A défaut d avoir trouvé une photographie d' Eugene Feuillatre?
Ce tableau d'Adrien Moreau Neret réalisé en 1905! "Eugene face a son four".
Pour ce qui suit, comme d' habitude, je signale que toutes les dates sont approximatives car les salles des ventes et les marchands, situent toujours l oeuvre de Feuillatre en 1900.
Certains ne comprennent pas que je publie autant de données (presse et autres) c'est tout simplement parce que je ne suis pas conservateur de musée ou marque de joaillerie, je dois donc prouver ce que j'écris, d autres quand je les surprend en erreur, répondent , "oui , mais j'ai écrit ceci il y a 20 ans" Le dictionnaire International du bijou est plein de ces erreurs.
Ce que je peux dire avec certitude, c'est qu 'Eugene Feuillatre est né à Dunkerque, dans le nord de la France le trente avril 1870, de père inconnu ,et de Adèle Feuillatre sans profession. Il est décédé le 17 septembre 1916 à Paris au domicile conjugal, 3 rue Villédo à Paris.
C'est ce qui est inscrit sur son acte de décès
Il serait mort des suites d' une maladie contractée au front pendant la guerre de 1914
D'après Evelyne Possémé (conservatrice en chef du département Bijoux au Musée des arts décoratifs), il a été l'élève d'Etienne Tourrette en 1883,.. il avait treize ans. Ce fut plutôt en tant qu'apprenti de Etienne Tourrette qui ne fut connu qu' en 1897, à l' occasion du salon du champ de Mars.
1897 oeuvre magistrale d'Eugène Feuillatre
que vous retrouverez plus après dans l'article
Erika Speel qui a écrit un dictionnaire des émailleurs, nous le présente ainsi:
"Un orfèvre qui avait étudié sous l'émailleur Houillon à Paris. De 1890 à 1897 Feuillâtre fut chef d'atelier d'émaiI dans l'atelier de René Lalique . En 1897, il ouvrit son propre atelier dans le sous-sol de sa résidence familiale au 3 rue de Villedo à Paris.
Sa marque, enregistrée en 1898, était un dessin de feuille de rosier situé entre ses initiales E.F. Après sa mort en 1916, dans un hôpital de campagne pendant la Première Guerre mondiale ***, Les affaires de Feuillãtre ont été poursuivies pendant quelque temps par sa veuve. Feuillãtre spécialisé dans l'émail cloisonné et le plique à jour pour la bijouterie et objets de la vertu tels que des boîtes à bijoux et des vases dans le style de son époque, ainsi que bijoux."
Qu'importe Etienne Tourrette et Mr Houillon sont deux grands émailleurs reconnus.
***Feuillatre est mort à son domicile.
©HervéLewandowski_courtesy Galerie Jacques Lacoste
Feuillatre ne fabriqua pas que des bijoux, mais plutôt beaucoup de verreries émaillées, ou de vases en argent émaillés , des coupes cloisonnées et pliques à jour etc, comme cette
Paire d'encriers, circa 1898 en cuivre émaillé et argent Signés Feuillâtre sur le fond
Paire d'encriers, circa 1898 en cuivre émaillé et argent Signés Feuillâtre sur le fond
Il
a été embauché par Lalique pour exécuter ses créations en émail. Il a poursuivi
cette association jusqu'en 1898 environ, année de sa grande exposition au Salon
de la Société de Paris, à Paris ou il fait insculper son poinçon le 30 aout 1898
Photo nette du poinçon de Eugène Feuillatre
Un ami antiquaire en Joaillerie a vendu des bijoux de Feuillatre , m'a adressé cette photo , et m indique qu'il a eu deux poinçons de Maître , sur cette photo figure le poinçon que je ne connaissais pas
Poinçons de Feuillatre
Eugène Feuillatre appartint au mouvement d 'idée lancé par Falize dès 1881.
Il s'élevait a l'époque contre l aspect spéculatif du marché de l'art de la Bijouterie et contre le goût des collectionneurs qui favorisaient les pièces de Joaillerie d'un prix de plus en plus élévé et constituées seulement d'or et de diamants.
Entre 1880 et 1890 la haute bourgeoisie éprouve un grand plaisir
à porter des.bijoux ostentatoires, qu'importe leur
valeur artistique et artisanale et c'est donc à la suite de Lucien Falize que les Joailliers, bijoutiers et orfèvres comme Fouquet, Vever, Lucien Gaillard, Eugène Feuillâtre vont utiliser des pierres moins précieuses,
telles que le cristal de roche, les pierres fines comme l opale et la topaze, mais aussi la nacre, l ivoire, la cornaline, le corail, le cristal émaillé ou taillé, puis le métal émaillé, et même si la clientèle des joailliers est hétérogène elle concerne quand même une élite d'hommes politiques, des industriels, des éditeurs, des aristocrates (il en reste après toutes ces révolutions) des acteurs, des grands peintres, etc.
En 1899, installé à son compte, il est remarqué par la revue des Arts Décoratifs:
"J'ouvre ce paragraphe a l'intention des essais d'émaillerie, d'orfèvrerie et de bijouterie dont la réunion donne de l'espoir. Certaines pièces émaillées, par M. Feuillâtre, d'émaux translucides sur or ou sur argent, ont un aspect irisé, doux, cendré, fleuri de colorations tendres, d'une originalité charmante. Le métal y transparaît sous les vitrifications légères en reflets riches et discrets. Deux petits vases décorés de violettes et un autre pourvu d'anses formées par des insectes ailées étirant leurs élytres me restent présents comme de délicieux spécimens de la manière de l'artiste."
En 1899 il expose à la Libre Esthetique de Bruxelles important mouvement de l art nouveau
A la fin du XIX°siècle, Bruxelles est un centre important de diffusion et de création artistique. Le pays est en pleine expansion. Soixante ans après son indépendance, le développement industriel et la politique coloniale stimulent les initiatives. La réaction sociale suit rapidement. En 1885, tandis que Léopold II devient souverain de l’état indépendant du Congo, le parti ouvrier belge est fondé. Un vent de liberté souffle également dans le milieu artistique.
Comme les Impressionnistes à Paris en 1874, les artistes belges décident de prendre leur destin en main. La révolution artistique de 1884 prit prétexte d’une boutade lancée par un membre du jury officiel qui venait de refuser les toiles de deux ou trois peintres d’une méprisante intransigeance : qu’ils exposent chez eux! avait dit dédaigneusement cet homme plein de rage. Ils exposèrent donc chez eux.
Comme les Impressionnistes à Paris en 1874, les artistes belges décident de prendre leur destin en main. La révolution artistique de 1884 prit prétexte d’une boutade lancée par un membre du jury officiel qui venait de refuser les toiles de deux ou trois peintres d’une méprisante intransigeance : qu’ils exposent chez eux! avait dit dédaigneusement cet homme plein de rage. Ils exposèrent donc chez eux.
