lundi 5 août 2024

A propos de RENE BRY et des maisons Van Cleef & Arpels, et Bijouterie Lambert à Paris


Double Clip platine et diamants de René Bry

 René Bry fut un grand artisan  à partir de 1937, et la plupart des sites internet le définissent ainsi:"Fondé en 1937 par René Bry, joaillier de renom ayant notamment collaboré avec Pierre Sterlé et Van Cleef & Arpels, la maison Bry & Co est l'une des adresses les plus prestigieuses de la joaillerie parisienne de l'époque, notamment à partir de 1944, où la maison ouvre sa boutique rue de la Paix"

A-t-il fabriqué pour Pierre Sterlé?, oui !, Pour Van Cleef & Arpels, a ma connaissance non ! Et pour finir, a t il collaboré? avec Pierre Sterlé oui ! et aussi avec le commissariat général aux questions juives pendant la derniere guerre.


En 1937 René Bry installe au 51 bis rue sainte Anne à Paris, un atelier de réparations et fabrications .
En quelle année s'installe t il rue de la Paix? 1944? peut etre 1945.


Cette publicité d'un grand magazine date de 1945, Bry est au 15 rue de la paix


Son poinçon de Maître initiale R.B. et une tête de mouton enregistré le 09 mars 1937  au 51 bis rue sainte à Anne à Paris. 
Je montrerais d'autres bijoux plus loin dans mon article , mais je reviens en 1941.

La dépossession des Juifs fut d'emblée inscrite au cahier des charges du Commissariat général aux questions juives (CGQJ), créé le 29 mars 1941 et dirigé par Xavier Vallat, puis Darquier de Pellepoix. Dès l'été 1940, les divers services allemands s'employaient également activement à dérober les biens juifs. L'ambassadeur Otto Abetz profita ainsi de l'exode pour faire main-basse sur les collections d'art des propriétaires juifs absents.

Fin 1941, les Allemands frappèrent la communauté juive française d'une amende exorbitante d'un milliard de francs, à payer entre autres sur la vente de biens juifs, et gérée par la Caisse des dépôts et consignations.

Le CGQJ nomma alors des administrateurs pour organiser la spoliation . L’article 2 de la loi du 17 novembre 1941précise, en effet, que « les immeubles actuellement détenus par des Juifs ou qui seraient acquis par eux postérieurement à la publication de la présente loi […] seront pourvus d’un administrateur provisoire ».
la gestion, l’inventaire, l’estimation du butin rassemblé, n’auraient jamais pu être menés à bien sans la collaboration de tous ces Français qui participèrent à l’œuvre de spoliation. Administrateurs provisoires, experts, ils étaient tous volontaires, libres de se retirer à tout moment.

Or René Bry insista pour remplacer l administrateur chargé de la maison Van Cleef & Arpels il fut d'ailleurs payé. J ai d'ailleurs consacré de nombreux articles à l aryanisation de Van Cleef & Arpels tel celui-ci : https://www.richardjeanjacques.com/2010/02/van-cleef-arpels-1939-1945.html

Cette fonction lui permettait de par ses relations allemandes, d'être au courant des affaires spoliées ce qui lui permit d'acquerir une bijouterie de Paris la maison "LAMBERT." 3 boulevard Saint Denis

René Bry le 11/11/1942

Je soussigné René Bry 51 bis rue sainte anne à Paris ai l'honneur de vous informer que je me porte acquéreur du fonds de commerce "Bijouterie Lambert (Adrien Lévy) 3 bd Saint Denis à Paris pour la somme de un million cinq cent seize mille francs , étendu aux éléments incorporel et matériels, les marchandises qui resteraient en stock en sus à dire d'expert au jour de l homologation
Paris le 11/11/1942

Monsieur Adrien Lévy avait fait une très belle lettre pour demander qu'on examine son cas , expliquant avec des détails, les générations précedentes nées en Alsace et ayant la nationalité française, mr Levy notait aussi ses états de services militaires brillants, mais rien n'y fit.


