mercredi 9 mai 2018

Debut et Coulon. Dessinateurs, Joailliers,

Photo Dixon Gallery

Pour un professionnel, ce bijou qui a cent trente ans, tient du génie, réaliser une fleur de pissenlit avec cette maestria, car c'est fait avec aisance, brio, virtuosité. C'est l oeuvre d' un dessinateur, Jules Debut  assisté de son associé Joaillier Mr Coulon.
Pour moi le talent c'est cela, peu de matières, peu d argent , mais une pièce qui est unique, jamais égalée.



Cela me permet de vous livrer une anecdote: J avais 19 ans et demi, j étais apprenti chez Jacques Candas, 62 rue Richelieu, une grand maison, Mr Candas ne prenait jamais d'apprentis et sans la demande insistante de Mr Marcel Rubel, je ne serais jamais rentré dans cet atelier. Mr Rubel était un grand diamantaire et il avait une très belle clientèle européenne et américaine.
Un jour mon patron, un colosse avec une grosse voix (mais ce n'était qu' une timidité cachée) ouvre la porte de l atelier et gueule"Tout petit, tu viens on va faire une course" (1m63 a coté de lui...= tout petit)
Nous somme partis de la rue  Richelieu en métro jusque chez "Lachaume" une maison plus que centenaire, en route il m avait expliqué que nous allions chercher une fleur qu il fallait faire en broche.
A l'époque, trouver une "fleur de Paradis" !!! en 1961!!!! Mais Lachaume en avait.
Mon patron en a acheté trois, "on rentre...t en prend une, moi deux quelques fois que!!!!!"
Et nous voilà en heure de pointe, dans le métro avec nos fleurs à  la main au dessus des têtes voisines et à chaque arrêt mon patron, qui gueulait "Attention, Merde, Attention!!"
Mais nous sommes arrivés a bon port, c'est a dire au bistrot d en face de l agence Havas rue de Richelieu, car mon patron transpirait, le poids des émotions, les émotions, ou le poids du patron.
Bon d 'accord, vous trouvez que!!!mais à l 'epoque cela ne courait pas les rues.
Station bistrot finie nous avons remonté les quatre étages pour arriver à l atelier, et Jacques Candas a voulu de suite montrer aux ouvriers (ses nègres) les merveilles.   Ah! Oh! I! Et il s'est mis au boulot, recherches des matières or et pierres, tige en or, puis maquette en cire (il était très fort pour les maquettes, et réalisation, inoubliable, je crois que c'était pour Meister à Zurich, peu importe, c'est inoubliable.

Donc cette fleur de Pissenlit?
Elle est de Jules Debut et Leon Alphonse Auguste Coulon, qui n'est connu que sous son nom Coulon, il a fallu que je trouve son acte de naissance pour trouver ses prénoms.
Évidemment ces collaborateurs de grandes maisons sont peu connus, et encore, Frederic Boucheron est l un des rares qui citait ses "compagnons"
Jules Debut a fait des centaines de dessins pour Boucheron, mais lesquels ont été montés?
Les ventes publiques signalent "Boucheron" mais oublient de demander à la maison mère de qui est le dessin, la création.
J ai donc trouvé peu de pièces d eux , mais cela peut leur permettre de sortir de l ombre si les poinçons sont relevés sur des bijoux.

Chatelaine d Hippolyte Teterger

Mais celui qui commença le premier a exercer dans ce métier était Jules Debut. Né en 1838 il fut apprenti pendant trois ans chez Hippolyte Teterger.

Eugène et Hippolyte Téterger étaient employés chez Robin père; ils y firent leur apprentissage, et c'est là sans doute qu'Hippolyte puisa le goût de la joaillerie et de la bijouterie soignées qu'il devait fabriquer lui-même plus tard. Les deux frères, qui avaient demandé sans succès à être associés à Robin, fondèrent d'abord rue Richelieu, 84, une maison de bijouterie, devenue par la suite celle de Mailliez, également élève de Robin père, réputée pour ses médaillons à photographies et pour ses bijoux de deuil en onyx et or très soignés. Plus tard, Fonsèque et Olive succédèrent à Mailliez.
Les deux frères Téterger se séparèrent et s'établirent chacun de leur côté : Eugène ouvrit un magasin sur le boulevard des Italiens, au n° 24; Hippolyte, très bon fabricant, (vu l exemple de cette chatelaine) s'installa rue Neuve-des-Petits-Champs, n° 15.

