Ci-dessus, un extrait du troisième tome "Tempes Grises" de la suite "Ma Route et mes chansons" de Maurice Chevalier
Etait-ce aussi dramatique que ce qui y est écrit?, je ne le pense pas, mais nous savons peu de choses de Louis Arpels.
Louis Leon(ou Lion) fils de Salomon Leon (ou Lion) et de Thérèse Mayer est né à Nancy le 22/8/1886, les dates divergent sur son entrée dans la société VCA, personnellement je crois que c'est en 1921.
Le 11 juillet 1940, Pétain, prend le titre de "Chef de l'Etat Français" et alors que sa nièce Renée Rachel Van Cleef, croyant en la protection de Josée Laval, la fille de Pierre Laval, se rend en leur sucurssale de Vichy, Louis Arpels fait le choix de fuir vers New York, via Rio de Janeiro.
Salomon (dit Charles) Louis et Hélène Arpels,(Née Ostrowsky en 1907 à Monaco) arrivent à New York à bord du paquebot "SS URUGUAY"le 21 Aout 1940.
Non à fond de cale, mais en passagers de première classe, comme vous pouvez le vérifier sur ce document en cliquant dessus pour l'agrandir. En 1929 Louis et Claude Arpels, rejoints pas Jules et Léa Arpels qui avaient voyagé sur le "SS Berengaria" parti de Cherbourg le 11/10/1929 pour arriver a New York le 19/10/1929, étaient venus pour tenter une installation de la maison VCA à New York.
Ils ouvrent un point de vente le jour ou on annonce le Krach de Wall Street , des centaines de PDG se jettent des grattes ciels. Retour a Paris.
Sauf Claude qui s'inscrit à Harvard sous le nom de Claude Léon Arpels.
Est ce à ce moment que Claude prend conscience de son intéret pour ce pays neuf ?, il s'installe.
En 1934 Louis qui était surtout un commercial, donnera son nom au bracelet "Ludo" car en famille on l'appelait "Ludovic" mais a part cela je n'ai pas trouvé d'indications d'un intérêt pour le métier de pur Joaillier .
En 1936 Louis est de tous les évènements mondains , quoi de plus normal pour un grand joaillier
C'est en 1939 que Louis et son frère Jules se rendent à New York à bord du "Queen Mary" pour représenter leur maison au Pavillon Français de l'exposition internationale de New York.
Salomon (dit Charles) Arpels avait organisé la délégation au salon de l'expo pour la délégation Française, ce qui lui avait valu la légion d'honneur.
En 1939, Claude, sous couvert de VCA Paris, ouvre un bureau de vente au 36eme étage du Rockfeller Center, les affaires se développant Louis a rejoint Claude qui ouvre un magasin, succursale de Paris, sur la 5eme avenue à New York. A son Arrivée Louis et la belle Hélène sont logés à l'hotel "Madison" 62 madison Avenue près du Madison Square Park en plein Manhattan, pour l époque c'est loin d'être un hotel pour immigrants fauchés. Louis a déclaré travailler chez Van Cleef et Arpels 744 sur la 5 eme avenue àNY. Donc le texte de Maurice Chevalier est à prendre avec réserves, non pour l'écrit de Maurice Chevalier, mais pour les déclarations qui lui ont été faites par Louis Arpels.
Quant au magasin, il était déjà installé depuis un an et Louis émargeait 5 eme avenue. Mais vous pouvez penser qu'allant à contre courant de l'histoire officielle je tiens ces informations de source douteuse, mais je ne fais que tirer des informations de papiers officiels.
Ainsi pour l'hotel!
Louis demanda sa naturalisation aux Etats unis et en 1942 Jules et Louis dirigent la branche américaine de VCA.
Alors que Claude, Jacques, Pierre devinrent gérant associés de VCA France fin 1944, Louis ne fut gérant associé que le 4-6-1952!
Hélène est plus connue aux Etats Unis que son Mari.
Hélène Arpels était Mannequin et déjà célèbre avant que Louis ne fit sa connaissance.
A partir de 1927 ou Hélène est prise en Photographie à Deauville comme mannequin, et jusqu'à la guerre, quelques femmes faisaient la mode , gagnaient tous les concours d'élégance et focalisaient l'attention des magazines.
Hélène était de celles là au même titre que Mme Robert Revel ou que Mme Eduardo Martinez de Hoz.
Il n'y a pas à dire.!!. Hélene Ostrowska photographiée ici a Chantilly était une Jolie femme ayant beaucoup d'allure.
A ses débuts en tant que mannequin à la fin des années 20, elle avait une amie qui travaillait avec elle, Marie Tchernycheff, qui pendant la guerre rendra service à Hélène et a son mari.
Cyril Eder raconte l histoire dans son passionnant livre "Les Comtesses de la Gestapo", Marie fut présentée par un Officier Allemand à Henri Chamberlain, plus connu sous le nom de Henri Laffont qui fut le chef de la Gestapo Française avec son ami Bonny.
La Gestapo française était installée dans la "Carlingue" Rue Lauriston.
Cyril Eder nous raconte que cette brute était tellement assoiffé de reconnaissance sociale qu'après avoir obtenu la nationalité Allemande en 1941 et le grade de capitaine dans l armée, il avait fait le tour des cabarets parisiens en uniforme allemand, se couvrant ainsi de ridicule.
Marie Tchernycheff, l amie de Hélène Arpels était la maitresse d'Henri Laffont mais elle commença à recevoir par la poste des menaces de mort et des petits cercueils, la Werhmatch commençant à reculer à l'est elle fit comme Juanovici et se découvrit une âme de résistante.
Elle se souvint qu'avant guerre, elle avait une amie Hélène Ostrowska ancien mannequin comme elle , mais qui avait épousé un joaillier de 19 ans de plus qu'elle, Louis Arpels.