Il expose aussi à la New Gallery à Londres avec Lalique et
Fouquet. 1899-1910, il devient membre de la Société des artistes français
et expose avec eux.
Presque toutes les pièces que j ai pu trouver sont toutes datées de 1900 , et comme nous n avons pas les archives de Feuillàtre, personne ne peut vérifier ces dates.
Cette bague a été revendue par la galerie Tadéma de Londres:
Bague Art Nouveau Or, émail, topaze et
diamant. Signée: 'Feuillatre' Une belle bague
papillon taille 1cm60.
Littérature:cf. Les Salons
de Paris 1895-1914, volume de bijoux I: The Designers AK, Alastair Duncan,
1994, pages 236-240. La Belle Epoque des
Bijoux Français 1850-1910, Thomas Heneage & Co Ltd, 1990, page 251-261
Philippine Dupré de la Maison Aguttes a revendu le même modèle papillon, en or jaune, ornée d'une opale ronde rehaussée de quatre papillons aux ailes ornées d'émail vert et bleu sur un entourage serti de diamants taillés en rose.
La Maison Skinner de Boston en a revendu une avec une Topaze en or jaune avec des diamants de l émail: https://www.skinnerinc.com
https://www.hvmc.com/fr/
Attardons nous sur cette magnifique broche Papillon qui a été revendue par HVMC à Monaco
Exceptionnelle broche "femme papillon" en or jaune, le visage en agate blanche, émergeant des ailes ornées d’émail plique à jour en camaïeu de bleu foncé à bleu laiteux, dans de fines membranes d’or, et terminées de cabochons de pierre de lune dans des festons d’or sertis de diamants.
Elles sont soulignées d’émaux translucides sur paillons d’argent.
La tête surmontée d’antennes d’or enroulées et couronnée d’émaux opalescents sur fond bleu.
Signée.
Poinçon de Maître.
Vers 1900.
Dimensions : 7,5 x 9,5 cm environ
Poids : 32,9 g (18k - 750/1000)
« Hôtel des Ventes de Monte-Carlo, adjugée 45.000€, Expert Arnaud Beauvois »
Eugène Feuillâtre apprend l’émaillage dans l’atelier de Tourrette et travaille avec René Lalique dont il est le chef d’atelier de 1890 à 1897. Il expose régulièrement aux salons et lors des expositions internationales c’est là qu’il rencontre Louis-Comfort Tiffany, à qui il fournit certaines pièces émaillées. Bien qu’à son compte à partir de 1898, il continue à travailler pour Lalique notamment pour réaliser des émaux translucides sur paillons ou à inclusions de paillettes d’or ou d’argent, technique apprise de son maître Tourrette et dans laquelle il excelle.
Cette bague Opale et poire diamant, or mat, de Feuillatre a été revendue par la galerie Tadema de Londres
La photographie est tirée du livre de Vever qui date le pendentif en 1900
Les
orfèvres et les bijoutiers de la seconde moitié du XIXe siècle s’efforçaient
sans cesse de perfectionner et de développer les techniques d’émaillage à des
fins artistiques. Eugène Feuillâtre, qui dirigea l'atelier d'émail de Lalique
avant d'ouvrir son propre atelier en 1898, se spécialisa dans l'émail sur
argent. La dilatation du métal et ses réactions avec les agents colorants ont
rendu cette technique difficile. Mais il a permis à Feuillâtre d’obtenir les
tons flous, laiteux et nacrés qui caractérisent son travail. L'utilisation des
couleurs par Feuillâtre illustre sa capacité à choisir les matériaux
correspondant à l'effet recherché. Il est l’un des artisans dont le talent a
fait de l’émail artistique une véritable apothéose vers 1900.
Une date sûre pour ces bracelets, 1900, d'après le livre trois, de Vever qui cite aussi :
"Un
chapitre spécial serait à consacrer à des émailleurs tels que : Grandhomme
(1852) et Garnier, de Courcy, Corplet, dont la maison remonte à 1820 ; Thesmar,
Charles Jean, Chariot, Soyer, L. Houillon, technicien parfait, et Tourrette qui
fut son élève ; Riquet, Eugène Feuillâtre (1870), qui a composé et exécuté des
pièces émaillées importantes et de fort jolis bijoux très admirés aux salons annuels"
Bracelet "Chardon" datant de 1900
Sotheby's a vendu ce Bracelet Plique-à-Jour de Feuillâtre «Thistle» en émail, opale, diamants et or - Un exceptionnel bracelet Art Nouveau français en or 18 carats avec opales blanches et diamants signé Eugene Feuillâtre. Le bracelet comprend 4 opales ovales blancs cabochon et 4 plaques en émail plique-à-jour. Vers 1905
La même maison Sotheby's a vendu cet autre bracelet "Chardons" en or, opale, diamants, émail et émail plique-à-Jour, Eugène Feuillâtre
Composé de quatre maillons en forme de cerf-volant, chacun représentant une fleur de chardon stylisée ornée d'un opale surmonté d'un feuillage émaillé turquoise, les interstices en émail opalin de plique-à-jour , les montures environnantes serties de diamants taille unique, signé Feuillâtre, portant l'inscription «15 août 1918», estampillé deux fois de la marque du fabricant EF; vers 1905. Avec boite d'origine.
PROVENANCE
Importantes œuvres d'art et de bijoux de la collection de Lillian Nassau, Ltd., Sotheby's, New York, 5 juin 1996, lot 22.
Je rappelle qu' Eugène Feuillatre est mort en 1916, ce qui n empêche pas de graver 1918 pour une occasion, sur un modèle réalisé pour l exposition Universelle de Paris en 1900
Le poinçon de maître est insculpé frappé deux fois sur le corps et une fois sur le couvercle: " EF "dans un losange pour Eugène Feuillatre, frappé deux fois avec le poinçon français, la base et le couvercle sont tous deux frappés 3 sur un coin. (vente de Christie's)
Pendentif "Ophelia " en émail, diamants et pierre de lune
Le motif principal en forme de cloche, représentant le visage de l’Ophélie noyé dans une pierre de
lune sculptée, flottant parmi les typhacées en émail ocre et les nénuphars en
vert pâle et jaune, en plique -à-jour couleur d 'eau bleue ses cheveux dorés en spirale,
ornés de deux fleurs en émail rouge et vert, adossées à un ciel en émail
plique-à-jour gris bleuté mat, avec un croissant de lune en diamant taille
rose, des étoiles et une guirlande de fleurs émaillées, le revers en or
finement ciselé de conception similaire, monté en or 18 carats vers 1900, Poinçons d'état français Avec marque du bijoutier pour
Eugène Feuillâtre (Vente de Christie's)
Collier or et émail représentant une femme en or ciselé entourée de fleurs en émail vert. Ses cheveux et ses fleurs sont chassés au revers avec sa chaîne en or originale réalisé avec son ami Joe Descomps (1872-1948) , Eugene Feuillatre ayant réalisé l 'émail
<http://robertzehilgallery.com/galerie/art-nouveau/antiques-eugene-feuillatre-joe-descomps-jewelry-1900/>
Christie's a revendu cette bague en or avec au centre une opale doublet
ovale, entre deux papillons stylisés, ailes en émail vert et bleu et corps
et yeux en diamant, vers 1900, elle est Signée Feuillâtre.
