André Hardellet ne dit peut être rien aux français de nos jours, mais si je complète avec une Chanson
LE BAL CHEZ TEMPOREL
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Un jour ou l'autre
Pense à ceux qui tous ont laissé leurs noms gravés
Auprès du nôtre
D'une rencontre au bord de l'eau
Ne restent que quatre initiales
Et deux coeurs taillés au couteau
Dans le bois des tables bancales
Si tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l'autre
Pense à ceux qui tous ont laissé leurs noms gravés
Auprès du nôtre
Sur le vieux comptoir tu pourras
Si le coeur t'en dit boire un verre
En l'honneur de nos vingt carats
Qui depuis se sont fait la paire
Si tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l'autre
Pense aux doigts qui tous ont laissé quelques " je t'aime "
Auprès du nôtre
Dans ce petit bal mal famé
C'en est assez pour que renaisse
Ce qu'alors nous avons aimé
Et pour que tu le reconnaisses
Si tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l'autre
Pense aux bonheurs qui sont passés là simplement
Comme le nôtre
Photographie de Robert Doisneau
La musique est de Guy Béart , le père de cette jeune femme aux rondeurs assassines Emannuelle Béart.
Il parait que souvent Guy Beart dit que les paroles et la musique sont de lui , pas tout a fait.
Du Bal chez Temporel, Béart a écrit la musique, mais une petite partie seulement des paroles. Il est parti d’un joli poème d’André Hardellet, qui s’intitulait: Le Tremblay, que je copie ci-dessous. Il aurait pu le mettre en musique sans rien y changer.
Le Tremblay
Si tu reviens jamais danser
Chez Temporel, un jour ou l’autre,
Pense à ceux qui tous ont laissé
Leurs noms gravés auprès des nôtres.
Souviens-toi : quand tu l’as choisie
Pour tourner la valse en mineur,
La bonne chance enfin saisie,
Deux initiales dans un cœur.
Pense à ta jeunesse gâchée,
Sans t’en douter, au fil des jours,
Pense à l’image tant cherchée
Qui garderait son vrai contour.
Des robes aux couleurs de valse
Il n’est demeuré qu’un reflet
Sur le tain écaillé des glaces,
Des chansons – à peine un couplet
Mais c’est assez pour que renaisse
Ce qu’alors nous avons aimé
Et pour que tu te reconnaisses
Dans ce petit bal mal famé
Avec d’autres qui sont partis
Vers le meilleur ou vers le pire,
Avec celle qui t’a souri
Et dit les mots qu’il fallait dire.
Oui, si tu retournes danser
Chez Temporel, un jour ou l’autre,
Pense aux bonheurs qui sont passés
Là, simplement, comme les nôtres.
André Hardellet a fait des chansons qui rythmaient les années 50 à 60, les années des trois B de la chanson française
BRASSENS-BREL- BEART
Guy Béart , découvre ce poème et écrit la chanson en dix minutes
André Hardellet est né à Vincennes le 13/2/1911, ses parents vinrent s'installer à Paris après la grande guerre en 1918. Il est fils unique, excellent élève, Il voulait faire Médecine, mais secrètement il préférait la Poésie, une opportunité se présente, il arrête ses études en 1933,pour diriger l entreprise familiale, entreprise de Bijouterie Joaillerie pour laquelle l'essentiel de la fabrication repose sur des alliances sous la marque "Nuptia"
Le jour dans l'entreprise la nuit il se plonge dans Marcel Proust, Arthur Rimbaud, Gérard de Nerval, Pierre Mac Orlan qui avait écrit plus de soixante cinq chansons va l'influencer et le pousser vers la littérature.
Le luisant et la Sorgue, Sommeils, La cité Montgol, le Seuil du Jardin, le Parc des Archers sont ses oeuvres maitresses.
Il y eut la deuxième grande guerre qu'il fit en tant que médecin, puis l'après guerre, ses amis sont René Fallet, Alphonse Boudard, Simone Marty, Georges Brassens, André Vers.
En1958 André breton dit de lui (lors de la parution de son livre "Le seuil du Jardin" qu'il est "le conquérant des seules terres vraiment lointaines qui vaillent la peine"
Il écrivit un livre de poète sur sa première femme au sens "initiatrice" ce livre écrit avec ses tripes, ses réalités et ses fantasmes, ses vérités semblables souvent aux nôtres, fit l'objet d'une condamnation aux bonnes moeurs qui le toucha au plus profond de lui même.
Il avait écrit un beau livre érotique et c'est en application des lois sous le ministère de Raymond Marcellin qu'il fut condamné par la 17 eme chambre correctionnelle de Paris, malgré le soutien de gens aussi variés que Pierre Emmanuel, le Prince Murat, Julien Gracq, Georges Brassens, René Fallet, Léo Férré.
Giscard D'Estaing heureusement l'amnistia à l'occasion de son élection en 1974, il mourut la même année.
Aujourd'hui le livre "Lourdes,Lentes", est en vente libre.
Quelle fierté pour nos métiers qu'un confrère semblable!