jeudi 19 février 2015

Lucien Gautrait, ou Leopold Gautrait , ou Lucien Gautheret, même homme?..... Qui est ce ciseleur-graveur?

LEOPOLD GAUTRAIT
ciselant une pièce, photo de 1923  que j'ai colorisé




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Cette signature se trouve sur nombre de bijoux, elle est présentée comme étant celle d'un bijou de Lucien Gautrait ou de Leopold Gautrait.

En réalité c'est la signature d'un modeleur ciseleur qui travaillait pour l' entreprise de fabrication de bijoux de Léon Gariod à Paris, mais son vrai nom était Leopold -Albert- Marin Gautrait .


Pourquoi cette recherche?


Une amie Isabelle Barthes, sachant que j aime ce qui fut fabriqué par Lucien Gaillard, me prévient d'une vente d'une broche de lui, je l'ajoute sur mon blog.





Mais juste  avant la vente, la maison Sotheby's previent que .....


Une erreur, ce n'était pas de Lucien Gaillard, mais de Lucien Gautrait, je me mis donc en quête de ce Lucien que mon inculture ne m'avait pas permis de situer à l'énoncé de son prénom.

Bizarrement de nombreux livres expliquent qu'on ne sait rien de lui et certains affirment qu'on n'est pas sûr du tout, de l orthographe de son nom, ni d'où il vient!
Certains affirment, d'autres doutent, la plupart indiquent 1865-1937, j'ai donc commencé par me rendre aux archives numérisées de l état civil de Paris, j'ai fait les 20 arrondissements 1864-1865-1866, pas une naissance d'un Gautrait.
J'ai compulsé les ouvrages sur les expositions Universelles, il y en avait à peu près tous les ans, rien !!! Les journaux de l époque...ne connaissent pas, les salons....non plus. Ah, enfin  un premier signe.




Un article de la revue Littéraire du Maine sur un Gautrait qui a exposé au salon des Champs Elysées.



J'ai lu plusieurs fois ces trois prénoms, il ne reste plus qu'a vérifier si la Sarthe a numérisé ses états civils, ouf! c'est le cas




Clovis Gautrais (cela s'écrit avec un S) et Modeste marie Madeleine Loyer ont eu un enfant, Leopold-Albert Marin Gautrais, fils de Tisserand et futur bijoutier né a Roullée dans la Sarthe le seize octobre 1865.

Pourquoi un "S"  alors que tous l'écrivent avec un "T" en agrandissant son acte de naissance, on peut voir que son père écrit son nom différemment de ce qui est noté sur l acte de naissance, puisqu'il signe "Gautret"
Il ne faut pas s'étonner de le voir cité aussi avec l orthographe "Gautheret".
Je cherchais sur le net ,et un site avec lequel j'ai déjà eu des échanges notait:




Oui, mais la marque montre bien que la dernière lettre n'est pas un T.
Mais depuis l écriture de cet article, j'ai trouvé d'autres éléments




En 1859 un certain M Tonnelier s'était associé avec Mr Gaucher pour monter un atelier à Paris. D'après Vever, Gaucher resta seul à la tête de l'affaire et c'est en 1875 que Gaucher s'associe avec Leon Gariod et le laissa chef unique dès 1884"






En 1875 le Journal Officiel publie les formations de nouvelles sociétés, Gaucher s'associe avec Léon Gariod.

Toujours d'après Vever : Gariod se spécialisa dans la fabrication de bracelets souples, chaînes d'or mat rehaussées de pierres; ces bijoux simples et riches à la fois, d'une excellente exécution, avaient un grand succès. Depuis, Gariod s'est fait remarquer par ses jolies broches, ses pendants de cou d'inspiration moderne ou classique.




1886 Dessin de Leopold Gautrait

En effet en 1894, Leopold Gautrait qui avait étudié aux Beaux Arts sous la direction de Mr Rouffosse, présente au salon de la société des artistes français, un vase en cire "Les Quatre Saisons" qui sera moulé en 1895 et qui est actuellement conservé au musée des arts décoratifs à Paris (Cf note de Mme Evelyne Possémé conservatrice ) il est à cette époque domicilié au 105 rue des dames à Paris.





Plus tard il habitera au 49 rue Rivay à Levallois perret (immeuble ci-dessous)



C'est d'ailleurs la Ville et l' immeuble ou il est décédé en 1937.

Il rentre chez Leon Gariod comme ciseleur Modeleur, et dans son livre tome 3, Vever cite que Gariod fabrique de beaux bijoux: "mais toujours d'une réelle recherche et d'une distinction parfaite, que modèle et cisèle avec infiniment de talent M. Gautrait, son fidèle collaborateur."

Ce sont des bijoux Art Nouveau  avec des Motifs de Paon inspiré de Gustave Beaugrand .


Une des broches Paon de Gustave Beaugrand

Gautrait contribuera à produire des hirondelles, des têtes féminines, des fleurs émaillées, des broches Orchidées en émail opaque.






Evelyne Possémé conservatrice des Arts décoratifs considère que ce bijou est le plus connu de Gautrait et Gariod. Il aurait été réalisé en 1900 et acheté par le Victoria et Albert Muséum en 1901 qui le décrit ainsi:

Pendentif en or sous la forme d'un paon mâle affichage, décoré avec plique-à-jour émail et sertie de diamants Rose et brillant, d'opales et d'émeraudes. Avec une goutte d'opale. Signé avec les initiales du fabricant.
L historique du bijou est signalée ainsi par le VAM "Victoria et albert muséum":Acheté par le Musée au Salon de la Société des Artistes Français, Paris, 1901. Les autres versions de ce bijou sont connues pour exister.
Ce qui est étonnant c'est qu'un aussi grand Musée écrive, Lucien au lieu de Léopold.




Une grande maison de vente a vu ce bijou repasser entre ses mains, et elle note au catalogue:(excusez ma traduction) :conçu comme deux cygnes stylisés opposés, leurs cous formant des boucles pendantes, pendentif art nouveau plique à jour, par Lucien Gautrait, revendues par BOUCHERON.
Encadrant un panneau plique-à-jour représentant le soleil couchant sur ​​un lac suspension une goutte perle unique, suspendu avec une chaîne fantaisie après 1890, les marques françaises pour l'or, 64.4cm de long, écrin de Boucheron
Signé L Gautrait



Archives de la maison Boucheron

La Maison Boucheron avait été surprise de voir la légende de Christie's et Claudine Sablier chargée de patrimoine , m'a précisé:
Cette pièce figure dans mes livres de stock sous le numéro : n° 11 476 – fabrication en 1899 – il s'agit d'un pendentif de cou orné de 2 cygnes sur fond d'émail, avec 2 perles , 1 perle poire de 22 grs 4 – 1 diamant 0,03 carats - a été vendu en mars 1899 – repris en mars 1901 et revendu en mai 1901 mais sans les 3 perles - le collaborateur de Boucheron qui a fait cette pièce était Gariod –
C'est Christie's qui a annoncé que le modèle avait été dessiné par Gautrait. Moi je n'ai pas ce nom dans mes livres.


Mais aussi très souvent, Gautrait est cité comme ayant fabriqué pour Vever, par exemple:





Madame Cailles et Mr Salit dans leur livre "le prix des bijoux" nous expliquent bien que ce bijou est de Vever en 1895 (Gautrait n'a travaillé chez Gariod qu'a partir de 1897) et qu'il s'est adjoint fréquemment la collaboration de Gautrait comme graveur, mais ce n'est pas Gautrait qui a fabriqué les bijoux pour Vever , mais Gariod.



