jeudi 8 novembre 2012

DREICER : le meilleur des Joailliers américains, pourtant, il est oublié!




Hans Nadelhoffer a écrit a propos de cette maison américaine pratiquement oubliée de nos jours mais qui revit grâce aux ventes aux enchères et plus particulièrement celles de Christie’s ou Sotheby’s

« Dreicer, le plus redouté des rivaux de Cartier »*1

Aujourd'hui, ce nom n’est pas reconnu comme le sont ceux de Cartier ou Tiffany & Co.
Et pourtant à partir de la fin du XIXe siècle jusqu'aux années 1920, ils ont été considérés parmi les plus grands joailliers du monde. 
Jacob Dreicer et son épouse Gittel avaient immigré de Russie aux Etats unis en1866, Ils s'installent d'abord sur Lexington Avenue, leur atelier est en sous-sol, et Gittel travaille avec son mari car elle connait bien la taille et le polissage des pierres précieuses, Jacob s'occupe de la vente.
Deux ans après ils créent leur entreprise de bijoux au N° 1128 à Broadway.   

C'est l'immeuble avec les fenêtres vertes
Cliquer pour agrandir toutes les photos

Jacob Dreicer apportait le gout de l’Europe pour les pierres de couleurs et les perles, dans un pays ou on appréciait plus le diamant, et à ses débuts, pour les américains, les pierres de couleur c’était du verre coloré.
Rapidement il obtient une réputation de vendeur de très beaux bijoux d'une grande délicatesse.
Gittel Dreicer se rend à l'étranger chaque année pour acheter des pierres brutes.
Michael leur fils, qui est né en 1868, accompagne dès l'âge de dix-sept ans, sa mère lors de ses voyages, visitant les grandes maisons de pierres précieuses à Londres, Amsterdam et Paris.
En 1885, le fils de Jacob Dreicer, Michael, rentre dans l'entreprise et désormais la maison s’appelle J. Dreicer & Fils.

C'est aussi en 1885, qu'il achète le 292 Fifth Avenue, situé au cœur du quartier résidentiel à la mode de New York et le transforme en l'un des plus beaux édifices d'affaires sur l'avenue.

Magasin Dreicer juste derrière le cheval

En 1904, il achète le coin nord-ouest de la trente-neuvième Street et Fifth Avenue, dont une partie a été occupée par Black Starr & Frost. Quelques années plus tard, il acquiert la résidence Altman de la Cinquième Avenue et de la rue cinquantième à l'angle sud-ouest de cinquante-troisième rue et la Cinquième Avenue. La société est restée à 292 Fifth Avenue, jusqu'en 1906, quand ils ont déménagé à 560 Fifth Avenue. Ils ont gardé une succursale à l'Hôtel Blackstone à Chicago et une succursale d'hiver à Palm Beach.

Cliché bibliotheque de New York

Ce superbe bâtiment de marbre noir aux ornements de cuivre doré, au 560 de la 5 eme avenue à New York, incarna la dernière mode parmi les établissements de joaillerie.





C'est surtout l'intérieur du magasin qui retenait à l'époque l'attention des chroniqueurs, "Une caractéristique importante cependant, a été l'élimination des comptoirs et des vitrines du genre sans intérêt et monotone qu’on trouve habituellement dans les magasins", a commenté Rawson W. Haddon dans Le mensuel professionnel d'architecture.  "à l’intérieur commodes et tables louis XV, avec des vitrines posées sur des marbres pour maintenir les objets exposés, chaises et fauteuils sont du même style
C'était en 1906 et quelques temps après les confrères, dont Cartier, vinrent s'installer près de Dreicer.


Jusqu'au XVIII Eme siècle l'Europe se procurait tous ses diamants aux Indes, puis a partir de 1725 au Brésil. Mais en 1871 on découvrit les diamants à Kimberley en Afrique du Sud puis en 1886 dans la rivière Vaal. Au début 

L'exploitation se faisait à ciel ouvert mais avec les connaissances acquises récemment sur la formation du diamant et les nouvelles techniques pour exploiter les mines, on s'achemina vers l'exploitation souterraine et les filons de Kimberlite bleue


Vint l'exposition de Saint Louis en 1904, Dreicer & Son, représentait son correspondant Parisien A. Eknayan, un très grand diamantaire, qui exposait dans la section française des industries diverses. 
Ils présentèrent une collection extraordinaire jamais montrée par une maison parisienne de diamants de plus de soixante-dix couleurs et nuances.


