisée dans le monde, aussi bien en Asie que dans l'ile  de Majorque, est interdite en France par le ministère de la Santé publique pour éviter le saturnisme (décret du 9 janvier 1969).
D'autres produits de remplacement sont utilisés : oxychlorure de bismuth, l'oxyde de titane, les poussières de micas. Rares sont les usines qui se servent encore de l'«essence d`Orient››. Les billes de verre opalin sont parfois remplacées par du verre transparent, moins cher mais qui donne un reflet "creux", par de la nacre, dont les couches transparaissent sous le vernis orienté, par du plastique, etc. Le vernis  peut être remplacé par une sorte de nylon plus résistant.
Un petit rappel de la loi:
L’article 4, mentionne les qualificatifs que l’on peut retrouver pour compléter la dénomination des matières et produits (art. 4) : « reconstituée », « composite » , « synthétique » , « artificiel » ou  « d'imitation ». L'emploi des termes : « élevé », « cultivé », « de culture », « vrai », « précieux », « fin », « véritable », « naturel » est interdit pour désigner les produits ayant ces qualificatifs.
L’emploi des termes « semi-précieux » et « semi-fins » est interdit pour désigner toutes les matières et produits mentionnés à l'article 1er. (art. 5)
 Les articles 6, 7 et 8 réglementent l’usage des termes : "perle" ou "perle fine" (art. 6), « perle de culture » (art. 7) et « perle d’imitation » (art. 8).





Vendue a Drouot une épingle cravate «pompon» en platine (min.800 millièmes) et or jaune (750 millièmes) composée de deux calottes ajourées serties de lignes de diamants taillés en rose retenant cinq rangs de fausses petites perles, à l essence d'Orient  terminés par une importante perle baroque (non testée). 
Transformation. Vers 1910.


Les formules des produits de couverture sont les secrets des fabricants, actuellement les boules sont en général en plastique alourdies d'un noyau métallique. Il n'existe aucune imitation trompeuse. A défaut de l'oeil néophyte, la loupe révèle immédiatement la nature de la supposée perle. Le plus grand fabricant actuel est Majorica qui produit de coûteuses et belles imitations dont il certifie par écrit l'authenticité!!!!!

Donc du faux, mais authentique!

«Ce sont les plus célèbres dans le créneau des fausses perles ou d’imitation», assure Jean Gautier .




Un livre dans le style de Emile Zola a été écrit sur un personnage, une ouvriere sur perles fausses à l écaille d'ablette, je publie un extrait ci-après.
En 1876, Charles Marie Georges  Huysmans son nom de plume était Joris-Karl ,publie son premier roman, d'inspiration ouvertement naturaliste, "Marthe l'histoire d'une fille", qui a pour thème la vie et les déboires d’une jeune parisienne contrainte par une société cupide et sans scrupules à aller jusqu'à se prostituer pour survivre. Craignant la censure qui sévit alors en France, Huysmans fit d’abord éditer ce roman à Bruxelles.
La même année, il se lie d'amitié avec Émile Zola, dont il prend ouvertement la défense dans un vibrant article consacré à son dernier roman, L'Assommoir. Cet article restera dans l'histoire de la littérature comme un des tout premiers manifestes en faveur du naturalisme.


C'est un texte qui vaut la peine de le lire:


