Qui ne connait Lalique ? l'oeuvre est immense , j ai tenu dans mes doigts cette broche "Je refleuriray" en novembre 2017 à Genève chez Christie's, mais par exemple, connaissez vous son ami Paul Louchet? Avec le temps, une sélection des plus beaux bijoux se fait, la période Art nouveau est datée de 1890 à 1914, comme je le fais souvent j ai cherché une publication de l'époque, et j ai trouvé un numéro de l Ilustration qui date de février 1898. le N° 2870.
Boucle de ceinture GUI, or , ornée de pierres, graines de gui en perles ou opales
Que dit Monsieur Saint Leger journaliste de l'Illustration?
"Les gravures que nous publions donnent une idée précise de la mode actuelle en fait de Joaillerie"
Depuis 1880 le directeur du journal utilisa progressivement des procédés photomécaniques
Ce procédé, comme son nom l'indique, consiste à générer une image photographique avec de l'encre sur papier plutôt qu'avec du matériel photosensible. Il peut être considéré plus simplement comme le début d'un âge entre l'argentique et le numérique
Cette politique de « la preuve par l'image » va aller en s’amplifiant.
Broche de corsage
L "illustration" désirait savoir quelles étaient en cette année 1898 les pierres les plus à la mode, et écrivait:
"Après les diamants, ce sont actuellement le rubis et l'émeraude qui s'emploient beaucoup dans les bagues. Le saphir qui noircit aux lumières, n'est guère en faveur depuis longtemps."
L aigrette ou le diadème pour la coiffure, le collier en perles et brillant, les barrettes sur velours, et la broche de corsage étaient toujours de mise.
Un peigne diadème
Ce journal nous apprend que la classique rivière est abandonnée comme collier mais souvent confiée au coiffeur, qui la fait serpenter dans la chevelure.
En revanche depuis quelques temps il y avait une tentative de la part des bijoutiers joailliers pour utiliser l'émail pour alterner avec les diamants.
L' auteur de l'article précisant que "les effets de ces combinaisons dépendent du talent que peuvent y apporter les créateurs de modèle et aussi de la virtuosité de l'émailleur et du monteur"
Aigrette de coiffure
A cette époque , (début de l'Art nouveau) les bijoux et joyaux du XVIII ème siècle du Directoire et même de l'Empire se portent encore tels qu' ils ont été créés. En revanche les bijoux postérieurs à cette époque, notamment ceux de 1830 à 1860 absolument démodés, exigent une nouvelle monture. Ce que les acheteurs aimaient et vont aimer pour cette époque ce sont les bijoux à transformation.
Un devant de collier devient un diadème, une aigrette dont on supprime le piquet de plumes fournit une broche de corsage, etc !
Boucle de ceinture ROSEAU, or ou vieil argent ornée de pierres taillées et de cabochons
Boucle de ceinture IRIS or , figure en métal ciselé, les fleurs sont rehaussées d'émail.
Pour les pierres précieuses , en 1898, les principales provenance étaient les mines de Golconde et de Viçapour, exploitées aux Indes depuis les temps les plus reculés mais à cette date, abandonnées. Les mines du Brésil découvertes il y a un siècle et celles de l'Oural en 1838. Mais en cette fin de siècle la plus grosse production vient du Cap en Afrique du sud.
Les premières extractions ne donnèrent souvent que des pierres un peu jaunâtres mais en 1898 leur pureté est irréprochable. Certains à cette époque préféraient le diamant du Brésil.
Collier avec broches mobiles
Les plus belles perles venaient de Ceylan, c'etait la "perle d 'orient" . Panama fournissait également des perles .
L’archipel des Perles (Las Perlas en espagnol) est situé sur la côte pacifique du Panama, dans le golfe de Panama ; il est formé de plus de deux cents îles et îlots, dont la plus grande terre est la Isla del Rey (« Île du Roi »). Il doit son nom à l’exploitation au XVI ème siècle, par les Espagnols des nombreuses perles naturelles, de petite taille, que pêchaient les Amérindiens dans les bancs d’huîtres et qui tapissaient les fonds marins. Les Espagnols les ont découvertes grâce aux parures que portaient les Indiennes.
Mais ces perles sont froides, blanchâtres, pourtant les Américaines et les Anglaises s'en paraient volontiers.
barrette en diamants sur du velours noir
Des barrettes en diamants ornaient un ruban de cou et pouvaient se métamorphoser en autant de petites broches qui s'épinglaient dans les dentelles.
Bracelet en diamants
A l'époque les Françaises préféraient une perle plus vive, une Italienne ou une Espagnole les perles jaunes et de ton accusé.