Acte de fondation de la société Eknayan: 
Hans Nadelhoffer ecrivait à son sujet : " le grand pionnier parmi les diamantaires, aux environ de 1900 est Atamik Eknayan"1847.1925". Dans sa jeunesse, les marchands importants se trouvent au Bosphore, à Aden et au Caire, où ils reçoivent leurs marchandises d'inde et la vendent à Venise, francfort et Lithuanie. Les découvertes africaines, exposées à Paris a partir de 1867, démantèlent le réseau. Napoleon III ayant fait tous les efforts possibles pour établir Paris comme centre de l'industrie du diamant, en 1872 le jeune Arménien s'y installe. Il ouvre sa première taillerie boulevard de la Villette en 1893 ; il se déplace à Neuilly en 1901 ou se développent des tailles expérimentales, mais Eknayan est aussi influent à Paris qu'à New York, aussi bien comme marchand que comme lapidaire. C'est à lui que Cartier en 1909 achète le diamant aujourd'hui historique de 90,38 carats "Briolette" ainsi que le "diamant bleu "en forme de coeur de 30carats 82




Superbe saphir birman et diamant de Golconde monté en pendentif
Le saphir de forme coussin pèse 47,64 carats, au-dessous, d'un diamant en forme de poire pesant 26,98 carats vers 1910, dans étui en cuir monté d'origine par Dreicer & Co, 560 Fifth Avenue, New York
Par Dreicer & Co avec rapport non. 0301105 en date du 31 Janvier 2003 de la Gemlab Gübelin indiquant que le saphir est d'origine birmane, aucune indication de l'amélioration thermique Report no. 12500623 en date du 25 Mars 2003 de la Gemological Institute of America indiquant que le diamant est de couleur D, pureté VS1;  Report no. 0309062 en date du 30 Septembre 2003 de la Gemlab Gübelin indiquant que le diamant est de couleur D, pureté VS2 accompagné d'une note et l'annexe précisant que le diamant de 26,98 carats possède un style de taille ancienne qui se rencontre rarement dans le commerce des gemmes aujourd'hui. En outre, ce diamant est classé en type a (un type chimiquement très pur du diamant naturel). SUCCESSION DE ALICIA, COMTESSE PAOLOZZI

A cette époque, aux Etats Unis, il y avait une demande limitée pour les perles. Michael fera des études sur les perles et deviendra l'un des plus grands experts au monde. 

J. Dreicer & Son, premier nom de la société, sera un établissement de premier plan réputé pour la vente de perles. 


Ce bijou de Dreicer, fut revendu par les soins de la maison Bonham's en 2009. Bonham's joint à la vente de ce collier un certificat GIA qui précise que les 16 perles sont naturelles, perles d'eau salée non traitées, de 4,9 m/m à 9m/m2. Le poids total des diamants est de 22 carats 50. 
Le 26 juillet 1921 à seulement 53 ans, Michael Dreicer est décédé dans sa propriété de Deepdale à Great Neck, Long Island, il avait racheté cette propriété à William Vanderblit junior, le milliardaire.


Il n'a pas été facile de trouver des documents ou des photographies de bijoux de Dreicer, vous trouverez ci-dessous un petit florilège de ce que cette maison était capable de réaliser


Collier avec pendentif amovible, un rubis en forme de poire, pesant environ 9,41 carats, monté sur platine et d'or, vers 1905, Signé J. Dreicer & Son, rapport 1112129785 en date du 14 Septembre 2009 du Gemological Institute of America qui indique que l'origine géographique de ce rubis est la Birmanie (Myanmar). Aucune indication de chauffage 


Le cadran de cette montre bracelet chiffres romains, est entouré d’une alternance de bandes de diamants et calibrés onyx, la couronne sertie d’un cabochon d'onyx, complété par un bracelet composé de 70 perles naturelles et 2 perles de culture de mesure d'environ 5,1 à 4,6 mm., le fermoir serti de diamants ronds, mouvement manuel, longueur 6 1/8 pouces, cadran signé Dreicer & Co., mouvement signé Pery Watch Co.


