samedi 6 septembre 2014

Les Bijoux de Coco Chanel


Les Bijoux de Chanel, lesquels? 
Ses bijoux en or et pierres précieuses ou ceux en tocs?  ou les bijoux très étudiés de la société Chanel en 1993? 
des semaines que j'essaie de trouver une vérité dans tout ce qui a été écrit et j'ai du mal à séparer en matière historique, le vrai du faux.



En 1905 elle est déjà dans le Figaro
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Gabrielle Chanel aimait les gros bijoux et elle se tourna vers les bijoux fantaisies quoiqu' elle eut beaucoup d'amants qui lui offrirent de vrais et très chers bijoux.


Et une question me hante, est ce que les bijoux de Cocteau???? Sont ils vraiment dessinés par Cocteau vérifies  ou inspirés par lui, tout cela parce qu'il est célèbre?  Après tout, nombres de fausses lithographies de Dali et autres circulent!
Beaucoup de bijoux d'artistes n'auraient eu de reconnaissance si celui qui en endosse la paternité n'était pas célèbre? 
Moi même, il y a des années, j'ai demandé à des peintres ou autres artistes de dessiner des bijoux , beau coup de pub, mais aucune idée nouvelle car les artistes ne reproduisent que leur oeuvre en plus petit.
Mais avant, il faut bien parler histoire, un peu, car tellement de biographes de Mademoiselle Chanel l'ont fait.




Coco Chanel fut une couturière  importante à l’époque de l'entre deux guerres 

Elle voulut renouveler et moderniser le vêtement féminin. 
Elle voulait introduire un aspect « garçon » à la haute couture. 
Chanel s’inspire de son enfance et de ses amies, de ce qu’elle voit dans la rue pour créer. Elle trouve que la mode doit être accessible à tout le monde 
« Il n'y a pas de mode si elle ne descend pas dans la rue.” Disait-elle. 

En 1910,(1909 selon d'autres) elle ouvre sa première boutique de chapeaux appelée «  Chanel Modes », à Paris. Elle va très vite comprendre à l instar de maisons comme Van Cleef qu'il faut créer des succursales dans les villes de loisirs à la mode.


Deauville 1913

A ses débuts Gabrielle Chanel était modiste, voir ci-dessous article du Journal "les modes".






Ouverture du magasin de Deauville en 1913. 


Mais c’est en 1916, en taillant dans le tissu "jersey" (jusqu’alors réservé aux sous-vêtements), une robe chemise sans taille et sans col, s’arrêtant très au-dessus de la cheville, qu’elle transforme « pour toujours le spectacle de la rue ». Cette matière pauvre et rêche, acquise parce que l’étoffe manque a cause de la guerre, va permettre à Chanel de créer la « ligne pure », et de pousser plus loin les audaces de Poiret, qui n’avait osé que dévoiler le pied et desserrer l’étranglement du corset. 
Alors que dans « les rues d’Amérique [...] les jupes continuaient à battre les talons », Mademoiselle Chanel laissait voir à Paris ce que des siècles d’étoffes avaient voluptueusement caché. En bouleversant la mode, elle « la fait changer de siècle ». Au grand dam de Proust, qui rêvait de voir encore Mme Swann laisser « s’étaler derrière elle la longue traîne de sa robe mauve »… Après ce premier coup de maître, Chanel enchaîne les succès.


1921 les fameuses perles de Chanel


Ses amants l'aident à s'installer, que ce soit à Paris ou ailleurs, mais un évenement surgit en 1921.
C'est le Lancement de son parfum N°5:
Ernst Beaux rencontre Gabrielle Chanel par l intermédiaire du grand Duc de Russie Dimitri Pavlovitch, son nouvel amant et en 1921 elle va lancer son premier parfum.
 « Mlle Chanel, qui avait une maison de couture très en vogue, me demanda pour celle-ci quelques parfums. Je suis venu lui présenter mes créations, deux séries : 1 à 5, et 20 à 24. Elle en choisit quelques-unes, dont celle qui portait le no 5 et à la question « Quel nom faut-il lui donner ? », Mlle Chanel m’a répondu : « Je présente ma collection de robes le 5 du mois de mai, le cinquième de l’année, nous lui laisserons donc le numéro qu’il porte et ce numéro 5 lui portera bonheur ». déclara mr Beaux. En 1922, Ernest Beaux créa le N° 22.

Mais ce premier parfum il faut le diffuser, le vendre, intervient la famille Wertheimer, propriétaire des cosmétiques Bourjois, ils sont alsaciens et en 1909 ils avaient aidé Mr Bader, le fondateur des Galeries Lafayette qui lui aussi était alsacien et juif. 
Theophile Bader va présenter les Wertheimer à Gabrielle Chanel. En 1924 ils vont s'associer avec Gabrielle dans  "Les parfums  Chanel" 
pour la fabrication, le lancement, la gestion du N° 5. Les Wertheimer ont 70 % du capital, Chanel 10 % et Adolphe Dreyfus et Max Grumbach 20 %. C'est important pour la compréhension de l histoire future.


