Ces affiches ont été imprimée à l'imprimerie de la Veuve Delaguette, rue de la Vieille Draperie Paris
Histoire extraordinaire que celle du vol des bijoux de Madame Du Barry, juste après le vol elle va faire placarder ces affiches et c'est ce qui la perdra , car le sanguinaire Antoine Quentin Fouquier de Tinville accusateur public du tribunal révolutionnaire va s'intéresser a celle qu'on avait un peu oublié.
Madame Du Barry sera guillotinée sur ordre de ce tueur, il n'est pas à ça près, on lui attribue près de 2600 victimes dont la Reine Marie Antoinette
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Mais ce qui nous intéresse c'est l histoire la Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie et des bijoux de madame Dubarry.
Madame Du Barry venait de perdre une fortune, plus de cent quarante gros diamants, sept cent brillants, trois cent grosses perles, trois gros saphirs, sept grandes émeraudes, sans compter les onyx, rubis, sardoines, émaux, bijoux en or, médaillons, colliers, bagues, etc., etc., le tout évalué par la comtesse à 1.500.000 livres.
Sous Louis XV ( 1 livre tournois = 0,31 gr d’or fin) donc par un calcul basé sur le cours de l or à 30000€ le lingot elle venait de perdre 15.300.000 €.
Comment notre roturière Jeanne Bécu de Cantigny, dite Mademoiselle de Vaubernier et Comtesse Du Barry, en est arrivée là.
Comme bien souvent....il faut coucher, mais c'est un peu court comme explication.
Mme Du Barry d'après Mme Vigée Lebrun |
Jeanne Bécu , nait a Vaucouleurs en 1743, c'est une fille naturelle d'un commis aux barrières d'octroi, il percevait l'impôt à l entrée de sa ville, et d'une couturière, très tôt elle est éduquée dans un couvent, placée chez une modiste, elle passe quelques temps dans un bordel sous le nom de Melle Lange .
Le Chevalier Jean Du Barry la prend comme maîtresse et lui confie la direction d' une maison de jeu qu'il possède à Paris . Jean Du Barry la présente au Roi Louis XV , avec l'aide de Lebel premier valet du Roi entremetteur et fournisseur de maîtresses pour le Roi. Louis XV qui n'est plus tout jeune est conquis, mais pour qu'elle se retrouve dans le lit du Roi et favorite, Jeanne doit avoir un nom et un titre c'est Jean Baptiste Du Barry (dit le Roué) qui va s'en charger, il fait venir son frère Guillaume Comte Dubarry et de Roquelaure à Paris pour épouser sa maîtresse Jeanne Becu. La Dubarry va rester à Paris et son mari Guillaume rentre à Toulouse avec une pension de 5000 livres, le duché de Roquelaure près d'Auch, et le château attenant du Rieutort offerts par le Roi
Louis XV fit bâtir pour elle le pavillon de Louveciennes près de Marly, mais comme ce Château n'avait pas vue sur la Seine, elle ajouta le charmant pavillon de musique réalisé par Claude Nicolas Ledoux.
Photo Jean Marie Hullot Cliquez sur toutes les photos pour agrandir |
Rapidement elle fut a la tête d'une immense fortune,grâce aux largesses du Roi.
Dès que le succès de la nouvelle farorite est connu du public, les fournisseurs accourent en foule. Ce ne sont que joailliers, orfèvres, bijoutiers, parfumeurs, brodeurs, fourreurs, chapeliers, frangiers, galonniers, boutonniers, chamarreurs, doreurs, fondeurs, marbriers, marchands de toiles, de soieries, de dentelles, modistes, couturières, lingères, qui se disputent les commandes de madame Du Barry. Les peintres, les sculpteurs, les poètes se pressent autour d'elle, jaloux de reproduire ou de chanter ses grâces et sa beauté.
En 1772,Louis XV demanda aux joailliers parisiens Bœhmer et Bassange de créer pour madame Du Barrry un collier de diamants inégalable.
Pour rassembler un grand nombre de diamants de qualité, cela prit du temps et Louis XV mourut avant que de voir sa commande réalisée.
Les bijoutiers, n'ayant plus de commanditaire, espéraient le vendre à la reine Marie Antoinette En 1778 le nouveau roi, Louis XVI souhaita lui offrir le collier,elle refusa. Marie-Antoinette aurait refusé le collier parce qu'elle n'avait pas envie de porter un bijou qui avait été conçu pour une autre femme, surtout si cette femme était une courtisane détestée par la Reine.
Les bijoutiers, n'ayant plus de commanditaire, espéraient le vendre à la reine Marie Antoinette En 1778 le nouveau roi, Louis XVI souhaita lui offrir le collier,elle refusa. Marie-Antoinette aurait refusé le collier parce qu'elle n'avait pas envie de porter un bijou qui avait été conçu pour une autre femme, surtout si cette femme était une courtisane détestée par la Reine.