La plupart des pièces de Feuillatre étaient signées ainsi , en plus de son poinçon de Maitre
Dessin d une pièce de centre de table avec motifs marin 30 cm x 30,5 cm,signé E. Feuillâtre
Pendentif Art Nouveau de forme ovale figurant un papyrus , vers 1900 Support émail diamants et or :4,5 cm. en vente chez Arnet http://www.artnet.fr
Signature de Feuillatre
Maison Dekker
Un pendentif en or 750/1000°carats émaillé avec une grande poire opale et de petits diamants sertis
dans le centre des feuilles d'Eucalyptus l'eucalyptus. Signé E.
FEUILLÂTRE Taille: 6,5 x 5,0 cm
Photo (C) RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / image RMN-GP
1901 Bonbonnière
cerise conservée au Musée d'Orsay , elle est en or, ajourée, ciselée, émaillée cloisonnée
inscription dans l'écrin : E. FEUILLATRE / 3; Rue Villedo. 3/ PARIS.
https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/catalogue-des-oeuvres/notice.html?no_cache=1&nnumid=007399&cHash=10811fae0e
https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/catalogue-des-oeuvres/notice.html?no_cache=1&nnumid=007399&cHash=10811fae0e
Dans la revue "Art et Décoration" de 1908, j ai trouvé cette autre Bonbonnière d'Eugène, sans explications...., espérons la voir un jour en couleurs
Conclusion de l article de "la Lanterne "en 1901
"A lui seul, il vaut qu'on visite cette exposition"
Cette coupe, ainsi que la coupe "La Nuit" a été achetée par le Musée du Luxembourg en 1901(ci-dessous)
Bel objet utile en 1900, un étui à crayon de forme allongée, en or émaillé bleu lavande sur fond guilloché et cerné de lignes blanches. Travail français, poinçon de maître d’Eugène Feuillâtre. Dim. 7,4 x 1,2 cm. Poids brut : 15,85 gr. Revendu par la maison Tajan
Vase Cygnes dans la revue de Bijouterie Joaillerie
Une très belle boite revendu par l 'étude Delon Hoebanx : http://www.delon-hoebanx.com
Boîte à pilules de
forme octogonale en argent émaillé sur le couvercle et les côtés d'un décor
alterné de bandes brun pâle translucide sur fond guilloché et de bandes noires.
Le centre est orné d'un médaillon figurant un cupidon. Début XXe siècle. Poinçon
hure de sanglier. Diamètre: 4,9 cm -
Poids brut: 258 g.
La même maison a revendu aussi cette très belle boite
Boîte ronde en argent et vermeil émaillée sur le couvercle d'un décor de feuillage sur un fond translucide vert. Les côtés alternés de bandes et points, le dessous d'un décor finement guilloché. Poinçon hure de sanglier et poinçon de l'orfèvre Eugène FEUILLATRE. L'orfèvre est répété en toutes lettres sur le bord intérieur. Diam.: 6,5 cm Poids brut: 102,8 g.
Dans ce livre de 1901 "La décoration et les industries d'art à l'exposition universelle de 1900 " écrit par Roger Marx il y a cette photographie de ce flacon de parfum
Quel plaisir de le retrouver de nos jours avec ses couleurs. Je trouve que ce flacon à parfum est une oeuvre magistrale, la maison Christie's l'a revendu, c'est une pièce rare en argent émaillé, 21 cm de haut poinçon de maître de Feuillatre et marque Feuillatre.
1901 A l époque , il était loin de faire l'unanimité des critiques.
1901
Revue des Arts décoratifs Victor Champier
disait : "Les émaux translucides, cloisonnés or, de M. Eugène Feuillatre,
sont d'une tonalité un peu aigre, mais les formes plaident pour l'artiste qui
aura raison un jour de la crudité de ses couleurs. "
L' étude de Pierre Bergé a vendu cette bague en or 18K (750/1000°), ornée d'une opale cabochon fusiforme épaulée par deux femmes chauve-souris, les ailes émaillées plique-à-jour. Non signée. Travail du début du XXe siècle.Poids brut: 11,1 g
La bague est à rapprocher d'un modèle similaire présenté par Alastair Duncan, The Paris salons 1895-1914, Jewellery, vol. I, p. 238.
1900:en aout la mode et le bijoux dans la "REVUE ÉLÉGANTE ET PRATIQUE"
Dans la classe de l'orfèvrerie, M. Feuillatre expose une très complète collection d'objets divers émaillés sur argent.
Il faut savoir gré et tenir compte à cet artisan des efforts qu'il a dû faire pour arriver à produire tous les objets contenus dans ses vitrines. Parmi ces objets, il en est des plus intéressants tant au point de vue de la forme que de la coloration, surtout, pour qui sait combien il est matériellement difficile de décorer des objets en argent et de les recouvrir d'émaux malgré la forte dilatation du métal et les vapeurs de sulfure qui, parfois, s'en dégagent pendant la cuisson et en compromettent la réussite. Il y a un vrai mérite à persévérer dans cette voie.
Je constate aussi, et avec un véritable plaisir, que M. Feuillatre cherche constamment à donner à ses travaux un véritable caractère artistique. Peut-être, reprochera-t-on à son oeuvre d'être froide en sa coloration, mais, il ne faut pas oublier qu'il est à peu-près impossible d'obtenir des tons chauds sur l'argent.
L'on rencontre, également dans cette classe de l'orfèvrerie, une petite vitrine qui attire et retient l'attention des connaisseurs. Elle ne renferme que quelques objets, qui font regretter leur petit nombre.
C'est, d'abord, un tableau d'émail Cloisonné d'or fin intitulé : première parure. Le travail manuel et très poussé du Cloisonner et celui de l'émailleur sont d'une grande perfection, surtout si l'on considère la dimension de la plaque d'émail. Il est seulement regrettable que la coloration d'un sujet aussi jeune manque un peu de fraîcheur, la tonalité générale est grise à force d'être neutralisée.