Voici ce bijou de nos jours

Pour ce qui est de "Gautheret" plusieurs le nomment ainsi, par exemple ce site
http://dekorata.ru/NN/03/Lucien-Gautrait.html
Sur un autre bijou de vente chez Sotheby's on peut lire:

OR 18 CARATS ET PLIQUE-À-JOUR ÉMAIL PENDENTIF COLLIER, L. GAUTRAIT, POUR VEVER, PARIS, VERS 1900 Conçu comme un oiseau pourchassé dans un paysage boisé, au rez-de bleu pâle et vert plique-à-jour l'émail, les arbres accentués avec émeraudes cabochon, 'un diamant lune ancienne mine, ancrée par un diamant et perle en pendentif , suspendu à une chaîne en or décorée avec un lien de feuillages sertie d'un cabochon émeraude , signé L. Gautrait et Vever, Paris, la marque de fabricant pour Leon GARIOD,






Bijou indiqué par Vever comme étant de Gariod 

Il convient donc de se poser la question! que veut dire cette définition que j ai souligné en rouge?

Celui qui a fabriqué le bijou, qui en a été responsable légalement du point de vue de la qualité, qui est donc défini comme fabricant est Léon Gariod.
Ce bijoutier, "Leon Gariod" a un employé graveur,ciseleur,modeleur,certainement de grand talent à qui il va permettre de valoriser le bijou en apposant une marque qui est en réalité un poinçon, certainement en acier qui permet de frapper ce sigle "L Gautrait" .
Cela provient d'un accord entre le fabricant et son employé, pour souligner l' importance du travail de son employé, mais c'est bien Lèon Gariod qui facturera le bijou à Vever joaillier de la rue de la Paix.
Vever apposera aussi une signature sous forme de gravure sur le Bijou. nous nous trouvons devant un cas classique comme Van Cleef et Arpels  et tant d'autres qui faisaient fabriquer leurs bijoux par des artisans de grande valeur.
Ce qui est regrettable dans ce procédé , c'est quand les grandes marques n'associent pas les artisans et leur talent à leur nom, et de nos jours, rien n'empêcherait (par exemple) notre Président Macron de se faire passer comme grand joaillier sans avoir jamais touché une lime.



 


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En revanche cette broche est indiquée par la maison Sotheby's comme étant de Léon Gariod et apparemment aucune marque de Gautrait.

Alors qui avait les idées de conception et de dessin? Gariod ou Gautrait?
Et cela repose la question, pourquoi Gariod a t il laissé son collaborateur mettre une marque sur certains bijoux?




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Pendentif en or jaune, formé d'un motif végétal en émail plique à jour agrémenté d'une fleur émaillée rose, une perle en pampille, la bélière sertie de petits diamants taillés en rose (un diamant manquant et très petits manques à l'émail. Signé au dos et numéroté. Poids brut : 12,9 g - Haut. : 4,8cm.




Ce bijou est décrit par la maison de vente comme étant de "Lucien Gautrait"
La chaîne avec maillons en or avec un péridot, un péridot taille coussin, diamant taille rose et vert pâle insecte en émail, avec diamant taille rose pour les yeux, diamant taille rose et péridot ailes, avec un péridot et diamant en forme de poire , monture en or 18 carats, vers 1900, 20
Signé L. Gautrait Lucien Gautrait

 

Bijou de Gariod-Gautrait


Gautrait vendu par Christie's


Leopold Gautrait 1898



 Sotheby's a revendu ce bijou: Supporting a kite-shaped pendant depicting sunflowers amidst a nautical sunset, applied with plique-à-jour enamel in blue, green and yellow hues, accented by old mine and old European-cut diamonds weighing approximately .70 carat, suspending a pearl drop measuring approximately 9.1 by 7.0 mm, length of upper chain 21 inches, signed L Gautrait, with French assay mark; circa 1900.

Sur son catalogue en 2015 Sotheby's indique aussi Lucien Gautrait au lieu de Léopold, malheureusement les experts ont la tête dure , ce n est pas un petit historien qui va leur apprendre comment s'appelle Gautrait



La galerie Tadema de Londres aussi, mais elle nous donne plus de détails 




LÉOPOLD ALBERT MARIN GAUTRAIT 1865-1937
"Helianthus" Un pendentif Art Nouveau d'une finesse exceptionnelle
Diamant Or émail Plique-à-jour.L  4,70 cm (1,85 po) |  L  11,40 cm (4,49 in)
Origine Français, c. 1900
Des notes Signé: 'L. GAUTRAIT '(estampillé) sur le devant en bas à gauche. Tête d'aigle sur le pendentif et la chaîne.
Ce joyau symboliste représente le résultat du mythe grec de Clytie et du dieu soleil Apollo. Clytie, une nymphe des eaux profondément amoureuse d’Apollo, se transforme en tournesol pour pouvoir admirer le beau visage d’Apollo toute la journée. 
cf. La Belle Époque des Bijoux Français 1850-1910, Munich 1991, pp. 283-291; Art nouveau, L'esthétique française, Victor Arwas, 2002, p. 345;



La signature est a gauche sur le devant du pendentif




Cette broche n est pas de Lucien Gaillard ni de Lucien Gautrait , car elle est de Leopold Gautrait  

Broche en or 18 carats, béryl doré, émail et diamants, Lucien Gautrait, France
Conçu comme une chouette centrée sur un béryl doré de coupe mélangée mesurant environ 14,0 sur 13,0 sur 9,3 mm, accentuée par des diamants anciens de mine et en forme de cerf-volant pesant environ 0,65 carat et de nombreux diamants taillés en rose, d'un poids brut d'environ 15 mots, signée L Gautrait, numéroté 30154, avec essai français et marque du fabricant, il manque 8 diamants.




Cette broche qui était en vente sur "jewels du jour" et qui ressemble beaucoup a celle du début de cet article est notée Lucien Gautrait, le prénom est faux, mais pas de poinçon de Gautrait visible , est ce une reproduction récente d'après les moules donnés par Gautrait?





Ce bijou a été vendu comme étant en plaqué or émaillé, de Gautrait avec un diamant?????





Ce bijou a été vendu par la maison Tajan comme étant de "Lucien GAUTRAIT",il indique sur catalogue:

Rare plaque de cou chardons, elle est de forme rectangulaire légèrement cintrée.
Au centre un décor de chardons finement repercé, de grandes fleurs et feuillages. Les fleurs sont émaillées gris à mauve en résille. Les feuillages sont émaillés en camaïeu de vert.
Elle est enrichie de diamants taille brillant (TA) incolores et de couleur champagne en sertissure et d'un fin entourage de diamants taillés en rose sur la bordure.
Monture en or jaune.
Travail français signé L. GAUTRAIT, portant son poinçon de maître et numéroté.Poids brut : 43,7 gr. (peut être portée en broche) Lucien GAUTRAIT (1865-1937) trouve sa meilleure expression à l'époque Art Nouveau dans le sillage de Lalique. Modeleur et ciseleur il exécute des modèles naturalistes finement ciselés et émaillés, pleins de charme.

Mais il n'a pas de poinçon de maître à cette époque, et il ne s'appelle pas Lucien.




Superbe  pièce de 1899 par Leopold Gautrait




18 Karat Gold, Enamel, Pink Sapphire, Natural Pearl and Diamond Pendant-Necklace, Lucien Gautrait, Maison Gariod, France (legende du catalogue)
Un gros progres: Sotheby's note Gautrait Gariod, mais persiste sur Lucien



Christie's en 2017 lors de son exposition à Geneve (où j'étais présent) à enfin rectifié et note cette vente au nom de Leopold Gautrait




Cette bague est un profil de femme sculpté avec une coiffe émaillée, un diamant dans un décor végétal serti de petites émeraudes monture en or et poinçons français signée Leopold Gautrait



Sur son catalogue, la maison Tajan a noté ce qu'ils appellent son poinçon de Maître, ceci n'est pas un poinçon de Maître, mais une signature.