Revenons aux bijoux de la Favorite:
Les Joailliers Aubert, Roëttier, Rouen, Leconte, Bœhmer, Demay, Strass, Calmer et Beaulieu lui apportaient chaque jour de véritables merveilles, qu'elle achetait sans discuter. Ainsi, en 1772, Aubert lui fournit pour 91,000 livres de bagues, bouillons, glands, colliers, esclavages, boutons de souliers, bracelets, etc
Citons comme spécimen la petite note suivante : « Boucles d'oreilles, 35,000 livres.— Chaîne de montre, 25,000. — Deux glands, 900. — Bijoux divers, 3,200.— Porte-crayon, 700. — Boucles d'oreilles en perles, 432. — Colliers, 1650. — Cachet entouré de petites roses, 48. — Boucles d'oreilles et collier de jais, 430 — Collier agate onyx, 2,400. — Deux colliers d'or, 240.—
Total: 70,000 livres. »
En 1775, madame Du Barry achète à Aubert une parure au prix de 390,000 livres et un pompon en brillants pour 20,096 livres, ce qui donne un total de 410,096 livres. Le bijoutier lui réclame respectueusement, le 6 mars de cette même année, 7,200 livres restant dues sur le pompon, en lui demandant « la permission d'aller lui faire sa cour, ce qu'il espère qu'elle voudra bien lui accorder, l'ayant toujours reçu avec sa bonté ordinaire. voir
En 1775, madame Du Barry achète à Aubert une parure au prix de 390,000 livres et un pompon en brillants pour 20,096 livres, ce qui donne un total de 410,096 livres. Le bijoutier lui réclame respectueusement, le 6 mars de cette même année, 7,200 livres restant dues sur le pompon, en lui demandant « la permission d'aller lui faire sa cour, ce qu'il espère qu'elle voudra bien lui accorder, l'ayant toujours reçu avec sa bonté ordinaire. voir
Coffret
à bijoux de la fin du XVIII eme siècle Vente Christie's
En
marqueterie de paille,la façade à abattant découvrant de
mulptiples casiers et tiroirs, le couvercle de forme bombé muni d'un
miroir au revers Hauteur: 26 cm. Largeur: 29 cm., Profondeur: 18
cm.
|
En somme, de 1768 à 1774 seulement, les mémoires des joailliers s'élèvent à plus de 2 millions de livres. (1720 : Louis XV ( 1 livre tournois = 0,31 gr d’or fin) c'est a dire 9€30 en 2014 X 2.000.000 = 18.6 millions d'euros, c'est approximatif comme conversion de la monnaie de louis XV , mais on se fait une idée.
Par exemple: Apres la mort du Roi, madame Du Barry qui, après une année d'exil à Pont-aux-Dames, avait obtenu la faveur de se retirer dans sa petite terre de Saint-Vrain, située près d'Arpajon, commença à vendre ses bijoux, son argenterie, puis son hôtel de Versailles, dont elle retira plus de 200,000 livres.
Les créanciers la harcelaient, ses parents aussi et sa famille qui réclamaient des avantages, des pensions.
Voici un extrait du rapport de M. Roëttier, orfèvre du Roi, au sujet de la vente de l'argenterie de madame Du Barry:
« On a partagé, écrivait-il, toute l'argenterie en deux états.
« L'un contient toute celle que Madame peut garder et l'autre toute celle qui est inutile et que l'on peut vendre; dont il pourra revenir environ cent mille livres, sur quoi il conviendra de payer à M. Roëttier environ quarante mille livres qui lui sont dues. Partant, il restera soixante mille livres dont madame la comtesse pourra disposer. »
-Autres observations de M. Roëttier.
« Il estime que 36 cuillers à ragoût sont suffisantes. Ainsi de go on en vendra 54. De même pour les couverts, il estimé que de douze douzaines, huit suffisent. On ne garde point de girandoles, lesquelles seront bien vendues. Il propose de vendre les 21 cuillers à café de vermeil ou les deux douzaines et demi d'argent du n° 31 »
« L'un contient toute celle que Madame peut garder et l'autre toute celle qui est inutile et que l'on peut vendre; dont il pourra revenir environ cent mille livres, sur quoi il conviendra de payer à M. Roëttier environ quarante mille livres qui lui sont dues. Partant, il restera soixante mille livres dont madame la comtesse pourra disposer. »
-Autres observations de M. Roëttier.
« Il estime que 36 cuillers à ragoût sont suffisantes. Ainsi de go on en vendra 54. De même pour les couverts, il estimé que de douze douzaines, huit suffisent. On ne garde point de girandoles, lesquelles seront bien vendues. Il propose de vendre les 21 cuillers à café de vermeil ou les deux douzaines et demi d'argent du n° 31 »
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Somptueuse et très rare paire de pendants d’oreilles de type « girandoles », articulées en trois parties. La partie inférieure formée de trois pampilles en vente chez Fabian de Montjoye Rue Saint Honoré Paris:http://www.fabiandemontjoye.com/
Elle dépense de plus en plus, et fait des dettes, force est de constater que, pour le premier trimestre de 1789, il a été payé 46,723 livres et qu'il reste à payer pour la fin de mars et le courant d'avril plus de 60,000 livres.
Mlle Bertin (magasin de modes à l'enseigne « Le Grand Mogol », dans la rue du Fb St Honoré à Paris, modiste très célèbre) réclame de son côté une note de 40,000 livres.
Planche de dessins de bague fin XVIII° |
Pendant ce temps, les parents de madame Du Barry continuent à la harceler. M. de Montrable, mari de sa mère, lui écrit le 9 janvier 1789 : « Du jour du décès de mon épouse, j'ai un an et un jour pour me faire Le joaillier Aubert lui offrait alors de se débarrasser d'une ancienne parure « à des conditions qui convenaient, disait-il, infiniment à Madame, soit à 188,000 livres », et la comtesse lui répondait de Saint-Vrain:" J'acceptes l'ofre si-dessus(sic)" Ses dettes, si l'on en croit le Roi, étaient énormes. Elles dépassaient 1,200,000 livres. La comtesse eut enfin quelque répit après la vente des premiers bijoux et de l'hôtel de Versailles.