Quand il quitta Teterger, il devint commis chez son oncle Louis Rouzé,  qui était Joaillier, boulevard des italiens, je ne sais que peu de choses sur ce Rouzé, sauf qu il était membre de la Chambre Syndicale et que cette chambre était composée de gens qui deviendront de grands noms.

Séance du 15 juin 1875. Présidence de M. Vever.
Ce jour, 15 juin 1875, la Chambre syndicale a tenu sa séance mensuelle au lieu ordinaire de ses réunions.
Présents: MM. Vever, Boucheron, Rouzé, Janin, Braut, Hugo, Gosset, Sabe, Edmond Luey, Massin, Boulanger, Trouvé. Chenaillier, Lahaye fils, Mocne, Révillon, Héricé, Mellerio et Rousson.
Absents avec excuse : MM. Fontenay, Kierdorff, Martincourt, Ferré, Filon, Vaubourzeix, Roussel, Roulina, Labouriau, Linzeler, Piault et Chaise.

Henri Vever nous explique que" Jules Debut avait des connaissances professionnelles  suffisantes pour réussir, mais qu il possédait au plus haut point la passion du dessin qu'il apprit tout jeune et sans maîtres."
Instinctivement il se perfectionna  sans cesse, produisant des oeuvres d une composition originale et d' un goût charmant, c'est ainsi qu'a vingt ans, en 1858 il rentra chez Boucheron



 C'était a coté, au 152 galerie de Valois, au palais Royal, l endroit si chic de Paris a cette époque, ce n'était pas vide comme sur cette photo , mais noir de monde .

Boutique de Boucheron au Palais Royal

Il va y rester 20 ans (sauf comme le précise Vever, l année 1863 passée chez Daux) Pendant toutes ces années Fredéric Boucheron apprécia tellement ses qualités qu'il  lui confia le soin d organiser son atelier en 1866.
Quand Boucheron participera a l exposition de 1867, de nombreuses pièces exposées étaient dessinées par Jules Debut.




A ces époques les patrons associaient leur collaborateurs a leur travail et aux honneurs, de nos jours...la Marque.....anonymise tout le personnel.




Ainsi pour la grande exposition de 1874 Jules Debut est cité pour une médaille d'argent comme coopérateur


En 1874 il est membre de l union centrale des beaux arts appliqués à l industrie, de nos jours il ne serait pas cité, et il n'est pas cité par Boucheron pour qui il a dessiné tant de joyaux avec succès.



Mais nous connaissons grâce à la presse de l'époque quelques pièces par exemple en 1875 cette châtelaine qui fut dessinée par Jules Debut pour sa Majesté l empereur de toutes les Russies.

La même ci dessous citée par Vever


Il participa et contribua aux expositions de Vienne et Philadelphie



En 1875 la revue "le Joaillier" cite Jules Debut, pour vous éviter de vous fatiguer les yeux, je publie le texte ci-dessous:

QUATRIÈME EXPOSITION DE L'UNION CENTRALE DES BEAUX-ARTS APPLIQUÉS A L'INDUSTRIE (1). Rapport présenté par le Jury de la cinquième section. (Extrait du Bulletin de l'Union centrale.)
CLASSE V
Art appliqué aux métaux et aux matières de prix.Dessins, modèles. — Grande orfèvrerie. — Orfèvrerie de table. — Orfèvrerie religieuse. — Joaillerie. — Bijouterie. — Camées.

RÉCOMPENSES ACCORDÉES AUX COLLABORATEURS — Suite et fin. —

La vitrine de M. Boucheron, une des plus remarquables de notre Exposition, renferme des bijoux d'une grande richesse et d'un haut goût, ainsi que des objets d'art qui trouveront certainement un jour leur place dans un musée.
Qui de vous, Messieurs, n'a admiré cette charmante coupe en émail de Limoges, avec entourage en argent, repoussé et ciselé, ainsi que cette ravissante bonbonnière dont la riche couleur des émaux translucides, l'admirable dessin et la difficulté d'exécution, nous ont rappelé ces chefs-d'oeuvre qu'exécutaient, pour obtenir la maîtrise, nos devanciers en art industriel ?

