vendredi 15 juillet 2016

Arnold Ostertag: l'un des grands Joailliers Français des années trente, injustement oublié

Arnold Ostertag n'était pas juif et fut cependant dénoncé et aryanisé  



Arnold Ostertag photographié par le photographe des Peoples des années trente R. Sobol qui fut le photographe de Nina Myral, Lucienne Boyer, Mistinguet, Jenny Golder, Renée Heribel, Joséphine Baker.....



Cliquez sur toutes les photos pour les agrandir

Voici l'objet qui résume le plus, l'art et la vie de Melchior Siegfried Arnold Ostertag.
Pour un chercheur Chinois ou un artiste Chinois, c'est l'un des objets de "la table de l'érudit bureaucrate ou lettré (en Chinois : 士大夫 ; Pinyin: shì dàfū)  Sur leur table il avait un certain nombre de choses essentielles : des pinceaux pour la calligraphie, un Bitong (un pot à brosse) pour mettre ses pinceaux, et une pierre d'encre à moudre l'encre.
Ce merveilleux objet est un "pot à Pinceaux et à brosse" fabriqué pour Arnold Ostertag qui le vendit.

De forme cylindrique, le corps du matériau de néphrite blanche gravée, délicatement sculptée avec le bambou, le pin et le prunus, symbolisant "trois amis de l'hiver" *, complété par un couvercle et la base onyx, ornée de rubis cabochon et anneaux de néphrite de couleur vert foncé, or jaune 750/1000°carats, signé, d'environ 180.00 x 111.50 x 110.m/m.
*Les trois amis de l´hiver que décrit la maison Sotheby's qui a vendu ce Pot peuvent être aussi connus sous les noms "des trois amis du froid", ou encore Sui han Sanyou, et font référence aux trois plantes suivantes : Le Pin le Bambou et l´abricotier du Japon (le prunus). Pourquoi en Chine les appelle t on "les trois amis..." : parce que chaque année, alors que l´hiver approche, la plupart des plantes commencent à dépérir. Sauf le pin, le bambou et l´abricotier du Japon, Ils incarnent à eux trois, les vertus de persévérance, d´intégrité et de modestie. Ils sont très respectés en tant que tels dans le Confucianisme, et représentent les qualités primordiales de l´homme lettré.
Une légère différence entre la Néphrite, pierre dure qui peut être une amphibolite à actinote et trémolite, et la Jadéite qui est une pyroxénite constituée en grande partie de Pyroxène :
La Néphrite blanche en Chine est appelée "gras de mouton" mais cela n'a rien à voir avec "la Pierre de Lard" qui sert a imiter toutes les pierres ornementales en Asie, car c'est très tendre et au toucher, on a une sensation de gras...mais je m'égare !!!

 Quand j'ai fréquenté l'école de Bijouterie, Joaillerie, Orfèvrerie de la rue du Louvre, à l'époque nous ne recevions aucune notion de l'histoire de nos métiers. Ostertag, cela ne s'apprenait pas dans les écoles de joaillerie. 



Melchior Siegfried Arnold Ostertag est né en Suisse, en 1883 à Lucerne.
Son père, Martin Xaver Ostertag, né lui aussi à Lucerne le 28-02-1837, l'a déclaré le 19 février 1883 sous le nom de Siegfried-Arnold Ostertag. 
Sa mère se nommait Fransiska (qui est un prénom Islandais) Hess, née le 4-11-1844 à Sarnen à 21 kms de Lucerne ou elle épousa le 11 mai 1868 Martin Xaver.
Il est important pour la suite de signaler que les grands parents Martin Ostertag et Anna Maria Willimann d'une part, et Melchior Hess et Anna maria Infeld étaient de ce canton et n'étaient pas juifs.
S'ennuyait-il dans le canton de Lucerne ? Que fit il comme études ? Toujours est-il qu'il partit en Amérique pour faire des études de dentiste.


En effet la famille de sa première compagne "Gladys Ashe" m'a fait parvenir un 

Extrait de "La Statue de la Liberté - Ellis Island"
Nom du navire : SS La Savoie
Départ de : Havre le 10 novembre 1906
Arrivée à : New York le 17 novembre 1906
Nom du passager 1 : Arnold Ostertag
Âge : 23
Est. Année de naissance : 1883
Occupation : Dentiste
État civil : Célibataire
Nom du passager 2 : Max Ostertag
Âge : 34
Est. Année de naissance : 1872
Profession : commis d'hôtel
État civil : célibataire

Il a donc 23 ans, il travaille dans un hotel et fait des études de dentiste, apparemment il aime voyager

Extrait de « The Statue of Liberty - Ellis Island »
Nom du navire : SS Campania
Départ : Liverpool le 21 août 1909
Arrivée à : New York le 28 août 1909
Nom du passager : Arnold Ostertag
Âge : 28
Est. Année de Naissance : 1881
Profession: Dentiste
Etat civil : Célibataire

Puis dans le Journal "l'Appel de San Francisco" du 5 mai 1912, on apprend qu'il a séduit une jeune fille très riche dont les parents sont célèbres.

Les Clopers attendent Mme Amy Gouraud.
Une fille et un dentiste suisse évitent la société à Paris après une tournée en Égypte.
[Câble spécial à The Call ]
PARIS, le 4 mai. - Un scintillement a été provoqué ici par l'arrivée de Mme Gladys Ashe Gouraud Hooper, fille de Mme Amy Crocker Gouraud. Elle est accompagnée d'Osterlog, le dentiste suisse, avec qui elle a quitté les États-Unis et qui exerçait autrefois sa profession avenue Macmahon.
Mme Jackson Gouraud est en route de New York pour rencontrer Mme Hooper. Les elopers semblent parfaitement heureux après leur tournée en Egypte, d'où ils viennent directement à Paris.
Osterlog est un homme pimpant et beau avec d'excellentes manières. Ils ne se montrent pas dans le monde, mais resteront le printemps et l'été dans les environs de Paris.

Et si nous poursuivons dans la presse?

Extrait de "The Hawaian Star" du lundi 13 mai 1912
Gladys Gouraud, fille de l'ex Amy Crocker de Californie, s'est enfuie avec un dentiste désargenté de Paris, que sa mère employait autrefois comme bouffon lors de certaines de ses célèbres soirées bohèmes.

Evidemment la fortune de la fille de Mr et Mme Ashe permet de voyager.

Extrait de "The Tacoma Times" (Tacoma, Washington) daté du mardi 31 décembre 1912
New York, 31 décembre. - Qu'elle ait incité sa fille à transférer ses affections de son mari à un autre homme, telle est l'accusation portée contre Mme Aimée Crocker Gouraud dans une plainte déposée par Walter Morgan Russell devant la Cour supérieure ici aujourd'hui, demandant 50 000 $ de dommages et intérêts.





Il revint en Suisse, puis nous retrouvons une trace de lui, a 32 ans, en 1914 il part de Naples sur le paquebot français "Patria" et se rend à New York ou il est enregistré a Ellis Island le 31-10-1914. La guerre de 1914 en Europe avait commencé le 28-juillet.

Extrait de "La Statue de la Liberté - Ellis Island"
Nom du navire : SS Patria
Départ : Naples le 17 octobre 1914
Arrivée à : New York le 31 octobre 1914
Nom du passager 1 : MMS Arnold Ostertag
Âge : 32
Est. Année de naissance : 1882
Profession : Commis
État civil : Célibataire
Nationalité : Suisse
Race : Suisse allemande
Dernière adresse permanente : Lucerne, Suisse
Nom et adresse du parent le plus proche : Harry Ostertag, Lucerne.
Destination finale : New York
Passage Payé par : Lui-même
Dates/Lieu Auparavant aux États-Unis : 1911 et 1912 à New York
Rejoindre quel ami/parent : Son ami, Crocker Gouraud, New York City.
Santé : bonne ; Hauteur : 5 pi 6 po; Teint clair; Couleur des cheveux et des yeux : Châtain.
Lieu de naissance : Lucerne, Suisse
Nom du passager 2 : Mme Gladys Crocker Russell
Âge : 28
Est. Année de naissance : 1886
État civil : Marié
Profession : Femme
au foyer Nationalité : Anglaise
Dernière adresse permanente : Angleterre
Nom et adresse du plus proche parent : Mme Crocker Gouraud (mère).
Destination finale:New York
Passage Payé par : Elle-même
Dates/Lieu Auparavant aux États-Unis : New York
Rejoindre quel ami/parent : Sa mère, Crocker Gouraud, New York.
Santé : bonne ; Hauteur : 5 pi 5 po ; Teint clair ; Couleur des cheveux : gris ; Couleur des yeux : Bleu.
Lieu de naissance : Sacramento, Californie.



Mais en 1915, une trace..., il est en France, car il dépose un brevet d'invention.



Ostertag désirait installer sur des montres ou des appareils horlogers," un ou plusieurs organes mobiles supportant des images, des photographies ou des publicités" 
Il eut une boutique où il ne vendait que des montres, était-ce à l'époque de ce brevet ?


En somme, et si j'ai bien tout compris, permettre de faire défiler des annonces publicitaires différentes, avec une vitesse régulière. Comme de nos jours les panneaux publicitaires qui, sur les stades changent toutes les 5 secondes.

Il eut une boutique ou il ne vendait que des montres, était-ce à l'époque de ce brevet ?