Un cadran guilloché avec chiffres arabes signé Dreicer & Co., le motif sur l’arrière de la boite avec un monogramme en diamants taille rose : vendu par Sotheby's






Ce magnifique bracelet-montre est un mariage réussi de la Belle Epoque et Art Déco. La montre centrale, renforcée par une délicate pâte de verre camée et vert guilloché émail surround, a été faite autour de 1915 par la maison  Dreicer. La Pâte de verre est une technique dans laquelle la pâte de verre est coulée dans un moule en matériau réfractaire. La pièce a probablement été remanié au milieu des années 1930. Le fabricant français, Vever, a ajouté un bracelet en cristal de roche, lien de la conception géométrique. Cadran Dreicer signé et marque de Vever : revendu par Christie's





Bracelet platine émeraudes et diamants circa 1920, 7 1/8 ins., dans un ecrin Dreicer & Co. en cuir rouge housse Signé Dreicer & Co vendu par Christie's


Accessoires en or comprenant un briquet en or 14 carats, signé Dunhill, GHT monogramme, avec étui en daim ; Un étui à cigarettes en or 14 carats, signé Dreicer & Co., Vendu par Sotheby's


Montre de poche email et diamants attribuée à Haas Neveux & Cie, Genève, No. 49594. Fabriquée en partie pour  Dreicer & Co., (New York), circa 1910. 


Or et émail vers 1900


Un lot d'accessoires, fume cigarettes en jade, petit vanity case, peigne avec son étui, poudrier vendu par Sotheby's


Broche Art déco émeraude et diamants ronds et baguettes signé Dreicer vers 1920 vendu par Christie's


Broche saphir et cristal de roche signé Dreicer & Co 


Bracelet Art déco avec trois rangées de diamants, diamants marquises, calibrés émeraude sur platine Signé D & Co., pour Dreicer et Société, n. 2564 


Le diamant taille émeraude pèse 5,72 carats, monture Platine orné de petits diamants 


Michael Dreicer , grace à A Eknayan a été un pionnier en matière d'importation de tailles diverses de diamants, dont la mode avait été lancée par Paris


Broche Nœud circa 1910, deux diamants de 4cts 75 environ, 9 carats de petits diamants et 4 cts 25 de roses diamants signée Dreicer & Co
Cette broche a été vendue 86.500$us par Sotheby’s


Bague Art déco, taille émeraude de 3,18 carats, un diamant de 5carats67 monture platine vers 1920 Signé Dreicer & Co


Pendentif etbroche art déco, émeraude, saphirs cabochons serti mille grains montés sur platine vers 1920 signé Dreicer dans son écrin d’origine vente Christie's


Motif en néphrite blanche (qu’on appelle graisse de mouton), au centre une montre, chiffres chinois entouré de diamants et rubis calibrés chaine en platine, chaque maille est sertie de diamants et petits calibrés rubis la plaque en Nephrite mesure 52,6x38,1x8,0 le cadran est signé Dreicer et mouvement est un Longines




Rare Bol de Mariage en jade de couleur vert, richement sculpté avec Baji Xiang, huit emblèmes bouddhiques, entourant un centre de fleur de pivoine verdoyant au milieu des pivoines plus petites. Ce bol venant d’une collection privée, avait été acquis par Dreicer  vers 1900. Dreicer vendait aussi des porcelaines de grande valeur

 DREICER New York par FRANKFELD FRERES n° 8335 vers 1930 
Très belle montre bracelet de dame, boitier tonneau en platine, lunette et attaches entièrement serties de diamants ronds, cadran crème avec chiffres romains peints, mouvement mécanique de forme signé Frankfeld Frères à Genève. 
Bracelet en cristal de roche et attaches en platine serti de diamants. 
Fermoir en platine et diamants signé Cartier.
 Ainsi que je l'ai expliqué, après la mort de Michael Dreicer Cartier avait racheté tout le stock de Dreicer & Co voici donc un objet que Cartier a vendu tel quel en ajoutant un fermoir qu'il a signé.