D'apres la description c'était a gauche du tabac la violette

Le stock en plus 1.014.855 francs a été réglé après par Bry au liquidateur de l' affaire, il y avait trois bijoutiers en lice pour faire une proposition d'achat, c'est Bry qui l'a emporté étant largement au dessus du 2 eme, le 3 eme était un Bijoutier du Havre (Du Havre, de Rouen, de Fécamp)


Il était né le 18/05/1886 , a Paris , fils de Cerf Levy et Evelyne Worms tous deux commerçants en bijouterie. Son acte de naissance nous permet de découvrir que par décret du 6/7/1949, il est autorisé a substituer a son nom patronymique , celui de "Lambert" , il est décédé le 29/06/1963 sous le nom d'Adrien Leon Lambert.
Rien a voir avec ceux pour qui j'ai écris un article:

Donc René Bry dès fin 1942 exploite cette bijouterie, l' argent de l'achat n'est pas versé à Adrien Levy mais à la Caisse des depots et consignations.

Arrive la libération de Paris, Adrien Levy revient chez lui et reprend possession de son affaire mais il reste quantité de formalité  à accomplir pour obtenir la restitution.

J ai donc cherché à comprendre comment s'était passé une restitution réussie contrairement à  d autres affaires ou malgré 60 à 80 années de procédure, le bien spolié n'a pas été rendu.
Car: En conclusion de son ouvrage consacré à l’aryanisation des entreprises juives en France, Philippe Verheyde écrit que « l’histoire des restitutions des biens juifs est une histoire qui reste à faire: Les Mauvais comptes de Vichy. L’aryanisation… ». C’est à ce même constat qu’aboutissent les membres de la Mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France – dite Mission Mattéoli – lorsqu’ils commentent dans un de leurs rapports : « C’est la phase de la spoliation qui est la mieux connue. L’étude de la restitution et celle de la déshérence n’en sont qu’à leurs début.

Une nouvelle ordonnance du Gouvernement provisoire est promulguée le 21 avril 1945. C’est un texte majeur, qui porte deuxième application de l’ordonnance du 12 novembre 1943 et qui est destiné à annuler les dépossessions accomplies par les Allemands et le gouvernement de Vichy. Il s’agit dans la pratique de meubles, d’immeubles, de fonds de commerce, de parts ou d’actions sociales, de droits immobiliers ou mobiliers de toutes sortes, appartenant dans la plupart des cas à des Juifs et placés sous administration provisoire, puis vendus ou liquidés. Une ordonnance de référé est rendue par le président du tribunal civil si le propriétaire spolié ou l’acquéreur du bien ne sont pas commerçants et si le bien spolié n’a pas de caractère commercial. Dans le cas contraire, l’ordonnance de référé est rendue par le président du tribunal de commerce
L’ordonnance de restitution est immédiatement exécutoire, l’appel est possible mais non suspensif ; autrement dit, l’acquéreur se trouve contraint à restituer ce qu’il a eu le tort d’acheter dans des conditions qu’il ne pouvait ignorer



Donc Adrien Levy revient, reprend son bien et Bry doit se débrouiller avec l' administration de la caisse des dépots et consignations. 
En effet toutes les sommes de son achat y avaient été versées, et au vu des lois il ne restait plus qu'a en demander le remboursement, et pourtant , cette caisse deduisait toutes sortes de frais et taxes. La restitution sera légalement effective le 6/7/1945............



