J'avais écrit un chapitre lui rendant justice en 2016 sur ArnoldOstertag :
Faisant des recherches sur Jean Eté, (en bas à droite), je tombe sur cette publicité d'Ostertag annotée 16 place Vendôme. Je suis tombé sur mon séant, mais je me relève…Arnold Ostertag au début de la guerre 1939-45- rejoint sa femme qui est de nationalité américaine, il meurt en 1940.
Publié dans L'international Herald Tribune et the "Washington post"le 01-05-1940
Il semble que pas un français n'ait lu qu'il était Suisse.
La maison qu'il a créée est aryanisée, l'administrateur de biens juifs nommé par les allemands est Maurice Mellerio le locataire de l'immeuble Seligman au 9 rue de la Paix. Or cette publicité dans la revue Réalité daterait de 1950.
Je vérifie auprès de la maison émettrice : https://hprints.com/fr : la date est bonne et je remercie Edouard Céalac de m'avoir fourni à titre gracieux le cliché.
Mais alors qui a pu faire cette publicité ? L'affaire Ostertag a été liquidée ? L'adresse étant bien 16 place Vendôme, qui a repris ce magasin. ?
Ostertag était installé aussi avant-guerre au Touquet, à New York et à Cannes !
Ce ne peut être que Verna Ostertag (qui se remariera avec un grand joaillier : Paul Flato) ??
Maurice Mellerio avait rendu un rapport aux autorités allemandes d'occupation, deux ans après avoir été nommé, pour expliquer qu'Ostertag n'était pas Juif mais Protestant et Suisse.
Donc après-guerre les biens d'Arnold Ostertag avaient été restitués à sa femme (du moins ce qu il en restait), et c'est elle qui je pense au début de cet article a vendu le magasin du 16 place Vendome Aujourd'hui Piaget et Gucci.
Verna avait gardé l'appartement au 1 er étage, c'est la fille de Verna et Paul Flato (Susan) qui m'a transmis cette photo prise après-guerre et l'appartement n'a été vendu qu'il y a 4ans (avec tout le mobilier)
Susan Flato qui parle bien français vit à New York, et est d'une très grande gentillesse.
Heureusement j'ai un petit réseau de copains historiens de la joaillerie dans le monde entier, et c'est Claudine Seroussi qui de Londres va me livrer une partie du mystère.
Dans le cas d'Ostertag, cette date et cette annonce sont correctes. Tout comme l'attribution (dans ce cas, j'ai épinglé cette image pour Ostertag et aucun des autres bijoutiers cités). Ostertag en tant qu'entreprise a existé après 1945. La société a été rachetée par la famille arménienne de diamantaires Fringhian. Ils ont également acquis la boutique du 16 place Vendôme et y ont vendu au détail. En regardant les bijoux, j'ai l'impression qu'ils ont également acquis du stock. Vers la fin des années 1940-1950, ils utilisèrent le nom Ostertag, mais de plus en plus avec Fringhian et Cie en petite écriture en dessous. Puis, pendant une brève période de 1951 à 1952, ils étaient connus sous le nom d'Ostertag-Fringhian. En 1952, l'entreprise était plus connue sous le nom de Fringhian, vendant toujours au détail sur 16 place Vendôme.
Claudine n'a pas de site internet mais elle est sur instagram et si vous aimez la joaillerie, elle abat un énorme travail : @artofthejewel.
Alors qui sont ces FRINGHIAN????, un autre ami Arménien va m'aider? le fils de Jean Vendôme.
Jean Vendôme s'appelait TUHDARIAN
J'ai très, très, bien connu les frères Fringhian, car mon grand-père était le gestionnaire de l'affaire, mais il est mort en 1963.
Il était déjà l'employé préféré de Achod FRINGHIAN dans l'affaire du grand bazar à Istanbul.
Bref la famille FRINGHIAN s'échappe de la Turquie vers 1917 épargnée du génocide.
Je pense que mon grand-père qui avait des gros soucis avec les autorités turques pour avoir écrit des articles anti turcs dans des journaux arméniens est venu en France avec eux.
Voici le grand père de Raphael et Thierry Vendôme, l'homme à lunettes au travail chez les diamantaires Fringhian.
On parle de la fortune de Gulbenkian et de Mantacheff les arméniens les plus riches mais pas des Fringhian, qui venant en France achètent cinq chateaux, l'immeuble du 56 rue La Fayette dont les bureaux sont visibles depuis l’extérieur par des grands Bow windows., ils y avait deux ascenseurs dans l'immeuble, dont 1 qui allait directement dans les bureaux des Fringhian, et enfin un hôtel particulier avenue Foch de Paris et qui par ses grandes collections d'art est devenu le musée arménien, fermé depuis plus de vingt ans
Achod avait 4 fils, un qui est mort très jeune, sans doute de maladie, puis Nourham, Boghos et Dji.