Tabatière en or fabriquée par Pierre Mathis de Beaulieu a Paris en 1780 , vendue par Sotheby's, miniature de 1670 |
Le père insistait, Il lui rappelait ainsi qu'elle avait promis de constituer à son profit une rente viagère de 2,000 livres.
Madame Du Barry prend alors l'engagement suivant : " Je reconnais devoir à M. de Montrable la somme de vingt mille livres, pour laquelle somme je dois lui payer les intérêts à dix pour cent jusqu'au jour de sa mort. Je m'engage de lui payer cinq cents livres tous les trois mois, lui ayant fait la dite rente à commencer le jour du décès de maman, arrivé le 20 octobre 1788. »
Elle fut obligée d'un autre côté de reconnaître une dette de 60,000 livres contractée par un de ses neveux envers un sieur Du Tuez. Poursuivie par ses parents, traquée par ses créanciers, elle se décide à vendre, par l'entremise des banquiers Vandenyver, une partie de ses diamants à l'étranger. Elle avait déjà fait vendre en novembre 1789 pour 133,000 livres de brillants par MM. Stopes et Cie à Amsterdam, ainsi que le constate un reçu des Vandenyver.
Pour réaliser ce projet, faire venir ses banquiers et des acheteurs, elle réunit tous ses bijoux dans une pièce du pavillon de Louveciennes.
La comtesse Du Barry avait repris ses habitudes somptueuses. Le joli pavillon était fréquemment visité par lord Seymour, le duc d'Aiguillon, le marquis Louis d'Armaillé, le chevalier d'Escourt et d'autres gentilshommes restés fidèles à la favorite déchue.
Elle fut obligée d'un autre côté de reconnaître une dette de 60,000 livres contractée par un de ses neveux envers un sieur Du Tuez. Poursuivie par ses parents, traquée par ses créanciers, elle se décide à vendre, par l'entremise des banquiers Vandenyver, une partie de ses diamants à l'étranger. Elle avait déjà fait vendre en novembre 1789 pour 133,000 livres de brillants par MM. Stopes et Cie à Amsterdam, ainsi que le constate un reçu des Vandenyver.
Pour réaliser ce projet, faire venir ses banquiers et des acheteurs, elle réunit tous ses bijoux dans une pièce du pavillon de Louveciennes.
La comtesse Du Barry avait repris ses habitudes somptueuses. Le joli pavillon était fréquemment visité par lord Seymour, le duc d'Aiguillon, le marquis Louis d'Armaillé, le chevalier d'Escourt et d'autres gentilshommes restés fidèles à la favorite déchue.
Le Duc de Brissac avait gagné ses faveurs comme on disait poliment à l'époque, ce fut une longue liaison avec Louis Hercule Timoleon, comte puis duc de Cossé Brissac .
Dans la nuit du 10 au II janvier 1791, pendant l'absence de madame Du Barry, l'appartement où les diamants étaient réunis dans une superbe commode en porcelaine de Sèvres(voir ci dessus), évaluée à elle seule à plus de quatre-vingt mille livres, fut forcée, et les bijoux disparurent.
La police se mobilisa, mais il y eut plusieurs fausses pistes qui firent perdre du temps.
Un mois s'écoula sans que les plus actives recherches fussent couronnées de succès, lorsque, le 15 février 1791, la comtesse Du Barry reçut de Londres un courrier qui lui annonça que les trois voleurs étaient arrêtés.
L'un d'eux s'appelait Harisse. Ils s'étaient présentés chez le joaillier Simon de Londres et lui avaient offert à bas prix divers diamants. Simon se douta d'un vol, fit arrêter les trois individus et mettre les bijoux en sûreté. La police anglaise apprit que les diamants appartenaient à la comtesse Du Barry et la prévint immédiatement de la découverte.
Celle-ci partit le 16 février de la même année, elle arriva le dimanche 20 à Boulogne.
La police se mobilisa, mais il y eut plusieurs fausses pistes qui firent perdre du temps.
Un mois s'écoula sans que les plus actives recherches fussent couronnées de succès, lorsque, le 15 février 1791, la comtesse Du Barry reçut de Londres un courrier qui lui annonça que les trois voleurs étaient arrêtés.
L'un d'eux s'appelait Harisse. Ils s'étaient présentés chez le joaillier Simon de Londres et lui avaient offert à bas prix divers diamants. Simon se douta d'un vol, fit arrêter les trois individus et mettre les bijoux en sûreté. La police anglaise apprit que les diamants appartenaient à la comtesse Du Barry et la prévint immédiatement de la découverte.
Magnifique broche 18 eme: Victoria & Albert Muséum |
Ce jour là un journal anglais, le Public Advertiser, publiait sur le vol de Louveciennes les détails suivants : Les voleurs étaient arrivés à Londres au nombre de cinq, dans une auberge de la cité." ces messieurs
demandèrent une seule chambre, ce qui parut étonnant. Ils
commandèrent ensuite un bon dîner, et comme leur équipage n'en
imposoit pas, ils dirent à
l'hôte que leur argent n'étoit pas encore converti, mais que le
lendemain ils en auroient abondamment. Cette confidence faite, ils
allèrent chez le sieur Simon, riche lapidaire, et lui proposèrent
plusieurs diamants d'un grand prix, en lui demandant à peu près le
sixième de leur valeur."
