"Le Diamant américain a tué le Diamant vrai. il réunit toutes les qualités du Diamant le plus authentique; l'œuvre du chimiste ne diffère en rien de l'œuvre de la nature. Extrait des roches californiennes, le Quartz, qui est la base du Diamant américain, ne présente à la vue, avant d'être traité par le procédé Framinet, qu'une agglomération de cristaux rugueux, incolores et sans transparence, entourés d'une croûte pierreuse. "
Claude Framinet écrivit un livre et demanda a Alexandre Dumas de le préfacer, c'est son texte que je recopie en italique et vous présente (mes commentaires en Bleu)
Alexandre Dumas père
Vous
vous rappelez peut-être qu'à propos de la mer, j'ai eu avec vous
une causerie sur les perles.
Et,
en effet, les perles sont les vraies filles de la mer ; les huîtres
ne sont que les nourrices des perles.
Or,
de perle à diamant il n'y a que la main. Une occasion se présente
pour moi de vous parler des diamants ; laissez-moi vous parler de ce
tyran de la mode, qui seul a le droit d'opprimer la perle.
Je
voudrais vous faire l'histoire des quatre ou cinq diamants fameux,
qui ont attiré les regards du monde entier et qui ont fait le
désespoir des voleurs, attendu que,
comme les raisins de la fable enfermés qu'ils sont dans les trésors
royaux, ils étaient trop verts pour eux.
Je
désire vous faire cette causerie d'autant plus étendue, que c'est
presque le testament du diamant. que je vous envoie.
Tout
le monde sait, depuis les expériences des chimistes du 18e siècle ,
et surtout depuis celles du célèbre Lavoisier, tout le monde sait,
disons-nous, que le diamant n'est que du carbone cristallisé.
Ces
Christophe Colomb de la science ont découvert que le diamant, exposé
aux feux des fours de porcelaine, disparaissait sans laisser de
traces ; il se volatilise de la même façon en l'exposant au feu de
la lentille de Tschirnhausen.
En 1682, le savant saxon Ehrenfried Walther von Tschirnhaus (1651-1708) devient le premier Allemand à être admis à l’Académie royale des sciences. D’abord connu comme mathématicien, Tschirnhaus se fait un nom par ses expériences sur les miroirs et lentilles ardentes de très grande taille ainsi que par la fabrication de lentilles de verre. Ses travaux aboutiront à l’invention de la recette de la porcelaine européenne. Ses miroirs et lentilles ardentes se feront une place dans les laboratoires et les cours de toute l’Europe. Le duc d’Orléans et Lavoisier s’en serviront.
Ces
expériences commencèrent par ruiner Lavoisier et plus tard furent
cause de sa mort. Ruiné comme chimiste, il voulut refaire sa fortune
comme fermier général, et ce fut comme fermier général qu'il eut
la tête tranchée avec vingt-sept autres fermiers généraux.
Il
y a dans le monde cinq ou six gros diamants. Chacun de ces diamants a
l'histoire de son origine plus ou moins pittoresque. Mais avant
d'entreprendre cette généalogie, il faut que nous prévenions le
lecteur que le prix des diamants varie selon la forme, le degré de
transparence, la pureté et la grosseur de la pierre.
La transparence du diamant doit être égale à celle de l'eau; quand on dit : un diamant d'une belle eau, on veut dire un diamant d'une limpidité parfaite.
La transparence du diamant doit être égale à celle de l'eau; quand on dit : un diamant d'une belle eau, on veut dire un diamant d'une limpidité parfaite.
Inutile
de dire que les diamants deviennent plus rares et plus chers au fur
et à mesure qu'ils augmentent de grosseur.
Ainsi,
supposez un diamant de belle eau, estimé 1,000 €. ; un autre, aussi
parfait, ne coûtera pas, s'il est dix fois plus gros, 10,000 €,
comme il serait logique de le croire.
C'est
qu'en matière de pierre précieuse, un diamant dont le diamètre est
le double d'un autre doit coûter soixante-quatre fois autant ; s'il
est triple, sept cent vingt-neuf fois, et, s'il est quadruple, quatre
mille quatre- vingt-seize fois.