1921 une page de Vogue consacrée a Gabrielle





En 1921 Coco avait déjà chez elle son fameux escalier en glace, et c'est le grand peintre Vuillard qui en témoigne par ce tableau

Des 1924, elle demanda à la Maison Gripoix de Paris de réaliser pour elle des bijoux fantaisies. Gripoix utilisait surtout la pâte de verre, faites un petit détour par ce joli blog:

Dans les années trente la Maison Gripoix va connaître avec l’émergence de couturiers comme Charles Frédéric Worth, Paul Poiret, Molyneux, Jeanne Lanvin, et bientôt Chanel, un essor sans précédent.
Ce sont les fausses perles et la sophistication de leur « nacrage » qui feront la réputation de cette maison devenue incontournable.
La Maison Gripoix est devenue le cheval de bataille des collections Chanel, réalisant au fil des ans une profusion de bijoux émaillés, dont la technique maîtrisée de la pâte de verre permet toutes les déclinaisons de couleurs et de multiples variantes de formes, et ce jusqu’à la fin des années quatre-vingt.


N oubliez pas de cliquer sur chaque photo pour agrandir
A partir de  1928, les difficultés surgissent entre Coco Chanel et les Wertheimer, car Coco Chanel trouve que les  Wertheimer s’enrichissent sur son dos (façon de voir....avec 70% des parts pour les Wertheimer!). En 1934, elle prendra un jeune avocat pour la défendre, Maître René de Chambrun. Pour ceux qui n'auraient pas lu mon "Histoire des Van Cleef et des Arpels", René de Chambrun est un jeune avocat qui épousera en 1935 Josée Laval la fille du président du Conseil Pierre Laval.


Femina 1928


L oeil de Paris 1928



Au début des années 1930, plus de 2400 ouvriers et ouvrières travaillent dans ses ateliers, et bientôt son usine.
En 1930 Un journal de mode américain remarque l'innovation des Bijoux Fantaisies de Chanel, il indique que toutes les  actrices américaines sont séduites par les bijoux de Gabrielle Chanel, pourtant c'est sa rivale Elsa Schiapparelli qui a fait connaitre le "Bijou non précieux" sur le marché international et celle ci a engagé des créateurs comme Schlumberger, Etienne de Beaumont, Francis Winter, Hubert de Givenchy (avant qu'il ne devienne couturier) Giacometti, Dali, Cocteau,  et Elsa les fait travailler sur du bijou mode contemporain alors que Gabrielle  tire son inspiration des bijoux anciens.
L'amérique l'acclame en 1931 et lui offre un contrat fabuleux de 1 million de dollars pour habiller les stars  de la MGM ( la première ce fut Gloria Swanson)  elle devait réaliser des costumes  deux fois par an, elle accepta l'offre. 



C'est vers le début des années trente qu'elle rencontre Verdura, en réalité Fulco Santostéfano della Cerda, Duc de Verdura.


En 1926 il s'était lié d'amitié avec Linda et Cole Porter qui découvrant ses nombreux talents, l'encouragèrent à faire une carrière artistique et a se rendre à Paris. Au début il travaille comme créateur de tissus pour Chanel, mais six mois après son arrivée, Coco le remarque et le charge de redessiner  sa collection de bijoux (ceux offerts par ses deux amants, le Duc de Westminster et le grand Duc Dimitri) superbes bijoux mais démodés.
Durant six années, Verdura va créer pour elle et la Maison Chanel des nouvelles pièces parmi lesquels deux larges bracelets en émail incrusté d'une croix de Malte, sorte de bijoux Bysantins.(l'empire romain d'Orient au VI °)


On retrouve constamment la Croix de Malte dans les collections de Verdura, la broche du haut et celle de droite ont été dessinées pour Chanel en 1937 en or. Il a fabriqué pour Coco Chanel des croix de malte, mais par exemple celle de gauche tout en or et diamants a été fabriquées en 1943 pour Clare Booth Luce , rédactrice, écrivain, ambassadrice, dramaturge américaine , ce qui laisse a penser que contrairement à ce qui a été écrit, l idée des croix de malte ne vient pas de Gabrielle Chanel.
Pour ma part je trouve que Verdura est le meilleur créateur de Chanel. Mais ce bijou ci-dessous par exemple



Ce n'est pas du Verdura, ce n'est pas du Chanel mais c'est la décoration de l'ordre du Saint Esprit, et cela date du XVIII ème siecle





Ces deux broches de Verdura pour Chanel, au design intéressant pour les années 30 doivent être des bijoux fantaisies, cela se voit aux pierres, au serti, mais je n'ai pas trouvé de renseignements précis sur elles, sauf qu' elles ont été dessinés par Verdura



En 1932 à la sortie de la crise de 1929, elle dessine une collection de joaillerie, dont il ne reste pratiquement rien, il est difficile de trouver le véritable cheminement de cette idée.