Le lapidaire acheta d'abord cette partie, qu'il eut pour 1,500 livres sterling. Il demanda aux voleurs, s'ils n'en avaient pas davantage, et sur leur réponse affirmative, il alla prévenir le lord-maire. Ce magistrat fit arreter toute la bande; ils furent fouillés, et quoiqu'ils se fussent hâtés de jeter au feu les gros diamants, la partie la plus importante de leur vol est en sûreté. "Celui de ces bandits qui faisoit le rôle d'interprète est un Anglais,, déjà très connu par un grand nombre de brigandages. (Journal Anglais du 20 février 1791.)"
Le lapidaire acheta d'abord cette partie, qu'il eut pour 1,500 livres sterling. Il demanda aux voleurs, s'ils n'en avaient pas davantage, et sur leur réponse affirmative, il alla prévenir le lord-maire. Ce magistrat fit arreter toute la bande; ils furent fouillés, et quoiqu'ils se fussent hâtés de jeter au feu les gros diamants, la partie la plus importante de leur vol est en sûreté. "Celui de ces bandits qui faisoit le rôle d'interprète est un Anglais,, déjà très connu par un grand nombre de brigandages. (Journal Anglais du 20 février 1791.)"
Dès le 26 février, Horace Walpole écrivait :
Madame du Barry est venue réclamer les bijoux qu'on lui a volés, non pas l'Assemblée nationale, mais quatre Juifs qu'on a arrêtés ici et envoyés à Newgate (la grande prison de Londres, si connue). Quoique feu lord Barrymore* ait reconnu le mari de la comtesse comme appartenant à son illustre sang, madame reconnaîtra-t-elle son parent dans le comte actuel quand elle le trouvera devenu saltimbanque (strolling player)? Si elle recouvre ses diamants, peut-être madame Hastings voudra-t-elle bien la présenter à la cour.
(The Letters of Horace Walpole, Earl of Oxford, edited by Peter Cunningham. Richard Bentley, 1859, London, vol. IX, p. 291.)
Elle arriva à Londres, reconnut ses bijoux et, en attendant l'instruction du vol, consentit au maintien de leur dépôt chez les banquiers Hamersley, Morland et C°.
NOTE DE Mr ROUEN, JOAILLIER.
Ces détails précis résultent d'une note rédigée par la comtesse elle-même, indiquant jour par jour les divers incidents de l'affaire. Après un peu de temps passé en Angleterre, madame Du Barry quitta Londres le 1er mars 1791 et rentra à Luciennes le 4. Elle y trouva le duc de Brissac, désolé de la perte qu'elle venait de faire et dont il était la cause innocente. Le duc de Brissac lui légua une rente de 24,000 livres pour l'indemniser de ses frais de voyage et de ses recherches.
La fameuse publication, contenant la nomenclature éblouissante des bijoux volés, portait ses fruits .Tant de richesses excitaient les plus basses et les plus redoutables cupidités.
Elles allumaient la colère du peuple contre la favorite qui, disait-on, avait pillé les trésors de l'état.
A peine revenue en France,Madame Du Barry reçoit un courrier important d' Angleterre. Il faut à tout prix qu'elle reparte. Sa présence à Londres est indispensable. Elle n'hésite pas et entreprend deux jours après son troisième voyage. Elle reste trois mois à Londres.
Pendant son séjour en Angleterre, elle avait été confrontée avec les voleurs; elle n'en avait reconnu aucun. En revanche elle reconnut bien ses bijoux.
Quoique plusieurs eussent été dénaturés, on put encore en distinguer la forme primitive. le Joaillier Rouen, qui les avait montés et démontés plusieurs fois, affirma qu'ils étaient bien l'œuvre de son travail.
Que fait-elle alors? Elle cache des sacs d'or et d'argent et ses derniers bijoux dans le jardin et dans le grenier du pavillon de Luciennes (nom de Louvecienne à l'époque). Quelque temps après, avertie que le fameux procès allait enfin se terminer, elle retourne à Londres (*). Pour ce quatrième et dernier voyage, elle avait pris ou cru prendre toutes les précautions.
(*) Voici comment elle voyageait. Elle partait en poste, couchait à Amiens, dînait à Bernay, couchait au Bourg de Calais, déjeunait à Calais, prenait le paquebot de Calais à Douvres et de Douvres se rendait à Londres.
Elle se faisait escorter de deux femmes de chambre et d'un domestique. Le premier voyage, qui seul eut lieu par Boulogne, lui coûta 6,000 livres, le second 15,000, le troisième 30,000 Nous ne connaissons pas les frais du quatrième. (Archives nationales, W" 701.) tant poursuivie, surveillée, traquée par des ennemis invisibles, elle avait prié Lebrun, ministre des affaires étrangères, de mentionner dans son passe-port qu'elle allait à Londres « où son malheureux procès nécessitait sa présence, car autrement sa municipalité, ne la voyant pas instruite d'un voyage en pays étranger, pourrait la regarder comme émigrée et mettre les scellés chez elle. »
Triste pressentiment, aussitôt suivi d'effet, car le Courrier français faisait paraître, le 2 septembre 1792, un article article dont voici la teneur :
" Madame Du Barry a été arrêtée à Luciennes et elle vient d'être conduite à Paris. On s'est apperçu que cette vieille héroïne de l'ancien régime envoyait continuellement des émissaires à Orléans. On avait arrêté chez elle un aide de camp de M. de Brissac.