La perle fine, fort à la mode voyait son prix augmenter tous les jours, les fermier des bancs d huitres trouvant plus d'intérêt à vendre la nacre qui se renouvelle rapidement plutôt que de laisser au mollusque les années qui sont nécessaires à son développement.
L'Illustration de 1898 écrivait "Dans quelques années les pêcheries ne donneront plus que des produits de dimensions infimes, sans aucune valeur pour les parures. Dieu sait alors ce que vaudront les moindres colliers de perles"
Cet article de l illustration s'intitulait "LA MODE" Le journal, si au fait de son époque n'avait pas encore intégré les grands maître de la bijouterie-joaillerie de cette fin de siècle.
S il est un art qui nous donne l'occasion de nous réjouir sans réserve, c'est en vérité l'art du bijou. Car, ici, il ne s'agit plus seulement de progrès a signaler, mais d'une transformation radicale, d'une véritable révolution qui a modifié profondément le bijou moderne. .
C'est le Salon de 1895 qui en donna le signal avec la première exposition des créations de Lalique. Car c'est bien lui qui a été le véritable initiateur. C'est lui qui a démoli toutes les vieilles servitudes, bouleversé les routines invétérées et créé un verbe nouveau."
Cette phrase de L. Bénédite, résumait cette révolution, dans Art et Décoration 'Le Bijou à l'Exposition Universelle 1900.
Mais Lalique, Gaillard, Feuillâtre, Fouquet ......sont très connus! mais d autres le sont peu, pas du tout, c'est le thème de cet article.
1905 et 1906 Paul Louchet participe aux salons de la SOCIÉTÉ DES ARTISTES FRANÇAIS et de la SOCIETE NATIONALE DES BEAUX-ARTS bien que j ai essayé d ameliorer ce cliche, je regrette son manque de netteté, ses peignes sont si élégants.
Cette page de catalogue date de 1905 et concerne Louchet Paul François , si je recherche certains écrits, madame Evelyne Possémé écrit sur Paul et Paul Albert, alors que d'autres à l instar de madame Vivienne Becker écrivent que Paul Louchet est le frère de Albert!!!
D'ailleurs dans la revue de la bijouterie joaillerie de 1903 un article dit:
"Je remarque les émaux cloisonnés de M. Paul Louchet, ainsi que le cadre contenant des dessins d'Albert Louchet, son frère. Je n'insiste pas, ce n'est pas tout à fait de ma compétence ; on me dit d'ailleurs que ces jolis cloisonnés ont été exécutés au Japon même"; leur perfection s'explique alors plus facilement et aussi leur aspect un peu «porcelaine », ce qui est une des caractéristiques des artistes modernes du Nippon."
Dans le doute, je reprends toujours la généalogie des joailliers sur lesquels j'écris et ma conclusion est :
Ainsi le père se nommait Charles Joseph Louchet, né en 1820 et fabricant de bronzes.
Son fils
Paul François Louchet est né le 12 avril 1854 - Paris, et décédé le 16 août 1936 à Meaux, 77284, Seine-et-Marne, Ile-de-France, France, à l'âge de 82 ans.
Fabricant de bronzes / Maire d'Herblay Élu le 11 septembre 1887 jusqu'en 1895, il était aussi , Artiste peintre.
Maire de la ville d'Herblay en 1887, il élèva de vives protestations — avec un procès qu'il perdra — contre le déversement des égouts de Paris dans les plaines d'Achères. L'épidémie de typhoïde attribuée à l'insalubrité ainsi générée emporta sa fille de quinze ans et, désemparé, Paul Louchet abandonna les affaires pour se consacrer à la peinture à partir de 1890.
Paul Albert est le fils de Paul François,il est né le 22 mai 1883 - Paris, 75003, Paris,
Décédé le 20 septembre 1916 - Bouchavesnes-Bergen, 80115, Somme, Picardie, France, à l'âge de 33 ans.
Le frère de Paul-Albert se nomme Robert Louchet: Né le 12 septembre 1889 - Herblay-sur-Seine, 95306, Val-d'Oise, décédé le 1er décembre 1976 - Villefranche-sur-Mer, 06159, Alpes-Maritimes à l'âge de 87 ans.
Le poinçon ci-dessous de Robert Louchet; c'est étonnant qu' il ait pu prendre comme symbole "deux louchets croisés" comme son frère Paul François
En 1926 Robert Louchet est installé au 8 rue Boudreau et signale être aussi au 3 Rue Auber. les deux rues sont perpendiculaires et a coté de l'opéra Garnier.
"Naïade " du premier des Louchet Charles Louchet, dont le poinçon figure ci dessous, un grand bronzier, cette pièce est en bronze avec une partie dorée datée par Sotheby's en 1900, comme on dit,pour la date, je n en mettrais pas ma main au feu.