Elle expose cette collection de Joaillerie dans son appartement personnel en l' Hotel de Rohan au 29 rue Faubourg Saint Honoré, elle à 49 ans, elle est célèbre, le tout paris va venir voir cette exposition, ne serait ce que pour voir l' appartement ou habite cette mademoiselle Chanel.
Un catalogue sera imprimé par Draeger, avec 5 photographies de Robert Bresson qui n'est pas encore cinéaste, et un petit texte de Madame Chanel.
 Ce tout Paris va se pâmer devant la mise en scène de cette présentation de bijoux, surtout pour l'époque...car elle les présente sur de magnifiques mannequins de cire.




Art et décoration de 1912.Bijoux de Paul Iribe et Linzeler

Ces bijoux ont été dessinés "a quatre mains" a t'il été écrit, par elle même et Paul Iribe, 
En revanche Paul Iribe n'est pas un inconnu dans le bijou, il avait déja dessiné en 1912 des bijoux, exécutés par Linzeler  Joaillier très connu.
En 1913 il créa des meubles qui annonçait l'art déco

Pendant et après la guerre Paul Iribe fut un dessinateur satirique qui collabora à divers journaux, dont "la Baionnette" 



1915 journal engagé dirigé par paul Iribe.


"Si j'ai choisi le diamant, c'est parce qu'il représente, avec sa densité, la valeur la plus grande et le plus petit volume. Et je me suis servie de mon gout de ce qui brille pour tenter de concilier par la parure , l'élégance et la mode

En 1932 Gabrielle Chanel, eut une relation sentimentale avec Paul Iribe, rédacteur et éditeur du journal politique  "Le Témoin" présentant la France comme la victime des autres , tels Mussolini, Hitler, Chamberlain.
Designer, il a créé des meubles "art deco" en particulier pour Coco Chanel, mais l'a t il assisté  pour sa collection de bijoux?

À la demande de la Guilde internationale du diamant, Chanel crée « Bijoux de Diamants », sa première collection de haute joaillerie. Les diamants sont montés sur platine, une extravagance après le krach de 1929. Les joailliers historiques de la place Vendôme s'insurgent, reprochant à une couturière de son état de s'improviser joaillière. 





A propos des bijoux :
Elle disait: je me fous des bijoux. Ils n'apportent rien, dans la vie ils n'ajoutent pas à la joie de vivre. En général les femmes y tiennent beaucoup. On ne leur en donne pas. Moi je n'y tenais pas du tout et on m'en a beaucoup donnés, il fallait toujours que je dise: Non merci! j'ai assez de bijoux ! Qu'est ce que vous voulez que j'en fasse?




1932 L' annonce de l'exposition


Un des bijoux de cette exposition






La réussite de cette exposition tient à la présentation, chez les Joailliers,  les bijoux sont présentés sur de petits bustes ou à plat, là, ils l'étaient sur des bustes grandeurs nature


Bien que sur ce point aussi , l idée ne fut pas nouvelle, car pour l exposition internationale de 1925



Cartier avait présenté ses bijoux sur des bustes de mannequins


Sur ces bijoux, on se perd dans les déclarations diverses, selon certains un joaillier lui aurait demandé de dessiner des modèles, c'est probable, c'est courant, j en doute.
Selon d'autres ce serait "une délégation de Joailliers" mais encore,...
Ce pourrait être  la Guilde internationale des diamantaires qui après la crise des années 29  était à la recherche d'un designer pour aider l'industrie du luxe à sortir de la crise, et la guilde aurait donné carte blanche à la Reine de la mode pour créer une collection de diamants sur platine.
Et puis récemment en 2019 ,Aiguillé par le Livre  "Les Plus beaux bijoux de femmes Joaillières" de Juliet Weir de la Rochefoucauld aux éditions "La bibliothèque des arts", j ai vu deux pages de documents qu'elle avait publié. j ai fini par trouver ces documents de la chambre syndicale de 1932 
Les membres avaient reçus ces circulaires




Il faut dire que la période était très difficile pour nos métiers, la crise de 1929 avait eu a retardement des effets désastreux sur les professionnels.


Ce n'était certainement pas le moment de faire ce coup de jarnac en se servant de Coco Chanel et Paul Iribe au profit de l industrie du diamant.