De nos jours comment calculer le prix d un diamant? le rapaport:
http://www.diamants-infos.com/taille/calcul-prix.html
Le
plus gros diamant qui existe est, sans contredit, celui de l'empereur
du Brésil; il pèse 1,730 carats; il vaudrait un prix inestimable, 1
milliard peut-être, s'il n'était atteint de quelques défauts qui
affaiblissent son éclat et qui l'ont même fait traiter de topaze
blanche par quelques lapidaires de mauvaise humeur.
Après
le diamant de l'empereur du Brésil, vient immédiatement celui du
grand Mogol; il pèse 279 carats,
Le grand Mogol est un diamant aujourd'hui disparu. Il faisait partie du trésor de l'empire Moghol, comme le Trône du Paon et le diamant Koh-i-noor Ce diamant bleu clair serait, avec 280 carats le cinquième plus gros diamant historiquement connu.
Aujourd'hui que la reine d'Angleterre, à qui il appartient, l'a fait tailler. Avant d'être
taillé, il pesait un tiers de plus;
on l'appelle Kohinoor, en langue hindoue, ou Montagne de
lumière.
Petite erreur de Alexandre Dumas Père:Le Koh-i Nor ou Kuh-e Nûr ou Koh-i-Noor (en Persan : کوه نور, montagne de lumière) est un diamant de 105,602 carats soit(21,61 g) car il a été retaillé actuellement monté sur la couronne de la famille royale Britannique
L'ouvrier
mineur qui le trouva comprit, en le voyant rouler à ses pieds, qu'il
y avait là la fortune d'un prince ; mais, comme en sortant des
mines, les ouvriers sont, comme les forçats, fouillés jusqu'aux
endroits les plus secrets, celui-ci se fit d'un coup de hache une
blessure longitudinale à la cuisse, y cacha le diamant, banda sa
cuisse avec son mouchoir, et grâce à cette blessure grave et au
sang dont il était couvert, sortit de la mine sans être visité.
La
Montagne de lumière fut vendue 100,000 francs d'abord, puis elle
passa de main en main, s'augmentant toujours, jusqu'à ce qu'elle
s'arrêtât dans celles du grand Mogol, qui la paya un peu plus de
deux millions.
Celui
qui vient après, et qui même aurait peut-être le droit de venir
avant, fut apporté en Europe par un soldat français en garnison à
Pondichéry.
Photographie de Elkan Wijnberg
On appelle ce diamant l'Orloff et il appartint à la couronne de Russie. L'Orlov (quelquefois écrit Orloff) est un grand diamant dont la forme et les proportions sont celles de la moitié d'un œuf de poule. Cette pierre a été volée au xviie siècle à Mysore dans un temple Hindou en Inde du sud, puis achetée par Grigori Orlov pour l'offrir à Catherine II de Russie. Le diamant est maintenant exposé à la fondation du diamant au Kremlin, où il orne le Sceptre Impérial.
Le
Régent, ainsi nommé parce qu'il fut acheté par le duc d'Orléans à
l'époque de sa régence, pèse cent trente sept carats,
Le Régent est un diamant blanc découvert en 1698 à golconde en Inde du Sud. Il tient son nom du régent Philippe d'Orleans l'un de ses premiers acquéreurs. Une des pierres précieuses les plus remarquables parmi les joyaux de la couronne de France considéré comme le diamant le plus pur et le plus beau du monde, arboré entre autres par le roi Louis XV, la reine Marie Antoinette et l'empereur Napoleon Ier il est conservé depuis 1887 au Musée du Louvre.(wikipédia)
Le
Sancy était une des trois pierres précieuses que Charles
le Téméraire portait sur son casque à la bataille de Nancy ; les
deux autres étaient un rubis et une émeraude.
Un
coup de masse les fit sauter du casque.
Le
rubis et l'émeraude furent perdus. Un soldat suisse trouva le
diamant et le vendit à un prêtre pour un florin.
Il
passa des mains du prêtre dans celles d'Antoine, roi de Portugal,
qui, fuyant de ses États et errant en Europe, s'en défit dans un
moment de gêne pour cent mille francs que lui compta Harlay de
Sancy, trésorier général de France.
.
De là vient que le diamant prit le nom de Sancy.
Harlay
de Sancy fut envoyé comme ambassadeur en Suisse.