Après dix ans de luttes stériles et de misères impatiemment supportées, Sébastien Landousé, artiste peintre, se maria au moment où il commençait à être connu du public, avec damoiselle Florence Herbier, ouvrière en perles fausses. Malheureusement sa santé, déjà ébranlée par des amours et des labeurs excessifs, chancela de jours en jours, si bien qu'après une maladie de poitrine qui l'étendit, pendant six grands mois, sur son lit, il mourut et fut enterré, faute d'argent, dans l'un des recoins de la fosse commune.
Apathique et veule par tempérament, sa femme se redressa sous le coup qui la frappait, se mit vaillamment à l'ouvrage et quand Marthe, sa fille, eût atteint sa quinzième année et terminé son apprentissage, elle mourut à son tour et fut, comme son homme, enterrée au hasard d'un cimetière.
Marthe gagnait alors, comme ouvrière en perles fausses, un salaire de quatre francs par jour, mais le métier était fatigant et malsain et souvent elle ne pouvait l'exercer.
L'imitation de la perle se fabrique avec les écailles de l'ablette, pilées et réduites en une sorte de bouillie qu'un ouvrier tourne et retourne sans trêve. L'eau, l'alcali, les squames du poisson, le tout se gâte et devient un foyer d'infection à la moindre chaleur, aussi prépare-t-o'n cette pâte dans une cave. Plus elle est vieille, plus précieuse elle est. On la conserve dans des carafes, soigneusement bouchées, et l'on renouvelle de temps à autre le bain d'ammoniaque et d'eau.
Comme chez certains marchands de vins, les bouteilles portent la mention de l'année où elles furent remplies ; ainsi que la purée septembrale, cette purée qui luit se bonifie avec le temps. A défaut d'étiquettes, on reconnaîtrait d'ailleurs les jeunes flacons des vieux, les premiers semblent étamés de gris-noir, les autres semblent lamés de vif argent. Une fois cette compote bien dense, bien homogène, l'ouvrière doit, à l'aide d'un chalumeau, l'insuffler dans les globules de verre, ronds ou ovales, en forme de boules ou de poires, selon la forme de la perle et laver le tout à l'esprit de vin qu'elle souffle également avec son chalumeau.
Cette opération a pour but de sécher l'enduit; il ne reste plus dès lors, pour donner le poids et maintenir le tain du verre, qu'à faire égoutter dans la perle des larmes de cire vierge. Si son orient est bien argenté de gris, si elle est seulement ce que le fabricant appelle un article demi-fin, elle vaut, telle qu'elle, de 3 francs à 3 fr. 50.
Marthe passait donc ses journées à remplir les boules et, le soir, quand sa tâche était terminée, elle allait à Montrouge chez le frère de sa mère, un ouvrier luthier, ou bien rentrait chez elle et, glacée par la froideur de ce logement vide, se couchait au plus vite, s'essayant à tuer par le sommeil la tristesse des longues soirées claires.

C'était, au reste, une singulière fille. Des ardeurs étranges, un dégoût de métier, une haine de misère, une aspiration maladive d'inconnu, une désespérance non résignée, le souvenir poignant des mauvais jours, sans pain, près de son père malade; la conviction, née des rancunes de l'artiste dédaigné, que la protection acquise, au prix de toutes les lâchetés et de toutes les vilenies, est tout ici-bas; une appétence de bien-être et d'éclat, un alanguissement morbide, une disposition à la névrose qu'elle tenait de son père, une certaine paresse instinctive qu'elle tenait de sa mère, si brave dans les moments pénibles, si lâche quand la nécessité ne la tenaillait point, fourmillaient et bouillonnaient furieusement en elle.
L'atelier n'était malheureusement pas fait pour raffermir son courage à bout de force, pour relever sa vertu aux abois.
Un atelier de femmes, c'est l'antichambre de Saint-Lazare. Marthe ne tarda pas à s'aguerrir aux conversations de ses compagnes; courbées tout le jour sur le bol d'écaillés, entre l'insufflation de deux perles, elles devisaient à perte de vue. A vrai dire, la conversation variait peu ; toujours elle roulait sur l'homme. Une telle vivait avec un monsieur très bien, recevait tant par mois, et toutes d'admirer son nouveau médaillon, ses bagues, ses boucles d'oreilles Toutes de la jalouser et de pressurer leurs amants pour en avoir de semblables. Une fille est perdue dès qu'elle voit d'autres filles : les conversations des collégiens au lycée ne sont rien près de celles des ouvrières ; l'atelier, c'est la pierre de touche des vertus, l'or y est rare, le cuivre abondant. Une fillette ne choppe pas, comme le disent les romanciers, par amour, par entraînement des sens, mais beaucoup par orgueil et un peu par curiosité. Marthe écoutait les exploits de ses amies, leurs doux et meurtriers combats, l'œil agrandi, la bouche brûlée de fièvre.
Les autres riaient d'elle et l'avaient surnommée « la petite serine ». A les entendre, tous les hommes étaient parfaitement imbéciles ! Une telle s'était moquée de l'un d'eux, la veille au soir, et l'avait fait poser à un rendez vous; il n'en serait que plus affamé; une autre faisait le malheur de son amant qui l'aimait d'autant plus qu'elle lui était moins fidèle; toutes trompaient leurs servants ou les faisaient toupiller comme des totons, et toutes s'en faisaient gloire! Marthe ne rougissait déjà plus des gravelures qu'elle entendait, elle  
rougissait de n'être pas à la hauteur de ses compagnes. Elle n'hésitait déjà plus à se donner, elle attendait une occasion propice. 

