dimanche 2 août 2020

ENGUERRAND Comte du SUAU DE LA CROIX Aristocrate émailleur.


Enguerrand Du Suau de la Croix, est catalogué comme émailleur, mais il fabriquait nombre de ses montures, il est donc aussi un bijoutier.
Il était un dessinateur doué, et avait le "gout des couleurs" il créait ses modèles mais pour mener à bien l' exécution de ses pièces telles qu il les désirait, il découvrit la technique nécessaire.




Cet homme peu connu a l heure actuelle participera pourtant activement  à l histoire de nos métiers. Né au Château de Petit-Val à Sucy-en-Brie (et non en Seine-et-Marne comme souvent indiqué dans les sources) le 13 octobre 1840, décédé à Paris le 19 mars 1914, 81 avenue Bosquet.




Le comte Enguerrand du Suau de La Croix était l'arrière-petit-fils du marquis de Marigny qui fut gouverneur de la Louisiane. Le marquis de Marigny était le frère de madame de Pompadour.  Les familles de Marigny et du Suau de La Croix rendirent les plus grands services plusieurs siècles durant à la Nouvelle-Orléans. où ils occupaient les plus hautes situations. Plusieurs membres des leurs sont enterrés dans la  cathédrale de la Nouvelle-Orléans.
D'autre part son oncle Frédéric du Suau de la Croix fut secrétaire du ministre des affaires étrangères, le Prince de Polignac en 1830.



Années 1890. Important et rare pendentif fleur de lys (motif qu il employa très souvent) Il est de forme losangique à décor de fleur en émaux en résille traités en relief de couleur rouge et verte. Monture en argent doré. Travail français signé Cte du Suau de la Croix.Dimensions : 9,7 x 5,5 cm: Référence : Alastair Duncan, The Paris Salons, 1895-1914, éd. Antique Collectors Club, Woodbridge, 1994.
Sa technique particulière du plique à jour, est , nous le verrons plus loin, lui a permis d'etre proche par l aspect en relief de l effet , de la pierre précieuse.
Mais  Suau de la Croix , ce nom qui "sonne" cela vient d'où?





Mon ami Fabian de Montjoye,( http://www.fabiandemontjoye.com/) excellent antiquaire en Joaillerie, lui même de haute et ancienne lignée,  me dit qu il ne faut pas se fier aux vieux grimoires, pourtant ce livre ancien de 1560 que j ai trouvé me parait assez "vrai" D'ailleurs Fabian m'écrit: "Pour sa généalogie, il ne faut pas trop se fier aux vieux ouvrages, mais plutôt aux recherches effectuées aux archives des Hautes Alpes. Le plus vieil ancêtre assuré en filiation suivie est Claude Suau, vivant dans la seconde moitié du 15e siècle... "

Il m'ecrit aussi: "Quant à son nom, il descend de Louis Suau, capitaine du château de Tallard, mort en 1568, père de Philibert du Suau (le "du" apparaît à cette génération), cornette de la compagnie de Morges, décédé en 1593, qui était seigneur d'un petit fief nommé "La Croix". D'où les descendants (dont Enguerrand) qui sont désormais appelés : du Suau de La Croix... ".

Le terme de cornette, correspondant à l'actuel sous-lieutenant, décrivait pendant l'ancien Régime l'officier le moins gradé dans la cavalerie de ligne (dite « légère ») et aux compagnies des chevau-légers de la Maison militaire du roi de France et de la Gendarmerie de France, de même dans les dragons, hussards, chasseurs à cheval et toutes les autres troupes légères à cheval.NDLR

  





Dans l Almanach des 25000 adresses des principaux habitants de Paris,


1848 dans l Almanach de la Noblesse, c'est le père de Enguerrand. 1848 c'est aussi l abolition de l esclavage, après la Révolution, car la révolution française de 1848, est la troisième révolution française après la Révolution française de 1789 et celle de 1830.

Sous l'impulsion des libéraux et des républicains, une partie du peuple de Paris se soulève à nouveau et parvient à prendre le contrôle de la capitale. Louis-Philippe, refusant de faire tirer sur les Parisiens est contraint d'abdiquer en faveur de son petit-fils, Philippe d'Orléans, le 24 février 1848. Le même jour, dès 15 heures, la Deuxième République est proclamée par Alphonse de Lamartine, entouré des révolutionnaires parisiens. Vers 20 heures, un gouvernement provisoire est mis en place, mettant ainsi fin à la Monarchie de Juillet.