Broche Art Déco en platine, jade, diamants et saphirs. Fabriqué par Dreicer & Co., qui a été rachetée par Cartier en 1924.  Point de vue de la conception artistique et de fabrication techniques, la broche est un exemple remarquable de des bijoux Art déco La broche à l'arrière est signée Dreicer  en vente chez antique.com


J. Dreicer & Son, premier nom de la société, sera un négociant en perles de premier plan. En 1915, la société a présenté au Grand Central Palace un collier de 800.000 dollars avec une douzaine des plus grandes perles achetées lors d'une vente privée de la duchesse de Sutherland, y compris la perle centrale que Dreicer avait payé 100.000 dollars.  Ils ont, également, négocié des diamants importants, y compris celui du Duc d'York qui ils ont vendu pour $ 125,000 et un diamant bleu intense de 22,5 carats qui, à l'époque, a été déclaré le plus beau diamant bleu existant


Diamant Rose: The Pink Clark. Photo : Christie Images SA 2012
Pierre retaillée en taille coussin, diamant fantaisie rose vif violacé, pesant environ 9,00 carats, monté sur platine, circa 1910. Signé D & Co. pour Dreicer & Co
Avec rapport en date du 22 Février N° 2145476525 2012 du Gemological Institute of America indiquant que le diamant est de couleur Fancy Vivid rose violacé, couleur naturelle, pureté SI1
Lien vers explications de Christies
http://www.christies.com//features/audio-diamond-ring-by-dreicer-co-2239-4.aspx



Améthyste et diamants par Dreicer & Co
vers 1910. Unanneau de platine et d'iridium serti d'une vieille améthyste russe taillée en coussin, non traitée, un poids approximatif de 3,50 carats, deux diamants serti millegrains de 1ct environ, le tout entouré d'une lunette ornée vertical percé serti de 38 diamants ronds taille ancienne avec un poids total approximatif de 2,00 carats,
En vente chez Berganza   http://www.berganza.com/   je vous recommande leur site



Broche Art Déco rubis et diamants qui peut faire pendentif, signé Dreicer, en vente chez Betteridge : http://www.betteridge.com/



Montre platine, cabochons émeraudes saphirs calibrés et diamants


Très jolie et légère broche platine et diamants Signée Dreicer circa 1900
Citée dans le livre "Tiffany et les joailliers américains"


Montre en or, émail et cabochon onyx, Dreicer  debut XX Eme, citée dans le livre "Tiffany et les joailliers américains"



Une bague Jade, de style Art Déco, calibrés saphirs et diamants jade ovale 16,20X11,80X6,15m/m signée Dreicer , Certificat GIA= Jade couleur naturelle


• Dreicer & Co.
• platine, émeraude, diamant
Centrant une émeraude sculptée d'un motif floral, le revers sculpté d'un motif de lotus, la monture rehaussée de diamants européens anciens et taille unique pesant environ 0,70 carat, taille 6½, signé Dreicer & Co; vers 1920.







Montre platine saphir calibrés diamants signé Dreicer


Tres belle montre Cadran marqué Dreicer , diamants et platine en vente chez Pat Saling








Vanity case, or 575/1000° de Dreicer and co sur le site intéressant de Barimavox :


Il avait réalisé une grande collection d'art d'une valeur de plus d'un million de $ de l'époque, et il l'a légué au Métropolitan Muséuméum of art.





Jacob Dreicer, son père, est décédé le 14 aout 1921,dix-neuf jours après la mort de son fils
Le New York Times a écrit le 15 aout "Selon ses proches, hier soir qu'il avait été incapable de supporter le choc de la perte de son fils, Michael, le chef de l'entreprise." 



L'activité a continué pendant quelques années, mais sans Jacob et Michael, l'esprit de J. Dreicer & Son avait disparu.   
Le 8 Novembre 1926, la maison ferme définitivement.   Hettzler Théodore, président de la Banque Fifth Avenue, exécuteurs testamentaires et fiduciaires de la succession de Jacob et Michael, a déclaré "Cette décision a été prise pour des raisons sentimentales et par respect à la mémoire du fondateur de l'entreprise, Jacob Dreicer, et son fils, Michael."
Le Times a poursuivi en écrivant que « l’immeublede Dreicer & Co., considéré comme l'un des plus beaux sur la Cinquième Avenue, a été vendu à la société « Northern Pacific Railway."   Le Joaillier Cartier, qui autrefois considérait  Dreicer comme son concurrent le plus redoutable, a acheté la totalité du stock de bijoux pour 2,5 millions de dollars.
Il démontera mais revendra aussi certains bijoux en l'état sous le nom Cartier




Que reste-t-il de Dreicer & Son ? Ses bijoux qui petit a petit réapparaitront grâce aux ventes publiques et aux joailliers antiquaires, mais il reste le magasin, du moins l'essentiel, c'est un magasin de souvenirs pour touristes qui vend des T-shirts et des tasses à café, la 5 Eme avenue ne meurt jamais, elle évolue

Un néerlandais Marion Van Der Fluit, me demande des renseignements sur les Banneville père et fils, je ne lui ai trouvé que peu de choses, mais Marcel avait un rapport avec DREICER

" The French Marcel Banneville was asked by Dreicer to come to New York in 1906 as head designer for their new shop at Fifth Avenue.
Marcel worked there till the first world war, he went to France to fight and returned to New York after the war. For 6 months in 1929 until they closed, he worked for VCA as head designer. (?)
Hillaire Banneville was Marcel’s father and a piece of the jigsaw."