Ensuite, il a dû chercher sa voie, Il aurait fait plusieurs voyages en Inde.
Puis il s'installe à Paris, mais pas n'importe où; au 16 place Vendôme à Paris.
La plupart des spécialistes situent son installation en 1920, pourtant le Journal quotidien," Le Journal" en 1924 publie un article sur un hold up place Vendôme chez Ostertag 



Cliquez pour agrandir

"Le Journal" précise "Mr Ostertag employait cette personne dans ce magasin qu'il possède depuis quinze mois…." cet article étant daté du 27 janvier 1924, un rapide calcul nous permet de connaitre la date de son installation au 16 place Vendôme :  aux environs du mois d'août 1922.



Au cours de ce Hold Up, un employé avait été tué par les gangsters.




Cet article de "Paris Soir" est précieux, car avant d'être Joaillier place Vendôme Arnold Ostertag était courtier en perle fines. C'était un homme solide, énergique raséd'allure sportive, dixit le Journal Paris-Soir. 
Arnold Ostertag a une idée sur ses agresseurs "des Levantins"
Comme le précise le dictionnaire de l'académie française ce terme « a été parfois utilisé avec une intention péjorative, par allusion à l'habileté en affaires prêtée aux Orientaux.



La maison Christie's date cet ensemble de 1920, or il n'exerçait pas encore, mais les datations, sont difficiles, s'il n'y a pas d'éléments probants comme une facture attachée au bijou. Ce Vanity est en argent et or, avec diamants, rubis, saphirs, avec un motif art déco plutôt 1925!!c'est une fabrication Française. La montre n'a pas de marque, ce vanity possède un couvercle sur charnière pour ouvrir l'étui à cigarette, un compartiment coulissant contient un support de rouge à lèvres et un petit peigne, un couvercle sur charnière révèle un miroir, et un poudrier, une Merveille !


Autre vue de ce modèle

Son poinçon de Maître sera insculpé le 31 juillet 1923 une première fois puis en 1927 son poinçon sera A.O. une tourelle.




Une belle parure Rubis et diamants dans le journal "Femina" en 1922



1925, Ostertag expose au musée Galliera pour l'exposition des arts décoratifs (Tiré du Figaro du jeudi 13 juin 1929.



Un vanity case en diamants, chrysoprase, par Ostertag en 1925 environ.

Paysage Chinois sur un fleuve, en émail vert, bleu, rouge, noir et blanc sur fond en or jaune. De chaque côté, en émail noir cannelé et diamants taillés en rose, le cabochon vert est en chrysoprase. Couvercle coulissant qui révèle un miroir, un tube de rouge à lèvres et quatre compartiments Or 750/1000°
Signé Ostertag


Un pendulette art déco en jade néphrite, calcédoine, émail.
La partie rouge du cadran est en émail, motifs d'inspiration chinoise, renforcé par des fleurs vertes, bleues, roses, jaune, et blanches chiffres arabes blancs
A l'intérieur la marque du fabricant de Verger-Frères, mouvement de Vacheron-Constantin, le fond est signé Ostertag.




Dans la même série, Superbe pendule en Malachite or, argent, émail orange pour le cadran, onyx, etc. Elle a été fabriquée par les frères Verger pour Ostertag et vendue par la maison Bonhams à Hong Kong en 2007 1.680.000HK$





Pendulette de voyage miniature de Ostertag 1925 environ.

 Mouvement Signé Jaquet, cadran mat argenté, chiffres arabes, minutier, acier bleui couvercle avec un monogramme, le boîtier et le cadran sont signés par Ostertag, le mouvement signé par le fabricant, 33m/m de diamètre.


1925 bracelets diamants









C'est une boite, avec un couvercle mécanique elle a été fabriquée par Verger pour Ostertag, aux environs de 1925.
Elle est en émail noir au sommet un cabochon corail ovale, un système à ressort permet d'ouvrir la boite et de révéler l'intérieur en émail rouge cinabre, les poignées sont ornées de perles couleur saumon en corail avec des bandes en émail rouge. Le tout repose sur une agate laquelle repose sur une plaque d'onyx







Christie's a revendu cette très belle broche art déco 1925 environ. Les cabochons noirs en forme de poire, sont en Onyx. L'ensemble de la broche est en platine alors que le diamant central, taille ancienne ovale est serti sur de l'or jaune
Ostertag  travailla avec Henri Picq  puis Picq & fils, grand fabricant pour Cartier mais aussi Lacloche et Berlioz






Une très belle réussite d'Ostertag et de ses fournisseurs, c'est un Vanity Case en pâte de verre, revendu par Christie's. 
Les Grecs de l'Antiquité l'avaient créée, mais la pâte de verre revient en France au 19 Eme siècle et est utilisée par Ostertag aux alentours de 1925.
A l'intérieur un miroir et un tube de rouge à lèvres. Au centre, est représenté un paon parmi des fleurs et des feuilles, le tout avec une base en or.


Encore une boite en or et pâte de verre de Arnold Ostertag, en vente le 18 juillet 2022 par Artcurial  à 
l 'hotel Ermitage à Monte Carlo.


La pâte de verre n’est pas du simple verre. La pâte de verre est l’une des techniques les plus complexes à maîtriser. Ce qui en justifie son prix …
Verre, cristal, pâte de verre ?
Pourquoi la pâte de verre est différente du verre ?
La réponse se trouve dans le processus de production. La pâte de verre est un mélange de groisil, c’est-à-dire un mélange de morceaux de cristaux concassés, inséré dans un moule en plâtre.
Les groisils peuvent alors être de différentes couleurs, produisant un tableau coloré unique à la sortie du four. L’artisan verrier ne peut jamais savoir à l’avance le résultat final.
L’aspect des matières est aussi différent : le verre est lisse, la pâte de verre laisse apparaître un objet à l’aspect plus ou moins céramique. Toucher une pâte de verre, c’est comme toucher le grain de peau d’une pèche, ou bien la douceur d’une surface cirée.


Une gravure figure à l'intérieur de ce boitier :  Au revoir, All Love always et une signature : Némo
Ce nom de Nemo ne parle pas aux nouvelles générations comme à celles qui arrivèrent à l'âge d'homme après la première guerre. Celui que l'on qualifiait alors de petit prodige à l'aube du XXe siècle émerveilla Sarah Bernhardt, Loti, et même la reine Victoria à Cannes en 1899 pour son art de dire plus de 15 000 vers qu'il avait mémorisés.

Maxime Némo

Plus tard, après avoir joué avec Dullin, Copeau et Jouvet, on le vit étudier à Florence en 1912 auprès de J.-R. Bloch, enseigner la philosophie à Strasbourg en 1919, cet idéaliste généreux quittait l'université et fondait une association originale qui s'appela l'Îlot, avec cette définition : « Petit espace, mais libre. » Il s'agissait moins d'une organisation que d'un apostolat. Le projet de Nemo, orienté par son tempérament et sa culture vers l'art lyrique et tragique, était d'en porter le message à la jeunesse, en marge des programmes d'enseignement, par la lecture, la diction, la représentation partielle, la conférence ou le disque.
Maxime Nemo fondait en 1949, sous la présidence d'Édouard Herriot, l'association Jean-Jacques-Rousseau, dont il fut le secrétaire général jusqu'à sa mort.
Il est bien un passeur des lettres qui accueillit en France Emil Cioran, Mircea Eliade, mais aussi Garry Davis. Dialoguant avec R. P. Teilhard de Chardin ou en fustigeant Mauriac dans la revue Europe.
Livre de Patrick Chevrel sur Némo.


Cette broche est en platine, des pierres de couleur, des diamants, de l'émail, art déco en environs de 1925 avec à l'intérieur, de façon à être consultée discrètement, une montre cadran ovale avec chiffres arabes. La montre est signée Ostertag.





Merveilleux collier-montre fabriqué par Verger Frères en 1927, pour Arnold Ostertag. Il est en platine avec des diamants sur la chaîne et quatre boules-perles en émeraude d'un très beau vert. Dans la montre un mouvement de Vacheron et Constantin, qui est signé et numéroté, la boite aussi, et le cadran est marqué "Ostertag" revendu par Christie's




La photographie ci-dessus vient d'un catalogue de la maison Tajan de Paris
C'est un poudrier fabriqué en 1928 signé "Ostertag Paris Déposé" avec un N° de fabrication. Les pierres de couleur sont gravées et proviennent certainement d'Inde. Arnold Ostertag avait fait son tour du monde et passant par l'Inde, il avait été fasciné par les bijoux de ce pays, comme beaucoup de ses confrères, tel Cartier, il avait souvent utilisé des thèmes Indiens, mais surtout les pierres qu'il avait ramenées de ce pays et achetées auprès de certains Maharadjahs.





Le Figaro 1928




1929 : la revue "L'Art et la Mode " cite au sujet de la collection Ardanse une petite maison tenue (à l'époque !)  Par un aristocrate Russe et sa sœur :
"Le Clou de la collection est une splendide robe du soir en dentelle d'or garnie d 'un splendide papillon en pierres véritables due à Ostertag et dont le prix est la somme respectable de deux millions de francs"




Je me mis en quête de ce papillon et je l'ai trouvé dans la revue "l'Officiel" et j'appris que la robe était destinée à "Mistinguett"

1929 l officiel de la mode, LA ROBE MERVEILLEUSE.