Les fameux Bow Windows
56 Rue Lafayette.Paris
Les Fringhian s'expatrient après la fin du génocide, pourquoi ? D'une manière générale, les autorités ottomanes évitèrent les déportations massives dans les villes d'Istanbul et d'Izmir, à la fois pour cacher leurs crimes aux étrangers, mais aussi pour tirer profit de la valeur économique des citadins arméniens dans le processus de modernisation de l'Empire.
14/11/1918 Dans le New York Hérald Tribune, les Fringhian sont des réfugiés riches et sont au Ruhl de Nice
Un ami ?
1929 a lire cet annuaire, Achod aurait toujours son affaire de Stamboul?
1929 Achod et ses fils créent une société d'import-export.
1930 dans le journal "Le foyer des Arméniens " les fiançailles du fils ainé Boghos
Achod faisait partie de l'association puissante "Margossian"
Ce n'est pas n'importe quelle campagne, mais dans le Chateau de Boursault qui appartenait autrefois à la Veuve Cliquot et qui fut l'un des cinq chateaux achetés par Achod à son arrivée en France. Il épouse Louise Missirian la fille du puissant maitre des tabacs de Bruxelles
L'un des descendant Alex occupe ce chateau à l'heure actuelle, et exploite le vignoble de champagne attenant. J'y reviendrais.
Apres s'être appelé "Champagne Fringhian" c'est désormais le "Chateau de Boursault"
Le poinçon des Fringhian d'après Rémy Verlet auteur du "dictionnaire des joailliers bijoutiers et orfèvres de France" publié par l'école des arts joailliers avec le soutien de Van Cleef & Arpels . Vérification faite dans mes annuaires "Azur" Ostertag est dans le N° de 1931
Les Fringhian perdent un ami Nubar Kalebdjian le 18-12-1932
Déjà condamné pour un accident en 1929
Qui est Meg Fringhian installées à Istanbul en janvier 1932
Mrs Fringhian de Paris, et Missirian de Bruxelles sont à l hotel de la résidence en 1934
1935 : UNE POUDRIER SERTI DE DIAMANTS, PAR FRINGHIAN
Le boîtier rectangulaire au dessin géométrique gravé, rehaussé de diamants taille circulaire, s'ouvrant latéralement par un poussoir invisible laissant apparaître un miroir encastré et un compartiment à poudre, vers 1935, 7,0 x 7,5 x 1,0 cm. , poinçons français Signé Fringhian, Paris revendu par Christie's. Qui l'a fabriqué ?Ce n'est parce qu'on est très riche qu'on paye facilement ses impots:
(8 e sous-section du 'contentieux. — Requête des héritiers de la dame Fringhian contre un arrêté du conseil de préfecture interdépartemental de Châlons-sur-Marne du 27 juillet 1936 ; contribution mobilière et taxe vicinale, année 1933.) Vu la loi du 21 avril 1932 ; Vu la loi du 22 juillet 1889 ; Considérant que, d’après l’article 13 de la loi du 21 avril 1832, la contribution mobilière est due pour toute habitation meublée dont le contribuable a eu la disposition au 1 er janvier de l’année de l’imposition ; Considérant qu’il résulte de l’instruction que, si au 1 er janvier 1933 la dame Fringhian n’était plus locataire du Château de Boursault, cette habitation, qui demeurait garnie de ' meubles, était laissée à sa disposition; qu’ainsi c’est à bon droit que la dame Fringhian a été imposée et maintenue à la contribution mobilière â raison de cette habitation pour l’année 1933 ; Considérant, d’autre part, que, si la dame Fringhian a formulé devant le directeur des Contributions directes des conclusions subsidiaires tendant à la réduction de ladite imposition, ses héritiers ne les ont pas reprises dans la demande qu’ils ont adressée au conseil de préfecture ; que, dès lors, ils ne sont pas recevables à les présenter au Conseil d’État (Requête rejetée.)
Nourham Fringhian passe une annonce dans Paris Midi (journal dissous à la libération). Il préfère embaucher une jeune alsacienne ou polonaise
Pourquoi Nourhan? Il était resté à Paris pendant la guerre, mais ses frères s'étaient retirés à Boursault.
A la libération, alors Dji et Boghos échangèrent l'exploitation du Champagne ainsi que les 2 châteaux du domaine de Boursault, seul le petit château était habitable, (l'autre dans le style renaissance fut ravagé par les américains à la libération), contre ses parts dans l'immeuble du 56 de la rue La Fayette, ainsi que la société de négoce de perles, et pierres précieuses.
