Machine trapiche au musée de Los Clavo Venezuela
Qu’est ce qu’une émeraude trapiche, ou un saphir trapiche, ou une autre gemme trapiche ?
D’abord le mot et son étymologie : Elle vient d’un mot espagnol désignant un moulin pour extraire les sucs de la canne à sucre ou de l'olive et, par extension, une roue dentée utilisée dans le broyage des minerais
Regardez en haut des rouleaux les engrenages (cliquez pour agrandir) |
Vous venez de lire ci dessus le terme d’astéride, décrivant la
disposition à l’intérieur du cristal, et cela vous fait peut être penser à l’astérisme, comme dans le saphir étoilé ou l oeil de chat?
Saphir étoilé cliquez pour agrandir |
En gemmologie, on appelle astérisme un effet d'étoile ou de croix sur
certaines pierres gemmes. Les raies lumineuses formant la croix peuvent être au
nombre de quatre, six, et rarement douze. De très nombreuses espèces minérales
présentent cette particularité. L'astérisme est dû à l'interférence de la
lumière avec les inclusions, par exemple le rutile dans
les corindons, la magnétite pour le diopside. L'effet peut être spectaculaire sur les pierres taillées en
cabochon
Emeraudes trapiches de colombie |
Mais dans
le cas des trapiches, ces rayons ressemblent à de l’astérisme, mais ces rayons
sont fixes et ne bougent pas, donc c'est une astéride.
Ces pierres souvent nuageuses ( transparence trouble) résultat d'un phénomene de croissance particulier (qui résulte de l accroissement d'un cristal par couches successives d'un fluide et d'un solide), sont constituées d'un prisme central hexagonal entouré de six prismes trapézoidaux, cimentés entre eux par des zones carbonnées à albites.
Grosso-modo, leur formation provient de variations d'apport de fluides lors de phases de cristallisation.
Cet article n'a pas vocation scientifique, simplement tenter de vous faire comprendre pourquoi une "gemme trapiche" est différente. des autres.
la cristallisation particulière des trapiches s'effectue en deux phases :
Phase 1: la cristallisation du prisme central se produit, puis
s'enrichit en albite qui cristallise sous la forme de fins cristaux mélangés au
béryl ; il se forme un eutectique qui se poursuit tant qu'il existe une arrivée
de fluides. Une interruption crée une croute sur les faces du prisme initial ;
Phase 2: la cristallisation reprend lors d'un nouvel apport de
fluide et se fait parallèlement aux faces du prisme initial. L'eutectique
choisit les arêtes du prisme, seuls sites de croissance disponibles. Il faut
que les eaux-mères soient saturées d'albite pour la poursuite de la croissance.
Qu'est l'eutectique?
Un eutectique est un mélange de deux corps purs qui contrairement aux
mélanges habituels. fond et se solidifie à température constante : lors de sa
fusion, il se comporte en fait comme un corps pur.
L'eutectique le plus connu est l'eutectique de l'eau salée : on sale les routes
en hiver pour que la glace forme un eutectique avec le sel, et reste liquide à
des températures négatives. Selon le dosage, ce mélange rester liquide jusqu'à
-21 °C., et si on utilise du chlorure de calcium (comme sur les routes
d'Amérique du Nord) jusqu'à -51,1 °C. L'abaissement de la température de fusion
ainsi obtenu est appelé « fusion eutectique ».
Emeraude trapiche
D’après messieurs Nassau et
Jackson (1970, reprise par Webster en 1983), les émeraudes trapiches se
trouvent uniquement dans certains gisements de la zone à émeraude occidentale;
elles ne se rencontrent pas dans les districts miniers de Gachalá et de Chivor
D'après
Webster (1983), les émeraudes trapiches de Chivor et de Peña Blanca sont givrées
avec des stries internes et un nucléus vert alors qu'à Muzo, le prisme central
est opaque. De magnifiques cabochons
d'émeraudes trapiches de 5,5 et 6,9 carats sont conservés au National Gem Collection
de la Smithsonian Institution
Trapiche vendu par la compagnie des gemmes
Messieurs
Sinkankas et Read (1985) ont identifiés la calcite, la dolomie, le quartz,
l'albite, la pyrite, la biotite, le kaolin et du matériel carboné. L’étude de
Daniel Ohnenstetter, Gaston Guliani et Omar Bustos a mis en évidence outre les carbonates
et la pyrite, la présence d'apatite, d'albite-oligoclase, du feldspath potassique,
de la monazite et même du zircon. Le nucléus des cristaux c'est-à-dire la zone
centrale, est formé par un prisme hexagonal de béryl limpide alors que les
zones extérieures sont formées de prismes trapézoïdaux (Schiffman,1968) faisant
penser à des pétales de fleur. Ces prismes peuvent être incolores ou verts
(qualité gemme).
Mais cette forme se retrouve également sur certains corindons et sur certaines tourmalines. Il ne s'agit pas d'une
macle mais bien d'un monocristal ayant subi deux phases de croissances bien distinctes.
Rubis trapiche photo d'Edoaurd Monges: voir ci-après
Saphir Trapiche
Tourmaline trapiche, Photo de Luciana DB
Chrysoberyl
Mr Segura du laboratoire français de gemmologie me fait parvenir son avis "Pour le chrysoberyl, il s’agit plutôt d’une macle, donc
l’interpénétration de deux ou plusieurs cristaux, formant ici une
étoile, a la différence du phénomène de trapiche qui est dû à une
cristallisation particulière, où il ne s’agit donc
que d’un seul cristal."