Par exemple, je loue sans réserves les autres objets. Le précieux et le fini règnent en maîtres et conviennent bien, du reste à la nature des objets exposés. C'est l'art de l'émailleur dans toutes ses délicatesses, dans toute sa beauté et l'auteur M. Tourrette s'en est fait depuis longtemps déjà, une spécialité.
On peut voir également dans les vitrines de MM. Boucheron Falize, Aucoc, Veéver, des bijoux décorés par M. Tourrette, et d'émaux d'une exécution irréprochable. Entre autres, la magnifique couverture du livre « Les quatre fils Aymon », exposé par la maison Vever.
Ce travail constitue un des plus beaux spécimens de l'émail à cloisons d'or fin et possède une grande valeur artistique.
© RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / René-Gabriel Ojéda
Vase
à décor de paysage lacustre
"Emaux cloisonnés et émaux peints ornent le Vase à décor de paysage lacustre, exécuté vers
1901. Sa forme très simple, évasée à la base et qui rétrécie doucement en
allant vers l'embouchure, est propice au miroitement des émaux sur la panse.
L'eau turquoise s'illumine sous la lumière argentée de la lune. Le ciel de nuit
claire à l'horizon jaune pâle est bordé d'arbres bleu sombre. Ce décor suggère
"la poésie crépusculaire d'un lac troublé à peine par la présence des
cygnes blancs" selon la description d'un petit vase de même motif exposé
en 1901.
Il est vrai que les paysages aquatiques ne peuvent que
tenter un émailleur. Les reflets et les transparences sont pour lui un défi
autant qu'une inspiration. Le thème de l'eau se retrouve d'ailleurs dans
d'autres oeuvres de Feuillâtre. Parmi celles-ci, un vase Ophélie présenté à l'Exposition universelle de 1900
repose déjà sur des pieds en forme de nénuphars."
L'emploi par Feuillâtre de l'argent pour les teintes
froides de l'eau illustre sa capacité à choisir un matériau selon l'effet
recherché. Il fait partie de ces hommes dont le talent a permis une véritable
apothéose de l'émail artistique vers 1900. (texte RMN)
1902 dans la revue "L'art pour tous"
Art et décoration 1902-07:
"Ceux que M. Feuillatre présente soutiennent sa réputation; c'est une belle coupe d'émaux translucides, creuse et profonde, avec de jolis jeux de transparences violettes, et des coupes, des bonbonnières. les pendentifs où courent les émaux des papillons. Sur une même bonbonnière, tout un vol de chauves souris bleues se heurte et se précipite . Les orfèvreries de M. Feuillàtre encadrent des médaillons entre des ailettes d'émaux translucides, et forment des objets intéressants, mais dont la grâce des émaux sera toujours, beaucoup plus que la sculpture, le délicat attrait, et ceci s'appliquerait il cette jolie coupe où un masque féminin est entouré de tout cet essor vibratile d'ailes brillâmes et claires.
La décoration de M. Feuillàtre repose sur des bases excellentes, et personne ne contestera le bien fondé et non plus ne l'accusera de n'en point tirer un excellent parti. Pourtant on pourrait désirer dans cet art techniquement si bien établi, une plus grande variété d'intentions, de sujets, ou pour mieux dire, de motifs. M. Feuillàtre est en trop belle voie de réalisation pratique pour négliger cet autre aspect essentiel de l'oeuvre d'art, la variété dans la composition, et il est trop ingénieux trouveur de détails pour ne point se renouveler fréquemment."
Eugène
FEUILLATRE Pendentif "
Ibis " en or ciselé et émaux en plique à jour à décor de roseaux et fleurs de lotus
ornementé de pierres de couleurs, rubis et citrine. Poids brut : 22,92
g. Signé du poinçon
de maître EF sous l'épingle. Haut. 7,5 cm : Vendu pa la maison Artcurial: https://www.artcurial.com/
1902 Revue de la Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie
Christie's nous décrit ainsi cette épingle :
Conçue comme une
orchidée en émail violet et orange avec un pistil de diamant taille rose, sur
un fond en émail plique-à-jour vert, montée en or 750/1000°, émail, intacte, émail plique-à-jour, intact, diamants, vif et
vivant, vers 1900, avec poinçons d'état français
Avec le poinçon de Maître d'Eugène Feuillâtre
En 1902 une broche intéressante de Feuillâtre dans "Art et décoration" ce sont des émaux et des Opales, cette forme rectangle de broche était dans l air de l époque.
1902 Aussi , ce Baguier en émaux translucides, car en français un Baguier désigne aussi une coupe ou un petit meuble pour ranger les bagues et bijoux.
Gorki antiquaire Une
paire d’épingles à chapeau en or, la tige en métal, émail plique à jour.
Signées E.
FEUILLATRE Poids 10g Vers 1900 Dans son écrin
d’origine EUGÈNE FEUILLÂTRE
Un bon antiquaire en Joaillerie: http://www.gorkyantiq.fr/
Sur les épingles à chapeau la marque de Feuillatre
Mais qu'entend t on, par émail plique à jour:
Actuellement, l'émail en plique-à-jour n'est toujours pas très utilisé car il est complexe techniquement et surtout à cause de la rupture de transmission de la technique entre les générations d'orfèvres. Pourtant, certaines maisons de luxe (Tiffany & Co. pour l'orfèvrerie, Bulushoff pour l'orfèvrerie et la vaisselle) produisent en nombre limité des objets en plique-à-jour. Des œuvres utilisant la technique du shotai shippo sont également connues en provenance de Chine et d'Iran.
En 1926 Feuillatre avait une vitrine au Musée des Arts décoratifs à Paris
1902 revue de la Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie
Octobre 1902 Revue BJO sur l exposition internationale de Turin
Une coupe Art Nouveau en argent et émail plique-à jour réalisée par Eugène Feuillatre vers 1900. Cette coupe exceptionnelle présente des motifs floraux délicats et stylisés sur les parties supérieure et inférieure. Des feuilles vertes entourent la base de la pièce et la tige nerveuse de la petite tasse semble sortir du feuillage ci-dessous, et une gerbe de fleurs roses fleurit au sommet de la coupe. Feuillatre complèta les motifs organiques profondément enracinés de sa coupe,en ornant la pièce de petits boutons en émail vert sur le haut et le bas de la tige. Cette coupe est particulièrement remarquable car elle est presque entièrement réalisée en émail plique-a-jour. Provenance: la collection de Joseph R. Ritman Une coupe d'ornement presque identique se trouve au musée d'Orsay à Paris Elle est en vente chez 1stdibs: https://www.1stdibs.com/
1902: une revue écrivait : "M.