En 1856 , Enguerrand du Suau de la Croix, à 16 ans travaille en amateur et en artiste les métaux dont il connait toutes les combinaisons possibles

On raconte que Enguerrand qui était encore un gamin avait cassé un vieux cloisonné qu'un parent avait ramené de Chine, en lançant une balle sur cet objet auquel sa mère tenait beaucoup.Voyant la peine qu'il avait occasionné a sa maman, il décida de réparer le vase. Il trouva dans un bouquin emprunté à la bibliothèque de son père, les indications et arriva à le réparer tant bien que mal.

 article de synthèse sur le fonds du Suau de La croix entré au musée d’Orsay en 2012, **

 





1865 dans le Bulletin de Géographie, nous apprenons qu' Enguerrand (à 25 ans) veut partir pour le Haut Nil, pourtant "ça chauffait" au Soudan a cette époque.

C'est depuis 1885 qu' il s'est adonné à l émail s'appliquant plus particulièrement au genre ancien."Après de nombreuses recherches il est arrivé à créer un art nouveau, : les émaux translucides de grand feu, à double haut relief cabochon,sur métal à jour en épousant tous les contours et dont la forme convexe produit des intensités de lumière et des teinte dégradées qu'aucun émail connu n'avait pu donner encore. Il est d'ailleurs le seul à ce jour à obtenir de si merveilleux résultats. Divers journaux, le Figaro, le New York Hérald, le Journal, la Vie nationale, l'Evènement, se sont occupés des travaux de cet artiste." cité dans le dictionnaire national des contemporains 1899/1919






1886 Cette généalogie des Kersauson permet de voir que le comte Suau de la Croix est lié à la famille de "l'Amiral'





Sotheby's a revendu cet ornement de tête, Sotheby's a écrit or, argent et verre, ce n'est pas du verre mais de l émail:







1890 L un de ses dépôts de brevets, que je ne retrouve pas sur l'INPI, il avait déposé ce brevet pour une durée de 15 années.





1898 dans le journal Belge le soir, une bonne explication de sa technique.

On a remarqué parmi les productions artistiques de Mr Suau de la Croix, les plaques composées à la mémoire des victimes du Bazar de la Charité et divers autres plaques, médaille commémorative de baptême, de première communion,  et d'anniversaires quelconques, des croix, glaces, bijoux divers, pièces d'orfèvrerie d'or et d'argent.cité dans le dictionnaire national des contemporains 1899/1919


1898 dans "le journal"




Marié a Mme de Montigny, née de Vincelles, fille du colonel de Vincelles, le comte du Suau de la Croix habita longtemps la Bretagne, où sa femme est alliée aux premières familles du pays, et où il exposa à plusieurs reprises, obtenant notamment un diplôme d'honneur et une première médaille, la plus haute récompense, à Rennes ; il a exposé aussi à Vannes, où lui fut décerné le grand diplôme d'honneur, et à Paris, à la Société des Artistes français Section des Arts décoratifs), en 1898.

Son fils, ancien sous-maître de manège à l'école de cavalerie de Saumur, est aussi arrivé à une grande habileté dans l'art de l'émail, suivant les traces de son père.

M'" Jeanne de Montigny, sa belle-fille et son élève, exposa elle-même des émaux au Salon de 1898, ainsi qu'à l'exposition des Arts de la femme; cette artiste est également une aquarelliste distinguée. Dictionnaire des contemporains 1919


Le Comte du Suau fit de fréquents et longs séjour en Bretagne pendant la période Estivale:  Concarneau, Quiberon, Saint Malo, Nantes, le Pouliguen, la Baule , Pornichet.



1899 dans l 'Echo du public, Monsieur Esquieu tente un certain humour en citant des noms nobles." Des chiens, de la Morvonnais, De Lapisse, Du Suau de la Croix"

 François Joseph Deschiens, noble écrivain de "collection de matériaux pour l'histoire de la révolution de France depuis 1787 jusqu'à ce jour",  Le Chateau du Val à Saint Cast le Guildo  d Hyppolyte de la Morvonnais existe toujours, c'est devenu un hôtel.  De Lapisse était le directeur du journal Le Soir, 



cliquez pour agrandir toutes les photographies

 1899 Revue des Arts Décoratifs

Ce miroir est de H.A. Allouard, la médaille de mariage à gauche est de O.Rotymais la médaille de mariage de droite est du Comte Suau de la Croix, entourage décoré d'émaux translucides en cabochons 

 



