jeudi 26 novembre 2009

Spoonmaker, ou Piggot: Le diamant brisé!

Un des plus gros diamant découvert a ce jour se trouve au musée de Topkapi.

Il est présenté dans l'inventaire du musée comme étant le "Spoonmaker"  et cet inventaire dit que c'est la même pierre que le "Piggot" historiquement célèbre, ayant eu une existence agitée.

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Ce diamant en forme de poire, pesant 85,8 carats, est entouré de diamants tailles anciennes.Il aurait été trouvé dans une décharge par un pêcheur turc, qui le vendit à un dinandier en échange de trois cuillers.D'ou son nom.
Il est possible que ce diamant soit le Turquie II, mentionné pour la dernière fois en 1882, comme faisant partie des joyaux de la Couronne de l’Empire ottoman. 
Ce qui me fit douter en premier, c'est la relecture d'un livre ancien acheté il y a quelques années:
Diamants et pierres précieuses, par Louis DIEULAFAIT (Si en plus Dieu est avec nous!!!)
Ce livre (page 101) dit
"Un autre diamant connu est le "Piggot" qui fut rapporté des Indes par le comte de ce nom; son poids est de 81 I/4  carats . Il fut mis en loterie en 1801 pour la somme de 750000 frs, plus tard il devint la propriété du Pacha d'Egypte qui le paya la même somme, on ne sait quel est aujourd'hui son possesseur."

Ce live date de 1874 et ce diamant le "Pigott" est de taille ovale avec pour l'époque une grande table.
Mis en loterie voulait dire une nouvelle manière de vente, la vente aux Enchères, et la vente avait eu lieu chez "Christies" Voici l'annonce de cette vente en 1802.
Cliquer sur l'image pour agrandir

--> Il aurait été rapporté des Indes par un officier d'origine Française  ( passé à l'ennemi Anglais) qui l’aurait possédé pendant quelque temps. 
En 1818, le Pigott est en possession d’Ali Pacha, alors gouverneur d’Albanie. Cet Ali Pacha était un tyran


Le "Livre du lapidaire du quatorzième siècle le cite:
Ainsi que le traité complet des pierres précieuses....de Charles Barbot


Il est vrai qu'un livre seulement le donne comme pesant la moitié .
Mais deux intermédiaires en firent une description précise pour l'époque
Et on parle d'une pierre Ovale , pas d'une poire.

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Its form is of a perfect oval about one and a quarter inches [31.75mm] in length by three-quarters of an inch [19.05 mm] broad. The water of it is of the most pure description and there is but only one imperfection in it and that does not interfere in the least with either its colour or brilliancy and must indeed be pointed out before it can be discerned. The defect alluded to is a very small red foul (so called by Jewellers) very near the girdle or edge of the diamond. The weight of this most beautiful Jem is 187 ½ gr.

Ceci fait que je préfère une autre histoire qui me parait plus proche de la vérité.
Les diamants célébres ou importants par leur poids et taille ont eu toutes sortes d'aventures, volés , démontés, revendus, retaillés  mais un seul aurait été brisé volontairement , "le Piggot" 
Il aurait été donné par un Prince Indien à Georges Pigot le gouverneur Anglais de Madras. A sa mort, il aurait été vendu en 1777, puis après quelques aventures dont cette fameuse vente Loterie de Christie's  à Pall Mall, Ali le Pacha de Ioannina (Epire) surnommé le Lion de Ioannina en fit l'acquisition.



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Bien qu'éloignée de la Turquie actuelle, Ioanina est la ville grecque la plus marquée par 500 ans de domination ottomane. Le nom d'Ali Pacha est en particulier indissociable de la cite : Ce tyran était très cruel et finit par inquiéter ses propres compatriotes.
De Grèce , il tenta d'échapper à la tutelle du Sultan de Constantinople(après avoir demandé le soutien de Napoléon) qui vint l'assiéger en 1820
Après deux années de Siège , Ali le Pacha le 5 février 1822 ordonna a son aide de camp ,  Mr Anglas, de détruire les deux choses auxquelles ils tenait le plus:
 Son Epouse chrétienne "Vassilika" et son diamant.

Ordre de le broyer





Il parait qu'il a vu la destruction de ce diamant.
Fut il réellement détruit tel que Jean Paul Poirot(notre éminent ancien directeur du service public du controle des diamants ,  de la CCI à paris) pose la question?
En revanche il mourut avant que sa femme ne soit assassinée et l'aide de camp lui laissa la vie.

J'espère que cet article alimentera une petite polémique afin de comprendre la différence entre ces deux diamants qu'on nous présente à Istambul  comme étant le même.