D'après Evelyne Possémé, a partir des années 1905, Gautrait change de style , mais est ce Gautrait, ou Gariod qui change de style ?




1905 L Gautrait


En 1905, commence le déclin de l'Art nouveau, ce fut un mouvement artistique qui est apparu en 1890, réaction contre la reproduction sclérosante des grands styles. En peu de temps, ce "mouvement" va faire le tour du monde.

En France ceux qui n aimaient pas l'appelait le style nouille, voir les merveilleuses bouches de métro de H. Guimard, mais grâce a lui, l'art descendait dans la rue, mais il déclencha aussi une réaction de la part des conservateurs et ce mouvement ne dura pas très longtemps.
Pendant dix ans on évolue vers plus de géométrie, survient la guerre, qui nous amènera une très belle période l'art déco de 1910 à 1940.




Christie's se trompe encore en mettant à son catalogue ce beau pendentif de Lucien alors que c'est Léopold Gautrait
BROCHE EMAIL ET DIAMANTS, PAR LUCIEN GAUTRAIT 
 émaillé d'émail blanc et de petits diamants et d'un diamant poire plus important, encadré de décors à volutes ou jaune et de deux noeuds en émail crème retournée en pampille un diamant poire taille ancienne, monture en or jaune, vers 1905
Signé L. Gautrait, no. 2885


Gautrait-Gariod vont ils évoluer vers des formes plus géométriques?






La gazette drouot écrit LEOPOLD GAUTRAIT
Collier draperie en or et perles orné d'un motif ovale émaillé à décor de cornes d'abondance encadrant un saphir taille marquise - Vers 1905 - Poids brut: 10,5
Eh bien non , Gautrait Gariod , curieusement nous sortent un mélange tel ce collier, une construction en collier d'"Esclave" des petits noeuds Louis XVI, beau travail de ciselure, mais décalé dans le temps.





Personnellement je pense que Françoise Cailles dans son livre "le prix des bijoux" se trompe, ce n'est pas du Gautrait de 1890, mais d'après 1905, c'est de son nouveau style, inspiré de louis XVI, guirlandes de roses, des bustes, des bouquets, des petites roses.






New Style, mais c'est un peu comme si Jean Vendôme en 1970 avait décidé de revenir au style de bijoux des années 50




Enamel, seed pearl and diamond necklace, Gautrait, Circa 1900
Of foliate and garland design, applied with guilloché enamel, highlighted with seed pearls, circular-cut and rose diamonds, length approximately 430mm, French assay and maker's marks for Lucien Gautrait, fitted case.(vente de Sotheby's)




Site langantiques.com Les fameuses petites roses





Dessins de Drais tirés du livre de Ducrollay , le livre est au Musée Victoria et  Albert Muséum, et ces dessins ont 125 ans, publiés 3 ans avant la mort de louis XVI.





En revanche ce pendentif est postérieur à 1905 et serait de Gautrait, Christie's explique: "Lucien Gautrait" était l'un des joailliers les plus notables de la période Art Nouveau, bien connu pour ses motifs de paon et bien émaillage. Il a commencé sa carrière en travaillant pour Léon GARIOD comme un modeleur et ciseleur vers 1900". Mais ce n'est pas de l art nouveau.


Il est tellement notable comme dit Christie's, que pas un journal ne parle de lui.


Evelyne Possémé dont j'admire les grandes connaissances écrit dans le Dictionnaire international du bijou:


"que certaines pièces art nouveau de Gautrait avec diamants ne portent que la signature de Gautrait  qui après 1820 et jusqu'en 1930 continua a travailler  pour une clientèle particulière en réalisant des pièces de joaillerie ou des plaquettes commémoratives en métal"

Mais sous quel poinçon? avait il un poinçon de Maître le responsabilisant vis a vis de nos service de la garantie ou faisait-il fabriquer par un autre joaillier que Gariod? J'espere avoir une réponse des services de la Douane.

C'est un mystère, les maisons de ventes aux enchères et les marchands n'ont pas creusé l'historique de Gautrait et se sont recopiés les uns les autres.
Personne ne signale les poinçons.
Certains bijoux sont ils des originaux ou des reproductions, c'est une impression qui se dégageait de mes recherches avant que Carine Miller (antiquaire en bijoux de la rue Saint Honoré) n'attire mon attention, et de plus, selon les indications fournies par madame Possémé dont je cite le texte scrupuleusement:

"Il semble que Leopold Gautrait ait vendu la plus grande partie de ses moules Art Nouveau a un bijoutier allemand de Pforzheim vers 1905-1910, certains modèles auraient été réédités dans les années 1970"

Alors? prudence car quelles étaient les raisons d'acheter les moules, certainement pas pour les regarder rangés dans un placard, et puis les rééditions!!!!

http://www.lefigaro.fr/culture/encheres/2012/11/29/03016-20121129ARTFIG00368-dali-signer-n-est-pas-jouer.php

S'il n'y avait que Dali!


Donc il convient de bien vérifier les poinçons, verifier qu'il n'y a pas surmoulage ou poinçonnage récent de la garantie française.

Et puis ce jour 19-02-2015, j échangeais sur sa mort a Levallois Perret avec Isabelle Barthes, et elle me répond, j habite a Levallois Perret . Elle a proposé d 'aller de suite à la mairie et elle m'a adressé la copie de son acte de décès.



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J'ai tort-raison ou raison-tort (néologisme personnel) Il est mort sous le nom GAUTRAIT, il a failli mourir Gantrait, son père sur l acte de naissance avait signé Gautret avec un E, mais l'état civil de sa naissance avait noté Gautrais avec un S, sur l'acte de naissance il est né le Seize octobre 1865 et sur l acte de décès le Seize Novembre 1865.Un petit mystère.

La plus grosse erreur c'est Lucien, il n'y a jamais eu de Lucien Gautrait, c'est bien Leopold Albert Marin.
J'ai cherché à nouveau à savoir comment il était passé de Gautrais à Gautrait, j'ai donc avec les tables décennales, verifié si Leopold Gautrait n'aurait pas eu d'enfants, j'en ai trouvé deux




Une fille Hélène Louise



Un autre fille  Germaine Leopoldine Gautrait

Et voila qui explique sa signature inscrite sur les bijoux qui m avait laissé penser que c'était un S






C'est donc bien un "T". Une signature doit singulariser la personne c'est-à-dire ôter tout risque de confusion avec une autre personne, même à la signature similaire, et la spécificité de sa signature est un trait qui démarre au travers du T en se dirigeant vers le bas a gauche.


Le poinçon de marque dont il se servait est bien la copie de sa signature manuscrite.


Reste une réflexion: les vendeurs d'occasion, et surtout les maisons de ventes publiques vont ils rectifier?

Eh bien, cela dépend des jours, ainsi à New York le 26 avril 2017.






COLLIER PENDENTIF EN ÉMAIL, PERLE, DIAMANT ET OR ART NOUVEAU, PAR LUCIEN GAUTRAIT

Suspension d' un pendentif conçu comme une tête de femme renversée, se terminant par un corps de serpent, déployant des ailes en émail plique-à-jour bleu pâle, vert et blanc, l'extrémité d'un pendentif en émail blanc, vert et blanc. la queue du serpent suspendant un collier serti de diamants et de perles, mesurant environ 6,65 x 7,75 mm, surmonté d'un motif de serpent, centré sur un diamant marron clair ancien, complété par un collier de maillons en or, vers 1900, 16 1/2 ins. (longueur de la chaîne), 3 3/4 ins. (pendentif et surmonté), avec la marque de dosage française pour l'or 18 carats 
Signé L. Gautrait

Donc c'est toujours Lucien, mais une bonne surprise

Christie's Geneve le 13 novembre 2017, j'etais présent!!!