Un beau et bon portrait de Monsieur le Comte


Une maison de  Londres "Elton"  écrit ceci a propos de ce pendentif Jeanne d'Arc:

 Pendentif Comte Enguerrand du Suau de la Croix. Ce pendentif art nouveau exquis est en or avec saphir cabochons, diamants taille mine et un magnifique centre en cristal de roche représentant Joan d'Arc vers 1900 - c'est unique et très rare. Le musée d'Orsay à Paris détient les archives de Suau de la Croix - faites défiler les images pour le design original de ce pendentif.  Date et  provenance :  1900  et FranceCondition:  très bon Matériaux:  G vieux, Saphir, Cristal de roche Poinçons: Comte Enguerrand du Suau de la Croix





Le Musée d'Orsay le classe ainsi : Bijou (?)
Suau de La Croix Enguerrand, Comte (1840-1914) 
Vers 1900. Conservé dans une boîte contenant quatre-vingt trois objets.
Fonds Enguerrand du Suau de La Croix

Je crois que c'est un bijou de tête avec une partie qui fait ressort comme dans les broches trembleuses, ce qui permet a ce trèfle d'être mobile.

Lu dans  "De L'Autorité" Suau de la Croix , un délicat joaillier triplé d un sculpteur et d un graveur, sachant nieller l or, l argent, l Ivoire, les pierreries




La maison Tajan a revendu ce pendentif en émail plique à jour , représente des feuilles et des baies émaillées en résille vert et rouge. Le tour de cou porte également quatre feuilles émaillées  vert. Monture en argent. Travail français Comte du SUAU DE LA  CROIX. Poids brut : 16,13 gr. Hauteur du pendentif : 4 cm. référence : Salons Art Nouveau chapitre relatant certaines oeuvres du Comte Enguerrand du Suau de la Croix. Et un grand  pendentif dans les collections du Musée d’Orsay. 




Cette médaille s'intitule Notre Dame des Victoires Vers 1900. Médaille religieuse.Fonds Enguerrand du Suau de La Croix, émail cloisonné à jour et vermeil qui se trouve au musée d'Orsay, plusieurs milliers de bijoux, de dessins, de maquettes qui se trouvent au Musée d'Orsay proviennent d'un don en 2012,  du comte Henri Le Carpentier de Sainte Opportune en mémoire de son épouse née Yvonne du Suau de La Croix, 

Le comte est un gentilhomme amoureux de son art. Comme Benvenuto Cellini, il travaille assidûment, n'ayant pour collaborateurs » que son fils et sa belle-fille, Mlle de Montigny, comme lui, jaloux du secret de sa découverte.

ll compose lui-même ses dessins et ses modèles, qui sont de purs chefs-d'œuvre, et manie ensuite la lampe d'émailleur, travail très délicat, car il s'agit, pour obtenir la fusion des émaux, de produire une température de 8oo° et de ne pas faire fondre l'argent qui ne supporte pas plus de 1000° pour rester rigide.

Les applications en sont très diverses. Ils peuvent être combinés avec des médailles servant à fixer le souvenir d'un événement important, comme pièces de mariage, par exemple; en ce cas on peut réserver des écussons pour les enfants à naître. et ceci constitue le livre d'or de la famille, qu'on laisse dans le sanctuaire de la tendresse, comme les icônes byzantines auxquelles sont empruntés les motifs ornementaux.  "Dictionnaire des Contemporains 1919"





C'est un pendentif en vermeil avec émaux cloisonnés  collection du Musée d'Orsay, tous le clichés photographiques du musée sont de Patrice Schmidt



Cette très belle boite en émail translucide se trouve au Musée d'Orsay





Ce pendentif de Suau de la Croix était en vente au Japon, je connais bien l' auteur de ce site.

Ce pendentif en émail unique et d'une beauté exceptionnelle est du joaillier français, Comte Enguerrand du Suau de la Croix.
Un beau grand lapis avec de belles taches dorées est placé au centre, et le décor de fleurs en émail cabochon plique à jour l'entoure. Vous pouvez sentir le goût du style d'art médiéval des gravures trouvées partout.


Ce site  a fait de bonnes et nombreuses photographies qui permettent de mieux comprendre la technique de Suau de la Croix.
Comme vous pouvez le voir sur ce grossissement, le renflement ressemble à un bijou taille cabochon. C'est une tâche difficile de rendre l'émail Plique à jour si passionnant, et cela ne peut être vu que dans l'œuvre du comte Suau de la Croix.