Et pour les professionnels Français, voir leur fournisseur de diamants payer quelqu'un pour lancer une mode qui finalement n'était pas extraordinaire , car des broches noeuds etc, rien de très nouveau sauf l'exposition de ces pièces.




Les bijoux furent fabriqués en France par ces deux artisans fabricants, 



Lemeunier


Rudhart




Le collier Noeud






Fameux collier étoiles de Coco Chanel
Je ne peux m'empêcher de faire un rapprochement avec Folco Di Verdura qui créa beaucoup de colliers "Ouverts"  or il connaissait Coco et travaillait avec elle depuis 1926. Rapprochons du collier de Chanel celui que Verdura dessina et réalisa en citrines et or pour la très célèbre Doris Duke.
Rappelons aussi que le premier collier"point d 'interrogation" de Boucheron date de 1889!!!


Verdura



1932 en photo avec Serge Lifar et  a droite un des colliers de son exposition: le thème du noeud en bijouterie est très ancien, le célèbre noeud sous louis XV , ceux qui faisaient partie des bijoux de la couronne de France, nombreux sont ceux exposés en photo sur ce site, il n'y a aucune idée  révolutionnaire dans ce bijou. Voir aussi les noeuds de Cartier Van Cleef et autres, bien avant



Grand Noeud de corsage de l Impératrice Eugénie

"Si j'ai choisi le diamant, c'est parce qu'il représente, avec sa densité, la valeur la plus grande et le plus petit volume. Et je me suis servie de mon gout de ce qui brille pour tenter de concilier par la parure , l'élégance et la mode"




Dans le journal Suisse, Le Temps, du 7-3-2012, Benjamin Comar de la maison Chanel répond a une interview:

Une délégation de joailliers avait demandé à Gabrielle Chanel qu’aucun bijou de l’exposition ne soit vendu, et qu’ils soient tous démontés après l’exposition. Or visiblement, en regardant cette broche étoile que vous avez rachetée, certaines pièces ont bien été vendues.

Benjamin Comar: Oui, nous avons pu récupérer un bijou. Il y en a encore quelques-uns dans des collections particulières, mais on ne sait pas si certains ont été démontés ou pas.


On ne sait finalement rien de ce qui s’est passé après l’exposition?

Non, pas grand-chose. Et c’est ce qui en fait la magie: rien n’a été répertorié. Il nous reste le dossier de presse et cinq photos. On a aussi celles qui sont sorties dans les journaux, mais on ne possède pas les dessins des pièces.


Et ce collier «Franges» qui fait allusion à la coiffure des garçonnes et aux franges de leurs robes de charleston: c’était très audacieux de réaliser un tel bijou de tête!

Ce n’était pas un bijou de tête, mais un collier, que Coco Chanel avait choisi de présenter ainsi, comme d’autres colliers d’ailleurs. Il n’y avait pas de bijou de tête dans cette collection de 1932.


Ce n'est pas un bijou de tête, c'est un collier que le photographe a voulu placer ainsi

Monsieur Benjamin Comar, directeur international de Chanel Joaillerie déclara en 1993.
"Avec l'audace qu'on lui connait et au grand dam des diamantaires de la place Vendôme voyant d'un mauvais oeil cette nouvelle concurrente "mademoiselle tira profit des stocks de diamants restés sur les bras des professionnels après le Krach de 1929, elle dut néanmoins démonter les pierres précieuses et les rendre  après l'exposition et ne fit jamais de la joaillerie son métier"

J'ai du mal à croire cette nouvelle storytelling de nos publicistes en somme cette charmeuse, cette femme très légère aurait réussi en 10 bijoux à  démoder toute une profession qui elle, se débat dans des problèmes gigantesques créés par la crise. Les grands: Mauboussin, Van Cleef et Arpels Cartier, Mellerio, etc, étaient dépassés par madame Chanel? bizarre, bizarre, peu de restes dans les écrits de la presse de l epoque, coup de pub? 
Coup de pub de 1932 et  de la société Chanel  actuelle?





A propos des bijoux
Elle possédait des émeraudes magnifiques et de très beaux rubis, très rares,
mais elle aimait tout autant des rubis roses du Siam, des saphirs clairs de Ceylan, qui ne valent pas très chers, et des topazes. « Il n'y a pas plus joli qu'une topaze, disait-elle, cette eau dorée. »




Le journal "Cyrano" manie la satire sur le dos de Gabrielle et du Duc de Westminster


Photos de l exposition Chanel 1932



Ce serait le seul bijou restant



Vogue rédige aussi un article sur l exposition de Chanel

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Donc qui avait  prêté un stock de diamants à Madame Chanel et d'ou venait il ? nous le savons maintenant 
Il parait illogique de faire fabriquer des bijoux très précieux et très techniques pour au bout de quelques jours, les démonter et rendre les pierres.