On a pensé avec raison que ces fréquentes ambassades avaient d'autres objets que la galanterie, à laquelle madame Du Barry doit enfin être tout à fait étrangère. Maîtresse et confidente de M. de Brissac, elle a partagé autrefois ses trésors et ses plaisirs, elle partage peut-être aujourd'hui son ambition contre-révolutionnaire."
Le chevalier d'Escourt, informé de cette dangereuse dénonciation, écrivit quatre jours après à la comtesse Du Barry : « J'ay été trouver le rédacteur du Courrier français, qui rétractera de main la fausseté de l'article qui vous concerne. Je lui ay promis récompense sy cet article étoit bien fait. »
D'un autre côté, madame Du Barry avait eu soin de prévenir la municipalité de Luciennes de son départ, en lui faisant observer à qu'en toutes occasions, elle avait donné des preuves de son civisme et de son respect pour les lois ». Elle s'était engagée en outre à rentrer en France dès que son procès serait terminé en Angleterre. Elle arriva à Londres le 22 octobre 1792 et y resta plus de quatre mois. Le procès ne fut définitivement jugé que le 22 février 1793, les voleurs condamnés et les diamants restitués à la comtesse, qui les laissa provisoirement en dépôt chez les banquiers Hamersley et Morland .
Résidant en Angleterre lors de la décapitation du roi Louis XVI, le 21 janvier 1793, Jeanne du Barry n'hésite pas à en porter le deuil.
Mais les relations entre la France et l’Angleterre se gâtent, en mars 1793, émigrer devient un délit, puni de la confiscation des biens.
La comtesse du Barry rentre précipitamment en France dès qu'elle apprend que les scellés sont posés sur son domaine. Elle doit justifier ses séjours en Angleterre.
Ce qui poussait madame Du Barry à revenir en France, c'était la nouvelle que les scellés avaient été placés sur ses biens par ordre du Directoire de Versailles, à l'instigation de l'Anglais, nommé Greive , membre des clubs, qui l'avait dénoncée comme émigrée.
Elle y reste deux mois et elle y retrouve les Vandenyver, qu'on accuse d'être ses complices. Le 3 décembre, Fouquier-Tinville lit son acte d'accusation. L'accusateur public, parlant de l'exil de madame Du Barry à l'abbaye de Pont-aux-Dames, s'écrie : « Dans cette retraite salutaire, elle aurait dû faire les plus sérieuses réflexions sur le néant des grandeurs !
Le 6 décembre, madame Du Barry comparaît devant le tribunal, elle est condamnée à mort. Le 8 décembre 1793, à quatre heures du soir, elle montait sur la charrette fatale, et, parmi ses derniers cris, on entendait cet effroyable appel au bourreau : « Encore un moment, monsieur, je vous en prie !. »
Une fois morte on confisqua les bijoux
« Le 14 floréal an II, le citoyen Crépin, commissaire au département de Paris, assisté des citoyens Lelièvre, administrateur de la police, Lerlage et Berdat, commissaires de la municipalité de ladite commune, a remis en présence des susdits au bureau de change de la Monnaie les effets ci-après qui appartenaient à la nommée Du Barry, condamnée par le Tribunal révolutionnaire, et qui avaient été déposés à l'administration de police :
« Une montre dans sa boîte d'or, de Genève, le mouvement au nom de Castagnet *, à Paris, cadran à quantième; un cachet surmonté d'un pilastre de jaspe sanguin et d'une émeraude où se trouvent deux 0 et deux L et une clef d'or, titre inconnu; une bague ovale avec une pierre en cabochon nuancée couleur café et montée en or, dite argentine rougeâtre ou aventurine ; un médaillon en or représentant un Espagnol (*); un couteau à lame d'or, le manche d'ébène garni de deux viroles de onze brillants chacun et recoupé; une bonbonnière ovale en cristal de roche, le pourtour et le fond carrés, charnière et gorge en or portant une rose de sept brillants, recoupé; une bague en or portant un brillant triangulaire, petit, jaune, monté à jour; une monture de cachet en or à quatre branches, garnies ainsi que l'entourage de petits brillants ; une paire de boucles de femme, en or, ornées chacune de 36 grosses perles et de 4 très-petites aux angles; une autres paire de boucles montées à jour, chacun de 44 brillants; une boîte de montre en or, entourée de 20 brillants, recoupée de chaque côté, et de dix rubis; un rubis au repoussoir;la bellière garnie de 14 petits brillants; la chaîne en or ornée de 3g petits brillants recoupés et de 20 rubis; aux deux glands se trouvent à chacun 5 brillants et 5 rubis; l'entourage du dessous composé de 6 brillants et 11 rubis ; neuf pendants composés chacun de 2 brillants et de 2 rubis : de l'argenterie montée Paris, à 11 d. 69 en une seringue en six parties et une boîte à pommade; 18 bijoux à 18 kt. deux petits gobelets, deux petites cuillers, un demi-aulne et un couteau, l'émail retiré. »
* Cet Espagnol était le duc de Brissac.
* Castagnet : Jacques Joseph, Horloger à Paris maitre en 1776, Rue Saint Martin en 1786, député de 1779 à 1783, syndic en 1786, † en l'an XII à 74 ans.
Mais qu'étaient devenus les célèbres diamants?
Après la condamnation des voleurs, le 22 février 1793, les diamants étaient restés en dépôt chez les banquiers anglais Hamersley et Morland, dont la maison se trouvait à Londres, Pall Mall Street.
Madame Du Barry avait consenti à ce dépôt. Quelle était leur valeur précise ?