Si l'un de mes lecteurs a des renseignements sur Hilaire et Marcel Banneville ," Hilaire est cité dans le livre de Vever" soyez aimables de me les transferer.

*1 Dans les années 1980 Cartier a accordé l'accès exclusif à ses archives à Hans Nadelhoffer président de Christie’s Geneve décédé le 22/7/1988 afin d'écrire l'histoire définitive de la maison

N hésitez pas à m'adresser vos commentaires ci-dessous, ou par mail : richard.jeanjacques@gmail.com

mardi 2 octobre 2012

BOUCHERON Joaillier: Démélés avec la Princesse Evanne Mourousi. La princesse Mourousi et Hélène Arpels






Notre célèbre joaillier se serait bien passé d’être obligé de lancer une procédure contre une princesse Russe qui lui devait 200.000frs en 1943 soit plus de 55.000€.
Elle escroqua la Maison Boucheron, mais son histoire croise aussi celle d’Hélène Arpels.

La princesse Evanne Mourousi était la fille de Dimitri Alexandrovitch Mourousi né en 1884 à Saint Petersbourg, son grand père était devenu prince par la volonté du Tsar Alexandre III en 1893, issu d’une famille grecque phanariote originaire de Mourousa près de Trébizonde au service du gouvernement Ottoman.
Evanne Mourousi était la mère d’Yves Mourousi ce grand journaliste qui avait révolutionné le journal de TF1: né en 1942 mais rapidement abandonné par sa mère.



Yves Mourousi sera élevé par sa grand-mère Marie Figueira d'Almeida, aristocrate Portugaise, il existe toujours un Prince Mourousi, qui est de la même famille, mais pas de la même branche, vous pouvez consulter l’arbre généalogique, Yves est en bas à droite.
Evanne Mourousi cette polyglotte, fille d'un membre de la Société des nations et elle-même secrétaire de ministre plénipotentiaire, est espionne à Vichy, avant de passer aux mains allemandes, insatisfaite du traitement que lui réservent les Français. Dès lors, elle infiltre les milieux des Russes blancs, fit toutes sortes de trafics, depuis les cigarettes jusqu’aux antiquités, mais elle dénonça aussi des juifs pendant la guerre dans le seul but avec ses amis de la bande Bonny Lafont de s’approprier leurs biens. Cyril Eder dans son livre les « Comtesses de la gestapo » en fait un de ses personnages, elle avait d’après lui de l’arrogance, du culot, elle était emportée, mégalomane, mais intelligente. (Diplômée de Sciences Po de la rue d’Ulm)
Son père à la fin de sa vie disait qu’elle était « une pauvre fille, une bonne à rien, une déséquilibrée » mais cela ne l’avait pas empêché de lui refiler quelques tuyaux pour ses rapines.



Bracelet de Boucheron en 1941

Pourquoi le nom de « comtesses de la Gestapo », le journal « Le point » donne une explication à propos du livre de Eider, « car nobles elles étaient, d'origine ou par alliance. Mais elles étaient plus près de la « gestapute » que de la comtesse. Sur leur procédures, on ne relève en effet que filoutages, dénonciations et extorsions à grande échelle.
Parmi toutes ces abjectes, c'est Evanne, princesse Mourousi, Mata Hari de pacotille, qui mérite la palme. Rejetée par le 2e Bureau français, elle offre ses services aux généreux Allemands pour moucharder ses compatriotes russes et dénoncer les grandes familles juives. Comme elle se permet, dans un trafic de cigarettes, d'escroquer les Allemands, elle file en prison, où elle accouche d'Yves, le futur journaliste. Elle fait piller l'hôtel des Weiller, avant d'être rattrapée par la justice. Moins inquiétées à la Libération que leurs amants, ces femmes d'affaires, fatales mais au fond si peu romanesques, ont à elles seules drainé toutes les humeurs malignes d'une époque bien sombre. Dommage qu'Eder se soit contenté de notices biographiques un peu plates et bien brouillonnes »
Voir la biographie de Paul Louis Weiller: enrichissant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul-Louis_Weiller