Donc pas facile de s'y retrouver, d'autant qu' il existe un Pierre Charles Louchet 1888-1945, petit fils de Charles Louchet, neveu de Paul François et fils de Charles Savinien Louchet et ce Pierre Charles Louchet était orfèvre.
Louchet Ciseleur 3 Rue Auber
Vivienne Becker publie dans son livre sur l'art nouveau, une photo de ce bracelet en or orné de figures féminines luttant contre le courant, mais quel Louchet?
Mais l essentiel de l oeuvre réside dans ses sculptures et ciselures, ce vase est intéressant car il est de Paul et de Lelièvre. Epoque : 20ème siècle matière : Bronze doré et patiné Hauteur : 30 cm
Profondeur : 13,5 cm. En vente à la galerie Vega à Versailles
Vase couvert Epoque Art Nouveau en bronze doré ciselé et patiné Signé Louchet et E Lelièvre sur le pièdouche, richement orné de feuilles et de fleurs sur son pourtour et de cinq anses en bronze doré, fond en bronze patiné brun veiné, couvercle en bronze patiné brun surmonté d une pomme de pin et entouré d'une bordure en bronze doré, il repose sur un pièdouche également en bronze doré.
Sotheby's a revendu ces deux pièces de Paul Louchet : Boucle de ceinture et agrafe de cape en vermeil, la boucle de ceinture en forme de marguerites, signée Louchet, France, vers 1900, l'agrafe de cape double à décor de chardons, vers 1900
En tous cas, il semble bien que le plus célèbre des Louchet fut Paul François Louchet , un ciseleur, un très grand bronzier, un joaillier dont peu d' oeuvres de Bijouterie Joaillerie circulent.
Bronzier, ciseleur, sculpteur, peintre et graveur français. Paul Louchet est formé par Jules Lefebvre et Henri Harpignies. Il expose au Salon de Paris. Ami de Louis Majorelle, de Jean Daum et de René Lalique, il est président de la chambre syndicale des fabricants de bronze (https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Louchet).
Demeure au 20 rue Notre Dame de Nazareth (75003), au mariage de son frère Henri Nicolas qui fut aussi Bronzier
Des dessins de Bijoux de Paul Louchet , je les ai trouvés à Vienne , une galerie sympathique ., Alors merci Hanna , que je cite volontiers en la remerciant:
http://www.wilnitsky.com/
Merci pour votre demande! Veuillez trouver les photographies demandées ci-jointes. Lors de leur utilisation, veuillez nous mentionner comme «Boris Wilnitsky Fine Arts, Vienna».
Pourriez-vous également nous envoyer un lien vers l'article une fois que vous l'avez publié?
Merci!
Cordialement
Hanna Keßler
Kunsthandel Boris Wilnitsky | Boris Wilnitsky Beaux-Arts.
Ce qui nous permet de voir le grand talent de Paul François Louchet , aussi bien il reste nombre de ses bronzes, autant, que de mal pour trouver des bijoux de lui.
Ce fut un grand ami de Lalique et de Daum et Majorelle.
1903 dans la Revue de la Bijouterie Joaillerie:
Je remarque les émaux cloisonnés de M. Paul Louchet, ainsi que le cadre contenant des dessins d'Albert Louchet, son frère. Je n'insiste pas, ce n'est pas tout à fait de ma compétence ; on me dit d'ailleurs que ces jolis cloisonnés ont été exécutés au Japon même"; leur perfection s'explique alors plus facilement et aussi leur aspect un peu «porcelaine », ce qui est une des caractéristiques des artistes modernes du Nippon.
Alors question: ces dessins de Paul ou Albert? comme je l ai expliqué en étudiant sa généalogie , Albert est le fils de Paul François
Ces dessins de bijoux sont ainsi marqués ce qui peut nous gratter la tête; Lequel des Louchet.?
Paul Louchet élabora également: bijoux, pendentifs et céramiques avant de se consacrer à la peinture. Il collabora avec les plus grands de ses contemporains à l'exposition Universelle de 1900 il exposa plusieurs oeuvres en collaboration avec Louis Chalon représentatives du style Art nouveau. Il est reçu membre de la société des Beaux-Arts et présente avec grand succès un stand à l'exposition Universelle à Chicago.
