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Charles Rivaud fut remarqué avec ce bracelet qu'il fabriqua et édita pour le 100 eme anniversaire de la Révolution Française.
"D'ailleurs,
Roty auquel s'adressaient plusieurs fabricants, se servait depuis longtemps du
procédé de la réduction et exécuta ainsi, à l'occasion de l'Exposition de 1889
destinée à fêter le centième anniversaire de la Révolution Française, un bijou,
un bracelet dit du Centenaire, que Charles Rivaud édita, comme il édita dans de charmantes montures de sa composition, des médailles de Dampt, la broche du
« Souvenir » de Victor Prouvé et bien d'autres. Charles Rivaud est du reste un
artiste, doublé d'un artisan, dont les productions sont pleines de recherche et
d'originalité."(d'apres Vever)
Le procédé de la réduction se fait grâce a un pantographe. C' est un instrument de dessin qui permet de faire des agrandissements ou des réductions. Les propriétés de l'homothétie permettent de conserver les proportions entre le dessin original et le dessin transformé.
C'est la maison Sotheby's qui a revendu ce bracelet fabriqué par Charles Rivaud elle indique: Représentant une figure masculine et féminine en plus de chérubins dans diverses scènes décoratives, les termes "commerce", "industrie", "science", "art", "fête du travail, et de la paix", "le siècle contemple son oeuvre "Centenaire de 1789" et "Liberté, Egalité, Fraternité", poids brut d'environ 43 points, circonférence interne de 17 cm, signée Roty, avec titrage français et marques de fabricant; vers 1889
Mais reprenons l histoire depuis le début "Charles Magloire Rivaud" est né le cinq avril 1859 à Boismorand dans le Loiret de Jean Alexandre et Marie Christine Rivaud au sein d 'une famille de Bijoutiers sur trois générations précédentes et auparavant , un serrurier.
Magloire n'a rien a voir avec la satisfaction du père d avoir un fils*, mais c'est le patronyme d'un saint Breton, d'origine Galloise qui était évêque de Dol au VI ° siècle.
*ni avec le Calvados du père Magloire.
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Il se marie à 40 ans à Paris dans le 20 eme arrondissement de Paris, car en effet sa future femme habite au 6 passage Ligner dans le 20 ème arrondissement et on se fiançait et se mariait chez la future mariée, alors que lui habite au 6 rue Rambuteau dans le 3 ème arrondissement.
Le 6 passage Ligner, une petite rue de charme dans Paris
Contrairement à ce qu'écrivent certains, le père est présent
Charles Rivaud a déclaré comme profession "Galvanoplaste" Ce devait être les début de la galvanoplastie qui est une technique électrolytique d'orfèvrerie servant à la reproduction d'objets en utilisant un moule relié au pôle négatif d'une pile et qui se recouvre alors d'une couche de métal. En somme il faisait du placage.
Il aurait commencé la galvanoplastie des 1893 ce qui l a aidé pour fabriquer une bijouterie à prix modeste, ce qu il a toujours appelé de ses voeux, il a vanté les merites du travail artisanal par rapport aux bijoux industriels, qu'aurait-ce été s'il avait vraiment appris le métier de joaillier.
"Charles Rivaud était le troisième d'une lignée de bijoutiers qui travaillèrent à
Gien, puis à Paris, rue Rambuteau, et il débuta dans le fonds et sur l'établi de
son père. En dehors de l'apprentissage familial, pas de leçons, pas d'école il
n'alla rechercher aucun enseignement, et il ne crut point, par la suite, à autre chose pour la création de l'artisan-artiste qu'à l'éducation professionnelle, soutenue par une science d'autodidacte et une culture générale aussi large que possible." Gustave Kahn
Poinçon de Charles Rivaud
Charles Rivaud compte parmi les premiers rénovateurs de l'art décoratif, dans
la génération qui suivit les initiateurs :les Bracquemond, les Chaplet et les
Lalique. Il étudiait l'effort à donner et cherchait sa particularité originale, lorsque
Lalique révolutionna l'art du bijou, logiquement, d'accord avec ses possibilités
et d'après un tempérament original de sculpteur qui se vouait à l'évocation
décorative. Pour résumer de vieilles notions sur l'orfèvrerie on sait que, depuis l'exposition de 1855, que l'orfèvrerie russe, avec ses surfaces ajourées sur les
tons de vitraux des émaux, inspira quelques artistes dans des efforts vers plus
de couleur et de pittoresque, Massin, par exemple.
Cette broche (au centre) est citée par Henri Vever dans son histoire de la Bijouterie il indique 1898. Ci-dessous c'est un autre bijou très proche.
Belle épingle Art Nouveau du sculpteur Jean Auguste Dampt pour Charles Rivaud revendue par la Galerie Tadema de Londres.
Émeraude or et émail H 1,90 cm (0,75 in) | Largeur 7,60 cm (2,99 po)
1898 poinçon 'CR' pour Charles Rivaud, le fabricant Poids 6,20 grammes.
"Dès qu'installé quai de l'Horloge, dans un pittoresque local composé d'une petite boutique et d'un entresol assez spacieux, il avait songé à faire profiter ses amis peintres et sculpteurs du passage chez lui de gens riches, venus pour acheter les bijoux chers enrichis de pierres précieuses espérant qu'un caprice de nabab ou de banquier adopterait une Carrière, à un moment où la gloire de Carrière n'effulgeait pas encore."