Feuillàtre est en réel progrès. Les quelques objets — vases, coupes, etc. —
recouverts d'émaux sur argent ou à jour sont d'une parfaite réussite et d'une
tonalité harmonieuse, les émaux bien dégradés. Il nous semble que cet émailleur
a fait faire un véritable progrès à son art. Je citerai particulièrement un
vase de belle forme, décoré de feuilles et fleurs de sycomore, dont les
contours cloisonnés d'or se détachent de façon heureuse sur un fond bleu paon,
ainsi qu'une coupe entièrement émaillée à jour. Cette dernière pièce constitue
un très beau spécimen de ce genre."
Revue BJO 1902
Parmi les nombreuses pièces d'émail translucide contenues dans la vitrine de M. Feuillâtre, il en est qui présentèrent évidemment de grandes difficultés, entre autres cette coupe-veilleuse Chrysanthèmes, dont le retour du haut a dû être fort embarrassant à maintenir dans sa forme ; l'émail en est très pur, la monture très heureuse.
D'une ingénieuse disposition, la coupe où une tête émaillée, d'un ton blanc laiteux, est coiffée d'ailes de papillons. Par exemple, les proportions de la figure centrale ne me paraissent pas observées complètement, et cela nuit, me semble-t-il, à l'effet décoratif; j'ajoute que l'ensemble de la tonalité manque peut-être d'un peu de lumière.
Je ferai la même observation pour une vasque décorée de feuillages et d'anémones. Les tons, quoique d'une douceur voulue, ne s'opposent pas suffisamment à mon gré, et les parties ajourées ne laissent pas la lumière traverser assez largement les émaux. Cela laisse planer comme une sorte de monotonie sur l'ensemble du décor.
A signaler particulièrement une plaque de collier: des feuillages émaillés à jour forment le fond, sur lequel se détache un papillon traité en émaux sur paillons ; ce travail est très intéressant. Les tons vibrants du papillon se détachent bien et ressortent du ton doux et calme des feuillages.
Aussi un drageoir Azalées, émail sur argent, d'une harmonie reposante et distinguée; quelques bijoux d'un goût discret et sûr; une petite pendule Capucines, d'un dessin très intéressant ; une ravissante bonbonnière, couleur clair de lune, avec semis de chauves-souris.
Toutes ces oeuvres, de formes simples et de colorations agréables, témoignent de beaucoup de recherche dans l'application de l'art de l'émail.
Je n'ai pas à donner à M. Feuillâtre des éloges qui pourraient paraître un encouragement ; il est un artiste si parfaitement complet, que l'on peut attendre avec confiance les nouvelles révélations que nous réservent ses futurs travaux. Qu'il me soit permis, après
beaucoup d'autres, de manifester mon étonnement de ne pas avoir vu le nom de M. Feuillâtre figurer sur la liste des artistes récompensés cette année. Sa très intéressante et très importante exposition méritait mieux que l'indifférence du jury, volontaire, m'a-t-on dit, pour les artistes qui paient patente, quel que soit leur mérite.
Cette pendule a été revendue par la maison Skinner de Boston USA
Quel enchantement de pouvoir en retrouver toutes les couleurs!
Horloge de table en
émail Art Nouveau Plique-a-Jour, Eugene Feuillatre,France, cadran en émail
jaune avec indicateurs de chiffres arabes verts et deux papillons dans un
boîtier en forme de doré à l'argent orné de motifs floraux et foliés en émail
plique-a-jour fleurs et feuillages conformes, mouvement laiton à vent, signé et
numéroté Lépine, 28957, ht. 6 1/2 in., Cachet de la marque du fabricant
français et cachets de garantie, signé, dans son écrin d'origine.
Mais depuis que j ai publié cet article, j ai reçu de la maison Wartski de Londres , deux photos et une lettre dans laquelle une phrase concerne cette pendule
"Nous possedons aussi en ce moment la pendule qui avait ete vendue chez Skinner, et avait ete exposee au Salon de 1902. Elle a ete nettoyée et les couleurs sont vraiment resplendissantes."
Mais depuis que j ai publié cet article, j ai reçu de la maison Wartski de Londres , deux photos et une lettre dans laquelle une phrase concerne cette pendule
"Nous possedons aussi en ce moment la pendule qui avait ete vendue chez Skinner, et avait ete exposee au Salon de 1902. Elle a ete nettoyée et les couleurs sont vraiment resplendissantes."
Vous pourrez voir plus loin dans l article une autre photo d' un bijou de Feuillâtre avec plus de détails sur cet envoi
L'Exposition de la
Miniature et des Arts précieux
"L'artiste s'est
constitué une palette très complète et très érudite qui tient compte des
aptitudes du métal, et des réactions de l'émail au contact de l'or, de
l'argent, du platine, du cuivre, etc., et cette palette lui permet de raisonner
très nettement les hypothèses colorées de sa maquette. Son goût est sans
timidité.
C'est un des
artistes les plus intéressants du mouvement d'art ornemental, et ses vitrines
offrent une joie aux yeux.
Il y a chez M.
Feuillàtre, une recherche de rendre ce qu'il y a dans la nature de plus diapré,
et une préoccupation dans toute son
oeuvre du papillon et des nacres, qui donne un curieux rapprochement avec la "Femme couchée," statuette en cire teintée.
Intentions d'art du
grand coloriste Chéret. Les recherches de teintes frêles contrastées
avec des couleurs
profondes lui permettent de donner à la joliesse et à la délicatesse de ton
d'une fleur le contraste d'un entour aussi sévère que le peut permettre le
sentiment décoratif de l'émail, qui doit surtout donner léger et aimable. Mais
ces formes et ces tons gracieux, M. Feuillàtre aime les obtenir de fleurs au
développement à larges plans, comme le pavot. Le chardon aussi l'a requis par
sa dentelure amusante. Parmi les modèles empruntés au règne animal nous verrons
très souvent donnés, dans l'oeuvre de M. Feuillàtre, outre des papillons, des
cygnes dont il aime promener l'allure hiératique dans les transparences de
l'émail, et parmi les paysages schématiques qu'encadrent et dessinent des fils
d'or conduits avec une ferme souplesse. Le paon lui a fourni d'heureux motifs
de décoration, soit qu'il traduise le paon blanc, soit qu'il s'attaque aux plus
parés et aux plus polychromes de ces beaux oiseaux. Les bigarrures du papillon,
il se plaît à les utiliser sur de menus objets, vases légers, petites
bonbonnières; il aime aussi constituer de l'emploi de leur vol l'ornement de
bijoux où l'émail lutte ou voisine avec la pierrerie, et c'est un beau mariage
de transparences lumineuses que celui de l'opale et de son coeur de feu, avec
les colorations plus calmes et plus unies des émaux, qui sont
là, comme l'orchestration de la
pierre précieuse, orchestration d'une mélodie contenue par
le dessin de M. Feuillàtre en une ligne très f e r m e . "
1903 Drageoir acquis par l'état actuellement au Musée d'Orsay
1904 La coupe drageoir est dans la revue de la Bijouterie Joaillerie
1904 dans "Art et decoration"
M. Feuillâtre use de matières et de méthodes diverses; mais une chose semble lui être spéciale, pourtant, des pièces d'orfèvrerie d'argent. Mais, à côté de ses pièces d'argent,
Feuillâtre nous montre des bijoux, certains certains réussis. Un drageoir nous retient,
une armature d 'argent formée par les corps de libellules aux ailes d'émail , enserre un vase de cristal soufflé et débordant en relief.