Hélène Arpels à Longchamp en 1939 avec le collier Passe Partout |
Leur appartement de l'avenue Foch avait été homologué comme bien juif et attribué au marquis de Wiet qui n'était pas marquis d'ailleurs, quand à la marquise c'était une ancienne coiffeuse.
L'appartement n'aurait pas du lui être confisqué puisqu'Hélène n'était pas juive, ce qui n empêcha pas Lafont de menacer son avocat de déportation.
Hélène Arpels devint gênante pour beaucoup et sa présence n'était plus souhaitable à Paris.
La comtesse Marie Tchernycheff l'ayant appris la recueillit chez elle puis la fit passer en Espagne (au prix fort) et Hélène Arpels put se rendre au Portugal pour prendre le bateau .
Mais la Comtesse fut dénoncée et les ennuis commencèrent pour elle
Hélène Arpels portait magnifiquement les bijoux de Van Cleef , mais aussi ceux de Cartier ou Tiffany dont la plupart furent vendus en 2006 chez Christie's.
Elle fut classée parmi les 10 femmes les plus élégantes du monde.
En 1954 d'après le "Time Magazine" Louis et Hélène se déchirèrent devant un juge pour leur divorce. Hélène raconta au tribunal leur vie de couple, elle se plaignit que Louis Arpels, autrefois un homme élégant et raffiné "un bijou de 24 carats", offrait désormais ses bijoux à une autre.
L' "Autre" une simple chanteuse de cabaret nommée Juliana Larson. Hélène déclara au Juge que Louis lui avait "annoncé que le peu de temps qu'il lui restait a vivre , il voulait le passer avec Juliana". Peu de temps après, en fouillant les poches de Louis, elle découvrit une lettre à "Lulu" leur fille "Lulu mon Ange, mon adorée" signée, "J" ?. Lulu pressentie plus tard pour être la marraine de Marine Le Pen; Hélène réclama la séparation et 2500 $ de pension alimentaire à vie
Le peu de temps à vivre de Louis Arpels dura 22 ans Hélène créa un magasin de Chaussure chic et mode au 665 de l'avenue Madison (60 eme Rue) elle y vendait aussi des foulards, des étoles en mousseline de soie de Pierre Cardin....; et eut rapidement du succès grâce a son réseau d'amis.
Rose Kennedy, Jackie Kennedy, Gloria Guiness, la Begum Aga Khan , tant d'autres, elle fut aussi fréquemment invitée à la Maison Blanche sous Kennedy et Reagan.
Louis mourut en 1976
Les photos de Madame Arpels sont tirées du livre "Elégance"
The Seeberger Brothers and the birth of fashion photography
Par Sylvie Aubenas, Virginie Chardin, Xavier Demange.
Vous ne le trouverez plus en librairie, mais essayez sur Amazon
Si vous allez à New York essayer l Hotel Madison:
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai suivi vos post sur le VCA avec beaucoup d'intérêt depuis presque son début. J’ai profité de mes vacances de Noël pour réfléchir un peu sur l’ensemble des contenus de vos post dédiés à ce sujet. Des questions ont surgit au fur et à mesure sur les enjeux de la démarche entreprise par les VCA. Les voici :
-comment ont-il surmonté les critiques des confrères du métier qui étaient d’origine français de couche (dont certains avaient une tradition dans le métier de plusieurs siècles) en sachant qu’ils n’étaient des juifs devenus récemment des citoyens français, dans une France en transition vers un laïcisme qui reconnaissait enfin (mais avec beaucoup de difficulté) le statut civil de gens appartenant à des minorités religieuses ? Ce n'est pas un peu ironique que les Arpels (des français qui désirent connaitre et s'installer ailleurs) se naturalisent aux USA tandis que les VC (des nouveaux français) restent et décèdent en France malgré l'époque de Vichy ?
-comment ont-il pu se financer pour passer d’une petite boutique à une installation dans un hôtel de luxe et ensuite mettre en place des succursales dans des villes à tourisme à haute gamme ? En étant innovateurs dans ce sens là, cela était forcement un pari économique. Obtenir un crédit en France ce n’est pas gagné pour des artisans ayant des rêves de grandeur. On est tout de suite appelé à la raison et à la réalité. Auraient-t-ils des amis politiques pour les aider à en accéder, si cela était le cas ?
-comment cela s’est passé la prise de risque au VCA en promouvant des nouvelles tactiques de ventes (publicités en plus dans des grands journaux) au dépit des conventions collectives de la profession (héritière d’une tradition et fierté artisanale) ? Que Rachel V.C. ait rentre dans l'affaire malgré sa formation d'infirmière, cela n'est pas banal dans un milieu où l'accès à la reconnaissance se fait par des maitres-artisans octroyant une autorisation via une formation qualifiante.
-la documentation atteste qu’ils ont contacté plutôt des clients huppés et royales de l’Angleterre, l’Inde et l’Arabie qui arrivaient à la boutique de Paris (et celles des villes touristiques haute-gamme). Alors, comment ont-ils pu contacter à l’avance cette clientèle raffinée en n'étant que des artisans devenus des commerciaux ... aux yeux d’une réticente et décadente aristocratie locale ? Pour se présenter à cette clientèle, ils ont dû forcement cultiver (emprunter) une image aristocrate. Qui faisait alors le lien entre eux et ces étrangers en sautant par au-dessus de la chaine locale ? La photo qui montre à « Alfred VAN CLEEF et Esther ARPELS au cabaret TABARIN », aussi simple qu’elle soit ne révèle-t-elle une image qu’ils ont dû cultiver et qui n’est pas tellement habituelle chez des artisans ?