J'ai vécu 65 ans en Normandie, mes antécédents sont bretons aussi loin que je puisse remonter, mais je suis né un 14 juillet (1942) rue Lafayette sur la rive gauche, cette rive besogneuse, industrielle. Le quartier Saint Sever a aussi hébergé les manufactures de Faiences si appréciée des collectionneurs. Les fabricants bijoutiers étaient pratiquement tous rive droite, la vieille ville, celle ou s'étaient déja installés les Romains, j'en ai déjà parlé à propos de l'Auréus de l'empereur Commode que mes amis archéologues avaient découvert derrière le carrefour de la rue ganterie, carrefour des deux grandes voies Romaines, d'ou son nom de carrefour de la Crosse(la croix).
https://richardjeanjacques.blogspot.fr/2007/07/monnaies-montes-en-bijoux-cest-pas.html
Si nos Normands savent faire preuve de réserve, de quant à soi, la méfiance va de pair, et on ne parle pas de somme d'argent comme cela, en revanche en matière de bijoux, les croix Normandes ne passaient pas inaperçues.
Mais il ne faut pas oublier, que Rouen a été très longtemps la deuxième ville du Royaume après Paris, et cela ne put se faire que par un certain acharnement au travail et à l'épargne et comme ce sang Viking qui coule dans leur veine les pousse a être fier, Il leur faut montrer "qu'ils ont du bien".
Ailleurs on dirait de "l'argent", ici, avec une certaine Pudeur, "on a du bien". Combien de fois ai-je entendu des vieux (anciens) Normands me dire "C'est pas que je ne peux pas, mais..." manière de me faire comprendre que Madame avait placé la barre un peu haut. Mais il fallait parler , revenir sur le sujet, ne jamais pousser trop sur le plus cher, être un peu l'allié de Madame, sans jamais forcer Monsieur, et puis cela se faisait, nous avions "causé" . cela m'a souvent surpris de voir sur le pas de la porte le client se retourner et me remercier. Souvent je leur ai répondu "mais je viens de vous prendre votre argent, vous m'avez payé!" "oui, mais vous l'avez bien fait"
Il y eut les Croix bosses, les Croix Jeannettes, la Croix "à cadrille" dite Croix de Saint Lô; toutes fabriquées au 18 eme siecle, mais c'est à la fin du siecle, une fois la révolution terminée lorsque le "controle" reprit en 1797 qu'apparut la Croix dite de Rouen. Au summum de leur art, les orfèvres et Joailliers étaient très nombreux à Rouen. Ceux ci couvrirent les croix qu'ils fabriquaient de petits "Strass" c'est pourquoi la Croix de Rouen fut appelée Croix à Pierres.
Toute cette dentelle résulte d'un travail qu'on appelle repercé. Sur une plaque d'or, légèrement emboutie, l'artisan dessinait un décor, perçait le métal à l'aide d'un "drille" puis "reperçait" le décor dessiné pour en faire ce bijou d'une grande légèreté. Mais il fallait du volume aussi, tout en maintenant une certaine legèreté, et une fois les "Strass" sertis, on assemblait ces espèces de Cônes surélevés, creux, d'une épaisseur de 2 à 3/IO° de m/m . Ce qui n'aurait pas résisté au polissage et encore moins au porter. Alors on bourrait ces cônes de papier brouillard, de terre, de mastic. et le plus souvent de gomme laque.
Il y eut les Croix bosses, les Croix Jeannettes, la Croix "à cadrille" dite Croix de Saint Lô; toutes fabriquées au 18 eme siecle, mais c'est à la fin du siecle, une fois la révolution terminée lorsque le "controle" reprit en 1797 qu'apparut la Croix dite de Rouen. Au summum de leur art, les orfèvres et Joailliers étaient très nombreux à Rouen. Ceux ci couvrirent les croix qu'ils fabriquaient de petits "Strass" c'est pourquoi la Croix de Rouen fut appelée Croix à Pierres.