« J'ai évalué, disait la comtesse dans son interrogatoire devant le Tribunal révolutionnaire à 1,500,000 livres les diamants qui m'ont été volés. »
Une lettre du prince de Poix leur donne l'estimation et la destination suivantes: « Paris, 5 brumaire an IX (27 octobre 1800).
« Madame Du Barry avait laissé en Angleterre des diamants qu'elle estimait valoir 300.000 livres. J'ai entendu dire qu'ils n'avaient été vendus que deux cent mille livres. M. de Boissaison, qui a épousé sa nièce, a réclamé 150.000 livres, et je crois qu'il a été payé de cette somme. Peut-être Melle Bertin a-t-elle touché une partie du reste. ? »
A l'époque, on crut que les diamants avaient été vendus immédiatement après les conclusions du procès.
Les créanciers accoururent de toutes parts. Ils étaient nombreux: le marquis de Boissaison, le marquis de M., le colonel de G., M. de la Neuville, Mlle Bertin, sans compter des fournisseurs qui réclamaient plus de goo,ooo livres. Suivant la lettre du prince de Poix, il est à présumer que M. de Boissaison, mari de la nièce de madame Du Barry, la marchande de modes Bertin et quelques autres créanciers absorbèrent le prix de la vente des diamants. Quant au legs Brissac, qui consistait en une rente de 24,000 livres, et à la rente Rohan Chabot, ils furent également la proie des créanciers.
la Chancellerie française décida de les mettre en vente à son profit à Londres Chez James Christie.
C'est le fondateur de la célèbre maison de ventes internationale Christie's, James Christie en personne, qui fut le commissaire-priseur de cette vente exceptionnelle qui eut lieu le 19 février 1795 à midi et demie.
La maison de vente, qu'il avait fondée en 1766 et qui était située sur Pall Mall au cœur de Londres, était sans conteste le meilleur endroit pour proposer des pièces aussi importantes. La Révolution française lui avait d'ailleurs déjà permis de disperser quelques collections. Le principal acquéreur fut le joaillier Nathaniel Jeffreys coutelier et orfèvre de la reine d'Angleterre, qui acheta plusieurs diamants, dont le lot phare de la vente qu'il paya 900 livres. Les autres grands bijoutiers de la place se partagèrent le reste des pierres de la comtesse. En effet, à l'époque, les salles de ventes étaient surtout fréquentées par les professionnels et rarement par les collectionneurs privés. La vente fut un succès et le produit total s'éleva à 10.000 livres, une somme considérable pour l'époque.
C'est ainsi que nous sommes privés d'une très belle collection de bijoux, témoins de la joaillerie de cette époque.
Madame du Barry est venue réclamer les bijoux qu'on lui a volés, non pas l'Assemblée nationale, mais quatre Juifs qu'on a arrêtés ici et envoyés à Newgate (la grande prison de Londres, si connue). Quoique feu lord Barrymore* ait reconnu le mari de la comtesse comme appartenant à son illustre sang, madame reconnaîtra-t-elle son parent dans le comte actuel quand elle le trouvera devenu saltimbanque (strolling player)? Si elle recouvre ses diamants, peut-être madame Hastings voudra-t-elle bien la présenter à la cour.
(The Letters of Horace Walpole, Earl of Oxford, edited by Peter Cunningham. Richard Bentley, 1859, London, vol. IX, p. 291.)
*Richard
Barry, 7e comte de Barrymore mort en 1793
Elle arriva à Londres, reconnut ses bijoux et, en attendant l'instruction du vol, consentit au maintien de leur dépôt chez les banquiers Hamersley, Morland et C°.
Thomas Hammersley † en 1812 banquier du Prince de Galles |
Ces détails précis résultent d'une note rédigée par la comtesse elle-même, indiquant jour par jour les divers incidents de l'affaire. Après un peu de temps passé en Angleterre, madame Du Barry quitta Londres le 1er mars 1791 et rentra à Luciennes le 4. Elle y trouva le duc de Brissac, désolé de la perte qu'elle venait de faire et dont il était la cause innocente. Le duc de Brissac lui légua une rente de 24,000 livres pour l'indemniser de ses frais de voyage et de ses recherches.
La fameuse publication, contenant la nomenclature éblouissante des bijoux volés, portait ses fruits .Tant de richesses excitaient les plus basses et les plus redoutables cupidités.
Elles allumaient la colère du peuple contre la favorite qui, disait-on, avait pillé les trésors de l'état.
A peine revenue en France,Madame Du Barry reçoit un courrier important d' Angleterre. Il faut à tout prix qu'elle reparte. Sa présence à Londres est indispensable. Elle n'hésite pas et entreprend deux jours après son troisième voyage. Elle reste trois mois à Londres.
Pendant son séjour en Angleterre, elle avait été confrontée avec les voleurs; elle n'en avait reconnu aucun. En revanche elle reconnut bien ses bijoux.
Quoique plusieurs eussent été dénaturés, on put encore en distinguer la forme primitive. le Joaillier Rouen, qui les avait montés et démontés plusieurs fois, affirma qu'ils étaient bien l'œuvre de son travail.