Ainsi, curieusement , alors qu' il avait fabriqué pour lui même et pour beaucoup d'autres, on ne connait que quelques pièces qui passent en vente publique, mais les experts ne font guère attention aux poinçons qu' ils ne connaissent pas par coeur et quand on voit (par exemple) qu'il sautent sur un écrin ou une signature Van Cleef et Arpels sans voir que le poinçon est de Rubel Frères !!!!!NDLR
Pourtant on peut constater que de son vivant, il fut souvent cité par la presse et aussi par Henri Vever
Pour Charles Rivaud débutant, le problème
était de différer fortement de Lalique et de pratiquer un art personnel, à
l'image de sa méditation, dans une technique qui lui fût propre. Les débuts
furent éclatants et, chaque année, la Société Nationale ou l'exposition des
Arts décoratifs, ou ses expositions particulières, offraient de lui une belle
vitrine d'objets d'art, remarquables par le relief, la force de leur
composition, leur solidité, avec des rappels de l'art populaire par
la matière et l'exécution
Cette composition de Victor Prouvé qui travailla beaucoup avec charles Rivaud est de 1899 Victor Prouvé était sculpteur
Le souvenir Rare pendentif Art Nouveau en argent. La forme
florale présente un décor double face en relief, d'un coté, une femme pensive
se mirant dans une fleur, et de l'autre, des mouettes volant au dessus des
vagues. Circa 1900. Signé du nom de l'artiste sur une face, porte le poinçon de
titre et la mention ARGENT sur l'autre. Bibliographie: Art et Industrie août
1911, modèle identique reproduit (sans pagination) dans un article entièrement
consacré à l'artiste.
Victor
PROUVÉ (1858-1943) Sculpteur & Charles RIVAUD Bijoutier.
Rare pendentif Art
Nouveau en argent "Le souvenir" d'un coté, une femme pensive se
mirant dans une fleur, et de l'autre, des mouettes volant au dessus des vagues.
Nancy, 1899. Signé du nom de l'artiste. Il fut publié dans la Revue des Arts
Décoratifs par Rouam et Cie en 1899.
"Pour Charles Rivaud . Les débuts furent éclatants et, chaque année, la Société Nationale ou l'exposition des Arts décoratifs, ou ses expositions particulières, offraient de lui une belle vitrine d'objets d'art, remarquables par le relief, la force de leur composition, leur solidité, avec des rappels de l'art populaire par la matière et l'exécution. La rénovation de la bijouterie avait compté sur les gemmes peu employées et sur l'arabesque de la présentation. Rivaud a exposé des colliers d'or, de belle carrure, qui eussent paru de style ancien, n'eussent été la nouveauté du dessin, et l'accent personnel de l'exécution." Art et décoration.
Cette
bague unique et exceptionnelle surprend par son concept. Le serpent aux
alliances sinueuses avec ses bandes d'émail vert champlevé a une affinité avec
les anneaux égyptiens antiques, tout comme l'opale en cabochon du disque
solaire Aten. Une création fabuleuse et pourtant digne de son époque,
exemple d'art parfait.
Cette bague est peut être encore en vente à la Tadema Gallery à Londres
Opale; Diamant taille ancienne et émail sur or
On peut sur cette bague, visualiser la marque de "Charles Rivaud"
Afin de mieux dater les bijoux, en 1901 Charles Rivaud est installé au quai de l 'horloge
Art et décoration en 1902
Revendu par la maison Christie's:
SAUTOIR ART NOUVEAU Suspension d' un pendentif en forme de fleur de
lotus, à pétales d'or sculptés et martelés, prolongeant un lys stylisé en
ivoire sculpté, opale cabochon, rose et rubis taille rose pavé de contour
circulaire, rehaussé de diamants taille rose et d'accents de vrille d'or, à la
chaînette en or à maillons fantaisie, sertie à intervalles réguliers de
diamants taille rose, suspendant deux pendentifs plus petits de motif
similaire, montés en or 18k, vers 1900, Poinçons français et poinçon de fabricant de Charles Rivaud
Parure en perles et feuilles d or fin des années 1900 comprenant: un collier de motifs de franges suspendant des
paires de feuilles de chêne et de glands, rehaussés à intervalles par des
grappes de perles de rocaille, d'une longueur
d'environ 450 mm, non signés,ainsi qu'une paire de boucles d'oreilles
pendantes de design similaire, garnitures
vissées, chacune signée Rivaud, étui CH Rivaud, 23 rue de Seine, Paris.
1902 dans l art décoratif pour tous, Rivaud continue ses motifs de feuilles et perles.
EXPOSITION
INTIME CHEZ RIVAUD 13-12-1902 Chronique
des arts et de la curiosité
Sans
vain apparat aussi, l'orfèvre Rivaud a groupé au-dessus de ses ateliers, dans
une petite pièce prenant jour sur le quai de l'horloge, des ouvrages de
technique et d'auteurs dissemblables. On dirait de l'ensemble, très séduisant
d'aspect, le cabinet composé par un amateur clairvoyant et informé. Aux murs,
des tableaux, des dessins de maîtres d'aujourd'hui et de demain : Corot,
Pissarro, Carrière, Besnard, Willette, Ernest Laurent ; une curieuse étude de
M. Sauvé ; des aquarelles d'un Espagnol bien doué, M. Perg; d'agréables
notations de paysage, signées Dabadie, Perrandeau, Manzona, de Lapparent ; une
frise et de3 estampes gaufrées où s'affirme et triomphe le goût rare et
délicieux de M.Pierre Roche ; posé négligemment sur le sol, un bas relief de M.