Il ne resterait à l' heure actuelle qu'un seul bijou, une broche étoile, le dossier de presse et cinq photos, aucun dessin de pièces et les photographies prises par Robert Bresson et André Kertész pour la presse de mode.



Tiré du livre sur Chanel de Patrick Mauriès
Combien de bijoux avaient été fabriqués en 1932? 


Chanel 1935 


Chanel 1935

Ces bijoux ont été , ou sont propriété de la Primavéra Gallery



Tres joli collier de Gripoix en verre, laiton, résine


Formidable , même la Corse s'y met, "avé" le soutien de Napoléon!!

Il semblerait que Madame Chanel avait un fichu caractère, en 1936, il y eut près de 2.000.000 de grévistes, les cousettes de Chanel ne sont pas en reste, elle le prend de haut, de très haut, elle s'estime trahie par son personnel qui tout simplement voulait être mieux payé et avoir des congés, elle  refuse de faire la moindre concession, elle renvoie même 300 employés...puis...ses conseillers vont lui faire comprendre que si elle ne trouve pas d'accord, il n'y aura pas de collection d'automne
En somme, il est plus facile de libérer la femme de ses corsets que le peuple de ses entraves!
En réalité , elle avait peur des mouvement sociaux, de pauvre à la naissance, elle était devenue une très riche bourgeoise et comme nos "élites"en ce début de 20 eme siècle, elle est coupée des réalités de la vie quotidienne des Français. Pour elle,  ses "cousettes" et ses vendeuses avaient été contaminées par une invention américaine le "Sit Down"!!!


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En 1937, son apogée, à l'exposition internationale des arts et techniques, ses vêtements, ses parfums et peut être aussi ses bijoux en font une grande vedette au niveau planétaire.





Ces bracelets de Verdura sont en émail cuit sur une base or.
Coco Chanel n'a pas laissé de Mémoires ou d'autres écrits, mais dans "Mémoires de Coco" de Louise de Vilmorin....
"Pourtant, je ne savais pas ce que la lecture allait m’apporter : elle devient l’élément nourricier de mes rêveries et de mes rêves. (…) Quel que soit le livre que je lisais, je m’identifiais au personnage le plus intéressant du récit et, de ligne en ligne, j’en suivais la vie, croyant vivre la mienne. Mon imagination trouvait enfin des complices. Mes bijoux champêtres se cristallisèrent en parures de pierreries, mon extravagance et mon autorité bâtirent des demeures à mon goût () C’est alors que se forma alors l’alliage entre l’éducation que je recevais et les lumières que mes lectures projetaient, pour moi seule, sur mes tendances créatrices, mes ambitions matérielles, mes aspirations sentimentales et l’ensemble de mon avenir. C’est à ce moment-là aussi que je compris clairement ce qui m’était absolument nécessaire : briser les entraves de la pauvreté et, pour être libre, uniquement pour cela, gagner beaucoup d’argent. Mes lectures me permirent de comparer ce qui m’entourait et ce qui m’attirait." 


Cette photographie date de 1937 et a été prise par Kollar, elle porte un bracelet  "Croix de Malte" de Verdura


Cette  autre photo date aussi de 1937 et elle porte une broche d'inspiration byzantine



A propos des bijoux:
Le duc de Westminster lui offrit une parure d'émeraudes,entourées de diamants bague, boucles d'oreilles, bracelet,collier, et, dans des écrins semblables à ceux de la parure, deux bracelets tout pareils, avec des émeraudes indiennes, des rubis sang de pigeon, des saphirs du Cachemire. Il lui arrivait de les passer à ses poignets :« Sur moi, c”est ridicule ››, disait-elle.


A propos des bijoux:
Elle refermait les écrins :" Il va falloir que je démonte tout ça. "
Elle le fit, et les pierres s'en furent rejoindre celles qui remplissaient les boîtes et les petits bols, avec lesquelles elle jouait pour créer ses bijoux.
Elle aurait bien voulu revoir la Schatzkammer (la chambre du trésor) du Munich, où elle avait admiré des bijoux de la Renaissance et de Byzance, des croix byzantines notamment, incrustées de lourdes pierres. En les décrivant, elle évo-
quait un autre voyage, à Ravenne, avec une visite au mausolée de 'impératrice d'0ccident, Galla Placidia.
Elle disait :
« J'ai fait des fausses perles pour ne pas porter les miennes. On me trouvait jolie avec ça. Je me suis dit : il faudrait que toutes les femmes puissent en porter, pour se mettre en valeur. J'ai cherché et j'ai trouvé les gens pour en fabriquer des masses. J'ai toujours trouvé les gens que je cherchais. »


L accordéon des rues, mais au Ritz en 1937


Et quand même un bracelet or de Verdura pour Chanel


Ces deux colliers ci-dessus et dessous datent de 1938 et ont été fabriqués par Gripoix


En 1938 les couzettes sont au "boulot" mais.... 