De la dentelle or, si fine qu'on la dirait arachnéenne, un mouvement à peine stylisé, une jeune femme pleine de grâce et illuminant le tout, un prodigieux papillon de pierreries : la robe de deux millions vient d'être présentée.
Ce n'est pas un rêve, cela ne relève pas de quelque conte arabe. L'évènement ne vient pas d'Amerique. Il est de Paris très simplement.
Pendant toute une année. Trois artistes ont travaillé, cherché et trouvé. La maison Drault apporta la matière. La baronne Accurti directrice de la maison Àrdanse, trouva l'esprit créateur, et Östertag, le célèbre Joaillier de la place Vendôme, façonna et sortit une merveille de pierreries
Notre temps est en toute chose et même pour les robes, celui de la vitesse et de la simplification : la robe “ merveilleuse " c'est le propre du réel raffinement que de faire sien ce qui paraît disproportionné C'est aussi révéler et affirmer une nouvelle tendance ; l'harmonie de la robe et du bijou. Leur conjonction autour de la personnalité féminine, en somme tout le problème de la parure.
Ôsterlag défend ici sa thèse. Le temps des joyaux conventionnels n`est plus ; le bracelet blanc, unifié sur un même modèle. Quelque riche soit-il n'implique aucun effort.
Chaque femme est elle-même, son bijou doit exprimer son individualité.
La teinte des cheveux, la carnation, la silhouette, autant de facteurs qui commandent le choix des gemmes et leur union.
Mais quel relief nouveau quand une parure fait apparaître et souligne certains détails de personnalité. Ostertag traite l'émeraude gravée fait jaillir le rubis, provoque le brillant, lui est un défi, elle retourne aux toilettes précieuses, véritables richesses qu'arboraient fièrement Madame Royale la princesse Palatine, et bien avant encore, les dames de la cour autour de la reine lsabeau.
Broder avec des pierreries marier à la dentelle le diamant, le saphir le rubis et l'émeraude. C'est ce qu'Ostertag a su réaliser.
Le papillon a ses ailes étalées étonnantes de précision, les gemmes dans leur scintillement font le pollen vivant de l'animal appelé dans sa finesse la poudre des dieux.
Tant de richesse pour une simple robe, dira-t-on ! Car le diamant et le saphir crée d'étonnants rapprochements. Il stylise un mouvement et l'accompagne d'un débordement de richesses. Cette perle est blanche. Celle autre, est noire, coudée, une double branche de diamants les supporte, cela fut conçu pour une femme qui ressemblait à cette opposition.
En rénovant la joaillerie, en cherchant à la dégager de conceptions trop rigides, Ostertag, fait œuvre utile.
L`art qui est avant toute chose, le goût et la compréhension du beau sera reconnaissant à Ostertag de cette robe de deux millions que portera Mistinguett et qui émerveilla déjà tant de Parisiennes avant de faire le tour du monde.



Revue L'Art et la mode de 1929


Cliquez pour agrandir

Cette pendule vendue par Ostertag et revendue par Christie's en 2008 a été fabriquée en 1929.
Grâce aux recherches de la maison Christie's nous savons qu'elle a été achevée en juin 1929 pour Ostertag, qui l'a signée.
Au fond un pentagone de cristal de roche, le cadran est aussi en cristal de roche, un mouvement mécanique de Philippe René Jaccart, comportant 15 rubis signé Vacheron Constantin, au centre une Gazelle en aigue-marine taillée, elle repose sur une agate, la fontaine est en lapis lazuli et diamants, émeraude sculptée, rubis, une base noire en laque, les pieds sont en agate le N° est 405984




Le journal "Le Figaro" avait édité un supplément spécial pour l'exposition de Galliera en 1929 et cette planche en est extraite.



La "Revue du vrai et du beau", pour Galliéra 1929 consacra une page à Ostertag et résumait ainsi : " Le joaillier pimente souvent ses créations du cachet oriental, et de ce mélange bizarre mais toujours harmonieux, entre l'art scandinave et celui d'extrême orient naît une production à nulle autre pareille" 



Merveilleuse exposition témoin des années 30, l'exposition de 1929 au musée Galliéra, il n'y avait pas qu'Ostertag et les planches couleurs de Boucheron, Fouquet, Van Cleef, Mauboussin, sont si intéressantes que je les rediffuse, même si je les ai déjà publiées








Je ne sais pourquoi Christie's a décrit cette pièce comme étant fabriquée par Audemars-Piguet pour "Gubelin Ostertag".
Cette montre à guichets, rare montre en or blanc 750/1000° rectangulaire est signée Audemars-Piguet & Co. et MSA Ostertag, (ce qui veut dire Melchior Siegfried Arnold Ostertag) n ° 39600, a été fabriquée en 1929 inscription gravée WVRS 3 janvier 1933, signé MSA Ostertag et numérotée, le mouvement signé Audemars Piguet & Co. 

C'est un bracelet Art Déco en platine diamants et émeraudes de Colombie.



Aux environs des années 1930?



UN COLLIER PENDENTIF EN CRISTAL DE ROCHE, ÉMERAUDE ET ÉMAIL ART DÉCO, PAR OSTERTAG
Le pendentif en forme de cloche en cristal de roche rainuré avec des accents d'émeraude, de diamant et d'émail noir, suspendant un gland en tissu, au collier tressé en perles de rocaille et verre vert, années 1930, pendentif 23,0 cm, collier, 80,0 cm, avec poinçons français pour l'or
Signé Ostertag Paris Revendu par la maison Christie's



Vanity Cas rectangulaire en argent (<800) et or rose 18K (750) composée d'un briquet, d'un étui à lèvres, d'un peigne en écaille, d'un poudrier et d'une montre.
Vers 1930 - Signé Haut: 8.7cm - Larg: 7.2cm Pb: 298.9gr revendu par la maison Aguttes Paris



Paire de poudriers en or et diamants de Ostertag, ouverts, on découvre un miroir une boite à poudre et un tube de rouge à lèvres, les deux sont signés Ostertag et  doivent dater de 1930 environ Revente de Christie's




Une broche art déco, dessin stylisé de Bouclier broche se dédoublant en diamants baguettes et taille brillant 1930 environ, signée Ostertag Revendue par Christie's




2 Broches clips diamants de Ostertag revendus par Christie's.

Chaque clip conçu comme un rouleau stylisé serti de diamants brillants et baguettes, peut être fixé avec un raccord broche supplémentaire pour former une seule broche, 1930, chacun de 5,6 cm, platine et l'or. Signé Ostertag
Succession de la Baronne Gunhild Thyssen-Bornemisza de Kaszon.


Un vanity argent et or Art Déco , le Vanity est serti de saphirs et de diamants, par Ostertag. Le boîtier est de forme rectangulaire avec décoration cannelée contenant une montre avec un mouvement de forme rectangulaire, cadran argenté, chiffres arabes, un compartiment coulissant vers le haut contenant un briquet, l'ouverture d'un couvercle à charnière pour ouvrir le compartiment de cigarettes, un compartiment coulissant à la base contient un tube de rouge à lèvres, un miroir et d'un compartiment de poudre, vers 1930, 8.6cm de long, 




Poudrier en argent guilloché, le couvercle orné d'un motif géométrique en or jaune 18k (750 millièmes) appliqué et centré d'une ligne de huit saphirs calibrés, l'intérieur recelant un poudrier, un tube de rouge à lèvre et un miroir biseauté. Bouton d'ouverture pressoir serti de trois saphirs calibrés usagé. Signé Ostertag Paris. Vers 1930. Poids brut: 164 g




 La maison de vente Tessier et Sarrou a revendu cet étui de rouge à lèvres, en or, argent et saphirs calibrés - de Arnold Ostertag- Paris.







Très intéressant bracelet Art déco, chaque rectangle saphir est réalisé avec deux saphirs carrés, or jaune, signé Ostertag vendu actuellement par des gens charmants. La Maison "Historical Design à New York" 

http://historicaldesign.com/


Robe de Louise Boulanger, maison de couture parisienne, dans le Journal Vogue France, les bijoux sont de Ostertag



1930- dans la Revue Vogue-France, bracelet diamants porté par Tanja Rams .
Cliquez sur ces photos de charme pour les agrandir.




C'est un pendentif rubis au centre du collier, qui est amovible, il a été revendu par la maison Christie's. Diamants baguettes, trapèzes, marquises, ronds or blanc 750/1000° réalisé aux environs de 1930 pour Ostertag




Un vanity d'Ostertag Le boîtier est en émail noir, de forme carrée décoré à l'avers avec un motif cannelée Sous le couvercle une montre, le cadran rectangulaire argenté avec chiffres arabes, flanqué d'un porte-parfum coulissant, un support coulissant pour le tube de rouge à lèvres et un peigne, vers 1930, 7,0 x 1,7 x 7,4. Signé Ostertag, Paris, non. 39149




Boîte de cigarettes d'or sertie de saphirs : Les saphirs sont ingénieusement disposés de sorte que de l'extérieur les pierres forment un motif de briques divisé en petites bandes. La marque de fabricant est Ostertag : British Museum




POUDRIER en argent guilloché, le couvercle orné d'un motif géométrique en or jaune 18k (750 millièmes) appliqué et centré d'une ligne de huit saphirs calibrés, l'intérieur recelant un poudrier, un tube de rouge à lèvre et un miroir biseauté. Bouton d'ouverture pressoir serti de trois saphirs calibrés usagé. Signé Ostertag Paris. Vers 1930. Poids brut : 164 g




Boitier signé Verger Frères, n ° 10347, vendu au détail par Ostertag, vers 1930, elle est en or 750/1000° sur le principe des pendules mystérieuses 45 mm diam.