M. Boucheron, dont le bon goût a exercé une heureuse influence sur l'art de la bijouterie, a su s'entourer de collaborateurs habiles, parmi lesquels nous vous proposons de récompenser M. Jules Début, en lui accordant une médaille de première classe (argent).

M. Jules Début est un dessinateur de grand talent, d'une imagination féconde et originale, créateur des dessins de la majeure partie des objets exposés, et notamment de la coupe et de la bonbonnière.

M. Paul Legrand est également dessinateur; s'il a moins d'imagination que M. Jules Début, il est doué d'une grande pureté de goût et il possède à un haut degré la science du style.
Nous vous proposons de lui accorder une médaille de deuxième classe (bronze).
Nous vous en demandons une pour M. Octave Leuillard, ouvrier bijoutier d'un goût exquis et d'une rare habileté d'exécution. C'est lui qui a créé et monté les fleurs que nous avons admirées dans les vitrines de M. Boucheron.
M. Boucheron avait appelé notre attention sur un de ses collaborateurs, peintre émailleur d'un talent incontestable, M. Alfred Meyer, auteur de l'émail de la coupe exposée. M. Alfred Meyer, comme M. de Courcy, signe ses oeuvres, expose et a été récompensé au Salon, et, tout en admirant ses émaux, nous avons cru qu'il ne nous appartenait pas de le désigner pour une récompense.
MM. Fannière frères. — Ces habiles sculpteurs-ciseleurs, qui font penser à Benvenuto, nous ont présenté les collaborateurs qui les ont aidés dans l'exécution des admirables objets d'art exposés par eux, entre autres :
La grande pendule renaissance, en lapis-lazuli et argent; la trirème offerte à M. de Lesseps; un service renaissance argent ciselé; un service à thé, une aiguière et son bassin, d'un style nouveau et fort remarquable, intitulé par MM. Fannière : style dix-neuvième siècle.
Quoique MM. Fannière composent et donnent eux-mêmes le dernier fini à toutes les pièces sortant de leur maison, le mérite de leurs collaborateurs nous décide à vous demander :
Pour M. Lendneber, sculpteur, une médaille de première classe (argent) ;
Pour MM. Ferdinand Boutry et Charles Lavigne, ciseleurs, une médaille de bronze;





1875 Revue le Joaillier



Durant sa vie, j ai pu le vérifier au Journal Officiel, Jules Debut participa à de nombreuses souscription pour aider ses semblable dans la détresse,  par exemple en septembre  il souscrit au commissariat du Roule (c'est chaque commissariat qui organisait ces souscriptions) pour les victimes des grandes inondations de la Seine(plus qu en 1910)



En 1877 Jules Debut dessina pour sa maison ce type de collier très à la mode à l époque, , ils appelaient cela un collier avec partie retombante, en somme un large collier de chien autour du cou, qui soutenait un collier descendant sur la poitrine.

A l' époque on appelait ces colliers "Hausse Cols" cela faisait penser  a ces plaque de cou des militaires , ou aussi plus récemment aux plaques de cou des Feldgendarmes allemands en 1940