Gravure de son nom en bas du bijou



Sur ce bijou et beaucoup d'autres, Enguerrand du Suau ajoute un poinçon personnel , ce sont ses armes en tant que noble famille



Du jamais vu avec de l émail, cela permet de donner l illusion d'une aigue marine par exemple. Surprenant de voir un émail circulaire aussi parfait.

On suppose qu'il n'y a pas tellement de matériaux exceptionnels, mais Suau de la Croix a probablement suffisamment d'atouts et n'a pas besoin de travailler, la fabrication de bijoux était sa propre passion et Je pense que c'était un passe-temps. Cela ressemblait peut-être plus à un amateur qu'à un bijoutier professionnel, 
Le style d'art médiéval du Christ et de chaque saint est utilisé pour le goût du design, et les fleurs, les libellules, les oiseaux, etc. sont considérés comme des motifs. Il est original et a un bon goût,


Sur ce bijou figure son poinçon que je n ai pu retrouver sur les oeuvres conservées par le Musée d'Orsay, qui n'est indiqué "je crois" dans aucune des études publiées, (comme celle de madame Véronique Kientzy  que je n'ai pu joindre), qui ne figure pas sur le site du ministère de la Culture.
J ai agrandi la photo du mieux que je pouvais, je pense lire les initiale E.D. 

En juin 1900, E. Du Suau avait adressé un courrier  aux membres du jury de l exposition universelle , pour expliquer sa manière de travailler depuis 40 ans , comme artiste-artisan.
". Je n'occupe aucun ouvrier chez moi, faisant préparer mes pièces au dehors. Je les termine moi-même, je compose et dessine tous mes modeles, ne faisant que très rarement deux pièces semblables. Je me suis consacré tout particulièrement aux Émaux Translucides, et, après de longues recherches, suis arrivé a créer ce genre nouveau d'Émaux  translucides de grand feu à double haut relief cabochon que j'expose  tout particulièrement. 
Malgré leur double épaisseur, qui atteint quelquefois plus d'un centimètre, j'ai pu obtenir une grande limpidité et un brillant  éclat... ››. 

Dans le mémoire descriptif très complet d'un de ses brevets, Du Suau décrit un procédé de fabrication permettant d'émailler soit en émaux transparents, soit en émaux mats des pièces en métal ciselées à jour en laissant aux ciselures toutes leurs finesses, qui par les procédés actuellement en usage seraient perdues et noyées dans l'émail... ››.
Les articles de presse évoquent par la suite la difficulté et la  dangerosité du procédé : la couleur minérale, les pierres précieuses fusionnent dans des fours entre 800 et 1000 degrés, sans arriver à fondre  ou amollir en même temps le fil d'or ou de vermeil qui doit strictement
le circonscrire.  Du Suau, son fils et sa belle-fille utilisent des gants et  masques afin d'éviter des brûlures, en vain parfois Ils travaillent sans  relâche jusqu'à huit heures par jour devant fours et creusets.





La galerie de Robert Zehil a Monaco  regorge de pièces intéressantes, tel ce cadre pour photo de Suau de la Croix, Cadre moderne en émaux plique à jour sur argent  21,5 x 17 cm.http://robertzehilgallery.com/




Croix au Christ  vers 1900
en émail Plique-à-jour ornée de motifs floraux en son centre, Christ de profil, motif rayonnant émaillé en vert, sur socle  émail , lapis-lazuli , vermeil H. 13,5 ; L. 8,5 cm.dans le motif central : Christ Priez pour nous: musée d'Orsay, Paris, France


 
Pendentif : saint Georges terrassant le dragon vers 1900 métal doré partiellement
H. 5,0 ; L. 2,8 cm.Inscriptions autour : SAN GIORGIO CHE UCCIDE IL DRAGO RAFFAELLO SANZIO
musée d'Orsay, Paris, France

Revue de la BJO Juin 1901

Plusieurs autres bijoux sont également bien interprétés, au point de vue de la couleur et de l'exécution, et l'on ne peut que se réjouir de voir se répandre au dehors un goût si délicat et si sûr pour les beaux émaux.

Je me serais abstenu de parler des émaux de M. Suau de la Croix, si je n'avais tenu à ce que cette revue fût aussi complète que possible, et je viens en toute sincérité formuler mon humble appréciation sur ce genre, qui ne me plaît pas beaucoup.

Tout en reconnaissant que l'exécution de ces émaux doit présenter certaines difficultés, vaincues par leur auteur, je crois que, surtout au point de vue de l'art, M. Suau de la Croix s'est engagé dans une fausse voie.