En septembre 1939, sans que personne n'ait bien compris, elle ferme ses ateliers de couture, renvoie les mannequins, elle ne garde que la Boutique.
Jusqu'à cette date , elle entretenait ses frères , elle leur coupe les vivres , et ne les reverra plus. Elle expliqua plus tard "je croyais qu'on ne ferait plus de Robes"
En réalité d'après Marcel Haedrich," la guerre ne la concernait pas, son formidable égocentrisme la protégeait mieux que le pays ne l' avait été par la ligne Maginot"

Parler de la guerre c'est parler de sa collaboration de son mépris pour les français qu'on rafle dans les rues, il est difficile d'en parler tant ses "biographes" l'on fait.  

Un écrivain américain, qui a fait la seconde guerre mondiale, Hal Vaughan  a écrit récemment un livre très bien documenté "Sleeping with the Ennemy" il révèle que son amant était proche d'Hitler, que Coco Chanel était recensée auprès de l'Abwehr, elle était de connivence à tous les étages, avec les nazis. 
On lui a reproché entres autres, d'avoir cherché à profiter des lois anti-juives pour récupérer la propriété des parfums, dont la création et la distribution était confiée depuis les années vingt aux frères Wertheimer - qui commercialisaient à l'époque les parfums Bourjois. Les frères Wertheimer avaient quitté la France au début de la guerre et des 1940 il suffisait de dire que leur "aryanisation était bidon". C'est un de leurs ami Felix Amiot, l'avionneur, qui avait repris leur entreprise.
Un passage du travail de Mr Bruno Abescat dans l Express en 2005.
L'affaire semble conclue. Mais, le 3 avril 1941, Félix est convoqué avenue Kléber, à l'hôtel Majestic, siège du commandement militaire allemand. L'ingénieur Sturm attaque bille en tête: «Vous avez acheté la parfumerie Bourjois et les actions Chanel. C'est une vente de complaisance. Les Wertheimer sont vos amis et aussi vos associés. Vous êtes leur prête-nom. Tout cela est naïf et dangereux pour vous.» Félix proteste. Pendant des semaines, il doit subir un bataillon de contrôleurs, qui exigent des réponses et des justificatifs. Au bout du compte, il les enfume. Et parvient à éloigner les menaces d'absorption d'un concurrent: le Groupe allemand des alcools. Mais les ennuis continuent. Ce coup-là, ils proviennent de Georges Madoux, administrateur provisoire nommé par Vichy pour vérifier que l'aryanisation de Chanel est bien réelle. Sa conclusion tombe: «Je suis amené à croire que les allégations de M. Amiot sont tout à fait fausses. La société des Parfums Chanel est encore une société juive.» Et, maintenant, voilà Coco en personne qui sort du bois. Dans une lettre adressée à Madoux le 5 mai 1941, elle y va de bon cœur: «Je me porte acquéreur de la totalité des actions Parfums Chanel qui […] sont encore la propriété de juifs et  que vous avez pour mission de céder ou faire céder à des sujets aryens.» Elle et l'administrateur  provisoire s'apprécient. Ils se connaissent de longue date. Avant guerre, il était directeur commercial des Parfums Chanel et directeur de la haute couture chez Coco. Comment Félix va-t-il pouvoir s'en sortir face à de tels duettistes? 

Aux archives nationales, se trouve le dossier AJ382726 qui contient les informations sur cette opération. Coco estimait avoir été flouée, après la constitution de la société des Parfums par les Wertheimer. Elle essaiera sans succès de contester cette aryanisation pour racheter (a bas prix) la firme pour elle même. 
D'abord, grâce au soutien involontaire des locataires de l'hôtel Majestic. Herr Blanke, leur enquêteur, disqualifie le commissaire-gérant de Vichy: «Georges Madoux a été congédié des Parfums Chanel le 31 décembre 1931 pour prélèvements injustifiés dans la caisse.» Ensuite, Rodolphe Frey, l'administrateur français nommé pour faire la lumière sur la maison Wertheimer Frères, écrit: «Je peux conclure, en toute bonne foi, que la parfumerie Bourjois est passée en des  mains aryennes d'une façon légale et correcte. Et qu'aucun grief ne peut être formulé contre M. Amiot.» Il accompagne ce jugement d'un argument massue: «On ne voit pas très bien comment M. Amiot chercherait à sauvegarder les intérêts des frères Wertheimer, alors qu'il s'est associé avec la société Junkers Flugzeug- und Motorenwerke pour la construction de 370 avions, cette première commande représentant 1,2 milliard de francs…»  Mademoiselle est obligée de rendre les armes.