1930 Ostertag dans Vogue



Bracelets d Ostertag dans Vogue en 1931


1931 Vogue Ostertag



1931 Vogue Ostertag


1934 Vogue




Même à Djiring,(de nos jours Di Linh) en 1934, au centre du Vietnam on volait des bijoux Ostertag



1934 dans Paris soir



Décembre 1934 dans la revue Vogue




 2 Broches qui peuvent se dédoubler dans cette publicité d'Ostertag, 1934 Vogue



1934 environ bracelet d'Ostertag. Mailles en cristal de roche et mailles intermédiaires en platine et saphirs carrés



Ostertag dans le journal "Femina" de juin 1935.



1935


Paris soir du 16-01-1935, le tout Paris assiste a un match de notre grand boxeur Georges Carpentier, que de noms célèbres !! Et Arnold Ostertag fait partie du Tout-Paris



Deux clips qui peuvent être fixés a divers endroits, et se réunir en une seule broche


Décembre 1935 dans vogue




La maison Sotheby's date ce Vanity case de 1940, cela me parait impossible car Arnold Ostertag est mort en avril 1940, et cela faisait un an qu'il était aux États Unis.




Sur le couvercle cannelé en or 750/1000° est appliqué un motif floral, serti de rubis calibrés et un pavage de diamants taille brillant l'ouverture révèle un miroir, deux compartiments de poudre, un support de rouge à lèvres, une montre avec chiffres romains, ce vanity mesure environ 85 x 70 x 15mm, il est signé Ostertag, numéroté, essai français et marques de fabricant, le poids brut total d'environ 287 grammes.





Il se trouve à droite sur la photo de Sotheby's, cette photo est intéressante car elle nous montre l'étui du Vanity, qui ne laisse voir au-dessus que le motif floral.



1936 ou 1937 environ, montre bracelet en or rose 750/1000° par Ostertag, La montre dispose d'un mouvement manuel, le bracelet est en or jaune sur la boite et le fermoir sont sertis des saphirs calibrés de haute qualité, elle peut recevoir le nom de Montre Cadenas à l'instar de celle que Van Cleef & Arpels créèrent en 1935 ou de Montre étrier.




Au début du 20ème siècle, il était jugé inconvenant pour une femme de porter une montre ou de regarder l’heure en public. La montre Cadenas fut inventée pour trouver une solution élégante à cette situation. Conçue comme un ravissant bracelet, la montre Cadenas dissimule un cadran visible uniquement par celle qui la porte.

Son nom vient du fermoir, représentant un cadenas, puissant symbole de l’union et de l’alliance entre deux familles ou deux êtres.



Le fond de boite est gravé Ostertag




Cette montre-bracelet vendue par Ostertag Paris recèle un mouvement Baume et Mercier, Aiguilles en or dans son écrin marqué Ostertag poids brut : 62,9 grammes environ la fabrication est un peu différente de la première.



Dans les années 1930, Arnold Ostertag voyage beaucoup à New York et Los Angeles et devient très populaire dans les milieux artistiques, Ainsi Grace Moore cantatrice du Metropolitan, et vedette de cinéma avait choisi un collier de Ostertag pour son premier concert au Carnegie Hall en 1937.





Le crédit Municipal de Paris a revendu récemment ce vanity case en or et argent godronné, composée d’un poudrier, d’un étui à rouge à lèvres, d’un peigne en écaille, d’un briquet à essence et d’une montre avec mouvement mécanique. Couvercle à charnières plaqué d’un motif stylisant un bouquet de fleurs ponctué de diamants, de cabochons d’émeraude, de saphir et de rubis. Elle est accompagnée de son étui en moire décoré de fleurs. Signée Ostertag Paris Déposé 39149. Vers 1940/50. Poids brut: 306 g. là encore la date me chiffonne, m'interpelle, puisque Arnold Ostertag est décédé à New York en 1940



Petite pendule de bureau en cristal de roche gravé par Ostertag en 1936 dans la revue Vogue



Revue Vogue de 1936 cliquez pour agrandir


1936 Vogue



1936 Ostertag dans Vogue



Au cou de Mademoiselle Constantinescu, fille du Président de la banque nationale assassiné en 1934 en Roumanie un grand collier Rubis et diamants en 1936 dans Vogue




Tous les bijoux présents sur ce numéro de Vogue de 1936 en platine diamants saphirs etc, sont de Ostertag qui donne comme adresse : Paris Cannes et New York, Il y avait aussi Biarritz.


A Cannes en 1936 photographié par les Frères Seeberger

A
La perspective dans ces dessins parus dans la revue "l'Officiel" n'est pas excellente mais on se rend compte des lignes.





Arnold aussi était venu à "Eilen Roc" avec son bateau, dont on reparlera plus loin !





Bracelet stylisant un serpent, or et platine serti de diamants et saphirs, signé Ostertag Paris (1940) Il est revendu actuellement chez Iskender par le biais du site :  https://www.1stdibs.com/



La voici portée de nos jours par un mannequin de la revue "Coté Geneve"


1938, montre ouverte en or 750/1000° de Ostertag, rubis et diamants revendus par Christie's




Pour une fois nous pouvons dater un bijou de façon certaine car nous avons une facture.




Belle époque où il y avait moins de taxes et autres CSG , en revanche il fallait qu'on achète des timbres pour acquitter sa facture car c'était obligatoire (s'il y avait une facture bien entendu !!!)




C'est un double clip de platine, sur lequel sont sertis 182 diamants ronds taille brillant et baguette de couleur GH et de pureté VS2, SI1 pour un poids total de 7.50 à 8.50 carats grâce à la facture, nous savons qu'Ostertag l' a vendu en 1938.



On peut observer les systèmes qui permettent de porter séparément les éléments, ou de les assembler pour les porter en broche ou en pendentif.





LOFTY aux Usa n'est pas un auctionner, mais un marché en ligne par internet pour l'art 



1938 dans la revue Vogue.


Photographie publiée dans le point du 10/6/2011. 

Bague sertie d'un diamant taille ancienne de forme carrée avec quatre éléments bombés pour les points cardinaux, des années 1940 (indiqué par Christie's mais Arnold est mort le 1 er avril 1940 ???) , platine et or, signé Ostertag Paris



1939



Avril 1939



Avril 1939


Montre or jaune avec rubis en serti étoilé de Ostertag, cadran Ostertag 1938





1939 journal "Le Populaire"
Cambriolage chez Georges Carpentier qui fut champion du monde de boxe anglaise le 12 octobre 1920

Melchior a ensuite épousé Verna LONG le 1er août 1939 à Paris, France. (Verna LONG est née le 7 mai 1914 à Mount Vernon, New York, États-Unis et décédée le 7 avril 2013 à Vero Beach, Floride, États-Unis.)



Acte de mariage d'Arnold et Verna



Sotheby's présente cette broche diamant comme datant de 1950, impossible, puisque Arnold Ostertag meurt en avril 1940 et la Maison Ostertag disparait en 1941.


Une montre-bracelet rétro, par Ostertag
Le bracelet à ressort avec bornes à billes centré sur un boîtier de forme rectangulaire flanqué de deux boules, le cadran avec index percés et aiguilles en acier bleui, d'après la maison Christies vers 1940. Cest avant, car en 1940 il est parti, Poinçons français
Cadran signé Ostertag Paris, no. 8542 (indistinct)





Ces mêmes bracelets en vente chez Fred Leighton NewYork


Une extraordinaire paire de bracelets d'Ostertag en or poli et platine saphirs, diamants.
Trois grappes florales en saphirs au centre et diamants 19 cm de circonférence intérieure

Une anecdote sur la fin en 1939, mais il faut remonter en 1920. Dans les années 20, M. Warmack, riche propriétaire d'une usine de chaussures, meurt en laissant une femme et une fille Annie Laurie. Mme Warmack est une femme très autoritaire. A vingt-huit ans, en 1927, Annie Laurie est célibataire et vit avec sa mère. Leur train de vie a baissé, ce qui est insupportable. Mme Warmack cherche un homme pour redorer son blason. Elle trouve  Georges Crawford, 66 ans, richissime célibataire. Mais elle est trop vieille. C'est donc sa fille Annie Laurie qui épouse cet homme de 38 ans son aîné.
Cinq ans plus tard, en septembre 1932, les Crawford ont une fille, Martha. Son premier surnom est Choo Choo, parce qu'elle est née en voyage, dans le wagon privé de son père.
Son père la surnommera Sunny, "la rayonnante", parce qu'elle était très jolie, le portrait de son père, très souriante et douce de caractère. Georges Crawford meurt en 1936, laissant l'enfant à la garde de son père et de sa grand-mère qui l'élèveront comme une princesse.
Annie Laurie Aitken est la mère de Sunny et cela doit vous rappeler quelque chose, L'affaire Von Bulow, Le 21 décembre 1980, Martha von Bülow, surnommée Sunny, s’évanouit après l’injection d’une surdose d’insuline. Les soupçons se tournent vers son mari Claus. C’est le début d’une retentissante saga judiciaire. Une affaire si médiatique qu’elle fut interprétée au cinéma par Glenn Glose et Jeremy Irons, dans le "Mystère von Bülow."
Cette Annie Laurie Aitken avait une extraordinaire collection de bijoux dont un collier de diamants.
Ce collier avait été acheté chez Arnold Ostertag à Paris,3 jours seulement, avant que l'armée allemande n'envahisse la France, mais Annie Laurie Aitken Crawford parvint à le rapporter aux USA en voyageant à bord d'un transatlantique qui arriva à éviter les attaques de sous-marins.
Je sais que ce collier a été vendu chez Sotheby's le 23-04-1985, lot 579, mais je n'ai pu en trouver la photo (avis a ceux qui pourraient m'aider)



Mais, comme souvent avec ce blog, le 24-02-2022 une lectrice" Angela Bordoni" que je remercie a retrouvé cette vente de 1985 de Sotheby's dans un catalogue lui appartenant et m'a adressé cette photo de cet admirable collier.