Camille Lefèvre voisine avec des projets décoratifs de M. Bellery-Desfontaines
; plus loin, une table de M. Gaillard, un présentoir de M. Grùber ; çà et là,
sur la cheminée, sur des selles, sur la table, des statuettes exquises de Mme
Besnard, émouvantes de M. Prouvé, pittoresques de M. Wittmann ; puis des grès
des frères Mougin, des cuirs aux mosaïques harmonieuses par M. Clément Mère, des
cuivres ajourés de M. Franz Heidecker, des broderies de M. Courteix, enfin de
l'organisateur de l'exposition, de maître Charles Rivaud lui-même, une suite de
colliers, de bagues, de pendants, qui méritent de compter parmi les créations
les mieux venues, les plus rationnelles aussi, de la moderne bijouterie
française.
1902 l art décoratif pour tous
1902
M.
Boutet de Monvel exile le diamant de sa conception. M. Carabin l'utilise. Son
pendentif plaque deux grosses pierres près de deux femmes en or. d'allure
rustique, trop fortement sculptées; c'est de la ferronnerie d'or. M . Rivaud
utilise aussi beaucoup le diamant; mais il a le goût de choisir de petites
pièces et de faire ainsi courir sur ses colliers,
rien qu'un scintillement léger ei mobile. Comme le lit tout récemment pour ses bijoux M. Mucha, M. Rivaud aime a modifier
l'aspect des pierres précieuses autres que le diamant qu'il emploie d'un réseau
de filets d'or qui mettent l'agrément du dessin sur la beauté de la gemme.
Dans la Revue de la Bijouterie Joaillerie
1902 revue de la
Bijouterie….
Dans
la vitrine de M. Ch. Rivaud, voici une série intéressante de bagues.
Quelques-unes néanmoins sont bizarres et tellement stylisées, qu'il n'est pas
possible de savoir si c'est une algue ou une peau de tigre qui a inspiré le
bijoutier. Au demeurant, elles sont jolies et c'est l'essentiel. Deux colliers,
fins et distingués, se composent : l'un, de menues feuilles de gui avec graines
de perles ; l'autre, de feuilles enchaînées par des maillons de fil d'or assez
gros
et apparent qui font très bon effet. Ces deux objets sont charmants
charmants
bien agencés.
1903 Dans Art et Décoration " Lourds aussi, et souvent, les bijoux de M.Rivaud, qui
n'en sont pas moins intéressants, cependant, et très personnels ; quoique ne
donnant pas suffisamment, peut-être, l'impression d'objet
précieux que doivent avoir les bijoux.
Fn
résumé, on le voit, ce Salon présente, certes, des choses intéressantes"
En 1903 il est toujours quai de l horloge
Qu'écrivait la revue "L'illustration en 1903?
"Les bijoux n”étaient, il y a quelques années, qu'une marque de vanité; depuis que l'art les a transformés, ils sont devenus une marque de goût.
Des ciseleurs exquis, des dessinateurs de grand talent se sont appliqués à faire de véritables merveilles des objets que nous touchons ou que nous regardons à tous instants. Là où les fabricants s”attardaient dans une routine entêtée, ils ont créé des merveilles de ligne et d'élégance; les formules nouvelles ont jailli comme par enchantement , on a maintenant une broche vraiment à soi, une bague personnelle comme un tableau ou une sculpture.........
En passant dans les galeries, nous avons remarqué et noté les merveilles que nos gravures reproduisent le pendant d”un travail si simple et si délicat, le peigne et la salamandre en broche de Boutet de Monvel; la libellule en plaque de cou et la poignée d'ombrelle de Martilly.
Le public stationne devant les oeuvres de Mrs Monod et Rivaud. Il règne dans cette section du Salon un silence religieux que coupent seulement des petits murmures étouffés et extasiés... Ici l'on regarde... et l'on ne regarde pas toujours les toiles exposées à côté. Ici les réflexions sont justes... et Goncourt a pu dire non sans raison que rien n'entendait plus de sottises qu”un tableau, un jour de vernissage. C'est que la femme, si elle ne comprend ni n'aime toujours la peinture, comprend et aime immanquablement le bijou.
Art et décoration 1904
"M.
Rivaud semble plus en possession de lui-même et de son art. Ses bagues sont
fort intéressantes, avec des recherches heureuses de matières et d'harmonies :
certaines, aux anneaux de corne ou d'ivoire; d'autres tout en métal, ornées de
pierres aux tons fins et bien employés.
Des
colliers simples et bien composés ont beaucoup
de caractère."
Art et decoration 1905
Nous devons reconnaître cependant que cette année, aucune oeuvre exceptionnelle ne se détache de l'ensemble.
M. Rivaud, certes, a de beaux bijoux, d'un noble caractère, un peu antique peut-être, mais pleins de robustesse et de distinction à la fois. J'aime beaucoup, malgré sa lourdeur, un beau collier d'or jaune et de turquoises vertes, je crois; mais les bagues sont, en général, bien massives, quoique ingénieuses de conception.
L étude de Pierre Bergé a revendu cette :Bague en or 750/1000° asymétrique, ornée d'une nacre oblongue sertie dans des feuillages stylisés.