Je soussigné, fait accusation et déclaration que les diamants, perles et bijoux soit disant volés la nuit du 10 au 11 janvier 1791, à Louvetienne, près Marly, appartenant à la cidevant comtesse du Barry, évalués avec léquité la plus scrupuleuse, en l'année 1791, a la somme de 1,500,000 liv., lesquel bijoux, je donne attestation et preuves qu'ils sont inclus dans une boëte sous sceel, et en dépôt chez les sfeurs Ransom Morland, Vhammerstay, banquiers, Pal Mail, à Londres, en face la maison Malbroux ; sur ce je réclame sur toutes les reprises de la cidevant comtesse du Barry, mes soins, peines et salaires d'une œuvre laborieux que j'ai fait a différents ouvrages par elle commendés, dont j'ai son arretez fait à Londres en date du 5 mars 1793. A Paris, le neuvième jour de la deuxième decade de la deuxième année de la République, une et indivisible.
Bon pour déclaration J. ROUEN, jouaillier, Rue Révolutionnaire, ci devant Saint-Louis au Palais, no 70.
Jean-paul Timoléon de Cossé, septième duc de Brissac,
maréchal de France (1698-1780)Vente de Maitre LIBERT
Les frais de ce premier voyage furent payés par M. le duc de Brissac qui se regardait comme la cause involontaire du vol; ils s'élevèrent à 6,193 francs 2.
Que fait-elle alors? Elle cache des sacs d'or et d'argent et ses derniers bijoux dans le jardin et dans le grenier du pavillon de Luciennes (nom de Louvecienne à l'époque). Quelque temps après, avertie que le fameux procès allait enfin se terminer, elle retourne à Londres (*). Pour ce quatrième et dernier voyage, elle avait pris ou cru prendre toutes les précautions.
(*) Voici comment elle voyageait. Elle partait en poste, couchait à Amiens, dînait à Bernay, couchait au Bourg de Calais, déjeunait à Calais, prenait le paquebot de Calais à Douvres et de Douvres se rendait à Londres.
Elle se faisait escorter de deux femmes de chambre et d'un domestique. Le premier voyage, qui seul eut lieu par Boulogne, lui coûta 6,000 livres, le second 15,000, le troisième 30,000 Nous ne connaissons pas les frais du quatrième. (Archives nationales, W" 701.) tant poursuivie, surveillée, traquée par des ennemis invisibles, elle avait prié Lebrun, ministre des affaires étrangères, de mentionner dans son passe-port qu'elle allait à Londres « où son malheureux procès nécessitait sa présence, car autrement sa municipalité, ne la voyant pas instruite d'un voyage en pays étranger, pourrait la regarder comme émigrée et mettre les scellés chez elle. »
Je ne possède pas le passeport de Madame Du Barry, mais celui ci-dessus d'un imprimeur rouennais qui permet de voir les descriptifs de l 'époque.
En revanche j'ai la copie de celui de Madame Du Barry
Triste pressentiment, aussitôt suivi d'effet, car le Courrier français faisait paraître, le 2 septembre 1792, un article article dont voici la teneur :
" Madame Du Barry a été arrêtée à Luciennes et elle vient d'être conduite à Paris. On s'est apperçu que cette vieille héroïne de l'ancien régime envoyait continuellement des émissaires à Orléans. On avait arrêté chez elle un aide de camp de M. de Brissac.
On a pensé avec raison que ces fréquentes ambassades avaient d'autres objets que la galanterie, à laquelle madame Du Barry doit enfin être tout à fait étrangère. Maîtresse et confidente de M. de Brissac, elle a partagé autrefois ses trésors et ses plaisirs, elle partage peut-être aujourd'hui son ambition contre-révolutionnaire."
Le chevalier d'Escourt, informé de cette dangereuse dénonciation, écrivit quatre jours après à la comtesse Du Barry : « J'ay été trouver le rédacteur du Courrier français, qui rétractera de main la fausseté de l'article qui vous concerne. Je lui ay promis récompense sy cet article étoit bien fait. »
D'un autre côté, madame Du Barry avait eu soin de prévenir la municipalité de Luciennes de son départ, en lui faisant observer à qu'en toutes occasions, elle avait donné des preuves de son civisme et de son respect pour les lois ». Elle s'était engagée en outre à rentrer en France dès que son procès serait terminé en Angleterre. Elle arriva à Londres le 22 octobre 1792 et y resta plus de quatre mois. Le procès ne fut définitivement jugé que le 22 février 1793, les voleurs condamnés et les diamants restitués à la comtesse, qui les laissa provisoirement en dépôt chez les banquiers Hamersley et Morland .
Souper donné à Louveciennes Chez la Comtesse (musée du Louvre) |
Les voleurs sont emprisonnés mais, au XVIIIe siècle, il n'y avait pas d'accord d’extradition entre la France et l’Angleterre: les voleurs, arrêtés en Angleterre, doivent purger leur peine en Angleterre, pour recel, avant de retourner (de leur plein gré) en France pour être jugés pour vol… et pour que Jeanne puisse se faire restituer ses pierres par la banque.
Mais les relations entre la France et l’Angleterre se gâtent, en mars 1793, émigrer devient un délit, puni de la confiscation des biens.
Bijoux du 18 ème , catalogue Pouget 1762 |
Ce qui poussait madame Du Barry à revenir en France, c'était la nouvelle que les scellés avaient été placés sur ses biens par ordre du Directoire de Versailles, à l'instigation de l'Anglais, nommé Greive , membre des clubs, qui l'avait dénoncée comme émigrée.
Elle y reste deux mois et elle y retrouve les Vandenyver, qu'on accuse d'être ses complices. Le 3 décembre, Fouquier-Tinville lit son acte d'accusation. L'accusateur public, parlant de l'exil de madame Du Barry à l'abbaye de Pont-aux-Dames, s'écrie : « Dans cette retraite salutaire, elle aurait dû faire les plus sérieuses réflexions sur le néant des grandeurs !