En septembre 1944 les F.F.I.l'arrêtent, mais elle est libérée au bout de  quelques heures (et après un intervention discrète du Duc de Westminster ou de Winston Churchill ?). Furieuse, Chanel préfère  quitter la France pour aller habiter en Suisse pendant  huit ans  pour éviter l'épuration,  le temps de faire oublier sa lacheté des cinq années.
1947: Coco Chanel et Pierre Wertheimer se rencontrent à nouveau et décident de faire la paix concernant leur désaccord sur les revenus de la distribution de parfum. 

1950 résine, laiton, bijou de Gripoix pour Coco

En 1954 elle se décide a revenir en France après 9 ans d'absence , elle organise un défilé, mais les invités sont plus que déçus , Chanel a fait du Chanel...de 1939, elle se retrouve en  dehors de la mode (Chistian Dior et autres), c'est un échec, cuisant, elle déclare: " Que voulez-vous, les gens ne savent plus ce qu’est l’élégance"
Un orfèvre du nom de De Gorse (je n'ai pu trouver sa trace) aurait reçu des commande de Gabrielle Chanel en 1954 et en aurait fait exécuter une partie de ces bijoux  par Robert Goossens, mais Goossens ne connut Chanel qu'a la mort de De Gorce six ans plus tard en 1960


Bracelet de 1960 or émaillé, diamants rubis de Verdura

A propos des bijoux:
Elle disait :« J'ai gagné des fortunes avec les perles, et des fortunes avec les bijoux. J”aurais des milliards si j'avais mis tout ça de côté. ››


Broche or de Verdura pour Chanel avec pierres véritables

1964

C'est une Ceinture exécutée par Robert Goossens pour Gabrielle Chanel elle est articulée en métal doré, boucle ciselée, repercée et ornée d'un cabochon imitant une émeraude rehaussé de perles blanches et de perles à imitation rubis.



Il explique que Chanel procèdait pour ses bijoux comme pour sa mode, à même la matière, sans motif préconçu, et c'est Patrick Mauries qui relate Marcel Haedrich, expliquant la "création de Coco " en matière de bijoux.
"Pour faire ses bijoux, elle s'installait dans son salon. Assise sur le bord du canapé, elle tripotait une boule de plastique, au aurait dit du chewing-gum. Devant elle sur la table chinoise, très basse, dans des boites ou de petits bolsdes pierres de toutes dimensions et de toutes formes qu'elle incrustait a sa fantaisie dans son chewing-gum aplati sur la table"


Une amie de Coco Chanel lui avait offert une croix, et elle s'est inspirée de nombreuses fois pour des croix  de ce cadeau, celles ci ont été fabriquées par Goossens


Je ne m'attarderais pas avec dithyrambe sur ce bracelet or exécuté pour Chanel par Robert Goossens.


Coco Chanel aimait beaucoup les musées, en particulier le Musée du Louvre ou se trouve ce bracelet de Yakmour en Syrie, civilisation du 3 eme siècle.


Elle demanda à Robert Goossens dans les années 60 d'exécuter un bracelet inspiré par celui de Yakmour. Je n'ai pas réussi a rentrer en contact avec la maison Goossens alors j'ai emprunté ce cliché à l excellent livre de Patrick Mauriès sur Chanel
La maison de vente Deburaux, avait organisé une vente de bijoux réalisés par Goossens pour des artistes,je reproduis leur texte de présentation.
Orfèvre-bijoutier, né en 1927, Robert Goossens est le grand artiste du métal, l’un des derniers grands maîtres de l’âge d’or du Bijoux. Il est le descendant d’une famille de fondeurs d’art. 
Très jeune, il travaille avec son père puis il entre dans l’atelier del’orfèvre Bauer en 1942, qui crée pour les joailliers Cartier et Mellerio, puis en 1945 chez
Lefebvre.
Sa carrière « Couture » débute en 1948 chez Max Boinet qui oeuvre pour Dior, Balmain, Fath,Balenciaga, Schiaparelli, etc.En 1950, il collabore directement avec Monsieur Balenciaga.Dès 1954, il participe à la création du Style Byzantin, signature de la maison Chanel.Entre 1972 à 1975, il travaille pour la maison Grès. En 1974, il ouvre neuf ateliers : il en sortira notamment de nombreuses productions pour Yves Saint Laurent.
Le cristal de roche très employé au 17e siècle, est la matière de prédilection de
Robert Goossens. L’idée lui est venue de travailler le minéral après avoir restauré une croix en cristal de roche confiée par Coco Chanel. Ce quartz est ainsi présent dans une grande partie de sa création (bijoux, coupes et objets d’art).Il travaille toutes les matières, précieuses ou non : c’est l’aspect général qui importe seul et non la valeur économique de chaque matériau.