Il
se trouvait à Soleure, lorsque Henri III lui écrivit :
«
Envoyez-moi votre diamant par un homme sûr, afin que je m'en fasse
une ressource d'argent. »
Le
domestique qui, en effet, était un homme sûr, dit à son maître en
partant :
— Si
je suis arrêté par des voleurs j'avalerai le diamant. Ou les
voleurs me. tueront et alors vous demanderez mon corps ; ou ils me
laisseront passer et alors .le 'diamant arrivera à sa destination.
Le
domestique partit avec le diamant, fut attaqué par des voleurs,
l'avala, et fut tué d'un coup de poignard.
Sancy
fit revenir le corps de son fidèle serviteur, en fit faire
l'autopsie et retrouva le diamant.
Cette
pierre précieuse, qui pèse cent six carats, fut vendue par Henri
III, à qui Sancy la renvoya, à des juifs allemands, chez lesquels
on la perd un instant de vue. On sait seulement qu'en 1668, le Sancy
appartenait à Jacques II qui le vendit à Louis XIV. Louis XV le
porta à son couronnement, puis pendant cent ans il disparaît, puis
enfin il est vendu au grand veneur de l'empereur de Russie, qui le
paye cent mille roubles, c'est-à-dire deux millions.
A
l'époque où je fis Monte-Cristo, voulant introduire une
empoisonneuse dans mon roman, je me mis avec acharnement à faire de
la chimie avec mon ami le vicomte de Ruolz.
Il
avait déjà, à cette époque, trouvé l'argenture et la dorure sur
métaux.
Il
portait d'habitude, à sa cravate, un petit diamant qu'il avait fait
lui-même en cristallisant du carbone.
Seulement,
comment la transmutation s'était elle opérée? Il n'en savait rien
lui-même. Un beau jour, dans le creuset abandonné depuis près de
trois semaines, le diamant, gros comme un grain de chènevis, s'était trouvé
tout formé. Sous quelle condition de chaleur factice, sous quel
rayon d'ardent soleil la transmutation tant cherchée au grand jour
s'était-elle mystérieusement accomplie? Il n'en savait rien
lui-même, mais le fait était là.
Ce
diamant fut estimé 80 francs.
Ici,
vous le comprenez bien, la discussion n'est point dans la grosseur du
diamant, mais dans le fait de sa mutation de carbone en cristal; il
est évident qu'un jour ou l'autre on fera du diamant artificiel et
que dans cette recherche M. Desprez a déjà obtenu des résultats
remarquables.
Le
grand malheur de l'alchimie, qui a préparé tant de découvertes
précieuses à la chimie sa fille, est de s'être occupée de la
transmutation de l'or, transmutation impossible, puisque l'or est un
corps simple. Il est évident que si les grands alchimistes avaient
usé à essayer de faire du diamant autant de temps qu'ils en ont usé
à essayer de faire de l'or, ils eussent incontestablement réussi.
Maintenant
un homme qui n'est aucunement chimiste vient de trouver, non pas la
mutation du carbone en diamant,
mais un diamant nouveau, aussi beau, aussi pur
que les plus beaux et les plus
purs diamants sortis des mine de l inde et du brésil.
Le
nom de la pierre, du cristal, du quartz, du mica, d'où il le tire,
est un secret. Le plus habile lapidaire s'y trompe.
Cet
homme, s'il eût été un fripon, faisait sa fortune du coup. Une
paire de boucles d'oreilles vendue par lui à un capitaine au long
cours pour la somme de vingt francs, a été vendue par celui-ci au
premier lapidaire de New- York pour la somme de vingt dollars.
Mais
ce n'est pas une erreur, ce n'est pas sur une spéculation déloyale
que l'intelligent inventeur a établi ses espérances de bénéfices.
Il sait combien de vols de diamants ont été accomplis, et, les
diamants une fois volés et surtout une fois démontés, quelle est
la presque impossibilité de les reprendre aux voleurs.
Le
premier est celui des diamants de la couronne, fait au Garde-Meuble
en 1792.
Un
décret de l'assemblée avait ordonné que l'inventaire des diamants
de la couronne fût fait. On avait l'habitude à cette époque de les
exposer, depuis la Quasimodo jusqu'à la Saint-Martin, le premier
mardi de chaque mois.