Travail du début du XXe siècle. Poids brut: 5,7 g
Cette bague est à rapprocher d'un exemplaire présenté par Alastair Duncan (The Paris salons 1895-1914, Jewellery vol. II, p. 190) concernant le travail de Charles Rivaud. Les enroulements du métal et l'utilisation de la perle sont très proches dans les deux cas. Charles Rivaud (1859-1923), décorateur, orfèvre et bijoutier, est principalement connu comme éditeur de broches composées de médailles sculptées par Roty, Dampt ou encore Prouvé. Il expose régulièrement ses propres bijoux dans les grands salons à partir de 1901 jusqu'en 1913.
1908 chronique des
arts et de la curiosité
«
EXPOSITION INTIME » (Galerie Rivaud) Chez l'excellent et probe architecte en
bijoux M. Ch. Rivaud, qui, lui-même, garnit trois vitrines de travaux anciens
et récents, quelques sculpteurs et peintres ont rassemblé un certain nombre
d'œuvres aussi diverses par l'intérêt que par la tendance. A côté d'un groupe
bien fade, que M. Bartholomé composa sans ardeur, et d'une fantaisie prévue,
que M. Dampt exécuta suivant son étourdissant savoir, nous avons remarqué
surtout la riche nature morte de M. René Piot, qui voisine avec les délicates
peintures de M. Georget-Faure. Une figure contournée de M. Prouvé présente des
morceaux plus curieux par le dessin que par la couleur, car ses rapports de
ton, obtenus à l'aide du crayon RafTaëlli, sont d'une acidité peu plaisante.
Rare bracelet jonc en argent et or jaune 18k (750 millièmes) à décor moderniste.Travail de A. Rivaud, poinçon de maître et inscrit en toutes lettres.
Diamètre: 7,5 cm - Poids brut: 87,5 g Revendu par Maitre l'Huillier
1906-1908 dans le Vever
D'ailleurs,
Roty auquel s'adressaient plusieurs fabricants, se servait depuis longtemps du
procédé de la réduction et exécuta ainsi, à l'occasion de l'Exposition de 1889
destinée à fêter le centième anniversaire de la Révolution Française, un bijou,
un bracelet dit du Centenaire, que Charles Rivaud édita, comme il édita dans-
de charmantes montures de sa composition, des médailles de Dampt, la broche du
« Souvenir » de Victor Prouvé et bien d'autres. Charles Rivaud est du reste un
artiste, doublé d'un artisan, dont les productions sont pleines de recherche et
d'originalité.
LA
NUIT (1899). GALLIA (1897). L'AMOUR (1898).Médailles par Vernon. (J. Duval,
éditeur.)
Revue des beaux arts 1908
Dans Fémina agrandissez en cliquant
Art et décoration de 1909
"Comme je le disais plus haut, ce qui manque le plus ici, c'est la
recherche du caractère et l'affirmation de
la personnalité; et parmi les artistes composant des bijoux, je ne vois guère
que Rivaud à
la Société Nationale, et Lalique à la Société des Artistes Français qui fassent
preuve de cette qualité cependant essentielle. Les imitateurs de Lalique et
ceux qui dérivent directement de son art sont extrêmement nombreux; mais où
trouver une note personnelle, et une facture,
un
sens de la coloration ou de l'ornemanisation qui mettent en évidence un effort
d'expression particulier?
Quand je le peux, je trouve qu il est bon de rappeler les tenues vestimentaires de l'époque de nos joailliers, par exemple cette photo date de 1909 NDLR
En 1909 le Bulletin de l art ancien et moderne le situe 23 rue de Seine à Paris
Ceci dit, livrons-nous à la joie de regarder ces meubles, ces bijoux, ces broderies pleines d’ingéniosité et où le bon goût — le goût français — apparaît très souvent. Ne nous laissons pas rebuter par le disparate des objets exposés. Disons-nous vite que cette Exposition décorative n’est pas un ensemble et regardons chaque chose à part.
Il faut mentionner les vases et les panneaux décoratifs de Maurice Denis ; les meubles de Th. Lambert, Majorelle, Landry, Croix-Marie, Rapin, Gaulard ; les travaux de toute sorte de Bellery-Desfontaines qui expose des broderies, des meubles, des estampes, etc. ; les panneaux décoratifs d’Hubert de La Rochefoucauld, André Morisset, H. de Waroquier, Piébourg, Bouchard, Deloy, Waldroff, Chauchet ; les bijoux d’Archimbaud, Feuillâtre, Rivaud, Dufrêne, Mme Bédot-Desdote, Stern ;
1909 La
céramique, nous le voyons, nous réservait peu de surprises ; mais cette section
offre, cependant, par l'intérêt des oeuvres exposées, une tenue remarquable.
Les
Bijoux. — Nous n'en pouvons dire autant, malheureusement, des bijoux exposés.
Grâce surtout à Lalique, le Salon des Artistes français l'emporte ici sans
conteste sur la Société Nationale. Nous trouvons, cependant,
quelques
vitrines intéressantes.
Celle
de M. Rivaud me retient spécialement, moins par le nombre que par l'originalité
de ses bijoux. La technique de cet artiste est excellente, simple, honnête, et
ses oeuvres sont empreintes d'un caractère bien spécial et bien personnel.