Bijou de Goossens pour Chanel,  ce bracelet est en laiton, strass, cabochons  orangés en résine



Goossens pour Chanel bijoux fantaisie des années 1960



,

Revers d'une croix de style Bysantin exécuté en or  perles baroques, turquoises et tourmalines par Mr Goossens pour Melle Chanel.

A propos du "design" de sa marque, comme Gabrielle Chanel n'a laissé aucun écrit on suppose...


"En 1895 Gabrielle Chanel, âgée de 12 ans,  est confiée avec ses deux sœurs, à un orphelinat  installé au xixe siècle dans les combles de l'abbaye d'Aubazine : elle y mène une vie austère  pendant six années   Elle s'est par la suite inspirée de ses souvenirs de l'abbaye pour créer des vêtements aux lignes épurées harmonieuses comparables à l'architecture, aux couleurs neutres : noir et blanc comme les uniformes des sœurs et des pensionnaires, beige comme les couleurs des murs. Son futur logo aurait été inspiré par les "C" entrelacés des vitraux c'est une version de l'émission " D'après Des racines et des Ailes"


Mais pourquoi ne se serait elle pas inspirée en visitant le chateau de Chenonceaux du monogramme de Catherine de Médicis , d'autant qu'en 2010 les archéologues qui fouillaient le quartier Henri IV du chateau de Fontainebleau firent une merveilleuse découverte


Une épingle à cheveux de Catherine de Médicis en or!


Donc, y a t il un "Style Chanel" en matière de bijoux? je pense que non!
Il y a des inspirations bysantines et de nombreux emprunts, mais aucune ligne ne se dessine qui soit particulière , sauf le fait d'avoir hissé le  bijou volumineux toc et décor en accessoire de mode.


Avant la guerre, elle reprochait aux frères Wertheimer de s'enticher alors qu'elle leur avait cédé, l'organisation, la promotion etc, de ses produits. 

Mais les freres Wertheimer après guerre préférèrent ne pas voir disparaitre le personnage Chanel et leurs relations s'apaisèrent. 
Aussi, le 24 mai 1954, Pierre Wertheimer rachète la maison de couture. 
Voilà Pierre Wertheimer propriétaire de tout le groupe Chanel. A compter de ce jour, il réglera aussi la totalité des dépenses de Coco: les impôts, le Ritz, la Cadillac, le chauffeur, les domestiques, le cuisinier, le téléphone - et jusqu'aux timbres. Jusqu'à sa mort le 10 janvier 1971, ils subviennent aux coûteux besoins de la couturière, ne serait ce que la vie au Ritz etc. 
Et pourtant: "Sans Churchill, elle était tondue", dit abruptement Edmonde Charles-Roux, menue et toujours féroce à 92 ans.

Un merveilleux ouvrage sur les Wertheimer et Gabrielle Chanel, il faut le lire 
http://www.arretsurimages.net/media/pdf/histoire_chanel.pdf

Pour les petites phrases des rubriques "A propos des bijoux" elles sont tirées du livre de Marcel Haedrich "Coco Chanel Secrète" Chez Robert Laffont

2 commentaires:

  1. "En 1932 à la sortie de la crise de 1929, elle dessine une collection de joaillerie (...)" : 1932, ce n'est pas la "sortie de la crise", tout au contraire, puisque la France, touchée avec un certain retard, y est pleinement entrée au second semestre 1931. (Parlerait-on de "crise des années trente" si elle n'avait duré qu'à peine deux ans ?) C'est précisément pour lutter contre la dépression qui s'installe (et touche même les industries du luxe) qu'un cercle de diamantaires demande à Chanel de créer une collection. Elle-même s'amusera du paradoxe : au temps de la prospérité des années vingt, elle ne s'était intéressée qu'aux bijoux dits "fantaisie", alors que la crise s'installe, elle fait cette incursion dans la joaillerie de luxe.
    Th. N.

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    1. Vous avez raison et je vous remercie de me lire,et encore plus pour nos métiers, je l explique dans :http://richardjeanjacques.blogspot.fr/2011/09/la-faillite-du-comptoir-lyon-alemand-et.html
      Les terribles conséquences de la faillite du comptoir Lyon Alemand et du désastre pour nos entreprises. Certains dossiers ne furent réglés que dans les années 50, mais je cherche toujours qui faisait partie de ce cercle de diamantaires, ou sont les catalogues de ces bijoux, ce qu'ils sont devenus etc

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