Une fois morte on confisqua les bijoux
« Le 14 floréal an II, le citoyen Crépin, commissaire au département de Paris, assisté des citoyens Lelièvre, administrateur de la police, Lerlage et Berdat, commissaires de la municipalité de ladite commune, a remis en présence des susdits au bureau de change de la Monnaie les effets ci-après qui appartenaient à la nommée Du Barry, condamnée par le Tribunal révolutionnaire, et qui avaient été déposés à l'administration de police :
« Une montre dans sa boîte d'or, de Genève, le mouvement au nom de Castagnet *, à Paris, cadran à quantième; un cachet surmonté d'un pilastre de jaspe sanguin et d'une émeraude où se trouvent deux 0 et deux L et une clef d'or, titre inconnu; une bague ovale avec une pierre en cabochon nuancée couleur café et montée en or, dite argentine rougeâtre ou aventurine ; un médaillon en or représentant un Espagnol (*); un couteau à lame d'or, le manche d'ébène garni de deux viroles de onze brillants chacun et recoupé; une bonbonnière ovale en cristal de roche, le pourtour et le fond carrés, charnière et gorge en or portant une rose de sept brillants, recoupé; une bague en or portant un brillant triangulaire, petit, jaune, monté à jour; une monture de cachet en or à quatre branches, garnies ainsi que l'entourage de petits brillants ; une paire de boucles de femme, en or, ornées chacune de 36 grosses perles et de 4 très-petites aux angles; une autres paire de boucles montées à jour, chacun de 44 brillants; une boîte de montre en or, entourée de 20 brillants, recoupée de chaque côté, et de dix rubis; un rubis au repoussoir;la bellière garnie de 14 petits brillants; la chaîne en or ornée de 3g petits brillants recoupés et de 20 rubis; aux deux glands se trouvent à chacun 5 brillants et 5 rubis; l'entourage du dessous composé de 6 brillants et 11 rubis ; neuf pendants composés chacun de 2 brillants et de 2 rubis : de l'argenterie montée Paris, à 11 d. 69 en une seringue en six parties et une boîte à pommade; 18 bijoux à 18 kt. deux petits gobelets, deux petites cuillers, un demi-aulne et un couteau, l'émail retiré. »
* Cet Espagnol était le duc de Brissac.
* Castagnet : Jacques Joseph, Horloger à Paris maitre en 1776, Rue Saint Martin en 1786, député de 1779 à 1783, syndic en 1786, † en l'an XII à 74 ans.
Mais qu'étaient devenus les célèbres diamants?
Après la condamnation des voleurs, le 22 février 1793, les diamants étaient restés en dépôt chez les banquiers anglais Hamersley et Morland, dont la maison se trouvait à Londres, Pall Mall Street.
Madame Du Barry avait consenti à ce dépôt. Quelle était leur valeur précise ?
« J'ai évalué, disait la comtesse dans son interrogatoire devant le Tribunal révolutionnaire à 1,500,000 livres les diamants qui m'ont été volés. »
Une lettre du prince de Poix leur donne l'estimation et la destination suivantes: « Paris, 5 brumaire an IX (27 octobre 1800).
« Madame Du Barry avait laissé en Angleterre des diamants qu'elle estimait valoir 300.000 livres. J'ai entendu dire qu'ils n'avaient été vendus que deux cent mille livres. M. de Boissaison, qui a épousé sa nièce, a réclamé 150.000 livres, et je crois qu'il a été payé de cette somme. Peut-être Melle Bertin a-t-elle touché une partie du reste. ? »
A l'époque, on crut que les diamants avaient été vendus immédiatement après les conclusions du procès.
Les créanciers accoururent de toutes parts. Ils étaient nombreux: le marquis de Boissaison, le marquis de M., le colonel de G., M. de la Neuville, Mlle Bertin, sans compter des fournisseurs qui réclamaient plus de goo,ooo livres. Suivant la lettre du prince de Poix, il est à présumer que M. de Boissaison, mari de la nièce de madame Du Barry, la marchande de modes Bertin et quelques autres créanciers absorbèrent le prix de la vente des diamants. Quant au legs Brissac, qui consistait en une rente de 24,000 livres, et à la rente Rohan Chabot, ils furent également la proie des créanciers.
James Christie Thomas Gainsborough (1727-1788) The J. Paul Getty Museum, Los Angeles |
C'est le fondateur de la célèbre maison de ventes internationale Christie's, James Christie en personne, qui fut le commissaire-priseur de cette vente exceptionnelle qui eut lieu le 19 février 1795 à midi et demie.
La maison de vente, qu'il avait fondée en 1766 et qui était située sur Pall Mall au cœur de Londres, était sans conteste le meilleur endroit pour proposer des pièces aussi importantes. La Révolution française lui avait d'ailleurs déjà permis de disperser quelques collections. Le principal acquéreur fut le joaillier Nathaniel Jeffreys coutelier et orfèvre de la reine d'Angleterre, qui acheta plusieurs diamants, dont le lot phare de la vente qu'il paya 900 livres. Les autres grands bijoutiers de la place se partagèrent le reste des pierres de la comtesse. En effet, à l'époque, les salles de ventes étaient surtout fréquentées par les professionnels et rarement par les collectionneurs privés. La vente fut un succès et le produit total s'éleva à 10.000 livres, une somme considérable pour l'époque.
C'est ainsi que nous sommes privés d'une très belle collection de bijoux, témoins de la joaillerie de cette époque.