Magnifique Collier Rubis et Diamants, Ostertag, France
Le collier flexible serti sur le devant de 69 rubis ovales et ronds, disposés en trois rangées, pesant environ 95,00 carats, et derrière avec 4-2 rubis ovales et ronds pesant environ 40,00 carats, en deux rangées, le fermoir avec 1 rubis en forme de marquise, encore décoré sur le devant et sur les côtés avec 5 diamants ronds pesant environ 10,00 carats, 2 diamants ronds pesant environ 1,00 carat près du fermoir, et avec 20 diamants ronds et I28 baguette pesant au total environ 20,00 carats, monté en platine.


Jadéite, corail, ensemble de pierres précieuses et cadre photo en émail, Ostertag, 1929
Corallium rubrum, Or, Jadéite, Pierre dure
Le cadre composé d'un bracelet jonc en jadéite avec porte en émail noir, soutenu par un pilier en agate au support en onyx, agrémenté de coraux, saphirs et émail, monté en or jaune et argent, signé Ostertag, numéroté, avec dosage français et poinçons de maître, monté boite estampillée Virger - Ostertag. Revendu par la maison Sotheby's


Nous arrivons à la fin de l'histoire, quand j'avais écrit le premier article, je savais qu'il était parti aux Etats Unis, c'est tout.

Et puis le 24 juin 2016, un mail comme j'en reçois assez souvent, de ceux qui vous font frémir d'émotion et de joie, de ceux qui font, que je me dis, que cette histoire des joailliers sert à quelque chose.

Cher Monsieur,
Je viens de découvrir votre site. Je suis la fille de Mme Verna Ostertag épouse d'Arnold. Quelques années après la mort de celui-ci le 1er avril 1940 (il fut enterré dans notre caveau de famille en Pennsylvania) .............

J'ai répondu tout de suite, pressé d'avoir une réponse, pressé d'en savoir plus, car l'aventure continue, il y avait si peu de choses sur le "net" et dans les livres, presque tous écrivaient qu'il n'avait pas réouvert son magasin après la guerre 1939-1945, mais personne n'avait expliqué le pourquoi ! Pas un livre sauf mon blog !!!!! Certaines grandes maisons comme Sotheby's dataient des objets ou des bijoux de lui en 1941-1945-1950, alors qu'il était mort en 1940.

Je repris contact avec Susan Flato, la fille de Paul Flato, qui vit à New York, mais qui a gardé dans son cœur une grande place pour la France.
Elle me téléphona pendant près de 3/4 d'heure, dans un excellent français marqué d'une pointe d'accent américain, je me devais de reprendre tout ce dossier.


Suzan résuma dans un mail l'histoire de Arnold Ostertag aux Etats unis
:
Je vous appelle demain. En attendant ce que je sais d'Arnold c'est d'abord qu'il s'appelait Melchior Siegfried Arnold Ostertag né en dernier (un frère Joseph et une sœur nonne) quand sa mère avait 42ans. 
Il a fait des études pour être dentiste à une école dentaire au Michigan aux USA (bizarre, non ?). Il a épousé ma mère quand il avait 56 ans car je pense qu'il est né en 1883 et elle avait 25 ans. Ils se sont mariés le 1er août 1939 dans le 1er arrondissement à Paris (témoins Frida et René Rozier, sa secrétaire et son chauffeur que j'ai connu).
 Il l'avait rencontrée à Cannes en 1937  Verna était venue des Etats unis à Cannes   puis il est venu aux USA pour la demande en mariage. La guerre a éclaté, elle est tout de suite retournée aux USA  au début septembre 1939, et lui est reparti en Novembre. 


Quand la guerre à éclaté, Arnold, dont le chauffeur (René Rozier qui passera sa vie avec Frida) fut appelé à la guerre, conduira sa voiture avec une caisse de bijoux en Normandie pour les mettre à l'abri dans un coffre que maman trouvera vide après la guerre. 
Il a fait son testament chez un avocat à New York qui s'appelait Flato (je m'en souviens à cause de la similarité avec mon nom) Il n'a jamais été marié avant. Il lui a tout légué


 Et puis dans ce mail, un beau cadeau deux photos.


 Mais en 2021 je me suis fait préciser par Suzan Flato le pourquoi de son départ :
"Parce que la guerre a éclaté et ma mère est rentrée, sa femme, donc il l’a suivi là-bas. Il n’était pas encore malade. Il est devenu malade l’année après en 1940 et il est mort le 1er Avril. Il est enterré en Pennsylvania avec le reste de ma famille."


Voici Arnold Ostertag, en 1939 ?



Voici Verna Ostertag

J'ai repris le dossier AJ 38 de l'aryanisation.
Parlez au gens de ce terme et très peu de personnes savent ce qu'est cette aryanisation. Ancré dans la propagande des Nazis qui prétendait à l’existence d’une race supérieure dite aryenne, le néologisme aryanisation désigne l’expropriation totale des juifs allemands et autrichiens, pendant la période du nazisme et par extension les spoliations endurées par les juifs de toute l'Europe occupée pendant la dernière guerre. Dans un sens plus large, sont également rangés sous le terme « aryanisation » d’autres aspects de l’exclusion des Juifs par les nazis tels que leur élimination de la vie culturelle ou scientifique, Un bon dossier :
Comme Arnold était parti aux Etats unis en novembre 1939, les autorités françaises et allemandes se prirent à le soupçonner de s'être enfui parce qu'il était juif et dans ce cas .......
Je me souvins que pour mes dossiers Van Cleef & Arpels j'avais pu obtenir copie du microfilm de l'AJ38 dans ce dossier il y avait l aryanisation de VCA mais entre autres celui d'Ostertag 




C'est très difficile sans une machine performante de pouvoir vous transmettre les images d'un microfilm de 16 m/m de haut et bien que les archives nationales m aient conseillé d'aller à celles d'Avignon pour les copier, leurs machines ne prennent pas ce format.


Donc le bricolage consiste à projeter ce microfilm sur une surface blanche, a re-photographier l'image obtenue en négatif, puis sur mon ordinateur, la remettre en positif et rectifier le plus de taches et rayures.



Comment et pourquoi ouvrit-on en 1940, un dossier sur Arnold Ostertag supposé JUIF ?

- 03/10/1940 : Loi du gouvernement de Vichy portant statut des Juifs. Cette loi exclut les Juifs de tout poste dans la fonction publique et dans les professions artistiques. La loi proclame la notion de race juive, alors que l'ordonnance allemande du 27 septembre ne faisait référence qu'à la religion juive. Le statut des Juifs est publié au Journal Officiel du 10 octobre 1940, signé par Pétain. 
- 04/10/1940 : Loi accordant aux Préfets le pouvoir d'interner " les étrangers de race juive ". 
- 18/10/1940 : Seconde ordonnance allemande imposant le recensement de toutes les entreprises juives. L'ordonnance est publiée le 24 octobre et la date limite pour la clôture du recensement est fixée au 31 octobre 1941. 
- 19/10/1940 : Les entreprises commerciales sont tenues d'afficher à l'intérieur de leurs vitrines des pancartes jaunes avec l'inscription en caractères noirs : " Judisches Geschäft " (Entreprise juive). 
- 13/10/40 au 07/11/40 : Les juifs doivent se présenter aux commissariats de leur domicile pour y recevoir des cartes d'identité portant la mention " Juif " ou " Juive " apposée en lettres rouges. 

A partir de ces textes, les choses vont aller très vite pour Arnold Ostertag, et le 25-10-1940...


Maurice Mellerio Joaillier 9 rue de la Paix, est nommé commissaire-provisoire par le chef de l'administration Militaire Allemande.


Aucun doute, il a été nommé par les Allemands, pourquoi ? Pouvait-il refuser ? 
Je le pense, d'autres, comme les experts auprès des tribunaux auraient pu être nommés mais ce ne fut pas le cas, les évènements exigeaient la nomination d'hommes en qui le pouvoir avait confiance.



Si les Allemands ont été rapides, les services du Maréchal Pétain font de même et nomment un administrateur provisoire, Mr Raymond Gaché, administrateur et liquidateur près le Tribunal de Commerce de Paris. 
Mais Monsieur Gaché s'aperçoit que Maurice Mellerio joaillier 9 rue de la Paix est déjà nommé pour exploiter au mieux ce fonds de commerce d'Arnold Ostertag. Ils décident tous deux d'en référer aux autorités les ayant investis.




Mellerio est désigné pour "exploiter au mieux ", l'entreprise Ostertag" mais ce genre d'affiche qui devait être apposées sur les vitrines était plutôt faite pour les couler.  
Par exemple, De 1941 à 1944, les Galeries Lafayette sont aryanisées la famille fondatrice est écartée pendant l’Occupation, mais le personnel aussi était aryanisé, la société placée sous l’administration de Vichy jusqu’à la Libération.
Apres la crise de 1929, les nationalisations de 1936-37, tout a été fait pour détruire, les nationalisations n'ont en rien aidé le peuple français à mieux vivre, l'aryanisation avait désigné un bouc émissaire pour satisfaire et développer la haine des petites vis à vis de la réussite d'autres, mais qui en a profité ?