Après
les journées du 10 août et du 2 septembre, on craignit pour ce
riche dépôt, puis il fut enfermé, et la commune
de Paris, qui avait la gérance du domaine de l'état, mit les
scellés sur les armoires dans lesquelles étaient déposés la
couronne, le sceptre, la main de justice, les autres ornements du
sacre, enfin la chapelle d'or léguée à Louis XIII par le cardinal
de Richelieu; plus, la fameuse nef d'or pesant 600 marcs.
A
ces objets était jointe une quantité prodigieuse de vases d'agathe,
d'améthyste, de. cristal de roche, etc., etc.
Tous
les trois jours, Sergent et deux autres commissaires de la commuue
faisaient une visite au Garde- Meuble.
Le
17 septembre, à peine entrés dans le Garde-Meuble, ils s'aperçurent
que des voleurs s'étaient introduits en escaladant la colonnade,
avaient brisés les scellés, forcé les serrures et enlevé le
trésor.
Aucune
trace de leur passage n'était restée. On fit de nombreuses
arrestations, mais qui n'amenèrent aucun éclaircissement.
Un
jour, vers le 24 septembre, Sergent reçut une lettre anonyme qui lui
indiquait qu'une partie des objets volés était enfouie dans un
fossé de l'allée des Veuves.
Sergent
prévint ses collègues. Une fouille fut faite, et l'on retrouva le
diamant le Régent et la coupe connue sous le nom du calice de l'abbé
Surger.
Beaucoup
de bruits coururent à cette époque ; les uns dirent que le vol
avait été fait au profit des émigrés, les autres que l'argent
provenant du vol avait servi à payer l'insurrection de la Vendée
qui devait éclater le 10 mars suivant.
Le
second vol de diamants qui a laissé un souvenir dans la société
parisienne est celui de la princesse Santa- Groce, née
Belmonte-Pignatelli et veuve d'un prince romain.
Elle
s'était réfugiée en France à la suite des revers éprouvés par
nos armées en Italie pendant que Bonaparte faisait la conquête de
l'Égypte.
Mme
Santa-Croce, très-riche, tenait en exil une petite cour. Au nombre
des famillières de la princesse se tenait une Mme Goyon des
Rochettes, veuve d'un ancien gouverneur de Longwy et passant pour
être mariée au comte Lamparelli, également exilé.
Un
certain marquis de Loïs, nouvellement rayé de la liste des émigrés
et de retour à Paris depuis un mois, vit à l'Opéra la princesse
couverte de ses diamants, et près d'elle une très jolie femme qui
n'était que Mme Lamparelli.
Alors
vint au marquis de Loïs cette méchante idée de faire sa maîtresse
de Mme Lamparelli et de se servir d'elle pour voler les diamants de
la princesse.
Au
bout de huit jours la moitié de la besogne était faite; restaient
les diamants.
On
s'associa deux voleurs de profession nommés Bisson et Fresneau, et
un soir que la princesse dînait chez l'ambassadeur d'Espagne, le vol
fut consommé.
Les
deux voleurs, en possession des parures de la princesse, se rendirent
immédiatement chez un joaillier du Palais-Royal connu parmi les
voleurs pour acheter les objets de provenance suspecte.
Le
joaillier commença par voler les voleurs d'une assez singulière
façon : parmi les diamants, il y en avait un de la grosseur d'une
noisette qui valait 10,000 francs; le joaillier avait par hasard en
imitation, un morceau de cristal taillé, de la même grosseur et du
même aspect ; il escamota adroitement le vrai diamant, après
l'avoir démonté, parut examiner l'autre avec attention, déclara
que le diamant était faux, et comme preuve, il l'écrasa d'un coup
de marteau.
Les
voleurs ne reçurent donc qu'une somme de 15,000 francs qu'ils
partagèrent loyalement avec ceux qui leur avaient fait faire le
coup, puis il disparurent.
Le
joaillier du Palais-Royal avait gagné à lui seul 150,000
francs.
Des
recherches furent faites, mais d'abord sans résultat aucun. La
princesse était loin de soupçonner sa meilleure
amie et le marquis de Loïs d'être complices d 'un pareil vol : mais
voici ce qui arriva :
Fresneau
et Bisson avaient trouvé dans une armoire du galon d'or à livrées
; ils s'en étaient emparés.
Pensant
que dans un vol aussi important que celui des 300,000 francs de
diamants, on ne ferait aucune attention à un mètre ou deux de
galon, ils allèrent pour le vendre à un fripier.