Cela pourrait paraitre simple et pourtant ce dossier que j ai pu me procurer contient plus de 100 pages.
Cela s'est bien passé mais combien d'autres, à l instar de l affaire Seligman contre Mellerio, ne sont pas rentrés dans leurs biens : lire : https://www.richardjeanjacques.com/2013/08/mellerio-joaillier-l-histoire-du-9-rue.html





1949 apres la guerre René Bry s'est beaucoup investi au Maroc, ci-dessus article du journal "La Vigie Marocaine.
"Une exposition de bijoux de Bry et Sterlé dans son élégant magasin boulevard de la Gare, le Diamant Bleu a réuni deux grands noms de la rue de la Paix et de l'avenue de l’Opéra, Bry et Sterlé. On y trouve les plus belles réalisations des Joailliers modernes : des bagues dont le chaton en boule saillante est ajouré, semé de brillants, d'autres formées de cabochons de pierres précieuses griffées d'or et portées légèrement sur des montures en dentelle d or . l’anneau est une torsade ou une fine chaine Des bracelets montres dont le cadre est enchâssé dans une boule légère, résille d'or où s'insèrent de petits diamants et qui s’ouvre par une fermeture en bascule pour laisser voir un minuscule cadran rond, le bracelet est une chaîne souple deux fois enroulée autour du poignet Des colliers et des bracelets en ruban d'or, rivières de diamants allégées par une composition en mailles ajourées Quelques modèles particulièrement originaux une montre de stvle ancien dont le cadran est placé au fond d un nid profond et fait de chaînettes fines. La torsade se déroule pour fermer le bracelet attaché à la montre par quatre brides d or insérées au moyen de pavés de brillants Un clip curieusement composé de prisme de topaze poli parcouru par des filets de petits diamants : un autre, genre épaulette d 'officier égrène des pampilles d'or le long d'un bord massif étroit. Des  clips en platine en forme de feuilles légères, effilées, faiblissantes Une ligne stylisée et appliquée à des motifs d'inspiration ancienne crée l'originalité des bijoux auxquels une Interprétation en filetés légers donne un caractère gracieux, fragile et aérien.( La vigie Marocaine journal de 1949)


1949 La "Vigie Marocaine"


1957 Publicité de Bry et Cie 

En 1957 René Bry devient René Bry & Compagnie


COLLIER / PAIRE DE BRACELETS EN DIAMANTS RENÉ BRY DU MILIEU DU XXE SIÈCLE
Diamants taille ronde et baguette, détachables et pouvant être portés en deux bracelets avec deux maillons de fermoir supplémentaires, années 1950, platine et or blanc 18 carats (poinçons français), poinçon de maître (René Bry)
Accompagné d'une publicité imprimée pour Bry & Co., 1952 Pourtant la société Bry & Co ne date que du 01-01-1957
Taille/Dimensions : circonférence intérieure du collier 32,8 cm ; circonférence intérieure des bracelets 17,5 et 17,0 cm
Poids brut : 238 grammes


BRY ANNÉES 1960 CLIP OISEAU STYLISE
Les ailes en or jaune 18K texturé sont retenues par un corps pavé de diamants taille brillant. Monture en or jaune 18K et platine. Poids brut : 34,05 gr. Dimensions : 6,3 x 7,8 cm.


Clip de Sterlé:  Métal : or jaune 18K (750‰), platine (950‰)  : émail, diamants
Dimensions : hauteur : 6,4 cm - largeur : 4,4 cm - épaisseur : 1,4 cm
Poids brut : 19,78 2 poinçons de René Bry qui en fut le fabricant.


A partir de 1964, Frédéric et Jean Marc Bry créent une série de bijoux en poils d'éléphants



Le vendeur du site 1stdibs a écrit ce texte, je le livre tel quel:
Une paire inhabituelle et unique, fabriquée à Paris en France dans les années 1970. Elles ont été fabriquées par Bry & Co. en or jaune massif de 18 carats, avec des surfaces polies à l'extrême. Ils sont dotés d'un dos en oméga français pour fixer les clips et peuvent être facilement transformés pour les oreilles percées en ajoutant une paire de tenons.
Le fait intéressant de cette paire est qu'elle est montée avec 4 griffes naturelles placées géométriquement dans les montures en or.
Ils ont un poids total de 21,95 grammes et mesurent 35 mm (1,38 pouces) par 18 mm. (0,70 pouce).
Ils sont tous deux estampillés de magnifiques poinçons français, deux fois avec la tête d'aigle pour le dosage et la garantie de l'or 18 carats, le cartouche de maître du fabricant et signé, "BRY PARIS .750 SDGD".
Bry & Co. Créée en 1937 par Monsieur René Bry, sous le nom d'Ateliers de Joaillerie René Bry, la maison Bry & Co est l'une des adresses les plus prestigieuses de la joaillerie parisienne, notamment à partir de 1944, date à laquelle la boutique éponyme ouvre rue de la Paix.