Cette bague est au catalogue et a été annoncée à la vente comme étant de Leopold Gautrait

J ai en revanche demandé a rencontrer une personne responsable de Christie's, l expert  Mr Lunel est parti , il est revenu seul.....je voulais juste lui dire que Esther Van Cleef ne s'était jamais appelée Estelle, il m'a dit que "c'était terminé , on sait tous que c'est Esther" je lui ai ouvert le catalogue...il était noté "Estelle Van Cleef"

https://histoiredesvancleefetdesarpels.blogspot.fr/2015/03/esther-van-cleef-ne-sest-jamais-appelee.html

Mais a Noêl 2017 la petite fille de Leopold Gautrait prend contact avec moi et grâce à sa fille plus à même des nouvelles techniques me scanne des dessins et des photos et pour la première fois, je reçois une photo de Leopold que je me suis empressé de mettre au début de cet article.







Dessins de 1925





Dessin d une médaille  1933


Madame Chevreux , la petite fille de Leopold a gardé aussi ces billets



Ces factures de Dollot et Lesne sont importante car elles nous indiquent que Gautrait dorait au mercure




Sa carte d 'electeur de 1935



Dessin de Gautrait sur sa maison natale


Grace à  Google Maps, j'ai retrouvé la ferme qu il avait dessiné






La Société des cendres existe toujours  j'ai adressé ces deux factures a la société et Mr Denis Cosnard m'a autorisé a publier son histoire

Rue des Francs-Bourgeois, de l’or dans les cendres

La Société des cendres. Un nom mystérieux, un rien inquiétant. Dans l’immeuble qui porte cette inscription, cependant, pas de messes noires ni de cadavres.
Le secret du 39, rue des Francs-Bourgeois est à chercher ailleurs : derrière sa façade classique se cache une usine, l’une des dernières qui ait fonctionné dans le Marais. Elle n’a cessé de tourner qu’en 2002, et les machines sont encore sur place, intactes, prêtes à redémarrer. Sa fière cheminée de brique rouge, haute de 35 mètres, reste bien visible du jardin Francs-Bourgeois-Rosier, juste à côté.

Ce n’était pas une usine comme une autre. Des « laveurs de cendres » y oeuvraient. Un métier méconnu. Il consiste à traiter les déchets des bijoutiers et joaillers, afin de récupérer l’or, l’argent ou encore le platine qui s’y trouvent mêlés à toutes sortes de poussières.

Le grand atelier et la verrière (septembre 2011)
Jusqu’au milieu du XIXème siècle, cette activité était confiée à des professionnels. Mais les orfèvres et autres bijoutiers parisiens trouvaient le service mal effectué et trop coûteux. Ces intermédiaires « ont fait de cette opération une industrie fort avantageuse pour eux, au grand détriment du commerce de la bijouterie », pestaient-ils. 
En 1859, les bijoutiers choisissent donc de s’occuper eux-mêmes des rognures et autres limailles minutieusement récupérées dans leurs ateliers, et créent à cette fin un outil commun, la Société des Cendres. Une sorte de coopérative, dont les clients – plus de 500 spécialistes des métaux précieux - sont aussi les actionnaires. 
"Cette société ayant pour but bien plutôt d’éviter les pertes que de faire des bénéfices, il était important qu’elle n’eût ni les allures, ni les conditions d’existence des sociétés qui se créent pour la spéculation", précisent les motifs des statuts. Les décisions sont ainsi prises selon le principe « un homme, une voix », quelque soit le nombre de parts détenues par chacun.
Le 39, rue des Francs-Bourgeois tel qu’on peut le voir aujourd’hui a été construit pour cette jeune société en 1867. A l’époque, les grands bourgeois du Marais étaient partis pour le faubourg Saint-Germain, et le quartier avait été livré à l’industrie. Le bâtiment sur rue, avec son bel escalier en spirale et les pièces qui servaient de bureaux, présente tous les traits d’un hôtel particulier. En haut de la façade, une inscription précise toutefois clairement l’activité effectuée sur place : « Fonderie d’or et d’argent, traitement des cendres, essais et analyses »
A l’intérieur, un escalier en pierre s’appuyant sur une partie de l’enceinte de Philippe Auguste permet d’accéder au sous-sol, occupé par un haut-fourneau et des meules en fonte. Au rez-de-chaussée se trouve un autre four, dans un grand atelier doté d’une charpente métallique et coiffé d’une verrière. Il y avait aussi là, auparavant, une machine à vapeur alimentée par une chaudière « Belleville », des moulins, des mortiers, des pilons.  

Au sous-sol, Gilbert Deze montre l'utilisation
de la double meule (septembre 2011)
Les clients bijoutiers venaient avec des sacs de 50 à 500 kilos contenant la poussière qu’ils avaient récupérée les mois précédents. Ces déchets étaient brûlés, puis les cendres étaient broyées afin de les réduire en poudre. Les étapes suivantes consistaient à tamiser puis laver ces résidus pulvérisés, avant de leur appliquer un traitement chimique à base de mercure. Il permettait de séparer les matières précieuses, et de les agglomérer, pour retrouver des lingots d’or. 

« Pendant tout ce temps, les clients étaient là, à surveiller ce que devenaient leur poussière contenant de l’or ou de l’argent, se souvient Gilbert Deze, un ancien « cendrier », venu faire revivre la maison à l’occasion des Journées du patrimoine, en septembre 2011. Le soir, si le travail n’était pas fini, on scellait le sac, et seul le client pouvait le rouvrir le lendemain. »Partant d’un sac de 50 kilos, il fallait au moins 250 grammes d’or pour que cette série d’opérations soit rentable. « Un jour, on a récupéré 8 kilos ! »

La cheminée vue de l'atelier principal
(septembre 2011)
L’activité s’est poursuivie quasiment sans changement jusqu’au début du XXIème siècle. "Elle a occupé jusqu’à 100 personnes lorsque nous traitions les pellicules Kodak argentiques, raconte Gilbert Deze. On a terminé à 25."


La Société des cendres existe toujours. Elle a déménagé à Vitry-sur-Seine, en banlieue, et s’est reconvertie dans le négoce de produits pour la prothèse dentaire et l’orthodontie. Elle comptait encore 120 actionnaires en 2009. 
Quant à l’immeuble des Francs-Bourgeois, il ne va pas rester longtemps figé tel qu’il était lors du départ des derniers salariés, avec son monte-charge antédiluvien, ses bidons remplis de boue séchée et sa grande horloge arrêtée sur 11h07. Le propriétaire souhaite réaménager les lieux. Uniqlo est sur les rangs. Le géant japonais de l'habillement a obtenu le feu vert de la Commission départementale d’aménagement commercial pour installer sur place une boutique de 1.300 m2. Ouverture prévue en 2013. Mais promis-juré, la meule de 7 tonnes et la cheminée resteront en place, en mémoire de l’or du Marais. 

Le fronton de la façade, rue des Francs-Bourgeois




Lettre du musée des arts décoratif remerciant madame Gautrait (Chevreux) pour les oeuvres et documents reçus en don




L acte de décés de Leopold Gautrait



Dessins d un bracelet en or de Gautrait, non documenté et non daté


Véritable touche à tout de la ciselure sur toutes matières voici des cachets  pour cire, en argent





Apparemment une empreinte en caoutchouc pour ses cachets





Cachets gravés

Merci à Evelyne Possémé, conservateur en chef au musée des arts décoratifs.




 Leopold Gautrait fabriquait aussi des cadres pour photographies, sa petite fille en possède toujours








Voici quelques dessins de cadres , ont ils été réalisés??







Ceci est un grand cadre pour un miroir



Dessins pour les décors de ses cadres


Bordure de cadre



Motif ciselé pour cadre


Dessin pour un cadre



Sa carte de visite



Dessins de son style post art déco



Ce dessin et celui qui suit sont interessants, car il sont en reliefs






Autre dessin mais quel usage?