Mais
les galons étaient portés sur le catalogue des objets soustraits
qui avaient été affichés et distribués à profusion. Le fripier
les reconnut, fit arrêter les voleurs, et, grâce à leurs
révélations, tous les coupables furent bientôt entre les mains de
la justice.
Le
marquis et le joaillier furent condamnés à douze ans de fer ; Mme
Lamparelli à douze ans de réclusion.
Elle
et le marquis moururent sans avoir eu le temps de subir leur peine.
Le
joaillier sortit en 1813 du bagne de Rochefort.
Anne-Françoise-Hippolyte Boutet, dite Mademoiselle Mars, est une comédienne française, née le 9 février 1779 à Paris où elle est morte le 20-mars-1847
Les
diamants les plus connus sont ceux des actrices. Quoique forts
nombreux, ceux de Melle Mars
avaient paru si souvent devant le public, que le public eût pu,
presque aussi bien qu'elle, en faire le catalogue.
Je
me rappelle très-bien les détails de ce vol parce qu'il
fut fait le t9 octobre 1827, quelques jours après la lecture au
Théâtre-Français de mon drame de Christine, qui m'avait, d'une
façon un peu plus familière ouvert les portes de l'hôtel de MIlB
Mars.
Elle
avait pour femme de chambre une Suissese, née à Orbes et nommée
Constance Richard; cette femme de chambre était mariée avec un
nommé François-Jean Mulon, qu'à cause de son teint bruni, on
appelait familièrement Scipion l'Africain.
Mlle
Mars avait la plus grande confiance en Constance; c'était elle qui
était chargée de porter au Théâtre-Français et d'en rapporter le
coffret renfermant toutes les parures de Mlle Mars, lesquelles
pouvaient atteindre une valeur de 450 à 500,000 francs.
Le
19 octobre 1827, Mlle Mars, qui ne jouait pas, dînait chez Mme
Armand, femme du sociétaire du Théâtre- Français, bien connu sous
ce nom, avec lequel il a, pendant soixante ans, joué les jeunes
premiers et les amoureux.
Vers
onze heures du soir, Armand, qui n'avait pas dîné avec ces dames,
entra, s'approcha de Mlle Mars et lui dit :
— Ma
chère camarade, armez-vous de tout votre courage; j'ai une mauvaise
nouvelle à vous apprendre.
— Pourvu
qu'il ne soit rien arrivé à ma bonne mère ou
à mon beau-père, l'excellent
Walville, vous pouvez tout me dire, mon cher Armand, répliqua avec calme Mlle Mars.
Walville, vous pouvez tout me dire, mon cher Armand, répliqua avec calme Mlle Mars.
— Tranquillisez-vous,
il ne s'agit que d'une perte d'argent : vos diamants sont volés.
Mlle
Mars n'était pas très-riche à cette époque; une perte de 500,000
francs, douloureuse pour tout le monde, l'est encore plus pour une
artiste, surtout lorsqu'elle porte sur des bijoux dont elle se sert
tous les jours.
Mlle
Mars jeta un cri, demanda ses chevaux et partit.
En
arrivant chez elle, Mlle Mars trouva le commissaire de police qui
verbalisait.
C'était
Constance elle-même qui, pour dérouter les soupçons, avait dénoncé
la disparition de la cassette qu'elle avait remise à son mari. Aussi
personne ne songeait à elle, lorsque des nouvelles arrivèrent de
Genève et dénoncèrent le coupable.
Mulon
avait démonté les diamants, et des parures il avait fait un lingot
d'or, qu'il avait voulu vendre à un orfèvre à son arrivée à
Genève.
Le
vol de diamants avait été relaté sur tous les journaux.
L'orfèvre genévois se douta de quelque chose; il fit arrêter
Mulon. Déjà quelques soupçons planaient sur lui : on avait su
qu'il avait quitté précipitamment Paris et
qu'il avait changé, avant de partir, deux billets de banque pour de
l'or.
Outre
les diamants, deux billets de banque avaient été volés : c'était
évidemment ceux-là que Mulon avaient changés avant de partir. Mais
Mulon arrêté, les diamants ne se retrouvaient pas : il prétendait
les avoir jetés, en passant, dans le Rhône, de peur d'être
poursuivi et dénoncé par eux.