Ces énormes cabochons de couleurs criardes et communes ne se prêteront jamais à une bonne interprétation des différents styles composant un véritable bijou. La délicatesse et le fini en seront toujours exclus ; et, en examinant ces bijoux, l'on éprouve la même impression que l'on ressentirait devant une bijouterie sertie de pierres de couleurs imitées.




L'étude de Maitre beaussant Lefèvre a revendu ce motif de collier de chien en argent ajouré 925 millièmes décoré de motifs bombés en pâte de verre polychrome simulant des fleurettes. La monture gravée: «Comte de Suau de la Croix». Dimensions: 11 x 5,5 cm Poids brut: 42 g aux environs de l année 1900




Elément de parure de cheveux de Suau de La Croix Enguerrand, Comte (1840-1914)
émail cloisonné à jour, émail translucide perle fine , turquoise, vermeil , se trouve aussi au Musée d'Orsay
Hauteur : 0.05 m Largeur : 0.115 m Profondeur : 0.04 



Sur cette photo que m a adressé Olivier Baroin on voit  parfaitement le travail de Du Suau de la Croix, On croirait des cabochons de saphirs  (Musée D'Orsay)





1901 Revue moderne  des Arts et de la vie

 Frédéric du Suau de la Croix, son oncle, qui fut secrétaire du ministre de Polignac. Dans le salon, des bronzes et meubles Empire superbes, des panneaux sur cuivre et des tableaux précieux : un Menuet de Lancret, une Tempête de Joseph Vernet, une Source de Deveria, etc., à côté de portraits de famille et d'aquarelles de M"' de Montigny, belle fille du maître de la maison. Mais c'est la salle à manger qui contient le plus de richesses : un magnifique surtout de table en bronze doré et ciselé, exécuté à cire perdue, y voisine avec une cheminée du XV eme siècle ; un bahut du XVI eme  y dresse ses sculptures luisantes, une Vierge du Folgoët y atteste, par la crudité lentement effacée de ses tons et la simplicité fruste de ses lignes, l'âme ingénue de la Bretagne, où le comte a longtemps vécu ; enfin des vitrines et des médaillers y renferment les oeuvres du comte du Suau de la Croix, depuis ses premiers essais, qui datent de plus de trente ans, jusqu'aux pièces primées aux plus récentes Expositions de Bruxelles, de Berlin, de Monte-Carlo ou de Paris (Société des Artistes Français).

L'artiste lui-même, à notre prière, veut bien non pas nous initier au secret de son art — c'est pourquoi il ne nous a pas fait pénétrer dans l'atelier où ronfle le four— mais nous expliquer ce qu'il a tenté (et ajoutons, avec le plus grand succès) dans la voie où se sont immortalisés les Péricaud, les Léonard Limosin, et les Claudius Popelin. On sait que ceux-ci disposaient l'émail sur une surface métallique creusée ou « champlevée » de façon à le recevoir : ainsi l'alvéole reçoit le miel qui l'emplit jusqu'au bord. Le comte du Suau de la Croix, après combien de recherches! a réalisé des émaux à jour, c'est-à-dire établis sur une simple armature dont la matière vitrifiée, épouse assez étroitement le contour pour s'y maintenir, à la manière d'un fragment de vitrail dans son polygone de plomb. Ainsi inséré, l'émail perle en quelque sorte des deux côtés du réseau qui l'enserre et reste suspendu en cabochons doubles de forme variée, où la clarté passe en s'y teintant de nuances concentriques. Une goutte de rosée prise dans une maille de toile d'araignée figure assez exactement le bijou comme aérien dont on peut dire que du Suau de la Croix est le créateur.




Je ne crois pas, en effet, qu'il existe d'exemples de cette sorte de travail, que les maîtres italiens de la Renaissance, n'ont pu eux-mêmes exécuter, et dont la difficulté a toujours rebuté les ouvriers lapidaires. Car il s'agit d'atteindre la température voulue de 800 à 1.000° pour la fusibilité de la couleur minérale, sans arriver à fondre ou amollir en même temps le fil d'or ou de vermeil qui doit strictement le circonscrire.