Hausse col pour officier de l empire


En 1885 une partie d'une conférence sur les Bijoux par Lucien Falize

"Tout est bijou donc, il n'est pas une partie du corps qui n'ait les siens, bijoux indispensables ou parures superflues.
La tête a la couronne, le bandeau, le diadème, le toenia, le casque, les épingles à cheveux, le stylet ou la flèche, l'aigrette, les affiquets, les fleurs, la ferronnière, le frontier, les plaques ou fers des Hollandaises, le cache-malice d'Auvergne, le peigne, la résille, les fourches des Japonaises, les épingles et les chaînes de bonnet, pour ne nommer que les ornements de femmes; mais les hommes ont aussi leurs couronnes, insignes de puissance; — leurs casques d'or et d'argent, insignes militaires; — la tiare et la mitre, insignes religieux, et jusqu'à l'enseigne, ce gracieux bijou dont nous parlerions avec complaisance, si nous en étions à décrire les merveilles des XVe et XVIe siècles.
Pour accompagner l'air du visage, presque toutes les femmes et quelques hommes portent aux oreilles des boutons, des boucles ou des pendants, et, si la mode vous en paraît étrange et barbare à vous, mesdames, notez que ce ne sont pas seulement les sauvages qui se percent la cloison nasale pour y suspendre des anneaux, les Indiennes, les jolies nautch-giyls, les bayadères ont, outre cet ornement, des boutons d'or ou de pierreries qu'elles attachent sur le nez même, et cela ne les empêche pas de séduire par leur grâce les Européens qui les voient.
Au cou : le collier, la chaîne, le carcan, le hausse-col, la médaille, le reliquaire, la croix, le peut-à-col, les perles, les amulettes et la bulle, ce joli bijou perdu.
Au col encore ou sur la poitrine, non plus sur la peau nue, mais bien sur le vêtement : la broche, l'épingle, le fermillet, la fibule, les plaques de corsages, les fermoirs et les mors de chapes, la patère, le poitrail, les plaques de seins, les boutons, les ferrets, le reliquaire, le médaillon, la chaîne d'ordre et toutes les croix et les ordres qui constituent les signes ou décorations, et sont depuis la plus haute antiquité jusqu'à nous le plus envié des bijoux.
A la taille : la ceinture, l'agrafe, la boucle, la chaîne, les patenostres, l'escarcelle, la montre, la châtelaine, les claviers, les plaques de fermoir, les netzkès, le flacon.
Aux bras : les anneaux et les armilles, les bracelets, spinthers, péricarpes ou dextrales, les torques gauloises ou romaines, les chaînes et les manicles.
Aux jambes : les anneaux ou périscélis et ces jolis ornements qui sonnent en cadence quand la danseuse indienne se meut et les agite.
Aux mains : l'anneau, la jolie bague, dont la description, dont l'histoire, dont les dessins représentatifs nécessiteraient tout un livre, depuis l'anneau des fiançailles et l'alliance des époux jusqu'à l'anneau d'investiture que les princes recevaient du pape, depuis l'anneau de Saint-Pierre jusqu'à l'anneau du doge, qu'il jetait à l'Adriatique, depuis la bague à tirer de l'arc jusqu'à l'anneau gravé qui servait à sceller toute chose avant l'invention des clefs et des serrures. — C'est l'histoire entière des sceaux et des pierres gravées, c'est la série des légendes, depuis celle de Gygès et de Candaule jusqu'à celle de la grande Catherine et de son favori Potemkin. Je ne vous raconterai pas la première, parce que vous la connaissez et je ne vous dirai pas la dernière, parce qu'elle est un peu trop libre.
Les pieds ont aussi leurs parures; si Laïs y mettait des bagues, Mme Tallien ne craignit pas de ressusciter la mode antique; certains souliers mignons qu'on porte au sérail sont constellés de pierres serties dans l'or. Le musée d'artillerie contient des éperons qui sont d'un admirable travail et, si Annibal avait envoyé à Carthage un boisseau d'anneaux d'or, pris aux chevaliers romains et ramassés dans la plaine de Cannes, les Flamands à Courtray prirent aux chevaliers français tués dans la bataille 4 000 éperons d'or.
Vous voyez, par cette énumération, de combien de bijoux se peut parer le corps de l'homme ou de la femme; il y en a pour tous les âges, pour toutes les conditions; pour l'enfant, pour la jeune fille, pour la femme, pour la mère; il y en a pour l'homme, bourgeois ou soldat, pour l'esclave comme pour l'homme libre; il y en a pour le sauvage comme pour l'homme au dernier degré de la civilisation; il y en a pour le roi, pour le prince, pour le capitaine, pour le page, l'évêque, le prêtre et le clerc; il y en a pour l'idole, il y en a pour le mort, et cette masse énorme de bijoux civils ou religieux, royaux ou guerriers, sacrés ou funéraires, va se subdivisant selon les temps, selon les âges, selon les styles, selon les modes, selon la richesse, selon le caprice, jusqu'à l'infinie variété, en sorte qu'ils formeraient le plus grand et le plus étonnant musée si on avait pu les conserver; mais, par une conséquence directe de leur prix, de leur valeur, ils ont de tout temps éveillé la cupidité et l'envie; on travaillait pour les obtenir, on se battait pour se les ravir; l'or et l'argent dont ils étaient faits subissaient de continuelles façons, allant du trésor au creuset, du creuset à l'atelier de l'artisan, de ses mains à celles du riche et du puissant, passant de celles-ci au cou de la femme, puis arrachés par le vainqueur, retombant au creuset et recommençant de nouvelles transformations."



Sans aller jusqu'au "Hausse Col" de la Duchesse de Berry.