Dessin de lézard! a quoi le destinait-il?






Dessin de pendentif



Très beau dessin d'une boite en or avec tour diamants



Il realisa beaucoup de modèles de croix


Dessin d un bouton de rose




Medailles et croix de Gautrait












Très beau bijou de Leopold Gautrait

  

Dessin du sceau de sa chevalière








Photo agrementée par Leopold Gautrait d un de ses vases quatre saison, très beau travail de repoussé et ciselé




Je termine par un portrait de sa fille réalisé par lui.



Merci à Leonore van der Waals,

A isabelle Souppe
A Carine Miller
A Isabelle Barthes
A Claudine Sablier
A la galerie Tadema

Des compléments? des remarques constructives, vous pouvez m'écrire : richard.jeanjacques@gmail.com



jeudi 12 février 2015

Les Diamants gravés de Boucheron et quelques autres

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Collier "point d interrogation" avec fleurs diamant, de Frédéric Boucheron, vers 1890. L'homme qui nous a offert cette oeuvre de délicatesse s'est intéressé aux diamants gravés.
Car pour ces diamants gravés il y a en quelque sorte, un avant et un après Boucheron. Homme de grande curiosité, Frédéric Boucheron s'était passionné pour le travail de Bordinckx qui travaillait sur le moyen de graver des diamants.
Les diamants gravés sont rares, mais ils constituent plutôt des joyaux étranges et curieux d'effet que réellement beaux.(Escar)


Vous connaissez certainement ce portrait,
 mais celui-ci, je l ai photographié moi-même

En 1865 dans "la gazette des beaux arts "il était écrit " le diamant, qui entame tous les autres corps, ne peut être entamé que par le diamant. Les anciens ne l'ont jamais gravé, n'ayant pas même connu l'art de le tailler et de le polir. Cet art ne fut inventé qu'à la fin du XVe siècle par un Brugeois, Louis de Berquen. Le premier diamant qui ait été gravé, l'a été vers 1564, par Clément Birague, Milanais, qui vivait à la cour de Philippe II. Le graveur y a représenté le portrait du malheureux infant don Carlos. « Les grands artistes, dit Millin, ne doivent pas perdre leur temps à traiter une substance aussi dure, qui n'ajoute à leur ouvrage d'autre mérite que celui de la difficulté vaincue, et à laquelle ils font perdre de son prix en en diminuant le volume. »


Le portrait de Frédéric Boucheron in situ

C'est très prudemment que j'écris cette histoire des diamants gravés, certaines sources sont fiables, d'autres paraissent incertaines bien que recopiées à de nombreux exemplaires, puisqu'on constate que des livres différents ont recopié les même erreurs.


Un diamant  a été trouvé dans les mines de Golconde dans ce qui est maintenant l'Andhra Pradesh, en Inde centrale, probablement en 1450. En 1591, Shah Nizam a ordonné la gravure sur l'une des facettes du diamant: "Burhān Nizam Shāh deuxième année 1000."

Cette même année, le dirigeant moghol Akbar de la grande Inde du Nord, occupe Ahmadnagar et s'empare du diamant. Un certain nombre d'années plus tard, le petit-fils d'Akbar, Shah Jahan, monta sur le trône et ordonna qu'une autre inscription soit gravée sur le diamant: 

"Shah Jahan, Le fils de Shah Jehangir Année 1051.". 
Le fils de Shah, Jahan Aurangzeb fixe le diamant sur son trône et l'entoure de rubis et d'émeraudes. Après sa visite à la cour d'Aurangzeb, le célèbre joaillier français Tavernier a écrit: "Sur le côté du trône qui est opposée à la cour il y a à voir un bijou constitué d'un diamant de poids d'environ 80 à 90 carats, de rubis et d'émeraudes autour , et lorsque le roi est assis il voit son joyau ". Le diamant Shah a été conservé à Delhi jusqu'en 1738.




En 1738, le Shah de Nadir attaqué l'Inde, saisit le diamant, et le ramène en Perse. Le diamant est resté en Perse pendant près d'un siècle, jusqu'à ce que, en 1826, la troisième inscription soit gravée sur la troisième facette:

 "La règle de la Qajar Fath'Ali Shah Sultān Année 1242.".

Ce n'est pas un diamant de belle couleur, il est de teinte jaunâtre due à un peu d'oxyde de fer à la surface. A l'origine il devait peser 95 carats. Après un polissage son poids est de 88,7 carats. L important ce sont les inscriptions gravées qui permettent de le dater.

En 1829, le diplomate et écrivain russe Alexandre Griboyedov a été assassiné dans la capitale de la Perse, Téhéran. Le gouvernement russe a exigé une punition sévère des responsables. Ayant pris peur la cour de Fath 'Ali Shah a envoyé le petit-fils du Shah Khusro Mirza à Saint-Pétersbourg,pour offrir le diamant "Shah" au tsar de Russie Nicolas Ier. Il faisait partie des joyaux de la Couronne russe  jusqu'à la Révolution russe et le renversement de la dynastie des Romanov, le 2 Mars 1917. Il est exposé actuellement au Kremlin.

La gravure des diamants remonterait aux environs de l an 1500, un certain Ambrogio Foppa dit le Caradosso, ou Ambrogio Caradossi, aurait peut être gravé un diamant qu'il aurait offert au Pape Jules II, mais sa trace a été perdue 


D'après ce texte, repris par d'autres, vers le milieu du XIV eme,  Clemente Birago vivant à la cour du Roi d'Espagne  Philippe II éxécute le portrait de l'Infant Don Carlos sur un diamant qui fut offert pour les fiançailles de Anne la fille de Maximilien II.
Birago était le neveu de Giacomo da Trezzo, grand artiste lapidaire. 
G d'Adda, dans la gazette des Beaux Arts  en 1867 nous explique que ce qui "revient de droit à Giacomo da Trezzo, c'est l invention de nouveaux outils, tourets, et moulinets plus perfectionnés".
Les divers témoignages attribuent  à Giacomo di Trezzo un écusson d'armoiries gravé sur une intaille en diamant, mais était ce du diamant? peut être une erreur de gemmologie? un exemple!


Mariette  (décédé en 1881) dans son ouvrage nous explique que Da Trezzo aurait gravé  aussi les portraits réunis de Philippe II d'Espagne et de Donia Carlos et qu'il se trouve au cabinet des médailles à Paris sous le N° 2489.
Je me suis rendu sur le site de la Bibliothèque nationale , aux médailles et antiques et l'ai trouvé.


L intaille est décrite comme étant de la topaze blanche, était ce bien du diamant dont parlait nos témoins de l'époque?