Adonné de tout coeur à ces recherches techniques et artistiques, dessinant lui-même la monture de ses émaux d'une infinie variété, dosant les poussières colorantes et calculant l'intensité de leur cuisson, le comte du Suau de la Croix me montre les coupes et les patènes, les broches et les colliers, les chaînettes et les diadèmes sortis de ses mains infatigables. Ces objets reposent en leur écrin, lumineux jalons de sa marche vers l'idéal, depuis l'âge de seize ans. Ils chatoient et reluisent intarissablement, hors des coffrets et des tiroirs nombreux qui font de cette salle, trop étroite pour leur splendeur, un vrai musée dont bien des pièces ne dépareraient pas la galerie d'Apollon au Louvre.



Il nous semble violer le trésor de quelque souverain, le reliquaire de quelque pontife, tant ils abondent,: frémissent et rayonnent! Et voici que leur auteur me montre une de ses plus originales innovations : l'encadrement des médailles dans une décoration d'émail. Médailles commémoratives de joie ou de douleur, de mort ou de mariage, se trouvent, par lui, rehaussées d'une frange de perles dont l'entrelacs et la couleur se rapportent au sujet représenté. L'une d'elles, Le Mariage, de Roty, lui a valu du graveur ce remerciement : « Je tiens à vous le répéter, vos émaux sont superbes, d'un grand effet et je ne m'étonne pas si les délicats en raffolent. Quant à moi, je suis très fier d'avoir eu une de mes oeuvres encastrée dans la superbe et pourtant si discrète décoration que votre talent rend si précieuse ». Une de ces médailles est au Musée de la Monnaie de Paris.

Qu'ajouter aux hommages rendus à un maître par son pair ? Tandis que M. du Suau de la .Croix me parle avec une fougue de jeunesse et une ardeur "de conviction que les années n'affaiblissent pas, comme si l'artiste tenait de son terrible collaborateur, le.Feu, sa chaleur et sa mobilité même; je regarde son fier visage à la Henri IV, dont le masque de verre n'a pas glacé le sourire sympathique, ses mains dont le revers reste roussi par une haleine torride, et je, l'admire dans son vaillant effort si bien - récompensé. Aux diverses expositions où il a pris part, en effet, il a remporté : à Rennes, la grande médaille d'or et le grand diplôme d'honneur, les deux plus hautes récompenses ; à Vannes, le grand diplôme d'honneur.; à la Société des Artistes français (Section des Arts décoratifs), une mention; à l'Exposition universelle de Paris (1900) une médaille, etc. Espérons qu'il transmettra ses procédés inventifs et sa noblesse de style, à sa belle-fille et à son fils, ses seuls élèves, qu'il a déjà initiés en partie et qui sont devenus "des artistes fort habiles. Nous ne pouvons les présenter aujourd'hui à nos lecteurs. Aussi bien, le vicomte, son fils, décoré d'une médaille d'honneur pour action d'éclat, est déjà désigné pour paraître dans la galerie de la Revue du Bien. En attendant, comment exprimer notre reconnaissance pour l'heure enchantée que nous passâmes au milieu de ces merveilles ouvragées et scintillantes ?




1902 Musée d'Orsay 



Croix Trilobée et ci dessous, le dessin, la maquette la réalisation




Revue BJO sept 1902

M. Lalique expose cette année très peu d'objets comportant de l'émail; c'est plutôt un mélange d'émail et de verrerie, ravissant du reste, comme effet et comme exécution.A signaler, dans la vitrine de M. Lucien Gaillard, des plaques de collier, émaillées à jour, d'un effet très heureux.Les émaux qui décorent quelques pièces envoyées par M. Bonny manquent à ce qu'il me semble d'un peu de fraîcheur, mais sont néanmoins bien exécutés et intéressants.

M. E. du Suau de la Croix continue l'exécution de ses émaux translucides cabochonnés à hauts reliefs. Je constate, cette année, un peu plus de douceur et d'harmonie dans les tons employés, mais je persiste à penser que ces bijoux-émaux, ainsi que ceux exposés par Madame Jeanne de Montigny, son élève, donneront difficilement l'impression que l'on doit éprouver en présence d'oeuvre d'art. C'est primitif, et leur vue fait songer, malgré soi, aux verroteries dont se parent les habitants de certaines contrées peu civilisées. Je doute qu'ils puissent réellement plaire aux « Parisiennes de France ».

M. Auguste Jean nous montre de l'orfèvrerie d'argent émaillée d'une bonne exécution, dont le genre rappelle de très près les travaux de M. Feuillâtre. Je ne voudrais pas me montrer trop exigeant, mais n'eût-il pas été préférable que, tout en employant les procédés qui appartiennent à tous les émailleurs, M. A, Jean se fût attaché à chercher des effets nouveaux; il est certainement capable d'en trouver.