Ils écrivent le 16-12-1940 au service de contrôle des administrateurs judiciaires qui transmet aux autorités allemandes, qui répondent le 9 janvier 1941 "que les pouvoirs de Monsieur Mellerio lui permettent de s'assurer en la personne de Mr Gaché un collaborateur indiqué, le tout "aux frais de la masse" c'est à dire aux frais de ce que produira la liquidation des biens d'Arnold Ostertag.

Ils se mettent au travail et un problème surgit rapidement, car, par une lettre de l'état civil de la Ville de Lucerne où est né MS Arnold Ostertag, ils apprennent qu'il n'est pas juif.




Les choses sont simples, Arnold fils de Martin Xaver et de Fransiska Hess de religion protestante, et ses grands-parents, n'ont jamais appartenu à une communauté Israélite.  Maurice Mellerio le savait depuis le 30 novembre 1940 mais il avait fallu le vérifier car les choses étant bien engagées, personne ne se satisfaisait de cette bourde, à savoir qu'on avait placé sous tutelle des biens qu'on pensait juifs et qui ne l'étaient pas.
J'ai pu, au prix de deux heures trente de déchiffrage de mon micro film, reconstituer le rapport de Maurice Mellerio. Le voici ci-dessous recopié mot pour mot.

 Paris le 30 Novembre 1940
A Monsieur Bichelonne
Secrétaire général pour l'industrie et le commerce
Ministère de la production et du travail


Monsieur le secrétaire général,

J'ai l'honneur de vous rendre compte du mandat d'administrateur de biens provisoire, que vous avez bien voulu me notifier en vertu de ma désignation en date du 25 octobre 1940, dans les conditions fixées par la loi du 20 octobre 1940 prévoyant la nomination d'administrateurs provisoires des entreprises privées de leurs dirigeants.
M'étant rendu dès le lendemain à la Maison Ostertag 16 place Vendôme à Paris, muni de ma note de service, je n'ai trouvé qu'un garçon de magasin qui se dit se nommer Charles Léonardi, demeurant à Paris 34 rue Guillaume Tell et me déclara être employé dans la maison depuis de nombreuses années, mais qu'étant tenu à l'écart de tout ce qui est en dehors de ses fonctions subalternes, il ne pouvait me fournir aucune information ! Qu'au surplus l'unique employée Mademoiselle Frida Filugnaut, secrétaire dactylographe, assumant toute la charge de la maison viendrait vraisemblablement à la fin de la matinée et qu'elle serait peut-être apte à me fournir quelques renseignements.
Ayant continué la conversation, j'ai appris que tous les deux formant le personnel actuel n'avaient pas touché leurs gages depuis un certain temps, et qu'en conséquence d'accord avec Maître Gautrat, Avocat à la cour d'appel, conseil et ami de Monsieur Ostertag, ils avaient demandé au Président du tribunal de Commerce un administrateur judiciaire pour pouvoir toucher l'arriéré de leurs appointements.
Mademoiselle Frida étant venue dans la matinée je lui déclinais mes noms et qualités et lui exhibai le document m accréditant dans ma fonction, Elle se précipita sur le téléphone pour en référer au conseil ci-dessus mentionné, et après une conférence dont je ne pouvais suivre la teneur, elle se renferma dans une discrétion des plus réticentes, Notamment elle ne voulut reconnaître qu'elle m'avait déclaré quelques instant auparavant le décès de Monsieur Ostertag advenu depuis plusieurs mois qu'en la confondant par l’énoncé de faite de notoriété publique.
A ce sujet, dans une lettre adressée a Mademoiselle Frida et que cette dernière a laissée entre mes mains, Maître Albert Cautrat dit avec la même réticence
« Monsieur Ostertag est de nationalité suisse, il est parti en Amérique au mois de novembre 1939. Il a laissé la gérance et la signature à Monsieur Foa qui en ce moment est en zone libre »
Il est regrettable que les fondés de pouvoir Mrs Fes et Durut n'aient pas rejoint leurs postes et que seul le gérant de Cannes soit venu aux nouvelles.
Aucune mention du fait important du décès de Mr Ostertag n'est faite dans cette lettre du conseil de la Maison Ostertag. A l'appui de cette abstention, je me souviens que répondant au téléphone à Maître Gautrat désirant des explications sur le motif de ma nomination je lui répondis « Mais Mr Ostertag étant mort cela n'a rien d'étonnant ? » aussitôt Maître Gautrat me coupant la parole s'exclama «  Mais qui vous a dit que Monsieur Ostertag est décédé ?» je lui ai répondu, « d'abord Mr Foa en son temps en a fait part à notre chambre syndicale », les employés viennent de me le confirmer : au dossier de la banque existe une déclaration de monsieur Foa et lorsque le magasin était fermé, la police avait un certificat de l'ambassade des Etats unis affirmant que la dite maison de commerce est la propriété de Madame Ostertag citoyenne américaine,
Un Monsieur Max Samuel, se disant gérant de la maison de Cannes a observé la même attitude prétendant ne pas avoir eu personnellement confirmation de la nouvelle de la mort de Monsieur Ostertag et par conséquent à quelle date l’événement paraît éventuellement avoir eu lieu, On serait tenté de se demander quel est le motif de ces imprécisions.
Maître Gautrat et Mr Max Samuel ont cru devoir chacun déclarer en tant que de besoin que ni monsieur Ostertag ni Monsieur Foa n'était ni l'un ni l'autre Israélite.
La préposée à la garde du magasin m'a déclaré n’être en possession d'aucune comptabilité, ni copies de lettres, n'avoir qu'un petit livre de caisse courante ou je constatai que les dépenses privées concernant le ménage de Monsieur Arnold Ostertag sont mélangées aux frais commerciaux, au surplus ce livre est de date toute récente, pas de livre de police ordonné par la loi de Brumaire, seulement une boite de fiches individuelles se rapportant aux objets en magasin en somme tout document de contrôle m a été déclaré inexistant.
J'ai fait un inventaire des objets présents et d'après les dires de la préposée, j'ai fait dresser une liste des objets du stock et de ceux déposés par les clients,
J'ai constaté que les objets en stock étaient des objets de fantaisie et la valeur intrinsèque est des plus restreintes, une partie en métal commun et au surplus certains datant depuis 1925, pour la plupart défraichis, détériorés et de réalisation des plus difficiles et à un taux très inférieur au prix de revient déclaré.
Au cours de mes séjours au magasin de la place Vendôme, je n'ai jamais vu entrer un seul client et la préposée m'a confirmé que la clientèle de cette firme était pour la presque totalité étrangère comme celle qui faisait actuellement entièrement défaut à Paris.
Ayant eu des raisons de croire que l'entreprise avait un compte et un coffre à la Banque Morgan, j'ai obtenu les renseignements suivants ;

1°Mr Arnold Ostertag est décédé d’après une lettre de Mr R. Foa du 7 mai 1940.
2° Nous ignorons quels sont les héritiers de Mr Ostertag
3° Le compte de Mr Arnold Ostertag étant tenu à nos bureaux de Chatel-Guyon, nous ne pourrons vous en indiquer le solde actuel que lorsqu'il nous sera possible d’obtenir un renseignement de notre dit bureau.
4° Mr Ostertag était locataire du compartiment N° 00 du coffre N°00 Ce compartiment ne pourra être ouvert que par un notaire, en présence des autorités allemandes et de vous-même.
5° l'actif dépendant de la succession, détenu à Chatel-Guyon, ne sera disponible qu’après qu'il nous sera remis le certificat d'acquis des droits de mutation par décès, en France sur le dit actif, a moins qu'il ne soit justifié, par la production des pièces héréditaires et que les héritiers soient domiciliés en France.
a) Les mandataires de Mr Ostertag étaient :
Pour le compartiment N° 00 du coffre N° 00 : Mr Foa suivant procuration en date du 12 juin 1936 et Mr Henri Durut suivant procuration en date du 30 août 1939.
b) Pour le compte nous interrogerons notre bureau de Chatel-Guyon et nous vous fixerons dès que cela nous sera possible,
Nous ajoutons que depuis l'avis du décès de Mr Ostertag, toutes les procurations qui avaient été données sont devenues caduques.
Il semblerait qu'il y aurait un coffre au nom de Monsieur Ostertag à la société Générale, 40 avenue des Ternes, un autre au Credit Lyonnais de Saint-Lunaire.
Une voiture automobile marque Cadillac dans un garage à la Baule, une propriété à Rambouillet éventuellement personnellement à Madame Ostertag, mais dont le jardinier se faisait payer à la maison de commerce, un appartement particulier situé dans l'immeuble de la place Vendôme Paris.


Le magasin qui appartenait à Arnold est celui ou se trouve de nos jours la maison Piaget.