De nombreuses description font état de gravures sur diamants, l un des meilleurs résumés ci dessous dans l' Encyclopédie Historique des Beaux Arts plastiques.
La gravure du diamant même, au moyen de sa poudre, paraît aussi remonter à l'antiquité : Laurent Mugalottus parle, dans ses Epistolœ (xvii° siècle) , d'un diamant trouvé à Gonstantine en Numidie , qui aurait été orné d'une figure gravée . Gareoni cite cependant comme réinventeur de cette gravure Ambrozio Foppa dit le Caradosso, à qui Faustin Gorsi, dans son traité des pierres anciennes , attribue la gravure des têtes des Pères de l'Église, sur le bouton de chape du pape Jules II (1503-1513), diamant disparu durant le sac de Rome en 1527; ce travail aurait été payé à l'artiste 22,500 francs. L'historien milanais Morigia, du seizième siècle, attribue cette invention à son contemporain Jacopo da Trezzo (bourg à sept lieues de Milan) qui, selon lui, aurait gravé pour Charles-Quint (1519-4556) des armoiries sur un diamant. On sait du reste que ce Jacopo, accompagné de ses élèves Bisaga de Milan et Ambrosio Minerone de Crémone, est allé à Madrid graver des diamants pour Philippe II, et qu'il existe encore dans cette ville une rue qui porte son nom : la calle de Jacomo. 
George Bofler de Nuremberg, mort en 1630, est aussi mentionné par Doppelmayr pour la gravure sur diamant des armoiries de Philippe II, exécutées à la commande de ce roi. Le Lombard Clemens Birago fit revivre au dix-septième siècle l'art de là gravure du diamant, tombé dans l'oubli, et c'est à lui que l'on attribue la tête de Numa Pompilius voilée, d'une bague appartenant à M. Ghirlanda-Silva de Milan, bijou qui a été exposé au Champ de Mars en 1867(expo universelle). Cette seule gravure ancienne sur diamant parvenue jusqu'à nous me paraît avoir été exécutée au moyen de la meule. M. de Vries, attaché à la taillerie de M. Coster à Amsterdam (qui possède une autre taillerie à Paris), est le premier rénovateur actuel de cette gravure qu'il exécute, non pas avec la meule, mais plutôt en ciselure à la pointe du diamant. On a pu admirer son premier essai, la tête de l'empereur Napoléon III, gravée en creux sur un diamant monté en épingle, à la taillerie modèle que M. Coster avait fait construire dans les annexes de l'Exposition universelle de 1867. La gravure et la ciselure du diamant dans les temps modernes avaient été pré- cédées de la taille de cette pierre, dont l'invention est attribuée à tort à Louis de Berghem de Bruges, puisque l'on trouve dans l'inventaire du duc d'Anjou.

Boucheron Place Vendome Paris Au vu
 des drapeaux, ce serait le 14 juillet 1919


Qu'en dit le célèbre Babelon ? Babelon est l'auteur de travaux tels que le Recueil général des monnaies grecques de l'Asie Mineure ou le Traité des monnaies grecques et romaines, dont la chronologie est devenue obsolète avec les découvertes archéologiques ultérieures comme celle de Morgantina en Sicile pour la datation du denier . Il est titulaire de la chaire de numismatique antique et médiévale du Collège de France à partir de 1902 et est élu à l'académie des inscriptions et belles lettres en 1897.
Depuis la découverte de la taille du diamant par Louis de Berquen, de Bruges, en 1476, quelques artistes modernes se sont essayés à graver des portraits sur pierres précieuses. Ambrogio Caradossa grava, en 1500, un diamant qu'il offrit au pape Jules II; Clemente Birago, qui vivait à la cour de Philippe II, au milieu du XVI° siècle, intailla sur diamant le portrait de l'infant don Carlos 5. Vers le même temps, Jacopo da Trezzo, puis, au XVIII siècle, Carlo Costanzi et Natter et à l'époque contemporaine, des diamantaires d'Amsterdam, ont aussi gravé quelques diamants ou corindons. Mais, ce sont là des cas exceptionnels, des curiosités, ou, si l'on nous permet cette expression, de véritables tours de force, dont les auteurs, si habiles qu'ils se soient montrés, ne sont récompensés ni par le résultat atteint ni par l'appréciation du public les difficultés du travail sont de nature à compromettre le talent artistique du graveur; les feux de la gemme nuisent à l'effet de son œuvre la gemme enfin, étant diminuée de volume, perd sans compensation une partie de sa valeur vénale.





Un autre diamant gravé est parvenu jusqu'à nous, souvenez vous plus haut, Shah Jahan avait fait graver en  1051 la deuxième inscription sur le Diamant brut "Shah", ce collier , bijou Moghol impérial porte un diamant gravé entouré de Rubis, et serti dans du Jade. Le tour de cou  est fait de perles et de spinelles dont l un porte le nom de Jahângïr avec une date 1609.




Agrandissement du motif gravé qui peut être lu comme "Shah Jahan, Empereur, guerrier de la foi" . La photo n'est pas bonne , j'avais gardé l archive de l' exposition sur le diamant au musée d histoire naturelle de Paris en 2001.
Ce collier se trouve dans une collection privée que je ne connais pas, il ne m'était pas possible de demander une photo plus nette.



Voici un diamant gravé dont on a gardé la trace. Le Taj Mahal, un pendentif en jade au dos émaillé et serti de pierres rouges et de diamants, encadrant un diamant plus important en forme de cœur gravé d’une inscription en arabe, daté 1037 (1627-1628) du calendrier arabe, et tenu par un collier en or, jade et rubis à l’imitation d’une cordelette (en effet à origine c'était, à la manière Hindoue, une cordelette qui tenait le cœur), il aurait été dessiné par l’actrice Elisabeth Taylor et Cartier, il a été payé 8,81 millions de dollars sur une estimation de 300.000/500.000. Ce pendentif avait été offert à Elizabeth Taylor par Richard Burton en 1972



L'empereur moghol Shah Jahan (1592-1666) offrit ce diamant en forme de cœurà son épouse préférée, Mumtaz-i-Mahal. C'est en son honneur qu'il fit construire le majestueux Taj Mahal. Richard Burton, captivé par l'histoire et le mythe entourant ce bijou, l’offrit à Elizabeth Taylor pour ses 40 ans. Quelques ouvrages ont traité du sujet , celui ci-dessous date de 1777.


J'ai trouvé ce fameux Charles Bordinckx,qui va venir travailler à Paris pour Frédéric Boucheron, dans un annuaire d'Anvers
                             

En 1842, il apparait dans un document du Grand Orient de France comme habitant à Paris


En 1855, le catalogue Legrand, ouvrage très intéressant, un peu le Who's Who de l époque apparaît un dénommé Rouvenat qui aurait créé une robe en diamant, j'ai lu qu'il avait ecrit sur des diamants gravés par lui, mais je n'ai trouvé aucune preuve.


                        

     
Pour l'exposition Universelle de 1867 à Paris on retrouve Bordinckx, pour des diamants gravés et des diamants Briolettes perforés.

Plusieurs ouvrages au 17 eme et 18 eme siècle donnent des explications sur un certain Claude Briagues. Allacci, Morigia, Gorles et Pietrasancta, se copiant les uns les autres, parlent de Jacopo da Trezzo comme de l'inventeur de cet art nouveau. "Kirkmann accepte sans réserve cette opinion dans son livre de Anulis, et s'exprime ainsi « Soli adamanti ob indomitam ut credebatur duritiem parcitum sed hic « quomodo vitiaretur nostra ætate reperisse llfediolanensem quemdam Jacobum « Trecciam qui Philippi Hispaniarum regis gentilicia insignia adamanti summa arte « insculpsit. » Mariette et Zani font pourtant leurs réserves. Ce dernier tout en épuisant pour le Trezzo son exagération élogieuse, puisqu'il l'appelle tout bonnement un monstre de science et de talent, reporte pourtant avec Mariette à Clemente Birago l'honneur de cette découverte. M. Charles Blanc, dans sa Grammaire des Arts du dessin, se range aussi parmi les partisans du Birago. Notons ici, par parenthèse, que Bermudez et Frédéric Quillet (les Arts italiens en Espagne) l'appellent Virago, et que plusieurs auteurs français anciens et modernes en ont estropié le nom jusqu'à en faire Claude de Briague, erreur partagée dernièrement aussi par M. A. Chirac (Exposition illustrée, p. 4, p. 63). Article de G. D'Adda dans la Gazette des beaux arts en 1867.