Ce cliché photographique représente une vitrine et la RMN (Réunion des musée nationaux) l attribue à juste titre à André Feuillatre sans autre explication, ce doit être pourtant la vitrine d'Eugène Feuillatre à l'exposition Universelle de 1900, ce qui nous permet de voir les rapports de taille des bijoux et objets, la plupart des oeuvres de cette vitrine sont dans mon article.
1903 dans la revue Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie
La maison d'enchères "Pestel de Bord" a revendu cette très belle boite d' Eugène Feuillatre: Boîte circulaire en
argent recouverte d’émail rouge, vert et blanc à décor de branches de gui.
L’intérieur recouvert d’émail vert et orné d’un fleuron doré. Signée E.
Feuillâtre. Diamètre : 77 mm. Poids brut : 166,1 g
1903 dans la revue Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie
1903 dans la revue Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie
1903 revue BJO
M. Feuillâtre a
envoyé, lui aussi, une série importante de belles oeuvres à l'exposition de la
galerie Georges Petit.
Il fait partie de
cette pléiade d'artistes qui ont remis, de nos jours, l'émail en honneur, en
lui donnant des aspects nouveaux, en lui insufflant un caractère artistique
d'enchanteresse séduction, en l'assouplissant à nos idées, à nos goûts, à nos
aspirations. Ainsi firent, au point de vue des belles-lettres françaises
inspirées du grec et du latin, les poètes qui composèrent la célèbre pléiade
brillant au ciel poétique de la Renaissance.
Il est certain
qu'après une éclipse plus ou moins caractérisée, l'émail a reconquis,
aujourd'hui, une faveur qui s'en va sans cesse grandissant. Il est loin, par
exemple, de présenter le caractère sévère et religieux que lui imposait
l'ambiance du Moyen-Age ; il a déposé de même la sorte de rudesse chatoyante
qui le domina jusqu'à la fin du XVIIe siècle et qui fut, en partie, cause de
l'oubli dans lequel il végéta pendant tout ce brillant XVIIIe siècle, où l'on
aimait ce qui flattait l'oeil, ce qui était léger, gracieux, pompadourisé. On
peignait sur l'émail blanc les plus séduisantes marquises, aux teints clairs et
roses, aux cheveux poudrés à frimas, mais on se préoccupait fort peu d'unir les
émaux aux bijoux ; les diamants, de préférence même à toutes les autres pierres
précieuses, avaient seule qualité pour exercer une séduction sur cette société frivole, qui
voulait bien être éblouie, mais ne prenait pas la peine de regarder.
Je veux imaginer,
pourtant, que plus d'une duchesse à talons rouges eût aimé à contempler son
image riante et ses mouches dans l'un de ces charmants miroirs si
délicieusement émaillés par M. Feuillâtre, et qui sont la joie de nos coquettes
contemporaines. Comment louerai-je ces pendentifs, d'un charme si pénétrant,
dont on va retrouver la reproduction, reproduction impuissante, hélas ! à faire
admirer les effets de couleur, leur harmonie savoureuse, comme le mériteraient
de telles oeuvres d'art. Mais il faut bien, en attendant que la photographie
soit parvenue à fixer les multiples colorations du prisme avec leurs nuances,
nous contenter de ce que nous avons. De même, tant que nous ne connaîtrons pas
la langue étrangère dans laquelle est écrit le livre que nous voudrions lire,
faut-il nous contenter de la traduction. Elle est traîtresse au même titre que
la reproduction, c'est entendu, seulement n'avons
pas d'autres ressources, pour nous donner des apparences de satisfaction,
jusqu'au jour où la science aura fait de nouvelles découvertes, où nous-même
aurons pris la peine de plus complètement nous instruire.
Donc, qu'un peu
d'imagination supplée à notre faiblesse vienne en aide à
notre regard, et admirons, comme ils méritent de l'être, ces deux pendentifs,
d'un art achevé, dont l'un représente un sous-bois à
l'heure où le soleil se couche, inondant des rayons la plaine et la forêt.
Vraiment, ce pendentif en or, diamants, perles et émaux, est une merveille.
L'autre pendentif,
or et émaux cloisonnés, le cède-t-il au précédent? qui oserait se prononcer?
qui voudrait se montrer juge assez sévère pour mettre au second plan ces cygnes
voguant majestueux sur un étang paisible, dont un frais gazon verdoyant encadre
les bords ?
Traiter l'émail avec
une telle maîtrise est presque une révélation. Il faut nous en réjouir en bons
Français ; c'est un art national par excellence, car, au demeurant, s'il n'est
pas tout à fait certain que nos aïeux les Gaulois en soient les pères, il n'en
est pas moins vrai que, les premiers, ils l'ont révélé dans les pays
d'Occident. Et si les Chinois pratiquaient les émaux avant eux, cela se perd si
loin dans la nuit des temps, qu'on a presque le droit d'en conserver l'honneur
aux fils de la vieille Gaule.
1903 Vase en argent"Pavots
1903 Vase argent Tulipes
M.
Feuillàtre est en réel progrès. Les quelques objets — vases, coupes, etc. —
recouverts d'émaux sur argent ou à jour sont d'une parfaite réussite et d'une
tonalité harmonieuse, les émaux bien dégradés. Il nous semble que cet émailleur
a fait faire un véritable progrès à son art. Je citerai particulièrement un
vase de belle forme, décoré de feuilles et fleurs de sycomore, dont les
contours cloisonnés d'or se détachent de façon heureuse sur un fond bleu paon,
ainsi qu'une coupe entièrement émaillée à jour. Cette dernière pièce constitue
un très beau spécimen de ce genre.
Salon de 1904
Il y a peu de
bijoux, et seuls ceux de M. Feuillâtre présentent quelque intérêt : en
particulier, un sautoir en or garni de médailles monnaie du Pape, en émail
translucide, d'une belle simplicité. Je citerai aussi un serpent formant bague
dont le corps est tacheté de parties champlevées avec paillons et émaux; un
peigne, en écaille découpée, orné d'un vol d'hirondelles ; une fleur de pétunia
stylisée dont le centre est occupé par une tête sculptée dans l'ivoire, formant
pendentif; et un vase en argent sur lequel l'émail dessina l'azur multicolore d'un
papillon déployé.