(suite du rapport) Étant donné que d'après l'inscription au registre du commerce la firme est au nom de Monsieur Arnold Ostertag, il en résulterait que c'est une entreprise individuelle dont certains éléments sont confondus, que certaines assurances concernant le mobilier de l' appartement privé, etc, la discrimination des droits éventuels des héritiers sur les biens réputés privés en commerciaux, le chevauchement des paiements faits antérieurement indistinctement par la caisse de l'entreprise de joaillerie dépassent ma compétence et les moyens d'enquête mis à ma disposition.
A la suite de mes investigations très réduites pour les raisons ci-dessus exposées ! J'ai constaté que l'encaisse après avoir réglé les dettes les plus urgentes, notamment; appointements antérieurs des employés, taxe sur le chiffre d'affaires, il me reste en numéraire qu'a peine une centaine de francs et un premier examen me fait apparaître un passif éventuel pour solder les loyers arriérés, les impôts, l'assurance accidents du personnel, les droits relatifs à l'augmentation du contrôle des métaux précieux, l'électricité, le téléphone, et des imprévus tels que la réalisation des contrats d'assurance ou autres en cours etc, non compris dans l'évaluation chiffrée à 130,000 frs auxquels viennent s'ajouter les frais encore en cours , appointements, notamment et sans doute beaucoup d'autres dettes qu'une absence de documentation ne me permet pas de chiffrer.
Dans ces conditions, j'estime que l'entreprise privée de stock et de trésorerie ne peut actuellement être mise dans une marche normale, que la situation s'aggrave lourdement chaque jour et que la gestion paraît plutôt de la compétence d'un curateur aux successions vacantes assisté d'un notaire notamment réclamé par les banques ou d'un liquidateur apte à faire diligence en la matière.
En conséquence, je demande très respectueusement à être relevé de la mission dont on a bien voulu me charger et ceci dans le plus bref délai pour ne pas voir obérer plus gravement cette entreprise.
Dans cette attente, je vous prie, Monsieur le secrétaire général d’agréer l'expression de ma très haute considération :



signé Maurice Mellerio

NDLR: D après Marguerite de Cerval, dans le Dictionnaire international du bijou, Mr Foa (que j'ai cité 7 fois plus haut) était un créateur qui dessinait pour Arnold Ostertag, ainsi que Mr P Castel.
J'ai effacé les N° de coffres forts car personne ne sait si le contenu a été restitué.
Je regrette que ce dictionnaire n'ait pas fait un encart au mot "Aryanisation" 

Apparemment, il y eut un premier travail dès octobre 1940 (dénonciation, recherche de juifs joailliers ?? Vengeance personnelle ? ) Les Nazis ainsi que l'administration du Maréchal Pétain avaient nommé chacun un administrateur provisoire, mais personne n'est au courant de leur besogne et certains insistent.

Certains ne savent pas que Arnold Ostertag est mort et s'acharnent à vouloir le détruire en tant que Juif.
Grace à Claudine Seroussi, une éminente consœur chercheuse en Joaillerie, mon dossier se complète. Elle m' a fait parvenir une lettre en microfilm qu'elle avait découverte au cours de ses recherches.



Cette lettre nominative est adressée au Haut-Commissaire du Commissariat général aux questions juives.

 Le Commissariat général aux questions juives (C.G.Q.J.) fut créé par la loi du 23 mars 1941. Il était chargé de préparer et proposer au chef de l'État toutes les mesures législatives concernant les Juifs, de fixer les dates de liquidation des biens juifs, de désigner les administrateurs séquestres et de contrôler leur activité. La direction de l'aryanisation économique (D.A.E.) avait, à elle seule, plus d'importance que tous les autres services du Commissariat. Elle était chargée de l'exécution des mesures économiques prises contre les Juifs et englobait le Service du contrôle des administrateurs provisoires (S.C.A.P.). L'autre service prédominant était la Police des questions juives (P.Q.J.), devenue par la suite section d'enquête et de contrôle (S.E.C.), dont le rôle était la recherche des infractions au statut des Juifs. 
J'ai torturé le microfilm et reproduit même dans la présentation cette lettre ;

 Adèle Georges-Ville- Raulin

Fondation Galignani

89 boulevard Bineau NEUILLY SUR SEINE

Le 30 Mai 1941

Monsieur le Haut-Commissaire

Je tiens à vous signaler que j’ai été dépouillée en mai 1938 d’un immeuble sis 16 place Vendôme et qui était la propriété de ma famille depuis plusieurs générations, par une société juive, la Sté FONCIM dont font partie en tant qu’administrateurs, les juifs Arnold Ostertag et Daniel Dreyfus,

Cette société contrevenant aux ordonnances prises par les autorités occupantes, ne s’est jamais déclarée en tant que société juive alors qu' il est bien avéré que ses administrateurs et les capitaux ont été fournis par les juifs précités, La société FONCIM a son siège à Genève 22 rue Dumas elle a un capital de 50,000 francs Suisses et elle a nettement le caractère d’un Holding, car outre les juifs Daniel Dreyfus et Ostertag, précédemment mentionnés, il y a deux gérants de fortune qui servent de prêtes noms et d’autres personnalités juives. La société Foncim a pour filiale et comme société gérante de ses intérêts à Paris la société IMMOBILIA dont font également partie les juifs Ostertag et Daniel Dreyfus, La société Immobilia, avant de s’installer 16 place Vendôme occupait les même bureaux que la banque Daniel Dreyfus 3 rue Meyerber à Paris et avait les même lignes téléphonique que la dite banque, ce qui prouve l’étroite collusion des deux affaires, Devant les articles du 24 octobre 1940 et du 26 avril 1941, pris par les autorités occupantes, il y a non seulement lieu de prendre des mesures…...outre de graves sanctions, qu’elles encourent, il y a lieu de toutes urgences de demander la nomination d’un gérant aryen afin que cette société subisse le sort commun de toutes les affaires juives. Veuillez agréer Monsieur le Haut-Commissaire l’expression de ma haute considération

A- Georges- Ville

Qui est cette dame ? Cette adresse donnée par elle ?




Cette dame descend d'une famille très riche. La fondation Galignani dans laquelle elle résidait existe toujours, elle est sise au
  89 du boulevard  Bineau à Neuilly sur Seine, c'est maintenant un Ehpad avec lequel j'ai pris contact et qui a transmis ma demande au service d'action sociale, celui-ci répondit 

L’EHPAD Galignani nous a transmis votre demande concernant l’ancienne pensionnaire Mme Adèle Ville Raulin, en lien avec vos recherches sur Arnold Ostertag. 

Vous trouverez ci-joint les copies du registre des entrées et du registre des décès relatif à cette personne. Comme vous le verrez sur les registres, il est indiqué que Mme Ville, quand elle rentre à la fondation Galignani, a un fils et qu’elle est divorcée de M. Olivier Raulin. Les jugements de divorce de la Seine, de plus de 75 ans, sont consultables aux Archives de Paris. 

Nous restons à votre disposition si vous souhaitiez davantage de précisions. 

Cordialement,

 

 

cid:image009.png@01D7BA1A.B4E6A750

Elsa Quétel
Responsable des archives du CASVP




Cette dame ne travaillait pas à l'EPHAD mais était une pensionnaire, née en 1874 elle avait 64 ans à sa rentrée dans l'établissement de Neuilly, son mari fut un grand botaniste



Rentrée à l'hotel Dieu de Neuilly (peut être Paris) le 14 janvier 1939, elle décédera le 20 mars 1946 à 72 ans


1900: La Fondation Galignani, boulevard Bineau, 53, 55, à Neuilly-sur-Seine. — Un testament de M. William Galignani a légué à l'Assistance publique plusieurs immeubles de Paris et 70 000 francs de rentes 5 pour 100 sur l'État, à charge de fonder sur le terrain de Neuilly une maison de retraite pour 100 personnes des deux sexes, âgées de 60 ans révolus, très respectables et de très bonne moralité, reconnues sans moyens d'existence suffisants.
Comme condition expresse du legs, cette maison doit toujours s'appeler Retraite Galignani, frères.
Sur les 100 personnes, le testateur a voulu qu'il y eût 50 admissions gratuites et toujours renouvelables au fur et à mesure des décès, en faveur de 10 anciens libraires ou imprimeurs français, leurs veuves ou leurs filles, à la nomination d'une Commission déléguée par le Cercle de la librairie et de l'imprimerie établi à Paris, ou sur une attestation signée par cinq libraires ou imprimeurs notables de Paris; — 20 savants français, leurs frères ou leurs mères, leurs veuves ou leurs filles, à la nomination d'une Commission déléguée à cet effet par la Société des amis des sciences, fondée à Paris par feu le baron Thénard ; — 20 hommes de lettres et artistes français, leurs pères ou leurs mères, leurs veuves où leurs filles, à la nomination d'une Commission déléguée à cet effet par Institut, section de l'Académie française et des Beaux-Arts.

Quel est le motif de cette lettre de délation, qui peut à cette époque envoyer des hommes à la mort ?

Qu'y a t' il à l'adresse donnée par Madame Adèle Georges Ville Raulin? Puisqu'en réalité elle habitait 31 boulevard Suchet à Paris

Il faut reprendre l'histoire de cet hotel de la place Vendome qui appartint à la famille de cette dame

Monsieur Nicolas-Jérôme Herlaut acquiert la parcelle en 1710. À sa mort, ses héritiers vendent celle-ci, le 5 mars 1720, au financier John Law de Lauriston. Ce dernier est obligé de prendre la fuite pour Venise, à la suite de l’effondrement de son système financier, en décembre 1720. Tous ses biens sont alors saisis, dont la parcelle qui est vendue à l’entrepreneur Pierre Grandhomme le 18 mars 1723. Il y fait bâtir son hôtel par l’architecte Germain Boffrand, jusqu’en 1724.

L’hôtel est vendu à Barthélémy Moufle de La Thuilerie, trésorier général de la Marine, en 1733 puis revendu en 1754 à Aymard-Félicien Boffin de La Sône, lieutenant général et colonel des Gardes françaises. Celui-ci, en 1772, cède la propriété à son fils, Noé Boffin de La Sône, gouverneur de Bordeaux. N’y résidant pas, il le loue en 1778 à Frantz-Anton Mesmer, docteur allemand.