Toute cette dentelle résulte d'un travail qu'on appelle repercé. Sur une plaque d'or, légèrement emboutie, l'artisan dessinait un décor, perçait le métal à l'aide d'un "drille" puis "reperçait" le décor dessiné pour en faire ce bijou d'une grande légèreté. Mais il fallait du volume aussi, tout en maintenant une certaine legèreté, et une fois les "Strass" sertis, on assemblait ces espèces de Cônes surélevés, creux, d'une épaisseur de 2 à 3/IO° de m/m . Ce qui n'aurait pas résisté au polissage et encore moins au porter. Alors on bourrait ces cônes de papier brouillard, de terre, de mastic. et le plus souvent de gomme laque.
Croix de Rouen
Mais,évidemment, plus question de souder ces cônes sur la base en or, tout aurait flambé à l'intérieur. Alors on assemblait les deux parties avec une technique qui ressemble un peu à de la patisserie, comme lorsque vous faites un chausson aux pommes et que pour le refermer, vous écrasez les deux parties.
Pour "l'empierrage" il n'y a pratiquement pas de diamants sur les bijoux normands, ils utilisaient du Quartz blanc, le "Cristal de Roche" appelé aussi "cailloux du Rhin", ou "diamants d'Alençon" En effet il y avait aux environs d'Alençon des carrières de granit à Pont percé ou on trouvait du quartz bien critallisé.
Mais , vers 1750, Frédéric Strasser mit au point le "strass" et il devellopa ses recherches pour obtenir la plus belle apparence selon les gemmes à imiter.
Il eut un succès fou, avec son "verre au plomb" composé de silice, de potasse, d'oxyde de plomb, de borax, d'arsenic. C'est l'apport du plomb qui lui donne de l'éclat, il en est de même pour la fabrication des "verres(à boire) en Cristal, c'est du verre au plomb. La plupart des croix normandes sont serties de "Strass" Très souvent sous le strass, à la fois pour lui donner de l'éclat et l'isoler du fourrage des éléments en relief, les orfevres plaçaient une sorte de papier qui ressemblait à notre actuel papier chocolat.
Et voila nos croix terminées, pour les porter autour du cou, on passaient une tresse de soie noire.
150 ans plus tard, les réparer c'était autre chose, et s'il est vrai qu'il était difficile de souder, j'en ai sauvé pas mal. Beaucoup de Croix normandes me parvenaient cassées, ou cochonnées par des soudures à l étain sur lesquelles on ne pouvait intervenir car l'étain ronge l' or dès qu'on réchauffe. Mais cela valait la peine de se "défoncer" car des Croix à Pierres il y en eut de superbes, souvent longues de 6 à 10 cm.
Un faisceau laser focalisé rassemble en peu de temps une très grande quantité d'énergie lumineuse dans un très petit espace. Les milieux que le laser traverse absorbent une partie de cette énergie, restituée sous forme de chaleur, ce qui peut "vaporiser" n'importe quel tissu vivant et amener l'or au point de fusion . On peut souder une griffe sur un bijou, sans toucher le diamant qui est serti.
Croix de Rouen Boutemy expertise
Ces croix normandes ont été souvent fabriqués avec un titrage d'or très faible et nos Antiquaires voyaient les services de Garantie, détruire des chefs d oeuvre, parce qu'elle n'étaient pas au titre reconnus de 18 carats soit 750/1000°. C'est Jean Lecanuet, Maire de Rouen qui intervint auprès de l'administration des finances pour qu'elle ne détruise plus nos trésors normands.
Terminons par le plus prestigieux des fabricants joailliers
En 1863 Louis François Cartier fabriqua cette croix de Rouen, elle est reproduite dans l excellent et très beau livre "Cartier" de Hans Nadelhoffer. il a été réédité aux éditions du regard avec de nouvelles photos....en couleurs.
je crois qu'il reste peu de "Croix à Pierre de Rouen", alors prenez en soin.
Merci au Musées départementaux de Seine Maritimes, et a Brigitte Bouret pour son livre sur les orfevres de Haute Normandie
Un lien interessant sur les musées de Haute Normandie:http://www.musees-haute-normandie.fr
Je suis honorée de retrouver sur votre interessant blog les photos de deux bijoux des collections du musée de Fécamp.
RépondreSupprimerNéanmoins, il me semblerait utile pour les internautes de signaler que ces objets font partie de nos collections.
Restant à votre disposition,
Le conservateur du musée de Fécamp,
musee@ville-fecamp.fr