Parmi
les bijoux exposés, je retiens spécialement une broche, d'un aspect un peu
sauvage mais bien curieux et d'un caractère certain. Sur un fond onde de fils
d'or circonscrivant les pierres, des opales de tons divers se détachent.
L'effet est étrange et riche à la fois.
Ce
que j'aime surtout, dans l'art de M. Rivaud, c'est le style qu'il sait donner à
ses compositions ; c'est la construction architecturale de ses motifs,
l'équilibre de ses lignes simples mais fortes, rassurantes pour l'oeil, et
contrastant avec la liberté trop grande et le défaut d'interprétation que l'on
rencontre trop souvent dans cet art. Et si une belle interprétation d'un motif
naturel me séduit infiniment, je préfère cependant de beaucoup une belle
composition à motif purement ornemental et linéaire, comme celles de M. Rivaud,
aux plates transpositions en métal, émail et pierres, d'une fleur ou d'un
insecte, que nous montrent trop souvent, avec une constance désespérante, les
exposants de la section des bijoux.
Revenant à l'envoi de M. Rivaud, j'y trouve encore des
chaînes amusantes ; un pendentif en or vert, émeraudes et petits diamants,
curieux dans sa gamme froide, et enfin une bague en or vert, émaux bleus et
verts et diamants, d'une excellente composition et d'un bel effet, quoique j'en
regrette un peu le volume. Bref, c'est là un excellent envoi. Chez MrBoutet de
Monvel, je ne puis retrouver , l'équilibre de composition que je louais chez M.
Rivaud. L'artiste, ici,'se complaît à l'étrange, ce qui est parfois dangereux. L'imagination chez lui est cependant féconde ; et parmi les pièces qu'il
expose, une bague,
où des insectes soutiennent une perle, est à remarquer.
"Par contre MM. Rivaud, Follot, Feuillâtre, Ilusson, Frank, Scheidecker, demeurent dignes de leur réputation. Les bagues, broches, colliers et pendentifs de Charles Rivaud requièrent l'admiration par le fini de l'exécution, et l'harmonieuse discipline."
1911 dans Fémina
Lettre de Georges DESVALLIÈRES (1861-1950) peintre. mars-avril 1912, à Mme Natalia Trouhanowa ; sur son travail pour le décor et les costumes du ballet
Istar (musique de Vincent d’Indy, créé le 22 avril 1922). 15 mars 1912,
la priant de venir chez Rivaud « pour déterminer la grosseur des ornements »… Désolé de ne « pouvoir surveiller les costumes, le décor et les bijoux en m’absentant du 19 au 30 », il fait agir Jacques Rouché au ministère de la Guerre pour obtenir un sursis. Il demande rendez-vous pour prendre des mesures pour les bijoux… [30 mars]. Il veut « le manteau d’Istar » ce soir, et recommande une Russe… [2 avril]. Il la remercie de sa délicate intention à propos du Vendredi Saint, mais il viendra ce jour-là au théâtre… – Il a donné à Mlle Muelle « un dessin grandeur nature de vos boucles d’oreilles »… – Sa fille a été si gravement malade qu’ils ont vécu des journées d’angoisse ; elle semble maintenant hors d’affaire, mais il est à bout de forces… – Vendredi. C’était bien « la petite fille aux bonbons » qui était malade. Il ne manquera pas « le grand plaisir de vous voir et d’entendre la nouvelle œuvre d’un artiste que j’admire tant et d’un homme pour lequel j’ai tant de respect. Merci enfin pour votre bienveillance à mon égard au sujet de ma modeste collaboration aux Concerts de Danse Trouhanowa »…
la priant de venir chez Rivaud « pour déterminer la grosseur des ornements »… Désolé de ne « pouvoir surveiller les costumes, le décor et les bijoux en m’absentant du 19 au 30 », il fait agir Jacques Rouché au ministère de la Guerre pour obtenir un sursis. Il demande rendez-vous pour prendre des mesures pour les bijoux… [30 mars]. Il veut « le manteau d’Istar » ce soir, et recommande une Russe… [2 avril]. Il la remercie de sa délicate intention à propos du Vendredi Saint, mais il viendra ce jour-là au théâtre… – Il a donné à Mlle Muelle « un dessin grandeur nature de vos boucles d’oreilles »… – Sa fille a été si gravement malade qu’ils ont vécu des journées d’angoisse ; elle semble maintenant hors d’affaire, mais il est à bout de forces… – Vendredi. C’était bien « la petite fille aux bonbons » qui était malade. Il ne manquera pas « le grand plaisir de vous voir et d’entendre la nouvelle œuvre d’un artiste que j’admire tant et d’un homme pour lequel j’ai tant de respect. Merci enfin pour votre bienveillance à mon égard au sujet de ma modeste collaboration aux Concerts de Danse Trouhanowa »…
Charles RIVAUD (1859-1923) orfèvre. février-mai
1912, [la plupart à Natalia Trouhanowa] ;
"Au sujet de la création d’ornements pour son ballet Istar [sur une musique de Vincent d’Indy, créé le 22 avril 1912]. 24 février. Il préfère qu’elle le reçoive dimanche « car nous n’avons pas un jour à perdre »… 25 mars, au peintre Georges Desvallières : il se plaint de l’indifférence de M. Quinault [le danseur Robert Quinault] qui « menace de me mettre dans l’impossibilité d’arriver à vous livrer dans le délai fixé »… 10 avril. Sa gentille lettre lui a fait très plaisir ; il a été frappé d’un sévère accès de goutte…8 mai. Il lui adresse la fille du directeur de l’Assistance et de l’Hygiène publique au Ministère de l’Intérieur « qui tiendrait à vous exposer le but d’une œuvre dont elle s’occupe et pour laquelle elle solliciterait le concours de votre grand talent », pour offrir des poupées aux enfants de l’Assistance publique…"
"Au sujet de la création d’ornements pour son ballet Istar [sur une musique de Vincent d’Indy, créé le 22 avril 1912]. 24 février. Il préfère qu’elle le reçoive dimanche « car nous n’avons pas un jour à perdre »… 25 mars, au peintre Georges Desvallières : il se plaint de l’indifférence de M. Quinault [le danseur Robert Quinault] qui « menace de me mettre dans l’impossibilité d’arriver à vous livrer dans le délai fixé »… 10 avril. Sa gentille lettre lui a fait très plaisir ; il a été frappé d’un sévère accès de goutte…8 mai. Il lui adresse la fille du directeur de l’Assistance et de l’Hygiène publique au Ministère de l’Intérieur « qui tiendrait à vous exposer le but d’une œuvre dont elle s’occupe et pour laquelle elle solliciterait le concours de votre grand talent », pour offrir des poupées aux enfants de l’Assistance publique…"
1912 dans le journal Le Menestrel
Ceci est une oeuvre commune de Charles Rivaud pour le couvercle en orfèvrerie et de son ami Auguste Delaherche avant 1914 .Photo Musée des arts décoratifs jean Tholance
Le Musée des arts décoratif tient cette biographie de Auguste Delaherche.