1904: Dans le journal, "Le Rappel'
1904: Dans le journal, "Le Rappel"
1904
En 1904 dans la Revue de la Bijouterie Joaillerie Orfevrerie, les médailles d'Eugène et la mort d'émile Gallé
1904 Revue de la Bijouterie Joaillerie
1904 Revue de la Bijouterie Joaillerie
J avais trouvé ce dessin du pendentif de Feuillatre et je pensais que le bijou n'existait plus
Et puis Katherine Purcell de l excellente maison Warski à Londres a lu mon article et m'a envoyé la photographie de cette broche
Wartski,
60 St. James’s Street,London http://www.wartski.com/
La revue de la bijouterie Joaillerie Orfevrerie en aout 1904 ecrivit
"Voici non loin la vitrine de M. Feuillâtre, et je me dirige vers elle avec un grand plaisir. J'aime beaucoup les émaux de M. Feuillâtre; il n'est pas à mon avis simplement un maître émailleur comme Tourrette, par exemple, dont le talent est incontestable ; il y a chez Feuillâtre autre chose que de l'habileté, son âme d'artiste crée, son imagination rayonne dans les moindres oeuvres et si quelques critiques s'exercent à propos de légers détails, l'impression s'efface vite devant un ensemble plein de poésie et de grâce harmonieuse et légère.
L'État a fait l'acquisition de cette délicieuse coupe libellule, argent, émail et cristal dont on trouvera plus loin la reproduction. Sa coupe en argent, serpents et émail ne le cède guère à la précédente, et son pendentif mouette or et argent, émail rose et opales, est bien une ravissante parure ; son peigne fleurs est, lui aussi, une véritable tentation. En somme, l'exposition entière de cet artiste mérite vraiment tous les suffrages, et je ne suis pas assurément le seul à m'étonner qu'il n'ait obtenu qu'une troisième médaille. Le jury a mis sans doute une certaine coquetterie à lui faire attendre le H. C, afin de l'obliger à exposer l'an prochain une vitrine encore plus charmante."
1904 Revue de la Bijouterie Joaillerie
1904 Revue de la Bijouterie Joaillerie
1905 journal le Rappel
L'Exposition de la Miniature et des Arts précieux
Les arts précieux, c'est-à-dire, ceux qui tiennent compte de la beauté intrinsèque de la matière, et qui présentent des bijoux, des bibelots rares ou de curieuses orfèvreries ont belle part à cette exposition; M. Feuillàtre y montre une excellente vitrine : c'est un vase où un coquelicot éclate sur un fond d'argent doré en belle tache rouge; des bagues d'une heureuse disposition comme celle où des papillons d'émail translucide, soutiennent de la pointe des ailes et de la tète, une opale; des
colliers; un flacon d'argent où s'épanouit la queue d'un paon blanc, le corps formant le bouchon et les pennes s'enroulant autour du corps du vase; une large broche où un papillon offre un luxe alterné d'opales et d'émaux translucides
La technique de M. Feuillàtre est curieuse et variée. Pour des pièces comme son vase au coquelicot, dont les anses sont faites de deux baguettes courbes terminées par des tètes de coq très sculpturales et animées qu'il incline sur l'orifice du vase, il placera sur un premier support métallique, un fondant qui empêchera l'oxydation de l'air; le dessin de la maquette est ensuite transporté au décalque; les cloisonnés sont posés au moyen de fils d'or, maniés à la précelle (sorte de pince spéciale). L'artiste est muni de deux précelles; avec l'une il assouplit le fil d'or et l'accorde au contour voulu par la maquette; avec l'autre, il a maintenu le fil d'or, et le contour obtenu, coupe le fil. Il n'y a plus qu'à combler les cellules délimitées par le fil d'or, par de l'émail liquide, passé au pinceau, puis, cette opération terminée, faire cuire, la pièce posée bien à plat; sept, huit, dix cuissons, parfois davantage, sont nécessaires pour les petites pièces, et les grosses pièces peuvent en exiger jusqu'à trente, avant le polissage terminal.
La cuisson des émaux offre certains caractères particuliers et c'est surtout, plutôt qu'une cuisson, un passage au feu. Les frêles pièces d'orfèvrerie qu'on présente à l'action de la chaleur ne pourraient supporter une véritable cuisson, et le frêle papillon de métal et d'émail, sortirait d'une cuisson prolongée réduit à l'état de lingot, aussi ne le présente-t-on au feu que quelques minutes de suite.
Les fours de l'émailleur sont de mesures différentes selon la dimension des pièces à créer; le plus grand des fours de M. Feuillàtre, celui qui a servi à la fabrication du grand vase qu'on a pu voir chez Louchet, a 2 mètres de hauteur, les plus petits ont 0m6o de hauteur. En plus de cette différence de format, les fours de l'émailleur ont cette particularité qu'on peut en modifier la porte. Ces fours de briques sont fermés par des portes de même matière dont l'émailleur doit avoir un choix de tailles
diverses; on adapte ces portes plus ou moins grandes au même four en rétrécissant parfois la porte par l'adjonction de briques cimentées, pour la durée des opérations qu'on a à terminer. La cuisson de l'émail est opérée avec deux feux très-vifs, entre lesquels, il est présenté au bout de la pince sur une coupelle plate. Le feu au dessous de l'émail est installé sur un moufle demi-circulaire; au-dessus un autre moufle supporte un autre chargement
Ce feu violent, doit être cependant réglé et c'est une façon particulière de réglage que ces brusques présentations de l'objet sur la coupelle suivies d'un certain temps de refroidissement, qu'on ne saurait évaluer fixement, et dont le sentiment technique de l'artiste est le seul juge.
Pour obtenir une pièce en émaux translucides, on se sert soit d'un planet, plaque de métal uni, ou, si les contours de la pièce l'exigent, d'une plaque de métal qui épouse complètement la forme de l'objet à réaliser. Les places de l'émail sont ménagées dans la plaque métallique, par un découpage à la scie. On remplit ces cellules évidées d'émail incolore, puis, là-dessus, on disposera généralement une couche d'émaux dé couleurs préparés et concasses dans un mortier d'agate; sur cette couche d'émail fondu on repassera au pinceau de l'émail liquide. Pour obtenir des différences de transparence, et des contrastes entre des émaux clairs et des émaux foncés, on intercalera, entre la couche d'émail incolore et les émaux colorés, des brins de paillon argenté ou doré; la luminosité des émaux au-dessus de ces paillons sera diminuée quelque peu. Pour de menus objets traités à la manière des vitraux, le fond rectiligne traité en plaçant à l'aide de la précelle dans des fils d'or, des émaux concassés et adaptés à la mesure nécessaire une figure peinte au pinceau, est généralement appliquée sur ces fonds décoratifs. Par ces moyens divers, M. Feuillàtre obtient des oeuvres caractéristiques, variées, et du plus bel
aspect. Ornemaniste de premier ordre et exécutant lui-même tout son objet, émaux et orfèvrerie, il donne à ses oeuvres un aspect de richesse éclatante qu'il enclôt dans un style excellent. Rien de contourné dans ses créations, sauf quand son dessein d'orner une boîte, ou un vase, ou un baguier d'une Chimère qu'il s'est proposé d'écrire fantasque et tourmentée. En ses vases de métal émaillé, il fait obéir la matière à des intentions esthétiques ; il adopte le plus souvent l'argent pour des vases à décoration purement ornementale où quelque fleur doit être représentée sur un fond arbitraire, lorsque la gradation des colorations importe seule; mais par exemple, il choisira le cuivre, pour en donner la couleur comme fond à un paysage où les choses sont baignées de soleil couchant.