1878 Cette Châtelaine réalisée pour Boucheron

Frédéric Boucheron sut s'entourer des meilleurs car c'était un homme de goût, il s’entoura des meilleurs dessinateurs et fabricants tels que Jules DEBUT ou Eugène FONTENAY et met en avant l’excellence de ses fabrications, leur raffinement et l’emploi de pierres précieuses et semi-précieuses de qualité et de matériaux inhabituels (émail, acier, bois). Dès 1864 il embaucha Charles RIFFAULT, qui a redécouvert la technique médiévale de l’émail translucide, sans parler de C Bordinckx  https://www.xn--bijouxetpierresprcieuses-rfc.com/2015/02/les-diamants-graves-de-boucheron-et.html
Bordinckx le premier à percer et graver le diamant



Portrait de Frédéric Boucheron qui se trouve place Vendome (photo perso)


Ce que vous ne connaissez peut être pas, c'est l endroit au premier étage place Vendôme ou se trouve le portrait de Frédéric que j ai photographié en 2015


Vever nous explique dans son histoire de la bijouterie, l'admiration de Boucheron pour Jules Debut

"Lors de l'Exposition de 1878, Boucheron, qui était grand admirateur de son talent, le présenta en tête de la liste de ses collaborateurs, demanda pour lui la croix de la Légion d'honneur', disant de lui, dans la notice qu'il remit aux membres du Jury : « Bijoutier, dessinateur chez moi depuis quinze ans. Il est depuis longtemps intéressé dans ma maison ; il y gagne 28.000 francs
Il doit cette position importante essentiellement à son goût, à ses idées nouvelles, à son dessin ; c'est un chercheur : il est bijoutier dans l'âme, il ne pense qu'aux bijoux et aux pièces d'art. Son genre de talent et son goût sont des dons naturels; il sait se livrer résolument à la fantaisie sans craindre l'originalité, et son savoir l'a toujours mis à l'abri de créations hasardées, soit au point de vue du goût, soit à celui de la vente.
Pour motiver la haute récompense que j'ai l'honneur de solliciter de vous, il me faut le sentiment profond que Jules Debut est pour une très grande part dans le progrès que la bijouterie a fait depuis vingt ans.
Il est l'auteur d'une quantité de beaux bijoux qui resteront. Sans vouloir énumérer les modèles qu'il a faits chez moi, je puis cependant dire qu'une grande partie de ses idées s'est répandue, a été et est exploitée actuellement, telle, par exemple, que l'or repercé, l'or rouge plat poli, certains
types de châtelaines d'un genre spécial, en dehors de tout ce qui s'est fait jusqu'à présent.
"Nous nous complétons, Jules Debut et moi, l'un par l'autre ; c'est mon bras droit dans toutes les créations de la maison. »




1878  c'est un dessin de Jules Debut pour Boucheron, et Frédéric Boucheron aurait bien voulu que Jules Debut ait la légion d honneur , mais c'est un autre de chez Boucheron qui fut décoré.
Ce fut Honoré qui l'obtint, comme étant plus âgé que Debut qui, d'ailleurs, s'était effacé devant lui.



Toujours en 1878 de dessin d'un bijou en perles et diamant de Jules Debut pour Boucheron.



Ce collier appartint a Marie Louise Mackay, la femme d un nouveau riche tout a fait richissime et qui vint plus de 100 fois chez son Joaillier Boucheron. Ce collier était la première mouture  offert par son mari, grâce a un article qui parut beaucoup plus tard on apprend que sur ce collier trônait un saphir de 159 carat Clarence H. Mackay avait chargé Boucheron en 1877 de lui monter en collier


Dessin de Debut pour le collier Mackay (archives Boucheron)


Ainsi qu il est indiqué dans cet article de presse, le collier fut complété avec une très belle paire de boucles d oreilles avec deux saphirs de couleur identique a celui de 159 cts


Un an après en 1878 le collier est terminé, il sera présenté à l exposition Universelle de 1878 Le saphir est déclaré peser 160 carats et mesurer 3cm20 de haut (photo prise dans le Vever et retouchée par mes soins)
Onze ans plus tard on redémonte le collier et Paul Legrand, dessinateur qui remplacera Jules Debut chez Boucheron, va dessiner un collier noeud et en mai 1890 le collier encore démonté  fut remonté sur un dessin de Jules Debut