De 1883 à 1886, Delaherche commence le travail de potier à quelques kilomètres de Beauvais, au lieu-dit "L'Italienne", dans une ancienne manufacture dirigée par Ludovic Pilleux qui pratique surtout des grès vernis au sel. En 1887, Delaherche reprend l'atelier d'Ernest Chaplet, rue Blomet à Paris. Il y restera jusqu'en 1894. Avec Chaplet, il s'initie à la fabrication des grès "flambés" ou "flammés" sous couverte d'émail. C'est aussi le début des émaux dégradés et fondus en coulées. Il s'intéresse également à la porcelaine. Il est alors très influencé par l'Art Nouveau et utilise largement le décor végétal. Au cours des étés 1891 et 1892, Delaherche loue une maison dans le hameau d'Héricourt, commune de la Chapelle-aux-Pots, non loin d'Armentières. Il fait cuire ses pièces chez Bertin et chez Mesanguy. A partir de 1894, Delaherche regagne définitivement le Beauvaisis et se fait construire, par Charles Genuys, près d'Armentières, une maison qu'il baptisera "Les Sables Rouges", un four, des ateliers. A partir de 1904, Delaherche tournera lui-même ses pièces. Il travaille seul, sans élèves. Il s'intéresse beaucoup à la porcelaine, et c'est alors qu'il réalise les porcelaines ajourées et gravées.
Un commentaire a propos de Charles Rivaud, un peu tiré par les cheveux:
Ces libellules qui, par supercherie, empruntent au minerai leur éclat d'animal, ces insectes qui coupés quasi en deux par le corselet, ont servi de type à la mondaine constriction, ces oiseaux de jour et de nuit dont les ailes ont l'éclat de l'émail et aussi la fragilité, ces hiboux pour blason de Gardon Bennett, Charles Rivaud d'un mot le qualifie Bijou de modiste. On le voit sur des chapeau qui, par dessus les moulins l'emportent avec eux ou bien sur une plage à chalets
démontables, acharne ses pattes à défendre la voilette contre un vent de large qui a reçu le mot de Charles Rivaud. " Signé André Conte
"Ce
fut une des grandes préoccupations de Charles Rivaud, que de créer un bijou
populaire. Fidèle en cela à ses admirations pour des artistes-théoriciens
socialistes, comme William Morris, fidèle aussi aux idées généreuses qui
inspiraient sa pensée, il cherchait à créer du beau pour tous, utilisant en ce
cas la frappe, créait pendant la guerre des modèles de bagues d'argent à cent
sous, de pendentifs du même métal à cinquante francs, d'excellent modèle. Il
apportait ainsi une brillante démonstration de la possibilité de l'art pour
tous, démocratisait le bijou, avec succès, car il n'avait pas employé
pour les pièces de matières coûteuses qu'il avait coutume d'établir, plus de
soin esthétique et d'imagination artiste" G.Kahn
1916
Le bijoutier Charles Rivaud, ce n'est pas chose facile de lui faire confesser son métier. La guerre l'en détourne. Elle le désespère. Son fils à Salonique, c'est un tourment qu'il ne peut contenir et qui, en mots de caresse et d'étreinte, s'extravase de son coeur trop plein. Sa voix d'âme, ses doux yeux d'armoricain, ses gestes arrondis d'artisan à qui son genre de travail interdit la brusquerie, tout soude ses dehors à son intime sentiment. (André Conte)
Ceci permet de dire que Charles eut un fils qui fut un artiste et un grand médailleur.