1902 dans la chronique des Arts



1902 Revue de la Bijouterie Joaillerie



1903

C'est encore la galerie de Robert Zehil à Monaco, qui nous offre (pardon, il le vend quand même)  ce très beau portrait en médaillon, pièce unique vers 1900 qui provient de la Marquise de Polignac. 
portrait de femme (par G. Debillemont-Chardon) entouré d'une monture en argent à décor d'émaux plique-à-jour et cabochons d'opale; la chaîne en or
Le médaillon signé en bas à droite et la monture signée Cte DU SUAU / DE LA CROIX
10,5 cm. diamètre.



J'ai agrandi la photo, pour la signature et le travail.

Exposition
Société Nationale des Beaux-Arts, 1903
Exposition de la Parure précieuse de la Femme, Musée Galliéra, 1908
Bibliographie
L’Art Décoratif aux Expositions des Beaux-Arts, 1ère exposition, 1903, pl. 253
Exposition de la Parure précieuse de la Femme, Musée Galliéra, Librairie d’Art décoratif, 1908, Armand Guérinet éditeur, pl. 65 



1903


1903 Gazette anecdotique et littéraire


Musée d'Orsay



1903 dans la chronique de l'église d'Albi



Jeanne de Montigny , élément d épingle ou de corsage dit "Papillon du pays des fées" vers 1903. Email en plique à jour en cabochons sur Vermeil  Paris au Musée d'Orsay


En 1867 , le comte avait épousé Adèle Marie, Aubert de Vincelles(1832-1903) fille d'un colonel d'artillerie ,qui est directeur de l'arsenal de Rennes.Elle était veuve de Mr Heulhard de Montigny avec qui elle avait eu deux filles dont Jeanne (photo ci-dessus) 
C'est donc cette "belle fille" qu il va initier à son art.




1903 Réunion des Musées nationaux


1904 Comme souvent c'est un dessin réalisé au crayon sur papier quadrillé. C'est le projet de bijou pour la Duchesse de Leeds et à droite le moule en plâtre du bijou réalisé



Le dessin de 1904 et le bijou réalisé
C'est le projet de pendentif Capucine pour la baronne De Boissy d'Anglas




Ce sont plus de 2400 dessins, réalisés seulement de mai 1897 à Mars 1914 qui ont été donnés à l état français , provenant de  la collection du comte Henri Le Carpentier de Sainte Opportune, en mémoire de son épouse née Yvonne du Suau de La Croix (Paris, 10 novembre 1928 - Paris, 21 juin 2011), petite-fille du comte Enguerrand du Suau de La Croix



1905 Musée d'Orsay



1905 Dans la revue Illustrée




Texte de Peartree Collection: Vous verrez que grâce à la collection de dessins du Musée d Orsay il est possible de dater ce splendide pendentif

Un pendentif Comte Enguerrand du Suau de la Croix
La vente est une vraie rareté. Il s'agit d'un grand pendentif religieux Art nouveau du Comte Enguerrand du Suau de la Croix datant d'environ 1905. Il a développé sa propre technique pour  un émail plique à jour qui crée des cabochons d'émail pour un effet bijou global amélioré comme le verre. Le pendentif est formé de groupes de fleurs entourant une croix grecque, sertie d'une plaque centrale en émail de style Limoges, rehaussée de diamants, rubis et perles. Il représente un exemple étonnant de son travail.En 2012, le musée d'Orsay a acquis les archives complètes de Suau de la Croix et le dessin original de ce pendentif fait partie de cette collection. Un certain nombre de pièces de lui sont maintenant exposées au musée.
Son travail a également été largement exposé au Salon de Paris 1903-08.

Fabricant: Comte Enguerrand du Suau de la Croix Concepteur: Comte Enguerrand du Suau de la Croix.



Date: c. 1905 Dessin de la croix

Marques: Signé Cte du Suau de la Croix, marques de dosage françaises
Matériel: argent, rubis, perle, diamant, émail Etat: Très bon, deux petites pertes d'émail
Taille: 11 cm x 10 cm Poids: 228 grammes, 8 oz


1906





1906


Musée d'Orsay vitrine Suau de la Croix


Joseph Sataloff, dans son livre sur l 'Art Nouveau décrit ce pendentif  (sur la photo du Musée d'Orsay) de Du Suau et précise qu il est en or , diamants, opales perles sont de vraies pierres,  et cabochon d'émail. Il explique que les cabochons sont faits pour imiter l'améthyste et l'émeraude.


