Notre célèbre joaillier se serait bien passé d’être obligé de lancer une procédure contre une princesse Russe qui lui devait 200.000frs en 1943 soit plus de 55.000€.
Elle escroqua la Maison Boucheron, mais son histoire croise aussi celle d’Hélène Arpels.
La princesse Evanne Mourousi était la fille de Dimitri Alexandrovitch Mourousi né en 1884 à Saint Petersbourg, son grand père était devenu prince par la volonté du Tsar Alexandre III en 1893, issu d’une famille grecque phanariote originaire de Mourousa près de Trébizonde au service du gouvernement Ottoman.
Evanne Mourousi était la mère d’Yves Mourousi ce grand journaliste qui avait révolutionné le journal de TF1: né en 1942 mais rapidement abandonné par sa mère.
Yves Mourousi sera élevé par sa grand-mère Marie Figueira d'Almeida, aristocrate Portugaise, il existe toujours un Prince Mourousi, qui est de la même famille, mais pas de la même branche, vous pouvez consulter l’arbre généalogique, Yves est en bas à droite.
Boucheron 1940
Son père à la fin de sa vie disait qu’elle était « une pauvre fille, une bonne à rien, une déséquilibrée » mais cela ne l’avait pas empêché de lui refiler quelques tuyaux pour ses rapines.
Bracelet de Boucheron en 1941
Pourquoi le nom de « comtesses de la Gestapo », le journal « Le point » donne une explication à propos du livre de Eider, « car nobles elles étaient, d'origine ou par alliance. Mais elles étaient plus près de la « gestapute » que de la comtesse. Sur leur procédures, on ne relève en effet que filoutages, dénonciations et extorsions à grande échelle.
Parmi toutes ces abjectes, c'est Evanne, princesse Mourousi, Mata Hari de pacotille, qui mérite la palme. Rejetée par le 2e Bureau français, elle offre ses services aux généreux Allemands pour moucharder ses compatriotes russes et dénoncer les grandes familles juives. Comme elle se permet, dans un trafic de cigarettes, d'escroquer les Allemands, elle file en prison, où elle accouche d'Yves, le futur journaliste. Elle fait piller l'hôtel des Weiller, avant d'être rattrapée par la justice. Moins inquiétées à la Libération que leurs amants, ces femmes d'affaires, fatales mais au fond si peu romanesques, ont à elles seules drainé toutes les humeurs malignes d'une époque bien sombre. Dommage qu'Eder se soit contenté de notices biographiques un peu plates et bien brouillonnes »
Voir la biographie de Paul Louis Weiller: enrichissant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul-Louis_Weiller
Helene Arpels née Ostrowska, |
Louis Arpels était passé en zone libre pour pouvoir rejoindre ses frères aux Etats Unis, Hélène n’était pas juive et théoriquement ne risquait rien, mais leur appartement de l’avenue Foch avait été saisi, comme bien juif et attribué au Marquis de Wiett, faux marquis mais véritable trafiquant de haut vol qui travaillait avec la gestapo française de la rue Lauriston.
93 rue Lauriston Paris |
La princesse Mourousi ayant appris (puisqu’elle était très proche de Bonny Lafont) ses ennuis, la recueillit chez elle et moyennant une très grosse somme d’argent la fit passer en Espagne.
Elle mena grand train, très grand train, les bijoux qu’elle volait aux juifs dénoncés ne lui suffisaient pas, elle alla chez Boucheron, comment fit elle pour ne pas les régler ? Quel bijou avait-elle acheté ?
Malgré mes recherches, je n’ai pas encore trouvé ces deux cent mille francs de bijoux que devait la princesse Mourousi
Malgré mes demandes aux éditions Grasset, je ne sais s’ils ont transmis à Cyril Eder la lettre que je lui ai écrite.
Mais comme je n’ai qu’à me louer de mes relations avec la maison Boucheron et surtout avec son historienne Claudine Sablier, j’ai vérifié auprès d’elle les assertions de Cyril Eder, tout en sachant qu’elle devrait consulter près d’une vingtaine de cahiers différents pour trouver trace de madame Mourousi, voici sa réponse :
Après recherches dans mes livres de vente j’ai retrouvé une trace de la princesse Mourousi chez nous, elle vient à 3 reprises entre le 15 septembre 1941 et le 8 novembre 1941. Elle achète un étui à cigarettes en argent pour une valeur de l’époque de 750 frs qu’elle paye le 17 septembre 1941. Pour info. Je n'ai pas retrouvé de photo de cet étui.
Elle achète ensuite un poudrier pour 3 300 frs qu’elle nous rend en novembre.
Le 19 septembre 1941 une vente est annulée, elle consistait en deux bagues et un étui à cigarettes dont les prix s’échelonnaient à 15 400 frs et 30 000 frs pour les deux bagues et 3 000 frs pour l’étui à cigarettes.
Ensuite et jusqu’à la fin de la guerre son nom n’apparait plus.
Le montant du litige de 200 000 frs, qui est indiqué n’est pas cohérent. A part une rivière de diamants aucun prix de l’époque ne se rapproche d’un tel montant, par exemple un collier de saphirs, diamants et or est estimé à 150 000 frs en 1941 (et à cette époque, c'est simple, il n'est sorti aucun collier tout diamants de nos ateliers).
Finlement j'ai reçu un courrier de Cyril Eder, qui m'a adressé un commentaire interessant et je l'en remercie.
Monsieur,Evanne Mourousi à son procès |
La Princesse, fut de plus condamnée pour intelligence avec l’ennemi le 26 /4/1947 elle qui était lesbienne et morphinomane ne volait pas que les bijoux, mais faisait aussi main basse sur le mobilier des juifs pourchassés. Après des années de prison, elle finira chez l'abbé Pierre, dans les dortoirs d'Emmaüs.
Finlement j'ai reçu un courrier de Cyril Eder, qui m'a adressé un commentaire interessant et je l'en remercie.
Les éditions Grasset viennent de me faire parvenir avec un peu de retard votre lettre du 20 septembre. Merci tout d'abord pour avoir lu et apprécié mon travail sur "Les comtesses de la Gestapo".
Vous me demandez mes sources en ce qui concerne les dettes d'Evanne Mourousi chez Boucheron pendant l'Occupation : elles sont deux. Le casier judiciaire de Mme Mourousi se trouve aux archives de la Préfecture de police de Paris sous la cote GA/M2. Ce dossier de police n'est communiqué que sur dérogation spéciale et ne peut etre consulté que sur place. D'autre part, mon autre source se trouve dans le journal "L'Oeuvre" du 26 octobre 1943. Elle vous sera sans doute plus facile à retrouver dans une bibliothèque sous forme de microfilm.
Claudine Sablier mentionne dans sa lettre que la somme de 200.000 F réclamée par Boucheron n'est pas "cohérente" et qu"aucun prix de l'époque ne se rapproche d'un tel montant". J'ignore les sources qui lui permettent d'affirmer ces évaluations de façon aussi péremptoire... A titre de renseignement, je vous envoie des prix tirés de catalogues de vente de bijoux à Drouot pendant la guerre (donc à voir à la hausse) : bracelet en or (1 million 200.000F) rang de perles 300 grains (1 million 400.000F) bracelet garni de 60 carats de diamants (3 millionsF). Le prix qu'elle avance correspond sans doute à des ventes d'avant ... 1914.
Cordiales salutations,
Cyril Eder
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