Charles Rivaud eut une très belle définition de notre métier vers 1916-18
" La matière la matière à ouvrer est toujours la grande maîtresse
quelle que soit l'ingéniosité des hommes!, elle impose une limite à leurs combinaisons. De même que l'orfèvre doit être chaudronnier, monteur en bronze, ajusteur, le bijoutier est tenu de savoir forger, fondre, préparer ses alliages, composer ses soudures, faire les innombrables apprêts, emboutir, souder les pièces les plus délicates, enchâsser les plus fragiles, sertir les pierres précieuses, etc., etc. Les méthodes de travail n'ont pas changé depuis des siècles. J'ai été frappé de la disposition identique de mon atelier et de celui d'Etienne Delaune au seizième siècle. Nous soudons au gaz, alors qu'on soudait
à l'huile, voilà tout. Je voudrais vous transmettre ce que la lutte opiniâtre avec
la matière m'a permis de déchiffrer. Les métaux rares, les pierres précieuses sont pour le bijoutier ce que sont pour un peintre ses couleurs. Ils constituent sa palette. La coloration, les masses, les effets d'un bijou se distribuent comme on fait d'un tableau. Pour con naître son métier, pour pénétrer les secrets de la matière, il faut avoir longtemps conversé avec elle, l'outil à la main, à la cheville, à l'étau.
Consultez toutes les encyclopédies que vous voudrez, des aides mémoire. L'image, la documentation, ce ne sont que le moulage sur nature,
mauvais, mauvais. L'image n'est bonne que pour déterminer la commande. Mais mon but n'est pas tant la commande que de faire oeuvre durable"
1921 Son dernier grand succès fut l'épée de membre de l'Institut offerte à M. Paul Léon, exposée au Salon des Tuileries, intéressante par la sobriété de sa décoration :la poignée, avec quatre panneaux de nacre, la garde et le croisillon
en or et argent curieusement dégradés, la coquille avec ses fils d'or striant un fonds d'argent granité, inspiré dans son entrelac décoratif des paysages lunaires avec bouton et conclusion en or et argent dégradé du fourreau recouvert
de requin de Chine. Description de Gaston Kahn
1922 Bulletin de la vie Artistique
Il
apportait ainsi une brillante démonstration de la possibilité de l'art pour
tous, démocratisait le bijou, avec succès, car il n'avait pas employé
pour les pièces de matières coûteuses qu'il avait coutume d'établir, plus de
soin esthétique et d'imagination artiste. Et il y apportait toutes ces
préoccupations de bon et d'honnête métier que furent sa marque, qui font qu'un
fermoir en argent.de sac, forgé par lui, s'ouvre bien, ferme bien; que sa
fermeture d'argent, durable parce que simple, basée sur la résistance de la
feuille s'abat sur un cliquet d'or, inaltérable, inoxydable, inusable( ci-dessous)
"Rivaud
faisait tout lui-même. L'or vierge lui était porté dans son petit atelier, il
en assurait
seul les manipulations. Longtemps il n'usa que du vieil outillage du
bijoutier, qui n'a guère changé, qui était le même chez les orfèvres du Moyen
Age que chez son grand-père, à Gien, le même qu'on eut trouvé chez un bijoutier
égyptien (il n'y ajouta que les commodités apportées par le gaz ou
l'électricité aux arts du feu). Il créait un modèle de cuivre, puis le bijou" G Kahn
1920-22 Collier de Rivaud sautoir or et perles fines, photos d'epoque
1920 Bague de Rivaud photos d'epoque
1920-22 Collier de Rivaud, en or grec, emeraudes et roses diamants photos d'epoque
1920-22 Croix or et argent et jaspe photos d époque
1920-22: Collier or et perles fines de Rivaud photos d'époque
1925 Revue des beaux arts Toute la famille est représentée
Résumé de la carriere de Rivaud sur le dossier de légion d honneur
Bracelet Charles Rivaud or et argent
1919
Charles Rivaud avait pris sa retraite mais il est décédé à soixante-quatre ans, dans ce petit village breton, la Trinitè-sur-Mer, où il venait depuis des années
Il s'y préoccupait d'élever un monument aux morts de la guerre. Il avait trouvé une disposition architecturale simple et grande. Le piédestal large, à pans simples, s'amincissait jusqu'à la terrasse, sur laquelle reposait, au lieu d'une statue, un menhir. La présence de cette pierre muette et sans masque, figure bien l'effort d'art, de méditation, de prière des vieilles races immobiles et incarne dans ce style des plus vieux tailleurs de pierre, l'âme même de la terre où clic raconte l'histoire des temps abolis. Sur deux des faces du piédestal, un matelot et un soldat, inscrits dans des médaillons par son fils, André Rivaud, le bon graveur de médailles, précise l'hommage aux disparus. L'ensemble du monument est conçu dans la méthode d'unité et de simplicité qui imprègne toute son oeuvre d'orfèvre. Kahn
Charles Rivaud• Bague Patriotique Victoire de la guerre 14-18 inscriptions autour du coq “Allies Gloire Poilu” “Pour la Liberté du Monde” signée C RIVAUD argent poinçon de maître et tête de sanglier Paris vers 1918-1920
CHARLES
RIVAUD Bulletin artistique 10-1923
Soudainement
emporté par une embolie, Charles Rivaud repose à jamais dans le petit cimetière
du village de la Trinité où, chaque année, devant le golfe du Morbihan, gris
comme une perle, le grand artiste allait passer l'été. Il y a terminé, frappé
debout et en pleine vigueur, une carrière pleine de labeur et de haute
conscience. Son caractère droit, rigide, inflexible, intransigeant, lui avait
fait de grands amis. Il n'est personne qui
ne rendît justice à la dignité de sa vie, autant qu'à l'éminence de son talent.