En 1785, l’hôtel est vendu Jean-Pierre Serres, qui y fait réaliser de nombreux travaux, notamment les décors de l’antichambre, de la chambre et du salon, les trois pièces du premier étage donnant sur la place, exécutés dans le style Empire. Le fils de ce dernier conserve l’hôtel jusqu’en 1821, et le vend alors à Louis-Gilbert Roche des Escures. Celui-ci y fait mener des travaux de rafraichissement et d’embellissement, notamment par la construction de dépendances et du bâtiment donnant sur le no 23, place du Marché-Saint-Honoré.

En 1854, l’hôtel est loué au journal « Le Moniteur universel », puis revendu en 1886 à la ville de Paris qui le conserve jusqu’en 1938. Il est depuis, une copropriété privée.

Nous pouvons noter la date de 1938 que citait Adele Georges Ville, ce devait être une copropriété.



Le merveilleux 16 place vendôme



Le 13 septembre 1913 par adjudication Madame Berryer née Stephanie Ville, et madame Raulin née Adèle Ville deviennent seules propriétaires pour 2,435,311 francs
Il semblerait que la mort de Georges François, frère d'Adèle ait modifié la succession, et que sa veuve et sa fille l'ait remplacé dans l'ordre de succession.
Rappelons qu'une vente par adjudication est par définition une vente aux enchères publique. Elle peut s'effectuer au tribunal de grande instance ou à la chambre des notaires. C'est la personne qui offre le prix le plus élevé pour le bien concerné qui devient acquéreur.
Mais pour une raison que je n'ai pas découverte, le tribunal civil de la Seine en date du 25 mai 1938 provoque une nouvelle adjudication et attribue l'immeuble pour 3,200,000 frs à FONCIM .
Les vendeurs sont Stéphanie Ville, veuve du vice-amiral Berryer et Adèle Ville épouse divorcée de Jean Raulin.
Madame Adele Ville Raulin dans sa lettre au commissariat general aux questions juives disait avoir été dépouillée par Arnold Ostertag et Daniel Dreyfus, avait-elle toute sa tête ???

Madame Adele Georges Ville Raulin aurait donc voulu dénoncer Arnold Ostertag et Danièl Dreyfus en espérant voir cet immeuble lui revenir ou simplement pour venger sa deception de ne pas avoir su conserver sa part d'héritage ?????

Qui était Daniel Dreyfus?


C'était un homme très important dans les réseaux bancaires il fut très vite l objets de lettres de dénonciation, par exemple dès le 26-10-1940, plusieurs lettres furent adressées dont l'une de Pierre Quantin agent Français de l Abwehr.
La missive était accompagnée d’une liste de 28 « sociétés ou entreprises qui seront vraisemblablement classées comme juives par application de l’ordonnance du 18 octobre 1940 » (banque, assurance, industrie et grands magasins). « Les firmes d’ores et déjà reconnues comme juives sont précédées d’un x. Les 16 affaires qui m’intéressent particulièrement sont indiquées en majuscules » (à commencer par la « Banque de Paris et des Pays-Bas (la première grande banque d’affaires) », la « Banque Louis Dreyfus (grande banque d’affaires et de contrôle de produits de première nécessité blé, etc.) » et « Worms et Cie ». 
C'est ainsi qu'au cours de la Seconde Guerre mondiale, les biens et actifs demeurés en France de la famille Louis-Dreyfus ont été confisqués par le régime de Vichy complice des forces d'occupations allemandes : du fait des lois sur le statut des Juifs, un certain nombre de membres de cette famille se sont donc réfugiés aux États-Unis.


Cette photo vient des archives allemandes ; Le Commissariat général aux questions juives était installé place des Petits-Pères, dans le bâtiment de l'ancienne banque Léopold Louis-Dreyfus.

Le CGQJ était dirigé par Xavier Vallat puis, en mai 1942 au moment de la mise en place de la déportation en France occupée, par Louis Darquier de Pellepoix. Le CGQJ a été créé par la loi du 29 mars 1941. Par décret du 19 juin 1941, il a intégré le Service de contrôle des administrateurs provisoires (SCAP). Il était chargé de préparer et proposer au chef de l'État toutes les mesures législatives concernant les Juifs, de fixer les dates de liquidation des biens juifs, de désigner les administrateurs séquestres et de contrôler leur activité. Le commissariat est aussi chargé du traitement des Roms, eux aussi ciblés par la politique raciale des Allemands, formant une population d'environ 30 000 individus avant leur déportation.

La Direction de l'aryanisation économique (DAE) avait, à elle seule, plus d'importance que tous les autres services du Commissariat. Elle était chargée de l'exécution des mesures économiques prises contre les Juifs et englobait le Service du contrôle des administrateurs provisoires (SCAP). L'autre service prédominant était la Police des questions juives (PQJ), devenue par la suite Section d'enquête et de contrôle (SEC), dont le rôle était la recherche des infractions au statut des Juifs. Il compta jusqu'à 1200 employés, la plupart à Paris. (Mémoires de guerre)


Cet immeuble existe toujours. Que de victimes ou de décisions mortifères ont été prises à cet endroit !



Arnold Ostertag est décédé le 26-04-1940 et est inhumé Saint Johns Cemetery, Bangor, Northampton County, Pennsylvanie, USA.



Ce qui explique pourquoi cette lettre a été adressée au Ministère des finances.
Le service de restitution des biens des victimes des lois et mesures de spoliation fut créé le 1er janvier 1945 par la direction du blocus du ministère des Finances. Le service était dirigé par le professeur Terroine, professeur d’université et ancien résistant. Il était chargé de mettre en œuvre les nouvelles dispositions réglementaires concernant la restitution des biens spoliés à leurs propriétaires ou ayants droit et le remboursement des prélèvements exercés sur les personnes spoliées. 
Comme pour Van Cleef & Arpels le 23 juillet 1945, soit un an après la fin de la guerre, Mr Foa , l'homme de confiance de Madame Arnold Ostertag va signer le quitus pour la gestion de Maurice Mellerio. La plupart des Juifs concernés l'ont fait, pressés souvent de récupérer ce qui restait des biens. Mais dans le cas D'Arnold Ostertag, il fait partie des 1,3% aryanisés qui n'étaient pas juifs


Voici un plan du magasin avant-guerre.

Verna Ostertag vint après-guerre, en 1947, pour récupérer les biens de son mari qui lui avait tout légué.



archive:sudwall.superforme.fr



Les Allemands avaient coulé le bateau de Arnold Ostertag en faisant sauter le port de Cannes.
Verna put récupérer le Chateau situé à Rambouillet, elle le vendra plus tard.
Dans l'appartement de la place Vendôme, il y avait un dénommé Vermorel qui ne voulait pas rendre cet appartement, s'ensuivirent des procédures longues comme il est arrivé souvent après-guerre, quand les acheteurs d'un bien aryanisé ne voulaient pas rendre ce qu'ils avaient acquis à des prix souvent bradés.
Mais Verna put retrouver l'appartement au-dessus du magasin du 16 place Vendôme et elle y habita. 




Susan Flato se souvient : "Dans les années 50, le living room était à gauche en regardant la façade, ma chambre à coucher était au-dessus à droite et Maman au-dessus de la porte cochère (elle s'en plaignait !!). Je faisais de la trottinette sur la place avec la fille du concierge de Van Cleef ! On était juste en face du Ritz."  je me souviens avoir vu le tournage du Film Ariane  avec Audrey Hepburn"






Comme d'habitude je vous appelle à compléter cet article, à y apporter de saines critiques. Mon mail !


richard.jeanjacques@gmail.com.


5 commentaires:

  1. Très bel article. Images superbes. Belle enquête. Bravo.
    Jean-Claude B.

    RépondreSupprimer
  2. C'est tout à fait par hasard que je suis tombée sur votre document extraordinaire et passionnant. Je voulais savoir ce qu'était devenue la maison Ostertag où mon père à été dans les années 20 chef d'atelier de la maison. Bravo pour votre travail de recherche ! Liliane

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Liliane, ecrivez moi à richard.jeanjacques@gmail.com, pour me raconter ce que vous savez.
      Malheureusement Mr Ostertag étant mort , et ses biens aryanisés il fallait attendre la fin de la guerre pour récupérer ses biens, ce qui ne fut pas facile. Il a une belle fille Suzan Flato qui est charmante et qui vit a New York. Elle parle français avec tres peu d'erreurs, je vous indiquerais comment la joindre.Apres la guerre sa maman a récupéré l appartement du premier étage et y a vécu, donc Suzie aussi, mais l affaire elle, n'a pas repris apres la guerre. Pour moi si vous m avez bien lu, il était l égal des autres grands j ai donc rendu grace à sa mémoire. Donc!!!!!ecrivez moi..a bientot

      Supprimer
  3. Article passionnant comme toujours et superbe travail de recherche et de réhabilitation d'un grand talent de la joaillerie. Bravo !

    RépondreSupprimer

N hésitez pas a laisser des commentaires, même anonymes et je répondrai

Adolphe Jean Marie MOURON dit Cassandre dessinateur de bijoux pour Fouquet ou Hermès et d'autres

  Ce beau bracelet est réapparu , la maison  Christie's l'a revendu et le décrit ainsi UN BRACELET BRACELET ART DECO MULTI-GEM ET DI...