Ce qui m'étonne toujours , ce sont les articles de journalistes ou de conservateurs de Musée, jamais ils ne sont interessés par les poinçons ou alors ils font confiance à la base inachevée du Ministere de la Culture ??? Mais combien de grands et même Du Suau de la Croix n'y sont  pas, alors??







1907 c'est une partie d'un bracelet



Et cette boucle Ovale date elle aussi de 1907


1907 au Musée d'Orsay





1908 dans le Journal Mondain,  Du Suau habite a Paris avenue bosquet



Le 81 avenue Bosquet à Paris


1910 dans la revue "L art ancien et moderne"


De nombreux joailliers célèbres de l'époque, dont les  maisons Vever et Mellerio, se sont rendus disponibles pour vendre ses précieux bijoux. Le comte avait redécouvert un art décoratif ancien, celui des émaux. De plus, par essais et erreurs, monsieur de la Croix avait mis au point une technique que lui seul était en mesure de réaliser à l'époque, à savoir les  cabochons dits à l' émail Plique-à-jour. Cette technique particulière impliquait l'application de l'émail vitreux dans les cellules, mais sans le fond du substrat, de sorte que la lumière était libre de passer à travers l'émail, créant l'effet d'une petite fenêtre. Les longs délais de traitement et le pourcentage élevé de pannes ont nécessité une détermination considérable, mais ils ont également entraîné une hausse des prix,ça va sans dire.



1911 dans le journal "Comoedia"



1911 Exposition des Arts décoratifs à Paris



 

1912 dans "les musées Municipaux"

 Les envois les plus remarqués furent ceux où triomphaient à la fois la forme et la somptuosité ; de M. Lionel Le Couteux, qui sait si bien marier l'or à la nacre; de M. Charles Rivaud, aux vigoureuses harmonies ; de la maison Vever aux émaux admirables, du comte du Suau de la Croix avec ses émaux translucides, de M. E. Lelièvre, de Henri Hamm, un spécialiste de la corne.Il faudrait citer tout le catalogue pour ne pas commettre d'injustice.




1923 C'est le fils



La tombe de Enguerrand  du Suau de la Croix au cimetière du Père Lachaise

Sépulture de Marie-Céleste de Marigny de Mandeville (1784-1864), fille de Pierre Philippe de Marigny de Mandeville , l'homme le plus riche de Louisiane à son époque, elle tenait salon à Paris sous le nom de «marquise de Livaudais .https://commons.wikimedia.org/wiki/File:P%C3%A8re-Lachaise_-_Division_18_-_Livaudais-Suau_de_la_Croix_06.jpg

 

Jean Cuny dans le Journal Le Gaulois le 22/03/1914

Les obsèques du comte du Suau de La Croix, artiste émailleur, ont été célébrées hier matin, à neuf heures trois quarts, en l'église Saint-Pierre du Gros-Caillou.

Le deuil était conduit par le vicomte du Suau de La Croix, fils du défunt, et les autres membres de la famille.Parmi l'assistance

Marquise de La Guibourgëre, générale Lambert, comte et comtesse de Sesmaisons, général et Mme Feldmann, comtesse du Tilly, comté et comtesse de Joybert, vicomtesse de GuaÏès de Mézaubran, marquis et marquise de Nieuil, générale Bonnier, vicomte et vicomtesse de La Monneraye, comte Fleury, colonel et Mme d'Ancy, comtesse de Verneuil, grénérale de Perini, vicomte et vicomtesse d'Arjuzon, M. R. de Prémesnil, comte et comtesse Récopé, marquise de Courtarvel, M. Jean Kinen, vicomtesse J. de Nantois, baron et baronne R.de Mandell d'Ecosse, colonel et vicomtesse de Courson, Mme et Mlle Rabinovitch, etc., etc.L'inhumation a eu lieu au cimetière du Père-Lachaise.


Esperant vous avoir fait mieux connaitre cet artiste, car peu de bijoux de lui apparaissent sur le marché, certains même ont été vendus par exemple à l hôtel des ventes de Genève sans qu il soit fait mention de son nom.



 

Sources: Archives Nationales et le site Gallica

**Véronique Kientzy, « Le gentilhomme émailleur et la goutte de rosée. Un important fonds d’œuvres, d’archives et de

documents au musée d’Orsay », La Revue des Musées de France, revue du Louvre, 2018, n°4


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Adolphe Jean Marie MOURON dit Cassandre dessinateur de bijoux pour Fouquet ou Hermès et d'autres

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