Un
hasard providentiel empêcha qu'ils ne disparussent. Mulon avait été
arrêté et conduit à la prison, tel qu'il était vêtu lors de sa
visite chez l'orfèvre. Une fois en prison, il demanda ses vêtements
et surtout ses bottes.
Cette
insistance à demander ses bottes inspira des soupçons à l'agent
chargé de transporter la garde-robe au cachot de Mulon, il fouilla
dans les bottes et y trouva les diamants. Il n'y avait plus à nier.
Il s'agissait de l'extradition. On fut deux mois à la solliciter
du
gouvernement suisse.
gouvernement suisse.
Amené
en France, Mulon fut jugé à Paris le 31 mars 1828.
Devant
le tribunal il fut convaincu et finit par avouer.
Voici
comment le vol s'était opéré : Du moment où il fut convenu,
Constance ouvrit chaque soir une fenêtre du rez-de-chaussée qui
communiquait avec la rue de La Roçhefoucauld. Mulon, qui se
promenait de long en large dans
la rue, s'approchait de la fenêtre où Constance lui disait : «
Impossible ! madame dîne à la maison. »
Enfin,
le jour où Mlle Mars dîna chez Armand, Constance tendit la main à
son mari qui escalada la fenêtre, armé d'une pince, fit sauter la
serrure du meuble qui renfermait le coffret, prit les deux billets de
banque qui se trouvaient dans le secrétaire et sortit par le même
chemin par où il était entré.
Mulon
et sa femme furent condamnés chacun à dix ans de travaux forcés.
Le
premier subit sa peine au bagne, où nous allons le retrouver tout à
l'heure; quand à Constance, les portes de Saint-Lazare ayant été
forcées à la révolution de 1830, elle en profita pour s'évader.
Mlle
Mars avait alors cinquante-trois ans; tous les journaux racontèrent,
qu'interrogée sur son âge, suivant l'habitude, par le président,
elle avait répondu à voix basse d'une façon presque inintelligible
: Trente-neuf ans!
La
chose est possible.
Cette
publicité donnée à l'âge d'une femme, qui représente tous les
soirs des ingénues, des amoureuses et des jeunes premières, devait
être redoutée de l'illustre comédienne ; mais tous ceux qui ont
fréquenté sa maison avec une certaine familiarité, ont vu dans son
salon un petit meuble de Boulle qui avait été donné à sa mère par Marie-Antoinette. La
mère de Mlle Mars était
accouchée le même jour que la reine.
Marie-Antoinette
fit un cadeau à toutes les femmes de France accouchées le même
jour qu'elle. Ce petit meuble de Boulle portait la date de la
naissance de Mlle Mars, laquelle remontait, comme celle de la
duchesse d'Angoulême, à 1778.
Or,
jamais Mlle Mars n'a cherché à cacher son âge à ses amis.
En
1834, visitant le bagne de Toulon, je m'entendis appeler par mon nom.
Je
me retournai.
Celui
qui m'appelait était un forçat tenant une petite boutique de coco
sculpté, de paniers en pailles et d'autres bimbeloteries telles
qu'on en fait au bagne.
J'allai
à cet homme, tout étonné de ma popularité, qui était descendue
jusque chez les bonnets rouges.
Cet
homme avait l'air parfaitement heureux ; il m'accueillit avec un
sourire joyeux, me laissa quelque temps fixer les yeux sur lui et me
dit :
— Allons,
je vois bien que vous ne me reconnaissez pas.
— Je
dois avouer, répondis-je, que je ne me rappelle pas où j'ai eu le
plaisir de vous voir.
— Oh
! je m'en rappelle bien, moi, dit-il. C'est chez Mlle
Mars que je vous ai vu.
— Ah
! fis-je, en effet.
— Oui,
oui, dit-il en riant. C'est moi qui lui ai volé ses diamants.
— Il
paraît que vous ne vous repentez pas trop de l'affaire ?
— Ah!
non, monsieur, et je ne changerais pas ma place contre celle de
cocher, que j'avais à ce moment-là.
— Vraiment!
— D'abord,
monsieur, ici, je suis on ne peut plus considéré; il
n'y a pas une personne qui vienne, qui ne dise aux surveillants : «
Montrez-moi donc Mulon, celui qui a volé les diamants de Melle Mars. »
Alors
les personnes viennent et me font mille politesses; je leur donne des
détails sur le caractère de Melle Mars, çà les intéresse.