Ce portrait de Sarah Bernhartd  en 1879 est de NADAR, elle a 34 ans, elle a déjà "usé" de nombreux Comtes, Marquis ambassadeur, et même Empereur, elle va commander chez Boucheron un collier (Hausse Col) et c'est Jules Debut qui va le dessiner


Sur un dessin de Jules Debut



Enregistrement de la commande du collier de Sarah Bernhardt, en 1879 vous noterez que le collier revint le 15 janvier 1880 pour faire enlever 2 maillons. Collier réalisé ci-dessous


1879


Jules Debut avait une belle situation chez Boucheron, mais il voulait voler de ses propres ailes et à la fin de l année 1879, Debut quitta Boucheron pour s'installer avec un autre commis de Boucheron qui s'appelait Coulon,



Le prénom de Coulon devait être Auguste,pensais-je, car ses trois prénoms étaient, Leon Alphonse Auguste sur son extrait de naissance fourni pour sa Légion d'honneur.



 Mais je me suis trompé c'était donc Léon Coulon.


Leon Coulon s"était marié  le 05- novembre 1856 avec Melle Charpentier




Ce dessin  de Jules Debut a été exécuté en 1878 pour Boucheron




Si j ai bien compris, le dessin de Jules Debut avait été réalisé et cette collerette avait été présentée à l'exposition universelle de 1878, elle nécessita pour sa réalisation d employer 407 diamants, pour 200 carats et La Paiva fit réaliser par Boucheron une copie identique de ce joyau mais avec ses propres pierres.
Esther Lachmann, marquise de Païva, dite « la Païva », née le 7 mai 1819 à Moscou et morte le 21 janvier 1884 au château de Neudeck en Silésie, était une célèbre courtisane et demie-mondaine .

En 1879 Debut et Coulon s'établissent  et reprennent la Maison Felix Samper qui se trouvait au 16 rue de la Paix, certains disent qu ils eurent une production des plus créatives pour une clientèle fortunée. Une production abandante , eclectique et raffinée ils produisent aussi de précieux objets d'art, c'est pourquoi je m'étonne de ne retrouver que peu de bijoux sur le marché.




1880 E-A-Spoll ecrivit dans le Journal "Le Beaumarchais"

"Je n'aime pas beaucoup les vilaines bêtes que MM. Jules Debut et Coulon s obstinent à faire porter aux jolies femmes, et je ne m'habituerai pas plus à trouver sur une blanche poitrine, un. cochon, fût-il en or, une araignée, fût-elle en diamant, que des punaises dans le beurre." 


1880



Compte rendu de la revue des arts décoratifs:  Ce n est plus Boucheron qui présente Debut et Coulon, mais, Debut et Coulon qui présentent Gil et Fils....qui s'intitulent "Fabricants Libres"


1880


1880


En 1881 dans "l art pour tous" ci dessous le texte qui concerne ce grand cadre





Ce bijou est conservé au Petit Palais , musée des beaux arts de Paris

La maison se fit remarquer par le nombre et l'importance de ses productions. Le succès fut très vif à L'Exposition de 1889 et leur valut une médaille d'or pour des bijoux et des parures d'une grande recherche et d'une parfaite élégance : des ailes de colombes formant un diadème de joaillerie; un nœud de diamants chiffonné avec un goût exquis, furent particulièrement admirés.






Revoilà  notre bijou de Debut et Coulon, c'est une broche qui peut servir d'ornement de tête sous forme d 'épingle à cheveux en lui ajoutant un accessoire


Elle est en or, platine, argent, diamants et pierre fine et utilise des parties de plume la date exacte n'est pas connue cela doit dater d'avant 1890