Les partages ont dû être équitables. Cela permettait à Nourhan de se faire oublier loin de Paris, et aux autres frères de repartir sur des bases saines en isolant leur frère inquiété par les autorités françaises et aussi pourquoi pas, de possibles représailles individuelles.
Un dossier important subsiste aux archives nationales
Contenu :
Date de naissance : 17 janvier 1904
Fonction : diamantaire en 1955
Contenu : trafic d'or et de devise
Voir aussi dossier n° 379 A et B
Je me suis laissé dire que "lorsque Nourhan est arrêté à la libération, ses cheveux blanchirent en une seule nuit."
Ostertag ?
A ma grande surprise, dans l'AZUR de 1948 (que je possède) je trouve "Ostertag R.Foa", joaillier diamantaire 16 place Vendôme
Donc Mr Foa, à qui Arnold Ostertag avait laissé la gérance en 1939, était mandataire de Arnold depuis 1936, il possédait les clefs des coffres dans le sud de la France, il avait la signature mais de là à retrouver l'affaire à son nom...
Si cela figure dans l'Azur de 1948 c'est qu'avec un décalage, il est là depuis la fin de la guerre.
Mr Foa, l'homme de confiance de Madame Arnold Ostertag va signer le quitus pour la gestion de Maurice Mellerio. C'est surprenant, il n'est en rien propriétaire de cette affaire. Et lorsque qu'un dictionnaire du métier écrit "Maurice Mellerio parvient à prouver son aryanité" cela veut dire qu'il n'a pas lu le dossier d'aryanisation.
Il est donc vraisemblable que ce soit Mr Foa qui ait cédé cette affaire aux Fringhian.
NDLR: D' après Marguerite de Cerval, dans le Dictionnaire international du bijou, Mr Foa était un créateur qui dessinait pour Arnold Ostertag, ainsi que Mr P Castel.
Dommage que cette photo ne soit pas nette nous somme en 1950 ; le journal L 'Echo d'Alger, rend compte d'une présentation de mode, Jacques Fath, et les bijoux sont de Djy Fringhian. Ce doit être dans ces années1949-1950 que Fringhian reprend le nom d'Ostertag.
Maitre Boisgirard a revendu cette montre :
FRINGHIAN Rare MONTRE PENDENTIF en or jaune (750 millièmes) et altuglas cranté. Lunette en or jaune tressé serti de diamants taillés en roses. Cadran doré, chiffres romains. Mouvement mécanique. Signée FRINGHIAN. Vers 1940-50. Cal. : 27 mm. Poids brut : 13,6 g....
C'est plutôt 1950, dommage pas d'indication permettant de voir si c'est du Ostertag ou ,,,,,
En juin 1951 Fringhian fait de la publicité aux cotés de Lacloche, Cartier, Mauboussin pour l'union des commerçants de la rue de la Paix.
Il s'agit de Achod Fringhian et de son adresse personnelle
Peu de bijoux poinçonnés Fringhian sont sur le marché, espérons que cet article nous en fera connaitre ?
FRINGHIAN : EXCEPTIONNELLE BROCHE en or jaune représentant un colibri, partiellement sertie de petits diamants ronds, l'oeil orné d'un saphir bleu et le corps serti d'un beau et important saphir naturel de couleur jaune. Signé et numéroté : FRINGHIAN - PARIS. S772. PB. 15,76 g. Dim : 4,9 cm x 2,5 cm. Pds. du saphir jaune : 15,36 cts. Le saphir jaune est accompagné d'un certificat du CARAT GEM LAB du 01/11/2015 attestant Ceylan (Srilanka) couleur jaune intense et sans modification thermique. Revendu par Adjujart
1951 étonnante définition "joaillier Persan Djy Fringhian" Persan c'est plus exotique ? Mais nous rentrons dans une année de publicités exceptionnelles de haute joaillerie, j'ai pu acheter certaines de 1950-51
Bague émeraude de Fringhian en haut à droite
Double page de publicité les broches en bas sont de Fringhian
Dans la revue "Vogue" du 1 er juin 1951
Dans la revue "Vogue" du 1 er juin 1951
Photo dédicacée de Ludmila Tchérina pour Fringhian en 1953
Réunion de Famille, Boghos est a droite et Djy est à gauche, je pense que dès la fin des années 1950, ils étaient retournés à leur activité de diamantaires qui leur a si bien réussi et ce jusqu'en 2008.
Reste le mystère de la cession à Achod Fringhian et ses deux fils, de la maison Ostertag
Un complément d'informations, des photos des bijoux Fringhian, des documents sont les bienvenus
M'écrire à richard.jeanjacques@gmail.com
Je résume les commentaires que je recois avec celui d'Ursula: Merci Jean Jacques, jamais entendu parler de ce bijoutier auparavant.
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