Il nous offre une photo de trapiche rubis
Edouard Monges, gemmologue français propose les photos qui suivent
Saphir trapiche (Edouard Monges) |
Exceptionnel, ce saphir est à la fois trapiche et étoilé, Cliché fourni par Edouard Monges |
Rubis trapiche (photo Edouard Monges)
Saphir trapiche de haute qualité vendu par PALAGEM
Etonnant et superbe (Edouard Monges)
Edouard Monges est aussi photographe de gemmes, il "expose "ses photos sur
Sur le site Gemology online, une splendide série d'émeraudes de même couleur qui a été vendue pour faire une parure.
Voir l'explication ci-dessous
Je crois necessaire de signaler un excellent
article de Monsieur Olivier Segura, gemmologue, responsable du Développement au Laboratoire Français de Gemmologie
Rubis trapiche au verre au plomb
Depuis 2004, le traitement des corindons (rubis principalement) par remplissage des fractures au verre au plomb ne cesse de se développer. Développement technique certes, avec l’apparition de verres qui ne montrent plus d’effet flash bleu/orange. Mais aussi développement quantitatif par le nombre de pierres traitées sur le marché et la découverte de nouvelles productions se prêtant particulièrement bien à ce traitement, notamment au Mozambique.
Aujourd’hui, un nouveau type de développement apparaît sur le marché des gemmes qui n’étaient jusqu’alors pas concernées par ce traitement.
Au mois d’août 2010, l’auteur a acquis un rubis trapiche de 20.37 ct, translucide, sur le marché de Chanthaburi (Thaïlande). Le vendeur a précisé que la pierre était originaire du Mozambique et qu’elle était traitée par remplissage des fractures au verre au plomb. D’autres vendeurs rencontrés plus tard proposent également des rubis trapiches non traités, de grande taille (jusqu’à 181 ct), qu’ils disent provenir de la région de Nzérékoré en Guinée (Afrique de l’Ouest), une zone non encore connue pour ce type de matériau.
Rubis trapiche de 20.37 ct, vendu comme rubis traité par verre au plomb, photo O. Segura. |
Sur notre échantillon on voit clairement une figure classique de trapiche, avec six secteurs séparés par une limite d’aspect différent. On y observe aussi des zones de croissance hexagonales typiques des corindons. A la loupe x10, on distingue facilement de nombreuses bulles qui témoignent du remplissage des fractures par un matériau fluide au moment du traitement.
Les propriétés gemmologiques sont cohérentes avec celles du rubis : IR = 1.755-1.770 ; densité = 3.95 ; pierre inerte aux ultraviolets à 254 nm et rouge à 365 nm ; le spectre est classiquement celui du rubis (raie d’absorption à 693 nm, bande d’absorption importante dans le jaune et le vert aux environs de 500 nm à 610 nm environ, 2 raies d’absorption dans le bleu à 468 nm et 476 nm, et absorption du violet).
L’examen au microscope confirme la présence de nombreuses fissures remplies avec un matériau possédant les propriétés du verre. Elles se distinguent en lumière réfléchie par un éclat plus mat et sont souvent assez larges. Ceci laisse présager un remplissage très important de la pierre. Il y a beaucoup de bulles emprisonnées dont certaines parfaitement sphériques, ce qui indique que les volumes à remplir étaient importants, permettant à la bulle de se développer librement, sans être aplatie.
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L'observation en lumière réfléchie montre un remplissage important de la pierre (x10), photo O. Segura. | Nombreuses bulles sphériques emprisonnées, signe du volume important à remplir. On remarque également la présence d'inclusions naturelles (x20). Photo O. Segura. |
Des inclusions naturelles de cristaux sont également visibles en grand nombre, il s’agit probablement d’apatite. Les figures du trapiche sont de couleur blanche et d’aspect soyeux, bien régulières et homogènes. Nous sommes donc en présence d’un seul cristal et non d’une pierre reconstituée, malgré l’abondance du verre.
A notre connaissance, les rubis trapiches en provenances du Mozambique sont beaucoup plus rares et d’une taille beaucoup plus importante que ceux que l’on trouve en Birmanie, notamment dans la région de Mong Shu.
On peut donc augurer que l’exploitation poussée des gisements du Mozambique, découverts depuis début 2009, fournira à l’avenir des rubis trapiches de belle taille.
Olivier Segura, gemmologue, responsable du Développement, Laboratoire Français de Gemmologie
Vous pouvez acheter des émeraudes "trapiche" sur internet je vous recommande cette maison, qui se trouve a Nice. Des gens ouverts et sympathiques.
Sources:
Larousse des pierres précieuses de Bariand et Poirot
L'Emeraude : livre en vente a l association française de gemmologie
Thierry Bertier maitre de conférence de mathématiques à l université de limoges:
très intéressant. J'adore tout particulièrement les pierres taillées en étoile qui font penser à de belles fleurs
RépondreSupprimerBien beau reportage sur ces pierres mal connues. Attention toutefois à ne pas confondre "trapiche" et "trapiche like" comme on le voit sur certain sites de vente... Une véritable pierre trapiche est plus rare qu'une "trapiche like".
RépondreSupprimerBonjour, vous avez raison, et je ne peux que conseiller cet excellent memoire de Jean Marie Gaultier : https://www.gemlabmarseille.com/formation/fga/projets/2019gaultier/memoire_trapiche%20de%20colombie_globale_10tCompress.docx.pdf
RépondreSupprimerOui, beau mémoire !
RépondreSupprimerpar contre, pour moi, les pierres montrées Figure 26 (Pakistan: brutsd’émeraude «trapiche like», mines de la vallée de Swat) sont trapiches même si le phénomène est moins marqué... à voir...