Compte rendu de l'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 
M. Bordinckx d'Anvers expose aussi une briolette perforée et un diamant gravé d'un N surmonté de la couronne impériale. Quant aux diamants montés, la France nous semble avoir, pour cette industrie, une supériorité incontestable comme goût et comme élégance d'exécution. A Côté de la branche de lilas blan toute en brillants, véritable chef-d'œuvre de M. Rouvenat, les vitrines de MM. Massin, Mellerio, Beaugrand, Bapst, Boucheron, sont pleines de parures admirables avec lesquelles peuvent à peine lutter, et encore grâce à la richesse des pierres, la grosse rivière de Goldschmidt de Vienne, la belle broche d' Hancock de Londres et le splendide écrin de lady Dudley. Il y a dans ce dernier, des diamants de l'Inde « à rendre fou un joaillier, » nous disait un des membres du jury français songeant aux merveilles que nos artistes pourraient faire avec cette masse de brillants si lourdement montés. Nous conseillons aux personnes qui croient posséder des diamants d'aller prendre devant les parures de lady Dudley une leçon d'humilité. En résumé, il nous a paru qu'il y avait au Champ de Mars bien peu de diamants, surtout lorsque nous eûmes appris que, depuis
1859 jusqu'à 1867, il était arrivé en Europe 1,431,326 carats, soit, près de 300 kilogrammes.





Même en 1885 la société royale Belge de Géographie continue de citer Claude Briagues au lieu de Birago.

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Le collier contenait vingt-neuf grandes perles naturelles et vingt huit rondelles de diamants percés (de diamants taillés en forme circulaire avec un centre creux, ressemblant à une roue ou en anneau) Le fermoir contenait une perle noire pesant 65 grains entourés de diamants. Le collier a été conçu par le légendaire designer Paul Legrand (qui a conçu pour Boucheron 1863-1867 et 1871-1892 C'est Legrand qui eut l'idée de combiner perles avec ces nouvelles rondelles de diamant...... Bordinckx ...... qui a été étroitement liée à la maison Boucheron de 1880 jusqu'à sa mort en 1892 Legrand pensait que la beauté douce et subtile de la perle serait magnifiquement mis en valeur par contraste avec l'éclat de ces rondelles de diamant "séparateurs"


Intérieur du magasin Boucheron dans les années 1900 

Vever évidemment cite Boucheron et ce fameux collier de Perles A l'Exposition de 1889, Boucheron remporta un nouveau succès et obtint encore un grand prix ; de plus, il reçut la rosette d'officier de la Légion d'honneur. Les gravures qui ornent cette étude nous dispenseront de décrire les pièces de joaillerie qui furent le plus admirées. Signalons toutefois une innovation : des rondelles enfilées ou, pour mieux dire, de petits disques en diamant, percés d'un trou au centre et taillés à facettes sur la tranche, s'intercalaient dans un merveilleux rang de perles et les isolaient entre elles. L'éclat discret de ces diamants, allié à la douceur de la perle, produisait un effet charmant. Cette très jolie fantaisie, dont Paul Legrand, le dessinateur de Boucheron, avait eu l'idée, obtint beaucoup de succès.


Trouvé dans la presse financière de 1890



Vever dans son tome 3 complète à propos de Bordincks et Boucheron

 D'ailleurs, le caprice se donnait libre cours dans cette vitrine où se trouvaient des diamants qui, en dépit des difficultés d'exécution, étaient taillés de toutes façons et en toutes formes, pour figurer des ailes de mouches, des tortues, etc. M. Boucheron avait encouragé dans cette voie son lapidaire-diamantaire M. Bordinckx, et celui-ci était parvenu même à graver quelques-uns de ces diamants. Il perfectionna encore son travail par la suite et, à l'exposition de 1900, on vit chez Boucheron des broches, des bagues et d'autres bijoux présentant, au centre, un diamant sur lequel des ornements ou des fleurs avaient été gravés. S'il ne faut pas voir là un emploi très judicieux du diamant, du moins ces tentatives montraient-elles une grande difficulté vaincue.


C'est en 1894 que des papillons gravés de Boucheron et Bordinckx commencent à apparaitre dans la presse



En 1896 , la science illustrée publie un reportage sur la gravure du diamant et Bordinckx, sur le "comment" a procédé Bordinckx

Les diamants gravés. — Une taillerie de diamants, à Los Angeles, vient d'introduire l'électricité comme force motrice dans ses ateliers. Ce fait n'aurait rien d'extraordinaire, si l'emploi de l'électricité n'avait pas permis un nouveau mode d'opération dans l'art du lapidaire. Les tailleurs de diamants ont pour habitude d'enchâsser la pierre à tailler au moyen de plomb fondu, sur une tige. Le diamant ainsi soutenu est appuyé suivant l'angle de la facette à obtenir sur une petite roue ou molette. Nous avons donné des détails circonstanciés sur ce travail . Dans ce procédé, qui date du moment où l'on commença de tailler les gemmes, la molette tourne sur un axe fixe, et c'est la pierre que le lapidaire déplace selon les nécessités du travail à effectuer. A Los Angeles, au contraire, la pierre est fixée sur un appareil fixe, et c'est l'outil dont l'extrémité porte une molette. Cette molette est animée d'un mouvement de rotation extrêmement rapide.

Ce n'est pas une chose nouvelle que ces outils portant, un disque ou une fraise mobiles. La chirurgie américaine, surtout la chirurgie dentaire, use depuis longtemps d'instruments, scies circulaires, polylritomes, rugines, fraises, etc., qui, au lieu de recevoir le mouvement rotatoire de la main de l'opérateur, le reçoivent d'une force quelconque, moteur à pédale ou à manivelle, ou enfin d'une dynamo. La transmission du mouvement se fait le plus souvent par un conducteur métallique, flexible en tous sens, pour laisser toute liberté à l'opérateur qui n'a plus à s'occuper que de la direction à donner à l'instrument. M. Trouvé, l'électricien bien connu, a même construit des fraiseuses pour dentistes actionnées par une petite pile disposée sur le manche de l'outil.


Ce sont des instruments analogues dont on se sert à Los Angeles. On assure que cette nouvelle méthode est préférable à l'ancienne, car le lapidaire voit continuellement ce qu'il fait. Ces instruments ont permis également de graver et de repercer le diamant à jour, et de produire des joyaux semblables à ceux que fabriquait M.Bordinckx d'Anvers, d'après un procédé tenu soigneusement secret, et que depuis il a transmis à son fils. Ce procédé doit avoir des points de ressemblance avec celui de Los Angeles, sauf pour la force motrice. La gravure sur diamants et pierres précieuses constitue des joyaux plutôt étranges et curieux d'effet que réellement beaux. Elle permet d'utiliser des pierres trop minces pour dire taillées à facettes, ou des pierres déshonorées par des défauts trop visibles.
Ou s'arrange pour que la gravure ou le reperçage enlève ces défauts; de là le caprice apparent qui semble résider dans le choix des modèles adoptés pour les pierres précieuses gravées. La petite planche ci-jointe, représente quelques échantillons et donne une idée du résultat obtenu. On y voit une épingle en forme de yatagan; la lame est en diamant, la poignée en rubis; une autre pierre porte une table sur laquelle est gravée une pensée; une autre encore représente un vulgaire couteau. Nous voyons également, un tricycle, à roues complètement ajourées ; des | mouches et des abeilles, dont les corselets, les têtes, etc., sont formés de pierres différentes, niais dont les ailes en diamants étalent des nervures finement repercées, presque aussi délicates que la nature nous les montre.