Helene Arpels née Ostrowska, 
Elle avait fait la connaissance d’Hélène Ostrowska avant la guerre lorsqu’Hélène était mannequin, avant d’épouser en 1933 Louis Arpels, neveu d’Alfred Van Cleef fondateur de la maison Van Cleef.
Louis Arpels était passé en zone libre pour pouvoir rejoindre ses frères aux Etats Unis, Hélène n’était pas juive et théoriquement ne risquait rien, mais leur appartement de l’avenue Foch avait été saisi, comme bien juif et attribué au Marquis de Wiett, faux marquis mais véritable trafiquant de haut vol qui travaillait avec la gestapo française de la rue Lauriston.


93 rue Lauriston Paris

Quant aux bijoux, ils avaient été détournés par la bande Bonny-Lafont. L’avocat des Arpels fut obligé de se rendre rue Lauriston et il protesta au fait qu’ Hélène n’était pas juive et qu’on ne pouvait la spolier de ses biens, mais le sinistre Lafont, menaça l’avocat de déportation.
La princesse Mourousi ayant appris (puisqu’elle était très proche de Bonny Lafont) ses ennuis, la recueillit chez elle et moyennant une très grosse somme d’argent la fit passer en Espagne.
Elle mena grand train, très grand train, les bijoux qu’elle volait aux juifs dénoncés ne lui suffisaient pas, elle alla chez Boucheron, comment fit elle pour ne pas les régler ? Quel bijou avait-elle acheté ?
Malgré mes recherches, je n’ai pas encore trouvé ces deux cent mille francs de bijoux que devait la princesse Mourousi

Cyril Eder dans son livre "les comtesses de la Gestapo" écrit que la Maison Boucheron réclamait 200.000frs à Evanne Mourousi sous menace de saisie et plainte en abus de confiance. D’après Cyril Eder, elle est condamnée dans cette affaire pour abus de confiance en 1943 condamnation qui aurait été confirmée le 28/6/1944 en appel.

Malgré mes demandes aux éditions Grasset, je ne sais s’ils ont transmis à Cyril Eder la lettre que je lui ai écrite.


Publicité de Boucheron en 1941

Mais comme je n’ai qu’à me louer de mes relations avec la maison Boucheron et surtout avec son historienne Claudine Sablier, j’ai vérifié auprès d’elle les assertions de Cyril Eder, tout en sachant qu’elle devrait consulter près d’une vingtaine de cahiers différents pour trouver trace de madame Mourousi, voici sa réponse :
Après recherches dans mes livres de vente j’ai retrouvé une trace de la princesse Mourousi chez nous, elle vient à 3 reprises entre le 15 septembre 1941 et le 8 novembre 1941. Elle achète un étui à cigarettes en argent pour une valeur de l’époque de 750 frs qu’elle paye le 17 septembre 1941. Pour info. Je n'ai pas retrouvé de photo de cet étui.
Elle achète ensuite un poudrier pour 3 300 frs qu’elle nous rend en novembre.
Le 19 septembre 1941 une vente est annulée, elle consistait en deux bagues et un étui à cigarettes dont les prix s’échelonnaient à 15 400 frs et 30 000 frs pour les deux bagues et 3 000 frs pour l’étui à cigarettes.
Ensuite et jusqu’à la fin de la guerre son nom n’apparait plus.



Collier a plus de 200.000frs mais il est de 1936

Le montant du litige de 200 000 frs, qui est indiqué n’est pas cohérent. A part une rivière de diamants aucun prix de l’époque ne se rapproche d’un tel montant, par exemple un collier de saphirs, diamants et or est estimé à 150 000 frs en 1941 (et à cette époque, c'est simple, il n'est sorti aucun collier tout diamants de nos ateliers).


Evanne Mourousi à son procès
La Princesse, fut de plus condamnée pour intelligence avec l’ennemi le 26 /4/1947 elle qui était lesbienne et morphinomane ne volait pas que les bijoux, mais faisait aussi main basse sur le mobilier des juifs pourchassés. Après des années de prison, elle finira chez l'abbé Pierre, dans les dortoirs d'Emmaüs.