Je trouve ce pommeau de canne splendide, avec les mandibules qui tiennent cette aigue-marine
La maison ROSEBERY de Londres a revendu cette bague de Paul Louchet, elle écrit:
Une bague en or Art Nouveau attribuée à Paul Louchet, modelée en haut relief avec la figure désespérée d'Eve, le serpent à ses pieds et des branches de pommier portant des fruits s'étendant à travers les épaules le cerceau avec marque de dosage français, Paul Louchet ( 1854-1936) est né à Paris, a étudié avec Jules Lefebvre et est devenu bien connu à Paris en tant que sculpteur, et avec son frère, Albert, a ouvert une fonderie à Paris où il a moulé son propre travail, ainsi qu' édité et conçu les œuvres d'autres sculpteurs.
Je ne suis pas d'accord avec eux sur Albert, je l ai expliqué plus haut, Paul Albert est le fils de Paul François, mais c'est une belle bague.
Paul louchet fabriqua aussi de nombreuses pendules en Bronze et émail comme celle ci:
La maison Christie's a revendu une horloge en bronze et émail marbré vert .
Je remarque que sur beaucoup de pièces de Paul Louchet se trouve ce motif d une feuille, un trèfle à quatre feuille, un symbole?
On la retrouve même sur cette épingle cravate en or et opale avec un motif feuille.
Sotheby's qui a revendu cette pendule de Louchet indique : le corps en bronze coulé de trèfle stylisé et de feuilles de nénuphar, les panneaux latéraux et avant décorés d'émail bleu-vert, une fine ligne de bronze encadrant chaque section, le cadran émaillé blanc opposé par un baromètre conforme
avec une plaque circulaire 'PARIS LOUCHET CISELEUR', socle estampillé 'LOUCHET CISELEUR'
MASCOTTE "GRENOUILLE TRAINANT UNE COQUILLE" PAR LOUCHET, FRANCE, VERS 1920,
Une coquille d 'escargot estampillée Louchet sur son embase, Bonhams la date de 1920
Une mascotte était un bouchon de radiateur, il s 'en fabriqua beaucoup en matière précieuse, a l instar de celle de Rolls Royce.
Christie's a revendu cette Boucle en argent en forme de libellule SIGNÉE LOUCHET CIS. 3in. (7,5 cm) de large; ainsi que deux autres boucles en argent de Louchet décorées respectivement d'un dragon et d'une cigale. Il semblerait que ce ne soit pas de l oxydation de l argent mais des restes d une couche d 'or, donc du vermeil.
Paul Louchet fabriqua un grand nombre de petites statuettes en bronze doré ou en vermeil, et surtout en tant que fondeur il produisit une très grande quantité de statue et statuette. celle ci par exemple a été revendue par Sotheby's .
UNE FIGURE EN BRONZE PATINÉ Moulé d' après un modèle de L.Chalon, signé et marque de fonderie Louchet dans la maquette 25po. (63,5 cm.) De haut
Cette très belle statuette de Louchet est exposée et conservée au musée d'Amiens
C'est pour tout ce qui est avant, qu'il reçut la légion d honneur et demanda que ce soit Mr Louis Aucoc fils qui la lui remette.
Si vous pouvez complèter cet article , le commenter , je vous en serais reconnaissant de m adresser des photos ou des textes à richard.jeanjacques@gmail.com
Dans mon prochain article sur les auteurs de l'art nouveau en bijouterie- joaillerie:Ernest Guyot, Goujon, Lelièvre, Quantin, De Ribeaucourt, Jules Nègre, Peghoux, Paul Hesbert, et RibeRoy
Monsieur Richard, je possède le pendentif «scarabée»:une émeraude, sept brillants ainsi qu'un bracelet «scarabée»avec dix minuscules brillants, pour les yeux(il y.a.cinq.scarabées, formant le.bracelet. Ils sont de.1904 (j'ai les factures). C'est un cadeau de mon grand-père à ma grand-mère...J'aimerais connaître leur valeur. Merci
RépondreSupprimerBonjour, j'ai commencé par faire des recherches généalogiques sur cette famille qui a navigué entre Herblay et Paris...
RépondreSupprimerPour moi Charles Joseph (1820-1894) a eu trois fils, Paul François, Charles Savinien (1858-1918) et Antoine Adolphe (1860-1928). Tous les trois étaient dans l'industrie du bronze vers 1890 selon différents actes d'état-civil, mais Paul François devait être le dirigeant. Ce dernier semble enterré à Herblay, j'irai vérifier...
La tombe de Paul François est bien à Herblay, et celle de Charles Savinien au cimetière de Montmartre.
SupprimerBonjour,
SupprimerJ'ai retrouvé l'état-civil du frère aîné Henri Nicolas Louchet : Paris 3 avril 1852 - Pau 11 décembre 1881.
Il était le cofondateur de l'entreprise familiale "Louchet frères" en 1878.
Il a été inhumé au Père Lachaise (division 4).