En 1897 Bordinckx obtient une médaille d'argent à l exposition universelle de Bruxelles en tant que coopérateur de la Maison Boucheron


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Journal officiel de 1897 sur les récompenses de l expo universelle de Bruxelles


Broche papillon, quatre ailes en diamant gravé par Bordinckx, le corps du Papillon est formé par un rubis coussin  et un diamant briolette taillé en poire, monture "trembleuse " en or  44 m/m sur 36 m/m



Cette planche de photos anciennes m'a été gracieusement fourni par Claudine Sablier , historienne attachée à la Maison Boucheron, elle a préparé aussi une note:

BORDINCKX C., Pierre-Charles Bordinckx (c.1826-1892) - installé à Paris vers 1878/79
Lapidaire, né à Anvers, mort à Paris en 1892. Son fils lui succède.Se fait une spécialité des diamants percés et gravés. Il est le premier, en Occident, à avoir pu réaliser ce travail qui sera exploité mécaniquement au début du XXe siècle.
En 1867, il expose des briolettes percées et un diamant sur lequel il avait gravé la lettre N surmontée de la Couronne impériale. Dès 1880, son nom est lié à celui de Frédéric Boucheron : cette année-là, il exécute pour lui une bague, en forme d’anneau, taillée dans un bloc de diamant. En 1889, il réalise, sur une idée du dessinateur Paul LEGRAND des rondelles de diamant facetté, percées au centre, afin de les alterner avec des perles pour former des colliers qui connurent une grande faveur.
En 1894, son fils présente entre autres sujets, à l’Exposition d’Anvers, un scarabée sculpté, une broche composée de deux raquettes formées de diamants plats, les cordes gravées, et même une épingle de cravate ornée d’une petite bicyclette, les roues en rondelles gravées et percées. A l’Exposition Universelle de 1900, la vitrine de Boucheron, sans compter les colliers de perles et rondelles de diamants, comprend plus de vingt pièces gravées, un bracelet, des épingles, des bagues gravées d’armoiries, des broches en forme de pensée, de marguerite, des insectes aux ailes gravées.


Broche de Boucheron avec motif central: diamant gravé par Bordinckx

La collection Boucheron possède trois bagues diamants gravés n° 396, 397 et 393 datant de 1900 et un pendentif n° 412 de 1905. Ses œuvres pour Boucheron comptent parmi celles qui ont le plus marqué cette fin de siècle. De nos jours les collectionneurs dépensent des fortunes à acquérir ces témoignages de la grande exposition et d’un savoir-faire oublié.

La revue de la bijouterie n’a pas manqué de remarquer en son temps qu’en réalité, « si les bijoutiers-joailliers peuvent se féliciter du progrès accompli, il est juste qu’ils sachent et se souviennent qu’ils le doivent aux recherches et aux essais faits pendant vingt-cinq ans, à Paris, par M Bordinckx, et à l’encouragement bienveillant et éclairé de M Frédéric Boucheron ».



Sur cette bague en or datant de 1900 environ est serti un diamant gravé par Bordinckx, la gravure représente un chiffre "F.B"


Archives Boucheron

Celle ci, présente un diamant gravé par Bordinckx avec une couronne de Baron, entouré de saphirs calibrés, datant de 1900, la monture a été réalisée par le joaillier Pelletier:  Chaveton,Pelletier et Pourée, successeurs de Filard, spécialistes réputés pour les bagues en joaillerie ;

Archives Boucheron

Cette bague fut aussi réalisée par Pelletier en 1900, monture or et platine, diamants taillés en roses, gravure diamant de Bordinckx avec une couronne de Marquis.

Claudine Sablier (maison Boucheron) a bien voulu m apporter d'autres précision importantes:
Les bijoux ornés de diamants gravés qui étaient vendu par Boucheron , étaient montés chez nous, mais les diamants gravés qui les ornaient venaient de Bordinckx. On trouve son nom dans nos livres de stock  chaque fois qu'il y a un diamant gravé  de 1887 à 1900 - en 1910, on utilise une rondelle facettée et percée par lui pour une broche.
J'ai noté 3 papillons (un avait 4 diamants pour 6 carats, celui que nous connaissons avec le rubis avait 4 ailes pour 28,92 carats et 1 briolette de 5,18 carats - et 1 avec 2 ailes diamant gravé 4 cts)  , plusieurs mouches , des bourdons, avec les ailes gravées, une tortue, un scarabée mais cette liste ne peut pas être exhaustive car nous avons perdu les livres de commande.




Ce chapelet a été fabriqué par Boucheron aux environs de 1900., or saphirs 



Au centre un diamant gravé par Bordinckx, sur ce diamant le monogramme "IHS" qui est  une abréviation et une translittération imparfaite du nom de Jésus en grec.


Facade actuelle de la maison Boucheron


Dans le journal "La science amusante et créative" de 1902

Comme curiosités relatives à la joaillerie, nous nous bornerons à parler de 3 bagues en diamant et des diamants gravés. Tailler une bague dans un bloc de diamant est une opération des plus délicates, d'une part à cause de la dureté de la pierre; d'autre part à cause du clivage et des veines qu'il faut bien connaître avant de commencer le travail.
M. Bordinck semble être le premier joaillier ayant taillé une bague dans du diamant. Son travail fut exposé à Anvers en 1890. Quatre ans plus tard, M. Gustave Antoine montra à l'Exposition d'Anvers une bague en diamant de 17 millimètres de diamètre extérieur et de 11 millimètres de diamètre intérieur.

LES DIAMANTS GRAVÉS.
C'est également M. Bordinck qui, par des procédés tenus secrets, a réussi à graver le diamant.
La gravure sur diamants et pierres précieuses constitue des joyaux plutôt curieux que réellement beaux. Elle permet d'utiliser des pierres trop minces pour être taillées à facettes, ou des pierres déshonorées par des défauts trop visibles. On s'arrange pour que la gravure ou le reperçage enlève ces défauts; de là le caprice apparent qui semble résider dans le choix des modèles adoptés pour les pierres précieuses gravées.



Notre gravure reproduit quelques-uns de ces bijoux étranges (fig. 182).
On y voit un épingle en forme de yatagan avec lame en diamant et poignée en rubis ; une autre épingle forme une table arrondie avec une pensée gravée ; une autre figure un couteau de table.
Ce sont encore une mouche, une abeille dont les corselets, les têtes sont formées de pierres différentes, mais les ailes sont en diamants avec des nervures très délicates; un tricycle à roues complètement ajourées, un poisson taillé et gravé formant épingle; enfin, au centre, une broche avec un gros diamant taillé et gravé, entouré de saphirs et de brillants.


C'est une breloque composée d un diamant table (pas de culasse) poire, avec une croix gravé par Bordinckx ,la breloque a été exécutée en 1905 à l atelier Boucheron 

En 1900 que produisait d'autre Fréderic Boucheron? de toutes les pièces classiques, j'ai choisi une broche plus originale (à mon gout)


Photo de 1900 parue dans la revue de la bijouterie en 1901  Broche Junon en Jade, émaux, saphirs jaunes et diamants et c'est extraordinaire de retrouver ce bijou plus de 100 ans après au catalogue d'une maison de vente.



Voici la broche Junon de nos jours, dans une vente Christie's, ce bijou a été conçu et fabriqué par Boucheron. Elle a été exposée à l'Exposition universelle de Paris en 1900 et c'est l'un des joyaux, témoins de l'Art Nouveau. Junon est sculpté en jade blanc. Dans la mythologie Romaine, Junon, en latin Juno, est la reine des dieux et protectrice du mariage. Fille de Rhéa et de Saturne, elle est à la fois sœur et épouse de Jupiter. Ses attributs sont le paon que l on retrouve sur ce bijou un sceptre surmonté d'un coucou et une grenade, symbole de l'amour conjugal, le lys et la vache.
Protectrice des femmes, elle symbolise le mariage lorsqu'elle est représentée recouverte de voiles, et elle est associée à la fécondité lorsqu'elle en tient l'emblème : la pomme de grenade.

TOURRETTE Etienne , le plus grand émailleur de son époque

  Peut être le plus grand émailleur de son époque, il est peu connu, et peu de ses oeuvres sont connues, pourtant, avec sa participation imp...