Finlement j'ai reçu un courrier de Cyril Eder, qui m'a adressé un commentaire interessant  et je l'en remercie.
Monsieur,

Les éditions Grasset viennent de me faire parvenir avec un peu de retard votre lettre du 20 septembre. Merci tout d'abord pour avoir lu et apprécié mon travail sur "Les comtesses de la Gestapo".

Vous me demandez mes sources en ce qui concerne les dettes d'Evanne Mourousi chez Boucheron pendant l'Occupation : elles sont deux. Le casier judiciaire de Mme Mourousi se trouve aux archives de la Préfecture de police de Paris sous la cote GA/M2. Ce dossier de police n'est communiqué que sur dérogation spéciale et ne peut etre consulté que sur place. D'autre part, mon autre source se trouve dans le journal "L'Oeuvre" du 26 octobre 1943. Elle vous sera sans doute plus facile à retrouver dans une bibliothèque sous forme de microfilm.
Claudine Sablier mentionne dans sa lettre que la somme de 200.000 F réclamée par Boucheron n'est pas "cohérente" et qu"aucun prix de l'époque ne se rapproche d'un tel montant". J'ignore les sources qui lui permettent d'affirmer ces évaluations de façon aussi péremptoire... A titre de renseignement, je vous envoie des prix tirés de catalogues de vente de bijoux à Drouot pendant la guerre (donc à voir à la hausse) : bracelet en or (1 million 200.000F) rang de perles 300 grains (1 million 400.000F) bracelet garni de 60 carats de diamants (3 millionsF). Le prix qu'elle avance correspond sans doute à des ventes d'avant ... 1914.

Cordiales salutations,

Cyril Eder



Elle avait escroqué aussi la maison Marchak, alors combien d'autres??

samedi 22 septembre 2012

Louis Ferdinand CELINE: aurait dû être Bijoutier-Joaillier


tiré de : http://louisferdinandceline.over-blog.com/article-.html

Son nom était Louis Ferdinand Destouches, il est né à Courbevoie le 27/5/1894 comme Arlety, sa future amie qui le soutint beaucoup après guerre, et aurait pu devenir bijoutier joaillier et je me prends a rêver qu'il aurait peut être été  moins antisémite en fréquentant  des professionnels dont une grande part était israélite ou arménienne.

Lorsque les éditions Denoel éditent son premier roman "Voyage au bout de la nuit" c'est lui qui choisit son pseudonyme, en effet c'était le prénom de sa grand mère Céline Guillou, une solide bretonne  qui lui donna tant d'affection.
D'après frédéric Vitoux "la vie de Céline"

Une enfance assez pauvre, il obtient son certificat d'études, et poussé par ses parents débuta comme apprenti dans un magasin de tissus, la maison Raimon à l'angle de la rue de Choiseul et du 4 septembre le 1/1/1910 à l'age de 15 ans et demi.
Il y resta sept mois et obtint un certificat de bonne conduite.



A 16 ans il entra donc comme apprenti chez Robert qui était joaillier au 16 de la rue royale à l angle de la rue du faubourg Saint Honoré (photo ci-dessus et c'est toujours un horloger bijoutier la maison Wempe, une maison allemande)
Bonne maison, mais il n'y resta que du 1/9/1910 au 31/3/1911, il devait avoir une idée car dès le lendemain le  1/4/1911 il entre chez Wagner  une très ancienne maison.







au 114 rue du temple 
"Wagner Bijouterie Joaillerie Ciselure, pièces de commande" Tout est dit; c'était une bonne maison, de temps en temps des bijoux passent en vente publique.
Bijou de Wagner à l époque ou Celine était apprenti chez eux.



En 1960 Louis Ferdinand Céline évoqua les "Marmottes", (les valises en cuir avec des compartiments recouverts de velours dans lesquels les représentants de commerce vont présenter les bijoux chez les détaillants pour qui'ils choisissent ceux qu'ils commanderont)

A l'époque les marmottes étaient remplis de modèles en plomb de chez Wagner, qu'il devait porter en accompagnant le placier(représentant de commerce qui place des marchandises) de la rue du temple au quartier de l Opéra.
Avec son maigre salaire, il achetait des livres de Shakespeare, Balzac, Dickens, Voltaire!