3 commentaires:

  1. Je voudrais aborder le sujet à partir d'une analyse des sources dont on puise pour soutenir les différentes versions, déjà assez généralisées, sur l'origine de ce diamant. La principale source, soutenue par l'État turque, est celle promue dans le site web de l'université de Bilkent (Ankara, Turkie), plus spécifiquement par le Département de Histoire dans sa recherche sur l'histoire Ottomane [http://www.ee.bilkent.edu.tr/~history/Ext/Spoondia.htm]. La bibliographie utilisée (The Turkish Journal of Collectable Art, April 1985, Istanbul) contient des commentaires réalisés par Mehmet Onder, fonctionnaire d'État adjoint aux Affaires culturelles du Ministère de l'Education (dans les années 70, chargé de l'avis technique sur la réorganisation des archives et la formation des archivistes).

    La version sur l'origine turque du diamant (découvert à Istanbul) a été élaboré par Rasid Mehmet (?-1735, né à Istanbul), poète et historien officiel de la court Ottomane chargé d'écrire l'histoire sur le royaume de Ahmed III à partir de son ascension au trône en 1703 (Encyclopaedic Historiography of the Muslim World, By NK Singh, A Samiuddin, pag 819). Il était l'un des deux premières "vakanüvist" (chroniqueurs ayant un rôle de tuteurs des princes). Sa carrière a été très influencé par des considérations politiques, en particulier par sa proximité avec le Grand Vizir "Pacha Newshehirli Ibrahim" (donc par conséquence son identification avec la culture du Palais de la période de Dewi). En 1728, Il est allé comme ambassadeur ottoman à Ispahan, et peu après, a été nommé Kadi d'Istanbul.

    Si ce diamant est mis en valeur aujourd'hui, cela se fait dans la mesure où il fait partie du trésor du Palais de Topkapi, reconverti en musée en 1924 (après l'abolition de l'Empire Ottoman en 1922).Cela nous emmène à la suivante remarque: les promoteurs de cette version (sur l'origine du diamant) sont des historiens engagés dans une démarche de récupération de la mémoire et du patrimoine culturel, c'est-à-dire engagés dans la (ré)construction de l'identité Turque selon les consignes orientés par leur Ministère de l'Education. Ici, je me permets d'appliquer un dicton : l'histoire est un fil tissé par des mains humaines ... et dans le cas du diamant Spoonmaker ... orienté par des propos politiques.

    Je voudrais bien savoir qui a été à l'origine des versions européennes, celles de 1774 et de 1798? Serait-elle développée à partir de l'auteur du livre dont vous parlez "Diamants et pierres précieuses", Louis DIEULAFAIT? qui était lui? Est-elle une version plus neutre?

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  2. Monsieur Tapaz Zumrut
    Ce que j'essaye de dire c'est que le Spoonmaker n'est pas le Piggot.
    Monsieur Louis Dieulafait qui était professeur de Géologie et de Minéralogie à la faculté des sciences de Marseille.
    Son livre "Diamants et pierres précieuses" a été publié chez Hachette Paris en 1874 et c'est la somme de ses connaissances pour cette époque.
    Mais connaissances d'un niveau élevé.
    Il décrit une pierre ovale et non une poire, mais il est loin d'être le seul a avoir décrit une pierre ovale.
    D'autres apporteront peut etre de l'eau au moulin de ce Blog!!!

    Jean Jacques Richard

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  3. Je suis tout à fait d'accord avec la doute que s'impose à partir de vos sources. Ce que l'essai moi est de mettre en évidence est l'origine de ces sources turques qui affirment que le Spoonmaker est aussi le Piggot. D'où partent-ils pour faire une telle affirmation? D'abord, ils ne sont pas des experts techniques (gemmologues, experts en bijoux, etc) mais des historiens compromis dans une démarche politique. Et cela change totalement la donnée sur la façon d'aborder votre questionnement (en tout cas pour eux, bien entendu).

    Pour l'Etat turque, depuis des siècles, le dernier mot sur la vérité la détienne l'Etat lui-même et non pas un technicien. Question des différences, sur la gouvernance politico-éducative-économique, avec la culture européenne. Les techniciens sont au service des intérêts généraux et situés en bas de l'échelle.

    Cela se met en évidence par la façon dont ils ont construit, de toutes pièces, le conte sur ce diamant (c'est précisément l'ouvre de Rashid, non seulement historien mais aussi poète): le passage de la gemme en commençant par un simple pêcheur (ou vagabond), puis le conflit entre bijoutiers (l'un gemmologue et l'autre commerçant) différé par un dernier joaillier "investisseur-sage" (tailleur?), jusqu'à l'appropriation (expropriation) par le plus haut représentant de l'Etat, le sultan Mehmed IV.

    Des experts estiment que l'histoire du pêcheur a été fournie aussi pour supprimer des questions embarrassantes sur la provenance du diamant, sur le propriétaire précédent (butin de guerre lors de la défaite byzantine?, etc.)

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