L'artiste s'est constitué une palette très complète et très érudite qui tient compte des aptitudes du métal, et des réactions de l'émail au contact de l'or, de l'argent, du platine, du cuivre, etc., et cette palette lui permet de raisonner très nettement les hypothèses colorées de sa maquette. Son goût est sans timidité.
C'est un des artistes les plus intéressants du mouvement d'art ornemental, et ses vitrines offrent une joie aux yeux.
Il y a chez M. Feuillàtre, une recherche de rendre ce qu'il y a dans la nature de plus diapré, et une préoccupation dans toute son oeuvre du papillon et des nacres, qui donne un curieux rapprochement avec la Femme couchée, statuette en cire teintée.
intentions d'art du grand coloriste Chéret. Les recherches de teintes frêles contrastées avec des couleurs profondes lui permettent de donner à la joliesse et à la délicatesse de ton d'une fleur le contraste d'un entour aussi sévère que le peut permettre le sentiment décoratif de l'émail, qui doit surtout donner léger et aimable. Mais ces formes et ces tons gracieux, M. Feuillàtre aime les obtenir de fleurs au développement à larges plans, comme le pavot. Le chardon aussi l'a requis par sa dentelure amusante. Parmi les modèles empruntés au règne animal nous verrons très souvent donnés, dans l'oeuvre de M. Feuillàtre, outre des papillons, des cygnes dont il aime promener l'allure hiératique dans les transparences de l'émail, et parmi les paysages schématiques qu'encadrent et dessinent des fils d'or conduits avec une ferme souplesse. Le paon lui a fourni d'heureux motifs de décoration, soit qu'il traduise le paon blanc, soit qu'il s'attaque aux plus parés et aux plus polychromes de ces beaux oiseaux. Les bigarrures du papillon, il se plaît à les utiliser sur de menus objets, vases légers, petites bonbonnières; il aime aussi constituer de l'emploi de leur vol l'ornement de bijoux où l'émail lutte ou voisine avec la pierrerie, et c'est un beau mariage de transparences lumineuses que celui de l'opale et de son coeur de feu, avec les colorations plus calmes et plus unies des émaux, qui sont là, comme l'orchestration d'une mélodie contenue par le dessin de M. Feuillàtre en une ligne très ferme.
1906 Journal le Rappel
L'Artiste Français Eugène Feuillâtre (1870-1916) était connu pour son travail qualifié dans les émaux, y compris la technique plique-à-jour vue dans cette broche en or et en émail, c. 1900. Parce qu'il n'y a pas de support métallique avec cette méthode de émaillage, la lumière peut passer par les cellules, ce qui fait de l'objet quelque chose de semblable à une fenêtre en verre Cette femme ailée est exposée au Charles Hosmer Muséum. https://buff.ly/2E4Tl1h
1908 à l exposition du Musée Galliéra
1908
1908 dans Art et décoration
1908 La France illustrée
1909 dans la revue Art et Industrie le fameux vase Serpents réalisé en 1904
En 1911 dans le journal Le Rappel une médaille de première classe
1911 le comité de la société des artistes Français
1912 Revue Septentrionale
Linda Horn
libellulle
Broche libellule Art
Nouveau de Linda Horn, attribuée à Eugène Feuillâtre, montée en trembleuse ses
ailes sont ornées d'émail Plique-à-Jour et bordées de diamants taille
rose. Sa tête présente des yeux en émail vert et un diamant. revendue par :
Macklowe gallery: http://www.macklowegallery.com
1913 dans la revue "Pan"
Achat par la Mairie de Paris d'une coupe "La Nuit"
La fameuse Coupe "La Nuit"
Bulletin officiel de la mairie de Paris, on peut relever les noms de Decorchemont ou de Jean Dunand. Cette coupe La Nuit a été sauvée par cet achat et se trouve au Musée D'Orsay
La coupe "La Nuit" est en argent et émail fabriquée en 1901
Thème de la Nuit, les chauves souris
La coupe vue de haut
Le 3 rue Villedo à Paris, domicile et atelier de Eugene Feuillâtre
16-10-1916 dans le journal "Le Rappel" le décés d'Eugène
En réponse à l une de ses descendantes, il a contracté une maladie sur le front pendant la guerre de 14-18 . Il a été ramené chez lui et y est décédé
Cette photo date de 1919, elle fut publiée dans le "Style Moderne"
Voici "le Calice" , une merveille de composition et de réalisation, en argent, vermeil, et soufflure Opale qui devait être plutôt des coquilles en verre soufflé,de 15,2 cm de haut elle était à "Galliéra "et se trouve désormais au Musée d'Orsay ,
En 1919; Emile Bayard signale cette coupe réalisée par Eugene feuillatre en 1901 dans un ouvrage "le style Moderne"
Ce plateau à bagues (pour déposer ses bijoux) est l'oeuvre d'Eugène Feuillâtre.
copyright Victoria et albert Muséum Londres
Voici ce plat de nos jours exposé au Victoria et Albert Muséum de Londres le musée signale:
"Eugène Feuillâtre (1870-1916), peut-être mieux connu pour ses bijoux, était un émailleur parisien distingué qui exposait fréquemment son travail au Salon de Paris. Commentant l'une de ses premières apparitions au Salon de Paris en 1898, le périodique Art et Décoration a indiqué qu'il travaillait déjà dans les techniques difficiles du plique-à-jour - une forme de cloisonné dans lequel le fond ou le sol est apposé temporairement en cours de travail et est retiré après le tir. Il a fallu une habileté considérable pour déployer cette technique, en relief, sur une surface aussi vaste que celle représentée dans ce plat.
Ici, l' émail de plique-à-jour est monté en argent sous la forme de trois branches qui émergent d'une base foliée. L'émail présente une bordure argentée qui représente une scène sous-marine avec des poissons."
Les remarques, compléments seront les bienvenus écrivez moi à richard.jeanjacques@gmail.com