Finalement les parents trouvent une maison reconnue "Lacloche" au 15 rue de la paix ou Louis débute le 5/10/1911 comme apprenti.
Lacloche avait repris la maison Ravaut en 1901




Ces peignes furent fabriqués l' année ou Céline entra chez Lacloche (vente récente chez Sotheby's)



Cette montre fut Fabriquée et signée "Lacloche" en début 1912 (vente récente Sotheby's) lorsque Céline était apprenti.
Louis Ferdinand Céline est envoyé à la succursale Lacloche de Nice de décembre 1911 au mois de mai 1912.
Plus tard Céline écrira que "chez Lacloche il promenait les chiens de garde du patron et nettoyait l'argenterie au blanc d'espagne."

Pourtant il garda de bons souvenirs de Nice, lorsqu'il était apprenti il fréquentait l eldorado Casino car il adorait le music hall.
Les "Lacloche" étaient satisfait de lui et étaient même disposés à l'engager défitivement après son service militaire.


Son père écrivit  une lettre au joaillier qui fut un bel exemple de flagornerie, son fils aurait dit de ce texte "Faux Culs"
Il veut se débarrasser de l 'armée , il devance l'appel et rentre chez les "Cuirassiers"




Appréciait il l humour de l'époque lorsqu'il était militaire? 

(en revanche c'était agréable de recevoir une enveloppe ainsi dessinée)




Cette photographie fut prise à Rennes, elle est sur un site Rennais que je vous recommande pour l histoire de Céline dans cette ville

Vous pourrez lire comment il passa son bac , épousa une Rennaise (comme moi) fit un enfant , devint médecin, eut encore la bougeotte, allant jusqu'à écrire a sa femme :
« Je ne veux pas te traîner pleurarde et miséreuse derrière moi, tu m’ennuies, voilà tout, ne te raccroche pas à moi. J’aimerais mieux me tuer que de vivre avec toi en continuité (…) J’ai envie d’être seul, seul, seul, ni dominé, ni en tutelle, ni aimé, libre. Je déteste le mariage, je l’abhorre, je le crache… »
Après, ....Après.... puis en 1954

Il se réinstalla mèdecin




Louis Ferdinand Destouches dit Céline mourut le 1 er juillet 1961, à Meudon
Sa plaque fut vendue aux enchères à l'étude de Maitre Piasa avec ce texte
[Louis-Ferdinand Céline]. Plaque de cuivre gravée
[Louis-Ferdinand Céline]. Plaque de cuivre gravée 20 x 30 cm.
La plaque professionnelle du docteur Destouches à Meudon.

C'est à l'automne 1951 que Céline s'installa à Meudon, 25 ter route des Gardes. En septembre 1953, il s'inscrit à l'Ordre des médecins de Seine-et-Oise et ouvre son cabinet médical dans son pavillon.
Cette plaque était fixée sur un poteau métallique au bas du jardin (comme en témoigne une photographie de Céline dans son jardin vers 1955).
Elle fut recueillie par un ami de Céline, André Brissaud, après l'incendie du pavillon de Meudon le 16 mai 1968. André Brissaud avait enregistré en mars 1959 pour la télévision française une interview de Céline qui fut interdite par la censure; il fréquentait régulièrement l'écrivain à Meudon, avec son ami Marcel Aymé.

3.000/3.500 €: 
C'était l annonce de la vente de la plaque de médecin de Celine mais je me dois d'ajouter qu'elle fut retirée de la vente:

* Une vente aux enchères a eu lieu le 11 avril 2002 à l'Hôtel Drouot. 70 lots liés à Céline sont proposés à la vente. Parmi les pièces les plus surprenantes mises en vente, figurait la plaque de médecin du Dr Destouches qui figurait sur la maison de Meudon (plaque de cuivre gravée 20 x 30 cm), mise à prix 3000/3500 €. Cette plaque ayant été volée, elle a été retirée de la vente à la suite d'une demande de Maître François Gibault et de Lucette Destouches.

Médecin ?....mais n'avait il pas été condamné en 1950 dans le cadre de l'épuration pour collaboration, à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark), à 50 000 francs d'amende?, à la confiscation de la moitié de ses biens?, et à l indignité nationale?

En avril 1951 Tixier Vignancourt  son avocat depuis 1948 obtient l'amnistie de Céline au titre de « grand invalide de guerre » (depuis 1914) en présentant son dossier sous le nom de Louis-Ferdinand Destouches sans qu'aucun magistrat fasse le rapprochement.

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  Peut être le plus grand émailleur de son époque, il est peu connu, et peu de ses oeuvres sont connues, pourtant, avec sa participation imp...