D'ailleurs, la vie qu'elle menait lui était insupportable ! Ne jamais rire! Ne jamais s'amuser! N'avoir pour distraction que la maison de son oncle, une bicoque, louée à la semaine, où s'entassaient, pêle-mêle, oncle, tante, enfants, chiens et chats. Le soir, on jouait au loto, à ce jeu idéalement bête, et l'on marquait les quines avec des boutons de culotte; les jours de grande fête, on buvait un verre de vin chaud entre les parties, et l'on écossait parfois des marrons grillés ou des châtaignes bouillies. Ces joies de pauvres l'exaspéraient et elle préférait encore aller chez une de ses amies qui vivait en concubinage avec un homme. Mais tous deux étaient jeunes et ne se lassaient de s'embrasser. La situation d'un tiers dans ces duos est toujours ridicule, aussi les quittait-elle, plus attristée et plus agacée que jamais! Oh! elle en avait assez de cette vie solitaire, de cet éternel supplice de Tantale, de ce prurit invincible de caresses et d'or! il fallait en finir et elle y songeait. Elle était suivie tous les soirs par un homme déjà âgé qui lui promettait monts et merveilles et un jeune homme qui habitait dans sa maison, à l'étage au dessous, la frôlait dans l'escalier et lui demandait doucement pardon quand son bras effleurait le sien. Le choix n'était pas douteux. Le vieux l'emportait, dans cette balance du cœur, où l'un ne pouvait mettre que sa bonne grâce et sa jeunesse et où l'autre jetait l'épée de Brennus: le bien-être et l'or! Il avait aussi un certain ton d'homme bien élevé qui flattait la jeune fille par ce motif que ses compagnes n'avaient pour amants que des rustres, des calicots ou des commis de quincaillerie. Elle céda
n'ayant seulement pas pour excuse ces passions qui font crier sous le feu et s'abandonner corps et âme. Elle céda et fut profondément dégoûtée. Le lendemain cependant, elle raconta à ses camarades, sa défaillance, qu'elle regrettait alors ! Elle se montra fière de sa vaillantise et, devant tout l'atelier, prit le bras du vieux polisson qui l'avait achetée !
Mais son courage ne fut pas de longue durée ; les nerfs se rebellèrent et, un soir, elle jeta à la porte argent et vieillard, et se résolut à reprendre sa vie d'autrefois. C'est l'histoire de ceux qui fument et qui, malades d'écœurement, jurent de ne plus recommencer et recommencent jusqu'à ce que l'estomac consente à se laisser dompter. 
Après une pipe, une autre; après un amant, un second. Cette fois, elle voulut aimer un jeune homme, comme si cela se commandait! Celui-là l'aima. presque, mais il fut si doux et si respectueux qu'elle s'acharna à le faire souffrir. Ils finirent par se séparer d'un commun accord — Oh! alors, elle fit comme les autres; une semaine, trois jours, deux, un, la rassasièrent avec leur importunité des caresses subies. Sur ces entrefaites, elle tomba malade et, dès qu'elle se rétablit, fut abandonnée par son amant ; pour comble de malheur, le médecin lui ordonna expressément de ne pas continuer son métier de souffleuse de perles. Que faire alors? Que devenir? C'était la misère, d'autant plus opprimante que le souvenir du bien-être qu'elle avait goûté avec son premier homme lui revenait sans cesse. Elle s'essaya dans d'autres professions.



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