•
Dans
un tout récent Bulletin, répondant à l'une de nos enquêtes, le grand orfèvre
avait exposé longuement sa doctrine artistique, et cette lettre énergique,
toute imprégnée de forte conviction, nous apparaît aujourd'hui comme le
testament de ce noble esprit. Charles Rivaud professait en matière d'art
appliqué le rationalisme des vrais praticiens. Il estimait qu'un artiste
demeure incomplet s'il ne connaît point par l'expérience personnelle à la fois
les ressources et les difficultés du métier : doctrine si juste et si fondée
qu'il n'est artiste digne du nom qui n'ait voulu tâter par soi-même du métier.
Peu importe l'âge auquel s'accomplit l'apprentissage, le principal est de s'y
soumettre, et de glorieux exemples contemporains attesteraient, s'il le fallait,
qu'un apprenti de trente ans, mûri déjà par l'exercice d'un art purement
décoratif, devient aisément un « ouvrier » d'élite.
Orfèvre,
fils d'orfèvre, Charles Rivaud fournissait par lui-même un admirable exemple du
grand sentiment de l'art allié à la maîtrise professionnelle. Les bijoux qu'il
forgeait sur son petit établi s'appliquaient à convenir à leur destination
particulière. Collier, bague, pendentif ou bracelet, le joyau n'était pas,
selon lui, un ornement banal, conçu dans l'abstrait : c'était le complément
logique de la beauté ou du caractère de la personne qui devait le porter : de
là la grande simplicité, de là le noble et véritablement grand style de ses
oeuvres. L'une des dernières qu'il a réalisées est l'épée d'académicien qu'à M.
Paul Léon, leur chef, offrirent les fonctionnaires de la direction des
Beaux-Arts. Le maître orfèvre avait pris soin de s'informer des habitudes
d'esprit du destinataire de l'oeuvre : et pour le lettré, l'homme d'étude,
l'esprit à tournure sérieuse qu'est M. Paul Léon, c'est un chef-d'oeuvre aux
lignes sobres, à la grave élégance toute dépouillée d'ornements qu'il a
réalisé. Charles Rivaud laisse derrière lui de nombreux exemples aussi
pertinents de sa doctrine artistique. Il laisse une oeuvre.
Art et décoration en 1925 parle de lui
Art et décoration en 1925 parle de lui
De
plus en plus, en effet, l'art décoratif se fait constructif. Notre temps
révoque la leçon des Gaillard, et des Grasset, et des Galle qui n'ont produit
qu'une formule ornementale, substitué les lianes et les feuilles de marronniers
aux rais de coeur Louis XVI, et fondé toute une esthétique sur l'emploi
systématique des courbes, — plus végétales, partant plus « rationnelles ». La
matière il est vrai, demande un traitement rationnel : mais déterminé par ses
propriétés mêmes.
Il
n'est pas plus irrationnel, de débiter la bille de bois en feuilles de placage
qu'en planches ; de laminer, d'étirer ou de souder le fer que de le forger.
Demèmeque Riesener,Jacob et Benneman utilisèrent la presse, Jean Lamour et
Héré la tôle de 1er, deux inventions alors nouvelles, Emile Robert le
ferronnier, Charles Rivaud l'orfèvre, deux grands
techniciens du marteau, n'ont pas dédaigné d'appliquer en certaines occasions
la soudure autogène, autre « moyen » récent : mais ils composaient alors tout
autrement. C'est là le noeud du problème. Nous considérons encore l'outillage
industriel avec mépris. Des hommes de bonne volonté, de bonne foi, de haute
moralité croient relever l'apprentissage en régénérant les vieilles pratiques à
peu près tombées en désuétude: mais ce n'est pas à l'ouvrier d'apprendre cette
espèce de langue morte. C'est aux créateurs de modèles à secouer leur
fétichisme archéologique, à mettre au point une esthétique de la machine, qui
ne consistât point, disposant de ressources formidables, à simuler pauvrement
les effets délicats du travail à la main. Cette esthétique, d'ailleurs, se crée
d'elle même. Les artistes étroitement enfermés dans leurs conventions d'atelier,
n'y participent guère : ils ont cessé généralement d'être les guides, pour
devenir les témoins étonnés de l'évolution des formes. Cette évolution, ce sont
les ingénieurs qui l'alimentent : l'art ne gagne rien à s'isoler dans la vie,
car la vie continue sans lui ; Viollet-le-Duc avait prédit la substitution, qui
s'opère, de l'ingénieur à l'architecte. Ce dont l'exposition qui s'ouvre
démontrera l'urgente nécessité, ce n'est pas de remplacer un système décoratif
périmé par un autre système, comme un tableau par un tableau, mais bien de
réviser les programmes fondamentaux. A cette société moderne conditionnée par
le machinisme, cause première de la transformation du régime économique et
social, et par les découvertes scientifiques, il faut une architecture
nouvelle, —exprimant des réalités nouvelles, — et des solutions logiques, c'est-à dire
affranchies des canons traditionnels. Sans doute il est très difficile de s'en
affranchir: « les hommes, remarque Vauvenargues, se délient moins de la coutume
et de la tradition de leurs ancêtres que de leur raison ». Mais, dans ce
débat toujours confus et souvent obscur, c'est finalement, la raison qui
l'emporte.
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