 Marque :  Bry   Vers 1957  Poids diamants :  25 ct  • Largeur :  2 cm • Longueur :  17.5 cm • Poids brut :  69.6 g : Revendu par Michael Dan


BRY ANNÉES 1970
PAIRE DE BOUTONS DE MANCHETTE POILS D'ÉLÉPHANT
Ils se composent de poils d'éléphant retenus par une monture en or jaune 18K. Travail français signé BRY PARIS, poinçon de maître. Poids brut : 12,48 gr. (accident) Dim. 2,1 x 1 cm.



Il y a quelques jours (07-2024) mon ami Varujan de la maison Gorky à Paris 18 rue Duphot à Paris a "rentré" ces doubles clip et broche de grande qualité


Broche « Double clip » en platine et or gris, ornée de diamants demie taille, taille baguette et de rubis Birman.
Poids: 28,4g.
Vers 1945
Porte le poinçon de RENÉ BRY. Certificat: CARAT GEM LAB no 32014-15 pour les rubis.




René Bry et successeurs ont vendu beaucoup de bracelets ou colliers et breloques en poils d'éléphant, malheureusement, ils ont continué a en vendre malgré une loi interdisant la vente de ce qui concerne cet animal, alors en 2009

2009
Frédéric Bry était dans la légalité... à un poil près. Hier, le directeur général de la bijouterie de luxe Bry &Co a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à une amende de 2 000 euros avec sursis pour défaut de justificatifs prouvant la légalité de l'importation de cinq mille poils d'éléphant.
Le pachyderme est l'une des premières espèces à avoir été protégées par la convention de Washington, entrée en vigueur en 1975. La société, située rue de la Paix (2e), a été condamnée à 5 000 euros d'amende. Les cinq associations de défense des animaux qui se sont portées parties civiles recevront 1 000 euros de dommages et intérêts.
Peu convaincant à la barre, Frédéric Bry a expliqué que ces poils découverts dans un sac au fond de la boutique avaient été achetés par son père dans les années 1980. Estimés à 1 500 euros l'unité, ces poils étaient tressés par la bijouterie et transformés en bracelets, boucles d'oreille et autres ornements. « Quand j'ai repris la tête de la société, j'ai conservé le stock qui restait. J'ai toujours eu l'impression d'être dans la plus parfaite légalité. Toutes ces années après, on me demande des justificatifs, mais c'est improuvable ! », a-t-il expliqué. « Et la queue d'éléphant retrouvée lors de la perquisition dans le sac ? », lui demande le président, le nez sur le scellé comportant la saisie. « C'est un cadeau offert par Valéry Giscard d'Estaing à mon grand-père qui était un grand chasseur », souffle le prévenu qui assure avoir envoyé un recommandé à l'ancien président de la République pour témoigner de sa bonne foi. « Cela me paraît difficile pour un professionnel de dire qu'il ignorait la réglementation », a indiqué le procureur.


René Bry est décédé en 1992 à l'age de 85 ans

La société BRY ET COMPAGNIE a été radiée du registre du commerce le 4 août 2011.

Maison importante car sur l'année 2010 elle réalisa un chiffre d'affaires de 5, 563, 000,00 €.

Si vous possédez des documents, des photos de bijoux etc , ecrivez moi à richard.jeanjacques@gmail.com

1 commentaire:

  1. On en apprend toujours de nouvelles!! Sur nos joailliers ET nos collabos !! Notre pays a pu produire ce qu’il y’a de plus beau et de plus laid ! Et ça continue 😳😡

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