Elle
n'était pas bonne, vous savez, Melle Mars.
— Le
fait est qu'elle avait ses jours.
— Oui,
qui venaient plus souvent que tous les dimanches.
— Voyons,
qu'est-ce que vous allez m'acheter, monsieur Dumas?
— Montrez-moi
vos bibelots.
Je
lui achetai en effet pour une dizaine de francs. Nous causâmes
un quart d'heure. Ce drôle-là .avait connu tous ceux qui venaient
chez Melle Mars, et par conséquent tout notre monde artistique. Je
comprends que sa conversation devait avoir un certain intérêt pour
le public voyageur, toujours inquiet d'anecdotes;
En
1834, époque où je le vis, il n'avait plus que quatre ans
à faire; mais lorsque son jour de sortie fut arrivé, ce fut lui qui
ne voulut plus sortir, il avait amassé pendant ses dix années de
bagne, dans son commerce de chinoiseries, une dizaine de mille
francs. Libre et sortant, pouvant compléter son étalage, il
espérait gagner le double . Gomme il s'était très bien conduit
pendant ces dix ans de bagne, je crois que la permission lui fut
accordée d'y rester dix autres années.
1880 Journal du Loiret
Eh
bien, voilà ce qui arrivera, quand on connaîtra les imitations de
M. Framinet :
C'est
qu'on aura, pour la satisfaction de. son amour- propre, des.
diadèmes, des colliers, des bracelets, des boucles d'oreilles en
vrai diamant qui resteront soigneusement enfermés dans quelque
endroit inaccessible aux voleurs et que l'on montrera à ses amis.
Ces diamants véritables seront imités à s'y méprendre par les
diamants feux Framinet. Une parure de trois mille francs fera l'effet
d'une parure de cent mille, et ceux-là que les femmes
du mondé mettront pour aller au bal, et les artistes dramatiques
pour aller au théâtre.
Les
voleurs s'y tromperont d'autant mieux, que, moi, qui croyais me
connaître en diamants, suis resté ce matin dans une hésitation de
quelques minutes pour reconnaître à la loupe, au milieu d'une
boite de bagues, les bagues portant des diamants faux des bagues
portant des diamants vrais, et je le répète, parce que c'est là où
est ma conviction, c'est pour le théâtre surtout que cette
invention si remarquable va être utile.
Les
artistes qui ont de vrais diamants tremblent toujours pour leurs
pierres; elles ont peur du coiffeur qui entre dix fois par soirée
dans leur loge ; elles ont peur de leur femme de chambre, chargée du
soin de la précieuse- cassette; elles ont peur de tout et même des
amies qui viennent les voir.
Plus
de craintes pareilles : qu'elles fassent monter ces nouveaux
diamants, et je défie, si la monture et l'écrin sont absolument
pareils, qu'elles distinguent elles-mêmes l'écrin qui renfermera la
parure de 500 fr. de celui qui renfermera la parure de 100,000.
Eh
bien, quand les voleurs ne seraient retenus, ne pouvant distinguer
les diamants vrais des faux que par la crainte de voler de faux
diamants au lieu de vrais et d'aller aux galères pour un vol de
cinquante francs, cette invention,
il me semble, aurait déjà rendu un grand service à la société,
en jetant le doute dans l'esprit de ces illustres industriels.
Puis,
au point de vue moral, une jeune fille belle et sans fortune débute,
et presque toutes débutent dans ces conditions ; elle a besoin pour
ses débuts de colliers, de bracelets, de bagues, de peignes, de
bijoux enfin; elle craint d'être ridicule en portant des bijoux
visiblement faux; elle craint d'être compromise en portant des
bijoux vrais. Du moment où il sera impossible de distinguer les bijoux
vrais des faux, elle achètera
des bijoux faux, et ce ne sera dix ou vingt mille
francs qu'il faudra pour ses débuts , ce sera trois ou quatre cent francs
Signé Alexandre Dumas.
En 1893 Framinet vendit son affaire à un dénommé De Bluzze qui avait encore plus que lui le sens de la réclame"....plus c'est gros.....".
Ci-dessous texte publicitaire qui de nos jours serait interdit
Cela me rappelle les émeraudes Gilson, qui reconstituait à partir de vilaines émeraudes des émeraudes pures, plus belles que les vraies (enfin, c'est ce qu il disait!!!)