Dans la gazette des beaux art  du 7-juillet -1889 Louis Falize jugeait
Massin a fait des chefs-d'œuvre qu'il faut garder, non pas tant à cause de la valeur des pierres que de la beauté du travail, mais ses plus fins ouvrages ne parent pas tant une femme que quelques gros chatons piqués dans la coiffure ou suspendus au cou.
La pierre n'a pas besoin d'un dessin savant, elle trompe toutes les combinaisons de modelé. Ses feux dérangent toutes les ornementations c'est une pyrotechnie qui se compose de dessins géométriques et de silhouettes, mais où les douceurs de la forme, les ciselures des détails, les modulations des plans sont perdus comme, en un gigantesque feu d'artifices disparaissent les dessins de l'architecte, pour ne plus laisser qu'un éblouissement et une surprise. La joaillerie que nous voyons chez Vever, chez Boucheron, chez Debut et Coulon, chez Bourdier, chez Sandoz est de l'école de Massin. Ce sont des merveilles qu'on ne surpassera pas. Qu'on regarde la fleur de carotte sauvage exposée par Debut, elle est souple et légère comme si on venait de l'arracher du milieu d'un champ et les petits chatons s'imbriquent régulièrement. Chez le même on voit une coiffure faite de deux ailes accouplées où la science du modelé n'est appréciable que pour qui sait la difficulté qu'éprouve un joaillier à conserver les reliefs et les plans. D'une délicieuse coquetterie est le nœud de ruban, raide, gommé, pimpant en son apprêt et sa fraîcheur, il est serti à deux tons dans l'or et dans l'argent..




1889 Diadème "Ailes de Colombes"


1 Rue de la Paix


leurs caractères s'accordaient mal (entre Debut et Coulon) et, en 1890, Debut ouvrit, rue de la Paix, n° 1, un magasin de joaillerie alors très remarqué, grâce à sa décoration extérieure toute en fer forgé. Mais, plus artiste que commerçant, Debut ne réussit pas et, ayant dû vendre son fonds, il entra en 1893 chez Froment-Meurice, où il resta jusqu'à sa mort (janvier 1900).




Ah, quelle étaient belles les publicités de l époque!!!!!!!


1890 le figaro


C'est un flacon a parfum de Jules Debut et Coulon avant 1890




Flacon à parfum en cristal et bouchon en or jaune 18 K serti d’un grenat cabochon dans un entourage de rose, poussoir en diamant. Intérieur gravé « Début et Coulon 16, Rue de la Paix Paris Haut. : 8,5 cm ; poids brut : 150,2 gr...



1892 Le musée des arts décoratifs acquiert 



Centre d une croix ornée de six cachets executée par  Coulon en 1892 

©Photo Les Arts Décoratifs, Paris/Jean Tholance.




Leon Coulon et Alphonse Eugene Lechevrel en or ciselé, émail, topazes gravées conservée au musée des Arts decoratifs de Paris



1893 Bulletin officiel de la ville de Paris



Un Homonyme !!!le pôvre


1895 ornement de cou



En 1895, Leon Coulon s'adjoignit M. Deverdun comme associé, sous la raison sociale L.Coulon et Cie"
Tous deux très actifs, ayant beaucoup de goût, aimant la fabrication impeccable, les belles pierres, la line ciselure, ils ne pouvaient manquer de réussir auprès de la clientèle élégante qui s'adressait à eux; aussi avaient-ils réuni, à l'Exposition de 1900, " des bijoux et des pièces remarquables"



1900 Broche avec diamant bleu de Jules Debut

Vers 1900 belle broche de Leon Coulon qui devait pouvoir faire partie d un bijou à combinaisons


une rare broche du XIXe siècle par Léon Coulon, représentant une rose noire, les pétales argentés courbés et superposés montés avec des diamants roses et bordés de plus gros diamants roses, centrés avec de vieilles étamines à diamants taillés en brillant, la face avant argentée laquée noir , avec une broche détachable en or jaune finement travaillée.  Maison Wartski à Londres



1901 Coulon dans la revue des arts décoratifs


1901 Très beau bijou de Coulon Collier de Chien  plume de Paon

Isabelle Lucas nous indique  qu'il essaya de sertir du diamant dans de l'aluminium pour rendre plus legères les montures mais il ne suivit pas cette voie, vu le peu d 'intérets, de plus il serait interessant de savoir comment auriyt réagi la garantie des metaux précieux français  qui n'aimait pas les mélanges de métaux précieux et non précieux




1914 Vente des bijoux de Coulon et liquidation de la société

2 commentaires:

  1. Effectivement les galeries du Palais Royal étaient très chics au 19ème, car ils étaient alimentés par la foule attirée par les Grands Magasins du Louvre. Depuis leur fermeture en 1974, le Palais Royal est déserté........

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  2. Jean Jacques,je découvre vos articles et suis sidérée par votre érudition . La fluidité de vos articles sans pédanterie .
    Merci infiniment.
    Baboula .

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